Copain d’avant…
Souvenez-vous la génération précédente, celle du Cube Stereo 150. Clairement un vélo en avance sur son temps. Un 29 pouces 150/160mm positionné sur le segment Enduro à l’époque où l’on ne jurait que par les 160mm et un peu plus. Pour finalement, que les Enduro modernes ne culminent à 170mm, et que les vélos en 150/160mm s’adressent aux Enduristes plus raisonnables. Enduriste raisonnable ? Le Cube Stereo ONE55 le serait-il ? Prend-il la relève tant attendue et si oui, comment ?! Réponse à l’essai, sur FullAttack !
Cube Stereo ONE55 C:62 SLX
- All Mountain & Enduro
- 29 pouces
- 155/160 mm, Fox 36 Perf. & X2
- Carbone C:62 uniquement
- Reach 475 mm (L) & Offset court
- Newmen SL Evolution A.30
- Maxxis Assegai & Minion DHR II Exo+
- Shimano XT 4 pistons, 203/180mm
- 4 modèles, 4 tailles, 3 799 à 7 299 €
- 14,58 kg, (L, sans pédales, TL + Préventif)
- Dispo depuis printemps 2023
- Fiche sur cubebikes.fr
Confort canapé !
La première impression ne laisse aucun doute au guidon du Cube Stereo ONE55 : c’est confort ! Je n’ai aucun doute sur le fait que tout le monde, sans exception, partagera cette impression en montant dessus. Même avec de mauvais réglages, même avec trop d’air dans les pneus, même vite fait, sur un parking. En faisant bien les choses, c’est tout de même sur les chemins, que ça se précise sans aucun doute. À la pédale, quand le terrain se montre un peu plus cabossé. Au freinage, où la petite approximation peut ne pas punir instantanément. En courbe, où le Cube Stereo ONE55 filtre certains imprévus. Ou dans les lignes droites, ou certains détails ne font pas partie de la lecture du terrain transmise au pilote. Peu de doute parce que c’est bien simple : en la matière, je place le Cube Stereo ONE55 parmi les plus confortables des vélos passé à l’essai. Confortable et souple ce qui, immanquablement ou presque, amène à un constat : il y a un rythme sous lequel c’est un atout, et au-dessus duquel ça devient handicapant. Toute la question de cet essai étant, de situer ce rythme, pour que chacun puisse s’y retrouver…
D’où ça vient ?
Il y a peu de doute quant à la provenance de ce sentiment de confort. Il n’y a qu’à voir le montage que tout le monde scrute forcément sur un Cube réputé en la matière : fourche en 160mm/36mm, amortisseur à gros volume, roues à jantes en aluminium, même matière au cintre… le Cube Stereo One 55 persiste et signe dans son positionnement de vélo à tout faire, ou prêt à tout ! Mais le choix de conception le plus évident tient aussi, et surtout, à celui du matériau. Souvenez-vous : entre carbone C : 68 – rigide mais exigeant – et C : 62 – confortable mais souple – il fallait un temps choisir chez Cube. Pour cette génération du Cube Stereo One 55, c’est la marque qui a tranché. Si les One 44 – à plus faible débattement – et les One 77 – plus engagés – optent pour le C : 68, le Cube Stereo ONE55 n’est produit qu’en C : 62 – le plus confortable donc ! Si le surplus dynamique doit permettre de distinguer les deux autres, le plus confortable doit aussi permettre de différencier le Cube Stereo One 55 qui se place au milieu…
Comment ça se règle ?
Si l’on résume : il y a du confort à revendre sur le Cube Stereo ONE55. Une petite marge qui – c’est assez rare ces temps-ci, pour être souligné – permet de mettre davantage à profit les compressions. Ça tombe bien, pour deux raisons. D’abord, ça permet d’apporter un peu de précision au Cube Stereo ONE55, même si ça ne fait pas tout. Ensuite, ça lui procure un peu de stabilité d’assiette nécessaire pour maximiser les cas de figure où il peut être à l’aise. Le tout, étant de prendre le temps de se situer entre ne pas en mettre, et trop en mettre. Je glisse dans le tableau, ci-dessous, ce qui me paraît être les bons repères, libre ensuite à chacun d’en jouer plus finement sur le terrain. C’est en tout cas une bonne chose à faire, pour cerner pleinement le Cube Stereo ONE55… Et ça se complète bien via un SAG contenu, dans le même esprit, pour garder le vélo le plus haut possible dans son débattement. Pour ma part, j’ai ensuite mis à l’épreuve la rigidité/raideur du Cube Stereo ONE55 avec d’autres roues, pneus et fourches… Pour au final, confirmer que c’est bien le châssis du vélo qui, à la base, offre la majeure partie du confort et de la tolérance dont on parle depuis le début de cet essai. Tant et si bien que les éléments d’origine s’y accordent bien. Des roues ou une fourche plus raides ne font que pousser le cadre à travailler davantage, On verra plus loin si ça peut se justifier…
Avant | Arrière | |
SAG | 28/30% | 28/30% |
Détentes | 2/3 ouvertes | 2/3 ouvertes |
Compressions | 1/4 fermées | 1/4 fermées |
Réducteurs de volume | d’origine | d’origine |
Pour un gabarit moyen de 75/80kg. Clics de détente et compression comptés depuis la position la plus vissée des molettes. SAG arrière réalisé assis/selle haute – SAG avant réalisé debout/bras en appui sur le cintre / épaules à l’aplomb du guidon. Voir notre vidéo explicative > https://fullattack.cc/comment-faire-les-sag-la-methode-et-les-conseils-fullattack/
Comment ça se pilote ?
Je n’ai pas choisi de parler de rigidité/raideur par hasard, pour introduire cet essai. Mais tout bonnement parce que c’est la principale caractéristique qu’il faut cerner, et avoir en tête dans chaque compartiment du pilotage sur le Cube Stereo ONE55, afin d’en tirer pleinement parti. D’autant plus important qu’il s’agit d’un trait qui a ses avantages, et ses limites…
À la pédale
J’ai beau préconiser de faire usage des compressions, et je pourrais même pousser le bouchon plus loin en suggérant d’utiliser le blocage – partiel – dont l’amortisseur est doté, ça n’en travestit pas pour autant le caractère premier du Cube Stereo ONE55. L’assise comme les appuis sont bons, mais pas les plus marqués du marché. C’est donc plutôt assis, au train, que le Cube Stereo ONE55 s’exprime le mieux. C’est là qu’on tire pleinement parti de son confort, même sur terrain scabreux et défoncé. Si l’on prête alors à bien placer les roues pour ne pas se faire surprendre, on goûte à son tempérament de tracteur et à sa motricité hors pair pour aller loin, et monter haut… En cas de franchissement, tout le challenge est alors de faire passer la puissance sans être brusque et maladroit, rester notamment dans l’axe du vélo plutôt que de le mettre en biais. On maximise alors les chances que l’effort se transforme en vitesse, vers l’avant, et on franchit sur la motricité/le couple… Dans la pente, quand on en vient à gérer son effort pour ne pas dépasser une certaine puissance, c’en est alors très intéressant…
Quand ça brasse
C’est l’autre cas de figure où l’on attend logiquement le Cube Stereo ONE55 au tournant. Avec une telle réputation de confort, on a forcément envie de savoir ce que ça donne quant au sol, tout s’oppose à cette idée de douceur. D’abord, pour noter que dans un premier temps, au toucher, à la sensibilité, le Cube Stereo ONE55 ne se défile pas. Ça filtre les vibrations, ça dissipe une partie de ce qui est pourtant clair à nos yeux… On y est ! Pour les aficionados d’un toucher velours, le Cube Stereo One 55 est un bon parti pris. Mais il ne faut pas pour autant y voir une arme absolue. Ce cas de figure au terrain chaotique met néanmoins en évidence une limite logique du Cube Stereo ONE55 : ce qu’implique sa tolérance. Le fait que parfois, quand l’intensité se fait sentir, la précision du placement ne suit pas forcément. Et que, du coup, on peut se retrouver les roues un peu à côté de l’objectif premier. Si bien que la ligne plutôt propre – d’abord considérée pour être en accord avec les capacités du vélo – est tout à coup plus compliquée… Et que dans ce cas de figure, on touche aux limites des suspensions qui, elles, n’ont pas de réserve d’amortissement pour pallier à ça. Un cas de figure qui rappelle au fait qu’il ne s’agisse pas d’un gros vélo d’Enduro moderne, par exemple.
En l’air ?!
Une des solutions à ces cas de figure un peu limites, peut consister à sauter par-dessus. C’est d’ailleurs bien connu, les meilleurs pilotes savent survoler le terrain quand il est trop ardu, et du coup, se simplifier la vie là où on pourrait malheureusement s’obstiner. On l’a déjà précisé, le Cube Stereo ONE55 a, quoi qu’il arrive, une assiette assez libre. Maintenue, mais sans plus. Ce qui en fait un vélo facile à casser, comprenez un triangle avant facile à faire tourner autour de son point de pivot, pour profiter de la suspension qui s’enfonce et lever la roue avant. Il faut donc savoir profiter de cette dynamique au boîtier, s’y accorder, en jouer, mais dans ce cas, la prise d’envol a tout son intérêt. Revers de la médaille, par contre, le fait de « manger » du débattement et donc, de la capacité d’amortissement, qui peut être utile quand vraiment, il n’y a pas une longueur de vélo propre au sol, pour faire la manœuvre. Pareil, à la réception, où il faut prévoir le temps passé assez loin dans le débattement, avant de revenir à la normale. C’est là, aussi, que ça peut demander de tenir plus que de coutume le Cube Stereo One 55.
Au freinage et en courbe ?!
Une fois n’est pas coutume, je lie les deux cas de figure, parce que l’un conditionne un peu l’autre, avec le Cube Stereo ONE55. En l’occurrence, il vaut mieux freiner tôt, et relâcher tôt. Tout bonnement parce que ça permet de freiner moins fort, et donc, de moins solliciter le châssis, via le transfert de masse que ça implique. Il peut suffire d’une petite marge prise pour être tranquille. C’est d’autant plus valable que freiner tard, et planter l’appui ne marche pas avec le Cube Stereo ONE55. Au mieux, il va se tasser, tout absorber, et ne rien rendre, si peu que tout l’intérêt premier aura été consommé. Au pire, il va renvoyer, mais un peu n’importe où. Bien malin qui saura anticiper dans quelle direction, et en tirer parti si d’aventure, c’est la bonne. Mieux vaut donc freiner tôt, et tourner de manière académique. Notamment en mettant systématiquement le pied extérieur en bas ! Ça aide à verrouiller le vélo, et donc à tenir l’appui et la ligne, au cœur du virage. Sur ce point aucun doute, une certitude sur laquelle compter avec le Cube Stereo One 55.
Pour qui ? Pour quoi faire ?
Vous l’aurez certainement saisi au détail des situations exposées ci-dessus : il faut être appliqué au guidon du Cube Stereo ONE55. Appliqué pour aller au-delà de la facilité qu’il propose dans un premier temps, et véritablement en tirer la quintessence. Appliqué ensuite, pour ne pas en dépasser les limites, par abus. En ayant le temps pour ça. Pas être pris par la précipitation, ou la panique. Quelle que soit la situation, toujours faire preuve de la petite retenue, de la petite maitrise qui va bien – rouler à 85/90% plutôt que 05 ou 110… À mon sens, la définition même de la randuro à laquelle tant d’entre nous s’adonnent. De beaux chemins, techniques, juste comme il faut, où l’on s’applique aux beaux gestes, et où l’on prend son temps pour bien faire. Et finalement, cet essai confirme une bonne chose : oui, le Cube Stereo ONE55 poursuit la direction qu’avait déjà prise son prédécesseur, précurseur du genre. Il s’y engouffre même, quitte à donner l’impression d’être capable de plus. Pour la compétition et le reste, il y a très certainement le Stereo ONE77. En tout cas, c’est là qu’on l’attend, après avoir essayé le Cube Stereo ONE55.
La Concurrence ?
Scott Genius ST
À bien y regarder, les deux ont la même ambition. Celle de se mettre sur ce créneau des VTT All Mountain polyvalents, équivalent des Enduro d’il y a encore 4/5 ans. Ils le font de manière presque opposée en matière de rigidité/raideur. Le Scott est rigide et précis, tout autant que le Cube Stereo One 55 est confortable et filtrant. Là où ils se rejoignent – finalement – c’est sur le fait d’avoir des suspensions qui laissent d’abord l’impression d’être capable de beaucoup, avant de trouver leurs limites plus rapidement que prévu.
Santa Cruz Hightower
Je rebondis sur le Hightower après avoir parlé du Cube Stereo One 55 vs le Scott Genius… Pour confirmer que c’est bien une constante de la plupart de ces vélos en 150mm arrière qui donneraient presque le sentiment d’être capable d’en faire plus. Le Cube Stereo partage cette impression de tapis volant, même s’il travaille un peu plus loin dans son débattement, un peu plus au pied de la rampe de progressivité. Mais un peu comme le Hightower, il débat un peu plus que ce qu’il n’amortit…
Transition Sentinel
De loin, et sans monter dessus, le Cube Stereo One 55 et le Sentinel pourraient sembler voisins : même type de cinématique, même slopping… L’un est simplement plus rond que l’autre, dans le dessin. Sauf que sur le terrain, ils partagent et se distinguent de manière suffisante pour ne pas se laisser aller à l’a priori ! Ils partagent un cadre tolérant et plutôt du côté filtrant du spectre que constitue l’offre du marché. Personnellement, le Sentinel constitue simplement la limite au-delà de laquelle le Cube Stereo One 55 s’aventure. Tandis qu’en matière de suspension, c’est presque étonnant de voir à quel point c’est le jour, et la nuit. Le Cube est bien plus canapé, posé, que le Sentinel qui génère véritablement de la vitesse et des appuis !
Même si désormais, le créneau sur lequel le Cube Stereo ONE55 paraît plus évident qu’à l’époque de son prédécesseur, il persiste et signe ! Quitte à y troquer un peu de son côté bon à tout faire, pour y asseoir l’idée du juste milieu. Pas un All Mountain, pas un gros Enduro ou un Enduro Moderne… Un Enduro, tout simplement ? !