On l’a vu dans la prise en main, le Santa Cruz Bronson a toujours été le mauvais garçon de la bande, mais aussi celui qui bousculait les choses… et souvent pour faire avancer le schmilblick ! Avec son montage Mullet – ou MX pour la marque – et sa nouvelle approche de son éternelle suspension VPP, le Bronson semble proposer quelque chose de nouveau.
Attelons nous dès à présent à dépêtrer l’entière nouveauté qui réside dans ce nouveau Bronson au milieu de toutes les interrogations qui restaient en suspens à l’issue de notre prise en main. Sa suspension arrière est-elle vraiment plus active ? Participe-t-elle à profiter des atouts d’un montage Mullet ? Et enfin, le Bronson est-il finalement un des premiers Mullet pensé dans son ensemble ? Allez, feu !
Par Tom Garcia
Santa Cruz Bronson
- Enduro
- Mullet / MX
- 160/150 mm AV/AR, Fox 36 + RS Super Deluxe
- Cadre full carbone
- Reach 475 mm (taille L) & offset 44 mm
- 7 modèles, 2 coloris, 6 tailles (XS à XL)
- De 4999 à 11499 €
- Maxxis Minion F/DHRII EXO 2.5
- Freins Sram Code RSC, 200 mm AV/ 180 mm AR
- Roues Reserve Carbon
- www.santacruzbicycles.com/fr-FR/
Première impression !
Comme la prise en main nous l’a montré, ce nouveau Santa Cruz est clairement dans la lignée de ses prédécesseurs autant d’un point de vue esthétique – où ses lignes s’épaississent et sont par endroit légèrement plus anguleuses -, qu’en matière de rigidité/raideur – où la tolérance est dorénavant de mise – ou de suspension arrière moins ferme, voir même plus active. Mais sur ce dernier point, il pousse le bouchon encore plus loin et se montre encore moins exigeant à piloter !
Il trouve plus facilement le grip à basse vitesse et colle mieux sa roue arrière au sol, là où par endroit l’ancien Bronson demandait de s’employer bien plus pour ne pas glisser ou dribbler ! Il se montre aussi plus confortable, et du coup moins physique à rouler : on le sent dans les jambes. Bref, il est clairement plus facile à dompter et à piloter, sous tous les angles et surtout quand c’est lent, cassant et en dévers. Enfin, il profite aussi d’une impression de légèreté rare, qui nous préserve physiquement tant ça facilite le placement du vélo.
Pourtant, après les tous premiers tours de roue, je n’ai pas vraiment eu l’impression d’être sur un Mullet et donc de pouvoir imputer ça à la particularité qui sautent aux yeux de cette nouveauté. Alors, à quoi est-ce du ? Pourquoi ce nouveau Bronson me parait moins exigeant ? En quoi instigue-t-il quelque chose de nouveau dans la gamme californienne ?
D’où ça vient ?
On le notait déjà à sa prise en main, c’est bien sa suspension arrière, moins ferme, carrément plus active et aux settings de suspensions plus légers qui donnent ce caractère moins exigeant au Bronson 4.
Ça tape moins dans l’huile, c’est moins ferme, moins dur par moment. Comme plus sensible et plus libérée, la roue arrière suspendue au bout n’en est que plus libre. D’où l’impression qu’elle lit et colle mieux au terrain et qu’elle absorbe plus d’aspérités. Et les réglages qui m’ont donné les meilleurs sensations le confirment…
Comment ça se règle ?
En effet, avec nos réglages de bases à 30% de SAG, ça m’a vite paru un peu trop souple. Ça débat trop et ça bouffe du débattement inutilement par moment. C’est trop mou, le vélo se casse en 2 !
C’est ainsi que j’ai gonflé un peu plus l’amortisseur, jusqu’à atteindre 27/28% de SAG. C’est là où l’équilibre est trouvé : entre maintien suffisant, adhérence et confort. Au passage, un tel SAG sur un Santa confirme l’idée que la suspension arrière se libère, et s’en retrouve plus active, par rapport aux modèles plus anciens.
Et c’est aussi celui qui permet de préserver le bon équilibre en terme de géométrie : trop de SAG et on se trouve vite trop sur l’arrière avec des difficultés à sentir le train avant. En plus, le réglage de la hauteur de la potence le prouve : déjà que le tube de direction a été très raccourci par rapport aux générations précédentes de Santa Cruz, la potence est pas mal descendue, proche du jeu de direction, comme si on tentait de rattraper la différence de hauteur de roue AV/AR du Mullet ou de composer avec une assiette inclinée vers l’arrière !
C’est aussi pour ça que je lui ai préféré sa position High : où la suspension, comme sur tous les Santa Cruz dans cette position, est la plus active, moins progressive et moins ferme en début de course.
Avant | Arrière | |
SAG | 25% | 27% |
Détente | BV : mi-plage HV : ouverte | ouverte |
Compression | BV : 2/3 ouverte HV : ouverte | 2/3 ouverte |
Réducteurs de volume | d’origine | d’origine |
Clics de détente et compression comptés depuis la position la plus vissée des molettes. SAG arrière réalisé assis/selle haute – SAG avant réalisé debout/bras en appui sur le cintre / épaules à l’aplomb du guidon. Pour un gabarit moyen de 75/80kg.
Comment ça se pilote ?
Bon ! Bien que le Mullet ne m’ait pas sauté aux yeux tout de suite – merci la suspension qui, finalement, compense les défauts de la petite roue – il finit par se sentir et impose le pilotage qui va avec. Où ? Quand ? Comment ? On cherche à savoir comment le piloter…
Le droit à l’erreur !
C’est clairement le premier avantage qu’a laissé transparaître ce Bronson : le droit à l’erreur. Comme si avec le full 29″ l’inertie des roues imposait d’être au bon endroit au bon moment, tout le temps, au risque de ne pas tourner à temps. Ou comme si avec un full 27,5″ la plus petite emprise des pneus au sol obligeait à freiner plus tôt, pour ne pas tirer tout droit.
Bref, ici, en plus d’être léger entre les mains et donc facilement manipulable et replaçable en cas d’erreur, ce Bronson joue visiblement avec le meilleur des 2 mondes, d’autant plus que le côté plus actif de sa suspension arrière colle, en fin de compte, avec les caractéristiques du Mullet : sa petite roue arrière qui demande qu’on compense son déficit de grip. Comme on l’a dit, elle évolue au moment opportun !
Cependant, quand ça va très vite, on sent que ce côté habile et léger persiste. Le Santa Cruz Bronson reste vivant, parfois un poil trop à très hautes vitesses, nuisant un peu à sa stabilité. Il faut donc le tenir, lever la tête, anticiper pour éviter les mouvements brusques qui déstabiliseraient l’engin et son pilote, lancés pleine balle.
Freinage délicat : ça peut glisser !
Si la roue arrière en 27,5″ rentre plus dans les trous et tend à arrêter/ralentir le vélo plus facilement, lorsque le sol est lisse et gravillonneux, et encore plus dans la pente, c’est une autre histoire ! L’emprise au sol du pneu étant moindre, on perd inévitablement en grip au freinage. On le sent, le Bronson est bel et bien un Mullet. Mais il peut tirer avantage de son anti-rise assez bas une fois dans le débattement. Ça demande à anticiper ou à s’y attendre : en somme à piloter en fonction, c’est-à-dire sans chercher à tasser l’arrière au freinage et plutôt laisser faire la suspension se détendre pour retrouver du grip.
… mais la glisse est aussi un allié !
C’est ainsi que la glisse devient un élément clé du pilotage du Bronson : que ce soit pour s’amuser comme pour performer. Pour ma part, il m’a fallut un temps d’adaptation pour ré-accepter de laisser glisser l’arrière du vélo…
Et c’est justement cette notion qui permet d’exploiter au mieux le Bronson, notamment parce que sa bonne gestion de la rigidité/raideur le facilite. Il ne vibre pas ou ne renvoie pas, du coup la glisse permet de virer plus court.
Souvent je me suis surpris à rester à l’inter’ au début des virages pour finalement sortir sur les lignes habituelles. Dans la roue des autres en 29″, je faisais moins de chemin, avais tendance à moins ouvrir, à moins arrondir mes lignes sans pour autant perdre en vitesse. Et, qu’on se le dise, laisser glisser le vélo, c’est un régal !
À la pédale
Comme il est léger entre les mains, il l’est aussi sous le pied. Le Bronson profite de cette impression de légèreté en plus de l’inertie moindre de sa petite roue arrière. Il est, là aussi, moins exigeant que le full 29″, mais offre une motricité que peu de Mullet pourraient se vanter d’offrir. Encore merci à sa suspension arrière active qui se tient malgré tout.
On peut donc en jouer notamment dans les pétards : soit mettre les watts pour profiter de l’élan facilement gagné par sa légèreté, soit passer en force et profiter de sa motricité. Le tout en profitant toujours du caractère un poil figé qu’on prête habituellement aux Santa Cruz, qui préserve bien la géométrie et donc la position.
L’autre avantage, qu’on prête à nouveau au Mullet, c’est lors des franchissements. Le Bronson s’y prête bien, sa petite roue arrière moins encombrante facilite les franchissements, surtout qu’on peut profiter du dynamisme de sa suspension pour ne pas rester collé à l’entrée comme à la sortie d’une marche, d’un pierrier, etc.
Pour qui ? Pour quoi faire ?
Il s’affiche comme un des premiers Mullet pensé dans son ensemble : c’est-à-dire où la suspension arrière et l’équilibre du vélo joue de concert avec sa petite roue arrière.
Son côté vivant et actif attirera à raison les aficionados de l’Enduro en quête d’un peu plus de vie – autant en descente qu’en montée, que sur le plat – que sur les gros engins du moment, sans tomber dans l’impasse des vélos d’All Mountain, à la rue quand ça défile vraiment.
Plus facile à dompter que son prédécesseur, il convaincra aussi ceux qui étaient réticents aux Santa Cruz de peur d’un vélo trop raide ou trop rigide. Ce Bronson passe un cap et s’ouvre désormais à tous les pilotes.
La Concurrence ?
Ibis Ripmo
L’Ibis Ripmo est le premier vélo auquel ce Bronson m’a fait pensé. Ce sont 2 Enduro qui partage un côté vivant très marqué : le premier est dynamique et va toujours de l’avant, l’autre est actif, mais reste plus facile à dompter, plus calme et plus posé.
Specialized Stump EVO
En montage Mullet, le Spe’ s’approche du Santa Cruz mais avec une suspension bien moins aboutie et efficace quand ça commence à taper. Le Stump est aussi bien plus pataud que le vivant Bronson : on le trouverait presque collé en montée comme en descente par rapport au SC…
Rocky Mountain Altitude
C’est le côté léger que partage le Rocky Mountain Altitude et le Bronson. C’est très agréable au pilotage où l’on ne se bat pas contre le vélo pour le placer et appréciable au coup de pédale. Ils sont aussi tous les 2 complets : bon partout sans forcément exceller. C’est aussi en ça qu’ils excellent d’un point de vue plus global tant on s’imagine avec en toute situation : sortie randuro entre potes, compet’ du coin, tour en montagne, etc… Polyvalents en somme !
Dans son montage le plus endurisé – Lyrik et pas de spacers à l’arrière – le Spectral joue sur le même spectre d’utilisation que le Bronson même si en terme de comportement ils sont très différents.
Quand l’évolution du marché demande plus qu’une simple roue arrière plus petite, Santa Cruz pousse le mauvais garçon de sa bande à progresser pour coller aux véritables besoins du Mullet. C’est ainsi que c’est bien un Mullet/MX, mais son âme ne tient pas qu’à ça… Une réussite, d’autant plus quand ça facilite l’accès au vélo à tout un chacun !
Nouveau guidon Santa Cruz : plus sympa que l’ancien et surtout plus tolérant et confortable. Les poignées aussi sont nouvelles : plus épaisses, plus confortables et surtout plus grippy dans la main. Après le 5010 et le Nomad c’est au tour du Bronson de s’équiper en toute discretion de la deuxième version des Reserve Carbon, un chouille plus tolérantes.
Si la gomme passe en Maxxgrip, c’est la carcasse EXO qui n’est toujours pas la bienvenue sur un tel genre de vélo : trop fragile pour se lâcher partout où le Bronson peut aller. Même s’il ne se classe pas parmi les gros vélos d’Enduro du moment, le disque arrière en 180 mm est osé : il ne paraîtra pas forcément cohérent aux plus rapides et aux plus lourds d’entre nous au vu des capacités du Bronson.