À vous aussi, ça parle ?
Allez c’est parti ! Verdict d’essai du Marin Rift Zone, sur FullAttack ! Un verdict auquel je tiens parce que l’air de rien, j’ai pris un gros plaisir à rouler sur le Marin Rift Zone ces dernières semaines. Je vous en avais glissé deux mots lors de sa présentation, mais c’est un vélo qui mérite qu’on s’y attarde. Sans faire injure aux autres vélos à l’essai, c’est lui qui a délivré la meilleure dose de fun factor ces derniers temps. Mieux, sous ses airs de petit vélo d’entrée de gamme, il démontre qu’on peut encore faire des vélos dans le coup, sans pousser à débourser des sommes démesurées. Bref, profitez bien des quelques minutes de tranquillité qui s’offrent à vous, parce qu’après ce verdict, vous aurez forcément envie de faire quelque chose… 😉
Marin Rift Zone 2
- Trail / All Mountain
- 29 pouces
- 130/140 mm, Marzocchi Z2 & RockShox Deluxe Select+
- Aluminium
- Reach 485 mm (L) & Offset 44 mm
- Roues Marin
- Vee Tire Flow Snap Tackle
- Shimano MT200 2 pistons, 180/180 mm
- 3 modèles, 4 tailles, 1999 à 3499€
- 15,85 kg, (L, sans pédales, chambres à air)
- Dispo depuis décembre 2022
- Fiche sur marinbikes.com
T’es cool toi !
Une fois n’est pas coutume, j’attaque ce paragraphe dédié à la première impression par ce qui précède les premiers coups de guidons… Eh oui ! Je cède aux sirènes du marketing. Je vous parle de la première impression à la sortie du carton. Certes, je pourrais le faire plus régulièrement, notamment quand des vélos en carbone à plusieurs milliers d’euros tentent de me faire les yeux doux avec leurs lignes directement sorties de l’esprit des meilleurs designers du milieu… Mais à force, j’ai plutôt développé un certain art du contrepied. Petit vélo en alu vendu moins de 2000€ dans sa version la plus abordable, certains pourraient penser qu’il n’y ait pas grand-chose à en dire. Pourtant, le Marin Rift Zone a traîné un bon moment dans l’atelier… Comme d’autres hein… mais à chaque fois, y’a un truc ! Visuellement, ce sloping me fait de l’œil. Comme à la grande époque, cette ligne – qui penche vers l’arrière – suggère en moi que je vais passer un bon moment à son guidon.
C’est purement subjectif, et pourtant ! Si j’en parle, c’est parce qu’à l’essai, ça se confirme. Qu’il est cool ce vélo ! Au coup de pédale – j’y reviendrais plus en détail – il a la bonne idée de ne pas faire ressentir ses kilos bien présents sur la balance. Et dès que la pente s’inverse, petit miracle. Là aussi, ils savent se faire oublier. Mieux, j’ai l’impression qu’ils apportent quelque chose. Peut-être, voir certainement, parce que je suis habitué à ces valeurs sur des vélos destinés à une pratique plus Enduro que la pratique Trail/All Mountain à laquelle le Marin Rift Zone se destine. Mai qu’importe, là aussi, j’y reviendrai. En attendant, je finis de brosser les premiers traits de caractère du Marin Rift Zone en précisant un peu pourquoi je le trouve cool.
D’abord, parce qu’il sait se tenir. Petit vélo mais pas chewing-gum pour autant. Ça se remarque quand, sur l’enthousiasme dont j’ai parlé précédemment, j’ai envie d’attaquer un peu – pour voir – et que le Marin Rift Zone répond présent dans les appuis. Présent côté châssis – tout reste à sa place, rien ne flanche – et côté suspension – bon maintien, rien ne s’affaisse de trop. Mieux que présent : il offre, il répond, il suggère. Il offre de la place et de la stabilité pour se sentir à l’aise. Il répond avec un zeste de vitesse et d’élan qui donne envie d’en remettre une couche… Bref, c’est comme quand, après un regard, au détour d’une bonne vanne, y’a la réplique, et qu’en un instant, on sent que ça va matcher. C’est exactement ce qui s’est passé avec le Marin Rift Zone, au moment de débuter cet essai…
D’où ça vient ?
Je suis volontairement resté dans l’intellect, la sensation, pour décrire la première impression au guidon du Marin Rift Zone. Pourtant, on peut clairement faire le lien avec certains points de conception évidents, qui expliquent tout ça. D’abord, l’architecture du Marin Rift Zone. Sous ses airs de cadre alu très simple, ce vélo n’oublie pas de faire quelques très bons choix. La cinématique à point de pivot fixe d’abord. Comportementalement, on sait que ça rend un vélo fun et facile à prédire au premier contact. Et d’un point de vue structurel, ici, ça permet d’offrir un bon ancrage à la roue arrière. Les bases, entre le yoke massif, les tubes rectangulaires et les pattes de roues épaisses forment un bel ensemble. Et puisqu’au-dessus, les haubans n’oublient pas de s’appuyer sur un pontet pour les relier… On saisit sur quoi la prestance du Marin Rift Zone repose en partie… En partie seulement, parce que l’autre choix important et reconnus chez Marin, c’est celui du ratio relativement bas. Là où d’autres tapent autour de 3, le Marin Rift Zone est à 2,65 au plus haut, 2,15 en fin de course. Et ça aussi, on sait ce que ça apporte : une suspension qui donne l’impression de mieux profiter de la viscosité de l’huile pour assurer du maintien.
Comment ça se règle ?
Retenez bien ce que je viens d’écrire au sujet du ratio bas. Du fait que ça procure du maintien à la suspension arrière. Tout bonnement parce que c’est à partir de cette observation qu’il faut composer pour aboutir aux meilleurs réglages pour tirer parti du Marin Rift Zone. C’est en lui – intrinsèque – et ça a du bon – donc pas la peine de le contrarier. Naturellement, la suspension arrière a donc du maintien. Elle sait ne pas utiliser beaucoup de débattement quand on tasse le boîtier, ou quand la roue arrière rencontre un obstacle. Pour des questions d’équilibre et d’assiette, il faut donc accorder l’avant. Plusieurs solutions à ça. Accélérer la détente pour revenir plus vite en début de débattement et donc, en dynamique et en moyenne, rouler plus haut. Freiner la compression pour éviter de plonger dans le débattement. Les deux peuvent se faire. Tout dépend du montage, des capacités de la fourche utilisée. Freiner un peu en compression a du sens, ça rejoint un peu la manière avec laquelle le Marin Rift Zone fait fonctionner l’hydraulique à l’arrière. Il faut simplement éviter de trop en mettre si la raideur grimpe en flèche. À l’arrière justement, le Marin Rift Zone sait mettre à profit la viscosité de l’huile sans rendre quelque chose de raide… Quoi qu’il en soit, je trouve aussi, et surtout, qu’il y a une belle progressivité derrière. Ça mérite d’accorder l’avant ! Et donc, chose assez rare, je suggère de rouler avec les deux réducteurs de volume que j’ai trouvé dans la Marzocchi du Marin Rift Zone 2, alors que j’ai habituellement plutôt tendance à les retirer quand il y en a…
Avant | Arrière | |
SAG | 30% | 30% |
Détentes | 2/3 ouvertes | 2/3 ouvertes |
Compressions | Ouvertes à 1/4 fermées | Ouvertes |
Réducteurs de volume | 2 | D’origine |
Pour un gabarit moyen de 75/80kg. Clics de détente et compression comptés depuis la position la plus vissée des molettes. SAG arrière réalisé assis/selle haute – SAG avant réalisé debout/bras en appui sur le cintre / épaules à l’aplomb du guidon. Voir notre vidéo explicative > https://fullattack.cc/comment-faire-les-sag-la-methode-et-les-conseils-fullattack/
Comment ça se pilote ?
Rien de bien sorcier donc pour régler le Marin Rift Zone. Et c’est d’autant plus remarquable qu’on va le voir maintenant : rien de sorcier à régler, mais quelque chose de démoniaque à rouler ! C’est bien simple, ce qui suit doit résumer une idée simple : des vélos à moins de 3000€ passés à l’essai jusqu’ici – considérons-les comme entrée de gamme – c’est celui qui offre les meilleures prestations !
À plat ?!
Pourquoi j’ose dire que ce vélo qui ne paie pas de mine, est en réalité une réussite ? D’abord parce qu’à plat, dans une configuration qui ne devrait pas lui réussir – sur le papier – il sait tirer les marrons du feu ! Vous vous souvenez de ce que je disais des Down Country passé à l’essai il y a quelque temps ? Que leur capacité à générer de la vitesse sur des sections en faux plat descendant peut rendre des spots plus ludiques qu’il n’y paraît ?! Eh bien le Marin Rift Zone s’inscrit dans ce mouvement. Certes, de manière plus mesurée. Mais sur les runs les plus plats de mon secteur d’essai habituel, c’est flagrant ! Il a bien ce truc des petits vélos qui permet de tirer parti du moindre mouvement de terrain pour générer de la vitesse. On peut se concentrer là-dessus, et compter sur le bon maintien de sa suspension pour rendre la moindre initiative du buste ou des jambes. Dit autrement, il a du jus. Quand j’ai dit ça, j’ai tout dit ou presque. Du moins, j’ai fait le lien entre les précédents essais Down Country, le pilotage Enduro moderne – manivelles à l’horizontal, technique de pumptrack – et le pourquoi c’est bon d’avoir du maintien – des sujets tous exposés ces derniers mois sur FullAttack. Le Marin Rift Zone, l’air de rien, coche toutes ces cases !
En courbe ?
Qui dit vélo qui coche toutes les cases dit vélo qui se pilote de manière moderne ! Du jus, il en a en courbe. Une fois encore parce que sa suspension sait se tenir et permet donc au pilote de pousser sur le boîtier au cœur du virage. Mais aussi, dans ce cas précis, parce que le châssis suit, et fait en sorte que le vélo prenne de la vitesse dans l’instant, plutôt qu’à retardement. Du montage d’origine, ce sont alors d’abord les carcasses Vee Tire qui flanchent en premier. Ensuite les roues Marin. Mais si l’on affuble le Marin Rift Zone d’un train roulant haut de gamme, pour voir s’il suit : aucun problème, il sait tirer parti du jus supplémentaire et montre qu’il est à la hauteur. Si bien qu’on peut se faire à une idée simple : le Marin Rift Zone est une machine à shlarper ! On peut mettre le pied en bas en courbe, mais là où c’est le plus grisant, c’est en pilotant manivelles à l’horizontal, de manière moderne. Dans l’analyse vidéo sur ce sujet, je fais allusion au fait que les plus talentueux peuvent s’amuser à inventer des appuis là où il n’y en a pas pour pousser… Le Marin Rift Zone est le parfait outil pour ça !
Quand ça se complique ?
J’entends par ici quand le terrain devient de plus en plus défoncé… Quand, au sol, ça commence à être constellé de trous d’obus, de dalles rocheuses, etc… Parce que ne l’oublions pas, au départ, le Marin Rift Zone est un VTT classé Trail / All Mountain, et n’a que 130 mm/140 mm de débattement. Là, je ne vais pas vous vendre qu’il a les capacités des meilleurs enduros du moment. Simplement préciser que déjà, il vient gentiment marcher sur les plates-bandes des VTT All Mountain mieux pourvus. Mais surtout, bien préciser comment il aborde un terrain plus engagé que ce à quoi on le destinerait à la base : avec ses armes… qui s’avèrent être les bonnes ! Ses traits de caractère développés jusque-là se complètent bien et surtout, offrent aux plus téméraires, la possibilité de s’exprimer. D’abord, l’amortissement de la suspension arrière fait un travail remarquable compte tenu des 130 mm de débattement du vélo. Plus encore, compte tenu des formats et niveaux de gamme contenus, de l’amortisseur. Du coup, sans donner non plus l’impression d’avoir des masses de course, le Marin Rift Zone étonne remarquablement par sa capacité à encaisser quand ça commence à taper fort. Au moment où il faut se rendre à l’évidence – celle qui fait se souvenir qu’il n’y a que 130 mm – le reste prend le relais. Notamment le cadre, qui se tient bien. Rien ne saucissonne, tout reste en ligne. On peut encore compter dessus pour prendre des initiatives, continuer à engager. D’ailleurs, le Marin Rift Zone y incite de deux manières qui, si elles sont mises à profit de manière complémentaire, peuvent faire mouche. D’abord, son effet de chaîne a un petit côté propulsif quand on entre suffisamment loin dans le débattement. Comprenez donc que quand ça tape fort, le MarinRift Zone ne stoppe pas, il va de l’avant pour peu qu’on soit solide sur les appuis – manivelles à l’horizontal 😉 Ensuite, parce que ce même effet de chaîne, le bon maintien de la suspension, la bonne tenue du châssis, et les cotes généreuses se prêtent à quelque chose : faire étalage de talents de trialiste ! C’est pour celui qui aime faire des transferts, jouer des appels et réception qui jonchent le sol, calculer sans cesse si c’est plutôt la roue avant ou la roue arrière qui doit poser en premier… Technique de franchissement à l’honneur !
À la pédale ?
On boucle par un autre cas de figure où l’effet de chaîne du Marin Rift Zone se fait sentir : à la pédale. Le bon côté des choses, c’est que le Marin Rift Zone, malgré son poids sur la balance, a une giclette qui est à la hauteur de ce que l’on attend d’un vélo classé Trail. Ensuite, au train, assis sur la selle, le Marin Rift Zone se tient bien. Enfin, debout non plus, il ne pompe pas, et rend de belle manière. Là où le Marin Rift zone montre finalement des limites, c’est au pédalage, quand le terrain n’est pas lisse. Un nid-de-poule se ressent instantanément dans les pédales. Une zone marquée par des rochers ou des racines demande forcément à se mouvoir sur le vélo pour enrouler le terrain, et/ou à lever le pied pour libérer un peu la suspension. Pour tenir aussi bien le choc face à un pilotage aussi gravity qu’on aime pratiquer sur FullAttack, le Marin Rift Zone se tient grâce à un effet de chaîne bien présent, sans flinguer sa prestation. Simplement, il y a des conséquences, et il les paie dans un domaine où on s’y attend moins pour un petit vélo censé pédaler comme un dingue. Mais qu’importe…
Pour qui ? Pour quoi faire ?
Classé Trail à son arrivée, le Marin Rift Zone quitte la rédac’ en tant qu’All Mountain, voir mini-Enduro dans mon esprit. Clairement, encore un vélo qui va au-delà de ses capacités, pour notre plus grand plaisir. Ou plutôt, un vélo qui n’y reste pas cantonné, et à l’étroit. Perso, j’ai poussé le bouchon en roulant les spéciales Enduro les plus engagés de mon secteur d’essai habituel, et il ne m’a pas déçu, bien au contraire. Oui, j’ai clairement parfois dû sortir certaines lâmes pas toujours très affûtées de mon tiroir à technique de pilotage, mais jamais il ne m’a mis en défaut. Je le considère donc volontiers comme un vélo pour rouler gravity sur tous les petits massifs, et jusqu’en moyenne montagne. En tout cas un vélo résolument moderne et fun dans sa conception. Un vélo sur lequel passer du bon temps à piloter, sans se soucier du moment où ça ne passe plus.
La Concurrence ?
YT Jeffsy
Quand on parle de vélo « accessibles » financièrement, le Jeffsy Base justement passé à l’essai pour traiter du sujet, vient à l’esprit. Le Marin Rift Zone est de cette trempe, avec un point bien précis qui le place devant à mes yeux : il sait mieux faire marcher un amortisseur à la base simple de conception. Le Jeffsy est bon en la matière, mais on l’a dit par le passé : un peu grossier dans ses capacités de réglage. Ici, non seulement le Marin Rift Zone fait naturellement mieux, mais il est plus précis dans les ajustements. Point pour le Marin Rift Zone, sans hésiter.
Marin Rift Zone Carbon
Par le passé, le Marin Rift Zone ancienne génération avait déjà attiré l’œil de la rédac’ FullAttack. Il y avait quelque chose de prometteur dans ses ambitions, mais les performances de la suspension arrière étaient clairement le facteur limitant. Marin a fait le job qu’il fallait sur cette nouvelle version. C’est désormais au cœur de ses bonnes prestations !
Ibis Mojo
Pourquoi lui ? Parce qu’à un moment, je parle du caractère propulsif que l’effet de chaîne du Marin Rift Zone apporte à son comportement. En la matière, à ce jour et parmi tous les vélos passés à l’essai, ce sont les Ibis qui ont régulièrement fait preuve de ce trait. C’est donc l’occasion de relativiser le propos. Oui, le Marin Rift Zone a cette tendance… Mais non, elle n’est pas aussi marquée que sur les maîtres en la matière.
Rossignol Heretic
Dans ce verdict, j’aborde à différentes reprises le fait que le Marin Rift Zone et son cadre alu se tiennent. C’est d’autant plus évident quand en même temps, se trouve le Rossignol Heretic à l’atelier… Qui lui a un triangle arrière qui offre une flexibilité qui ne peut pas être passée sous silence. Roue arrière fixée sur les bases, profils de tubes plus massifs, pattes de roues plus imposantes, pontet entre les haubans… C’est en comparant les deux qu’on met ces points en évidence, et ce qu’ils apportent, sur le Marin Rift Zone.
Focus Thron & Jam
Quand on parle vélos à prix contenu, on pense aussi aux Focus Tron & Jam. Avant le Rossignol et le Marin, ce sont les derniers en date à être passés à l’essai FullAttack. Et eux aussi avaient de quoi faire des heureux. En commun avec le Marin Rift Zone, cette capacité à voir plus large que la case dans laquelle ils sont classés au départ. Eux aussi, c’est notamment dû aux choix de cinématique forts autour desquels ils sont conçus. Différence majeure par contre, on est presque clairement à l’opposé en matière de rendu. Les Focus sont des tapis volants au maintien très limité mais au confort XXL. Le Marin Rift Zone est bien plus dynamique sans trop y perdre en confort. En matière de géométrie aussi, le Marin est bien plus moderne et offensif que les Focus, plus conservateurs…
Il n’y a pas de « mur de la honte » sur le Marin Rift Zone, même plutôt un tremplin de la gloire. Celle du beau geste qui prolonge l’instant où l’on pensait avoir touché aux limites de ce petit vélo qui ne paie pas de mine. Si le sloping de ce châssis alu simple en apparence, fait vibrer en toi la corde sensible du passionné… Sache qu’une fois en action, le ramage et le plumage s’accordent !