Le SCOR 2030, deuxième acte en playbike ?!

Il y a deux ans maintenant, SCOR et le 4060 faisaient leur apparition dans le milieu. Un projet en mode start-up dont il nous tardait de connaître le deuxième acte, tant on avait rangé le premier au rang direct de maestro. Le voilà ! Le SCOR 2030 est là, pas forcément où on l’attendait, quoi que… Il joue le registre du playbike ! Présentation et prise en main, sur FullAttack !

Contexte

Souvenez-vous… Il y a deux ans de ça, peu ou prou à la même période de l’année. Coup sur coup, nous vous présentions avec enthousiasme, la marque, et le premier modèle du projet SCOR. Je parle de projet parce qu’au sein du groupe BMC, c’en est un. Un projet particulier, né des envies, idées et initiatives d’un petit groupe de passionnés de VTT gravity, au sens noble du terme.

Je ne vais pas vous refaire l’histoire. Notamment parce que malgré les deux années et diverses occasions que j’ai pu avoir d’en côtoyer les instigateurs, le récit et l’ambiance restent fidèles à ce qui avait été partagé avec passion, à l’époque. Pour ceux qui auraient donc raté ça, tout est toujours en ligne, d’actualité et mérite le détour. C’est l’occasion de voir que dans ce bas monde, il est encore possible de créer et d’avancer, par passion, authenticité, et altruisme sans être forcément marginalisé.

Je profite par contre de l’opportunité pour donner des nouvelles de SCOR. On s’était laissé, il y a deux saisons, sur le fait qu’il s’agissait d’un projet mené en mode start-up au sein du groupe BMC. La première vague de production n’atteignait pas les milles unités, et tout restait à faire. Deux ans plus tard, Scor passe à la xième étape de son développement. Les vélos produits se comptent désormais en milliers – avec un S – et la marque a ses propres comptes au sein du groupe.

Ce qui signifie qu’elle ne profite plus, simplement, de la coupe de la maison mère. Elle se trouve désormais en position d’afficher et défendre son bilan. En matière de start-up, on parle de la sacro-sainte quête de rentabilité… Sauf qu’ici, il n’est pas question de levées de fonds colossaux, portées par une quelconque abondance de capitaux. Depuis le début, il s’agit de faire les choses de manière prudente et profitable… Eh, on parle d’un business basé en Suisse tout de même !

Plateforme

Quoi qu’il en soit, si l’on parle à nouveau de SCOR sur FullAttack, c’est parce que ce deuxième étage du projet Scor entoure le lancement d’un deuxième vélo à la gamme. Je barre volontairement le mot parce que d’un point de vue commercial, la gamme s’est déjà étoffée de différents vélos depuis le lancement de la marque. D’abord, le 4060 originel est depuis le départ, décliné en versions ST et LT.D’où son nom d’ailleurs, le premier est en 140mm de débattement arrière, le second en 160mm. Puis des vélos satellites sont apparus, comme les modèles 0020 et 0024 pour les jeunes. Sans oublier que depuis le début, le 4060 a ses déclinaisons à assistance électrique… mais d’une certaine manière, je tiens au fait qu’on puisse voir le nouveau venu comme un deuxième modèle d’envergure. D’abord parce que les 4060 – électriques ou non – restent issus de la même salve, de l’étape initiale, du lancement de la marque. Cette fois, nous sommes deux ans plus tard, et quelque part, on attendait avec impatience que la marque lance à nouveau un modèle d’envergure. On attendait même un peu au tournant, la direction, l’approche et la manière de faire allant nécessairement porter un message sur ce que l’avenir peut réserver au projet initial. Perdurer, se renforcer, ou bien y perdre un peu au jeu du développement… le SCOR 2030 apporte la réponse !

SCOR 2030

  • Playbike, Trail
  • 29 pouces
  • 120/140 mm, RS Pike & Deluxe
  • Full Carbone, axes acier
  • Reach 477 mm (M/L) & Offset court
  • Roues DT XM1700
  • Maxxis Dissector/Rekon EXO
  • SRAM Code RSC 4 pistons, 180/180mm
  • 3 modèles, 5 tailles, 4999 à 8999€
  • 13,60 kg, (annoncés, modèle GX)
  • Dispo Septembre 2023
  • Fiche sur scor-mtb.com

Sur le papier ?!

Ça aurait pu être un gros vélo..? Quand on dit fun, pilotage, sensations, montagne… Une partie de nous vibre à l’idée qu’une marque qui porte ces valeurs se consacre à la production d’un gros vélo. Ou du moins, un vélo avec du débattement, fait pour qu’on en abuse à outrance en station, en park, sur les pistes permanentes et autres dingueries que la scène MTB sait produire comme autant de petites pépites. Ça aurait pu… Et quelque part, ça aurait été aussi logique qu’attendu, voir cousus d’avance. Surtout quand on sait que ça traîne dans les esprits créatifs à l’origine de la marque…

Mais chut ! Ce n’est finalement pas le sujet du moment ! Non ! SCOR porte l’audace pour son deuxième lancement d’envergure. Sur le ton de l’autodérision, la marque s’amuse à dire que le SCOR 2030 correspond à une moitié de 4060. Mathématiquement, ça se tient. En vrai, ça s’appuie toujours sur le débattement arrière disponible pour nommer le nouveau venu. Le SCOR 2030 a donc, à première vue, 120mm de débattement à l’arrière. Elle est là, l’audace. Plutôt que de sortir un gros jouet, sur un segment attendu mais de niche, le SCOR 2030 vient placer la marque là où on l’attend moins, mais où le cœur du marché se trouve peut-être…

Sur le segment des petits vélos ! Décidément, je barre beaucoup ce que j’écris… Mais c’est qu’en collant l’étiquette de petit vélo d’entrée de jeu, je risque de m’en mordre les doigts un peu plus loin, au moment de livrer mes impressions à son guidon. D’ailleurs, il est peut-être même là le piège : tenter de coller une étiquette ou faire rentrer dans une case, un vélo qui débarque avec sa propre manière d’aborder les choses, quitte à bousculer les idées préconçues ou l’ordre établi. Dans ce cas, pour saisir ce dont il s’agit, retour aux fondamentaux. Chez FullAttack, on a toujours posé comme constat qu’un bon vélo se définit par les travaux de conception effectués en matière de géométrie, de cinématique et de rigidité/raideur du châssis qui le compose. Et il se trouve qu’avant même le J1 du projet SCOR, on partage cette approche avec les têtes pensantes de la marque…

En détail…

Comme pour le 4060, et comme depuis le Jour zéro de SCOR, c’est Mariano Schoeffer, l’ingénieur à l’origine des vélos de la marque. Quelque part, c’est lui qui est à l’origine – pour ne pas dire qui détient – la recette complète de ce qui fait un SCOR. Or, si je place avec insistance que ce deuxième projet d’envergure est attendu, c’est que développer une recette pour un vélo est une chose. La décliner ensuite pour un autre, sans la dénaturer ou se perdre en route, en est une autre…

Sizing…

D’un point de vue géométrique, la recette SCOR a un parti pris : un bel empattement avant, et des bases courtes ! Le premier doit assurer la sensation de stabilité entre les points d’appui du pilote. Les secondes doivent assurer que le vélo soit facile à placer et à faire décoller. Le tout, procurant une répartition des masses évidente et marquée, dont le pilote doit pouvoir se délecter autant qu’en jouer…

Dans les chiffres, le SCOR 2030 traduit ça sans compromis. Mais pour bien saisir ces chiffres, il faut d’abord noter que le SCOR 2030 se décline en cinq tailles. Dans l’esprit, les écarts entre les quatre plus petites se resserrent, ce qui laisse place à une cinquième, plus généreuse encore, que ce que le 4060 propose jusqu’ici. Et dans ce tableau, les appellations ont un sens bien particulier. La nouvelle taille, la plus grande, ne s’appelle pas XXL, mais XL. C’est la taille du milieu, qui s’appelle M/L. Intéressant parce qu’ainsi, le SCOR 2030 tente de répondre à la fameuse question de ceux qui se trouvent souvent entre deux tailles – quand ils mesurent entre 1m75 et 1m80…

Quoi qu’il en soit, les reachs sont de bons indicateurs. 457 en taille M, 477 en taille M/L, 497 en taille L… Pour ceux à qui ça parle, ça classe clairement la taille L chez les grands de plus de 1m85, et la taille M pour ceux qui font moins de 1m75. Vous avez donc saisi à qui s’adresse la taille M/L. Et du coup, c’est elle que je retiens pour la suite de cet article, à commencer par en extraire les quelques chiffres clés…

Répartition des masses

Sur cette fameuse taille M/L : 429mm de bases et 800mm d’empattement avant, ça donne une idée des appuis et de la fameuse répartition des masses évoqués précédemment. Ça donne aussi une idée de l’empattement – souvent source de crainte chez certains – qui reste contenu. 1227mm : on voit bien plus long à faire tourner, ces derniers temps. Mais c’est au-dessus de ça, la triangulation qui s’opère, qui est intéressante. C’est là que le SCOR 2030 se distingue. Le Reach n’est pas démesuré, ce qui permet de faire place à un angle de direction clairement offensif et couché pour tenir ces empattements – 64,5° d’angle baby ! Et quand on sait que le boîtier profite du faible débattement pour être placé bas – 332mm – ça promet…

Ça promet d’autant plus que le SCOR 2030 corrige une petite anomalie. Depuis longtemps maintenant, je vante le fait que chez BMC, Scor et dans les travaux de Mariano, la relation entre géométrie, répartition des masses et cinématique – qui définit l’équilibre et la dynamique d’un vélo – soit en bonne place. Jusqu’ici pourtant, d’autres marques ont progressé dans le domaine. Notamment en adoptant des longueurs de bases différenciées, propres à chaque taille.

C’est désormais le cas ici aussi, avec le SCOR 2030 : 429mm sur les trois plus petites tailles, puis 432 et 434mm sur les deux plus grandes. Comme chez d’autres, ce sont les placements des points d’ancrage des biellettes dans les triangles avant qui permettent cette différence. Biellettes et triangles arrières restent communs jusqu’ici…

Cinématique

Au moment d’animer tous ces chiffres, la recette SCOR porte de manière tout aussi importante, sur la manière de formuler les paramètres qui font la cinématique du vélo. Ici aussi, le SCOR 2030 a pour intention de s’inspirer fortement du grand frère, le 4060…

Ça s’inspire aussi du grand frère dans la mesure où le SCOR 2030 est compatible avec différentes courses d’amortisseur. Eh oui, depuis le début, je parle du SCOR 2030 comme d’un 120mm parce que c’est ainsi qu’il nous a été présenté en premier lieu. Mais dans les faits, le nouveau venu perpétue la tradition d’être compatible avec différentes courses d’amortisseurs. D’origine en 185×47,5mm, le SCOR 2030 peut se parer d’un amortisseur en 185×52,5mm de course… Pour offrir 130mm de débattement. Il s’agit donc bien du SCOR 2030. Vous saisissez ?!

Architecture…

Outre ce point qui a toute son importance, je profite du moment pour évoquer une petite nouveauté dont le SCOR 2030 fait usage. Vous le savez, sur la cinématique chère à la marque, l’amortisseur est actionné par la biellette basse. Or, il se passe quelque chose de certain avec ce type d’architecture : la rotation entre l’amortisseur et la biellette est importante. Suffisante du moins, pour exiger que l’articulation soit montée sur roulements. C’était déjà le cas sur le 4060. Ça l’est encore sur le SCOR 2030. Sauf que cette fois, l’assemblage du tout est effectué un peu différemment…

Solution élégante d’une certaine manière, ou du moins différente de ce qui se fait habituellement… Encore faut-il saisir pourquoi. Ici, c’est du côté de l’architecture du triangle arrière qu’il faut se pencher pour saisir. Le triangle arrière du 2030 diffère un peu de celui du 4060…

Au passage, on note la présence d’un garde-boue intégré pour éviter les projections possibles sur l’amortisseur. Un élément de protection qui vient compléter les protège bases et haubans qui reprennent le concept de la jump line de Chaumont, développé dès le début par la marque. Tout comme celui des marquages minimalistes, assuré par le kit de protection fourni d’origine, et personnalisable à souhait…

La boîte à gant

On vient de l’aborder, le triangle arrière a une architecture particulière… Le triangle avant aussi a un petit quelque chose de nouveau. Ça se situe juste au-dessus de l’ancrage de l’amortisseur dans le tube oblique. Au-dessus de la tête Trunnion : un trou ! Celui, désormais largement répandu sur le marché, d’un espace de stockage dans le tube oblique. Ici, Scor n’entend pas révolutionner le concept, et moi, je n’entends pas m’étaler sur le sujet comme s’il s’agissait de la plus grosse innovation de la marque à travers son nouveau vélo.

On peut simplement évoquer les petits détails qui participent à ce que le concept continue d’évoluer et de se peaufiner avec les itérations de chacun. Ici, le couvercle dispose non pas d’un clip, mais d’une serrure à quart de tour, simple, complété d’une languette à l’opposé. Le couvercle – très discret dans la forme du tube oblique – comporte les plots de fixation du porte gourde. C’est à l’intérieur que la tentative d’innovation Scor est la plus marquée. La pochette fournie avec le vélo est conçue d’une certaine manière…

Deuxième génération, le SCOR 2030 va donc au-delà de la toute petite boîte à gant dissimulée sous la protection du tube oblique du 4060. Il continue néanmoins d’en perpétuer une tradition intéressante : une patte de dérailleur de rechange UDH est toujours livrée avec le vélo, à placer dans la fameuse poche de la boîte à gant. Ça, ça ne change pas…

Rigidité/raideur

Vous allez me dire que j’ai beau chercher à me défausser de parler de la boîte à gant comme d’une révolution, j’en ai finalement parlé dans cet article avant d’évoquer la rigidité/raideur du SCOR 2030. Il y a une bonne raison à ça ! L’ouverture dans le tube oblique ne se fait pas sans conséquence. La perte de rigidité due à cette absence de matière est même considérable. De l’ordre de 20% environ ! Il fallait donc parler de la présence de la boîte à gant pour parler de ce que ça implique en matière de rigidité/raideur. Bien entendu, le travail de l’ingénieur en pareil cas, consiste à combler ce déficit, et assurer que la robustesse du châssis soit à la hauteur et à la norme. En la matière, le SCOR 2030 est certifié ASTM catégorie 4, comme le 4060. Pour rappel, sur l’échelle en question, seules les catégories 5 sont plus solides encore. Il s’agit des vélos de descente, et de certains gros enduros qui tentent de s’en approcher.

Quoi qu’il en soit, c’est le rendu final espéré qui m’intéresse aussi. Et je l’ai évoqué juste avant, le triangle arrière aussi diffère légèrement du 4060 avec l’absence de raccord entre les haubans, mais la présence de deux raccords bases/haubans de part et d’autre. L’un dans l’autre, le SCOR 2030 est annoncé plus homogène dans la manière de travailler. Encore une fois, une rigidité soignée, ajustée, mais pas surdimensionnée fait partie des ingrédients de la recette SCOR. Ici, simplement, le SCOR 2030 se veut un peu plus homogène. Que l’on perçoive un peu moins le triangle avant insensible à la déformation, et le triangle arrière plus joueur, voir plus, si affinité. Les deux ont pour ici objectif de travailler davantage de concerts. Un travail qui s’appuie et s’articule autour d’axes de suspensions qui font la part belle à l’acier. En complément des roulements Enduro Bearing dont il est fait usage, le SCOR 2030 semble donc chercher à éviter les mauvaises surprises…

La gamme

Non contente de produire des vélos passionnés et passionnant, Scor s’est aussi différenciée sur son positionnement lors de son lancement. Certes, le kit cadre + amortisseur, tout comme les modèles les plus chers de son offre, valent le même prix que certains modèles de la concurrence haut de gamme. Mais il s’agissait aussi d’offrir un premier prix qui ne crève pas totalement le plafond. Le tout, en prenant quoi qu’il arrive soin de soigner les postes les plus importants : suspensions, roues, freins. Qu’en est-il, deux ans plus tard, et en pleine période d’inflation ? 3299€ le kit cadre / amortisseur Fox Float Factory. Puis un vélo tous les 2000€. 4999€ le premier prix en RockShox Select/Select + / Sram Code et roues XDX-530. 6999€ le modèle intermédiaire en RockShox Ultimate, Code RSC et DT XM1700. 8999€ pour le full package allégé Fox Factory, G2 Ultimate et DT XRC 1501…

Prise en main !

Voilà, voilà… Comme on a pu se le dire autour de la table et de l’apéro faisant office de présentation : trêve de blabla. On aimerait presque ne pas trop vous en dire au sujet du SCOR 2030, et plutôt vous donner l’opportunité de le rouler, pour vous faire votre propre opinion. Reste que ces opportunités, tout le monde n’y a pas forcément accès, et c’est pour cette raison que je me fais l’émissaire des lecteurs FullAttack lors de ce genre de présentation.

Cette fois, me voilà donc dans les Vosges. Du côté de La Bresse, plus précisément. Haut lieu du VTT local porté sur la scène internationale il y a quelques années, lorsque l’endroit avait accueilli plusieurs manches de Coupe du Monde… Des évènements notamment initiés par le local de l’étape que certains d’entre nous connaissent bien. Gwen Fouché, qui guide toujours avec plaisir par ici, comme il roulait avec un beau coup de guidon en Enduro Series, aux débuts de la discipline…

Qu’importe pour l’instant nostalgie, j’en profite pour glisser que c’est le staff la marque et ses ambassadeurs qui ont poussé pour nous amener rouler le SCOR 2030 ici. Et parmi ces ambassadeurs, vous aurez reconnu Ludo May et Josh Lewis, deux autres connaissances des plus assidus d’entre nous, connus et reconnus pour leurs coups de guidon particulièrement créatifs. De quoi m’inspirer ? Je me connais : c’est au Scor 2030 de m’y inciter via sa prestation…

Taille au poil ?!

Quelques mots au sujet du sizing tout d’abord. J’ai pour habitude d’indiquer aux marques que je roule systématiquement sur une taille L – afin de comparer versus la concurrence – à moins que la charte des tailles et les chiffres n’indiquent clairement que ce ne soit pas ce qui est prévu pour mon gabarit – 1m82, 81cm d’entrejambe. Dans la communication de la marque, le nom des tailles s’accompagne des reachs : S – 435, M – 457, M/L – 477, L – 497, XL – 517. Ici, ce sont les 497mm de reach qui m’ont clairement refroidi. Par expérience, jusqu’ici, la limite au-delà de laquelle je sens le vélo un peu trop grand se situe entre 490 et 495mm, en fonction de la dynamique du vélo en question.

Sans avoir connaissance des autres éléments de géométrie du SCOR 2030 taille M/L, c’est donc sur cette taille que j’ai débuté l’essai… Et que je l’ai poursuivi jusqu’ici, avec succès. Tout juste ai-je voulu rehausser le cintre d’un petit centimètre le second jour sans que ça n’ait rien d’extravagant. Les stacks et douilles sont volontairement contenus pour éviter à certains de pouvoir choisir un vélo plus grand s’il le souhaite, à cause d’une douille/d’un cintre qui serait trop haut. Rien d’étonnant donc à ce que je glisse quelques entretoises de plus sous la potence. Hormis ça, les dimensions du SCOR 2030 m’ont paru tout à fait correctes.

Si j’ose le parallèle, elles m’ont même fait penser à celle d’une gamme que j’ai essayée de manière approfondie il y a peu. Chez Santa, dans la majorité des cas, le tableau des tailles comporte aussi 5 tailles. Et parfois, la taille L est la taille au centre du tableau. Ici, aussi bien à l’usage qu’ensuite, au moment de regarder les chiffres : tout me fait dire que la taille M/L du SCOR 2030 corresponde, se rapproche, pour ne pas dire s’inspire de la taille L Santa. À savoir une taille de milieu de tableau, donc une taille qui ne taille pas forcément grand. Observation intéressante quand on la met en face de son appellation et de l’intention : M/L, ça a du sens, à mon sens…

Intrinsèquement

Quoi qu’il en soit, cette question de taille s’est très vite fait oublier. C’est ensuite vers le comportement du SCOR 2030 que je me suis tourné. Notamment parce que j’avais en tête tout ce que j’ai apprécié ou du moins noté, du 4060, et l’envie de retrouver ça rapidement. Alors forcément, ça m’a aidé, mais le moins que je puisse dire, c’est qu’on en retrouve vite certains des meilleurs traits. À commencer, au coup de pédale, par la fameuse motricité qui m’avait interpellé. Sauf que cette fois-ci, le SCOR 2030 ne peut pas mettre ça sur le simple fait du débattement de sa suspension arrière. C’est bien simple : pour l’heure, je le classe parmi les 120mm les plus confortables à pédaler, au train, alors que c’est chaotique au sol. Il me faudrait un face-à-face plus précis et poussé pour mieux placer chacun, mais il est en tout cas évident que le SCOR 2030 tire ça de son aîné.

Bien souvent, on fait vite le rapprochement confort = peut d’anti-squat. L’effet de chaîne n’est pas pour autant absent du fonctionnement du SCOR 2030. Il a pu m’arriver, suspension détendue, de percevoir un Kick-Back assez présent en début de course. Là aussi, ça serait à préciser, mais en première intention, je ne prends pas ça comme une invitation à rouler le vélo avec moins de SAG. Les 30% préconisés semblent se justifier de la sorte. D’autant que l’intention d’un vélo libéré de son effet de chaîne quand il prend son débattement est évidente à l’usage. C’est est même un peu déconcertant les premières fois, quand on vient ou que l’on connaît les vélos avec peu de débattement qui verrouillent vite quand on tape un peu dedans. Là, il suffit d’aller contre la vieille habitude qui veut qu’on allège le vélo quand on rentre dans du défoncé. Champs de racine, pierrier, pâture cabossée ?!

Touche à rien, laisse filer, charge même un peu le vélo s’il faut, et le SCOR 2030 va marcher !

Et quand je dis marcher, je choisis mon mot ! Marcher dans le sens, qu’il marche quoi ! En suspension, c’est très intéressant. Malgré et outre l’effet de chaîne présent en début de course, le SCOR 2030 me donne le sentiment de réussir le pari : sensible en début, avec du maintien au milieu, et qui exploite la fin de course sans taper. Mieux en tout cas, que certains concurrents qui en ont fait leur slogan, et aussi bien que certaines des références en la matière, passé à l’essai ces derniers temps. Le Tallboy, notamment, pour poursuivre le parallèle esquissé précédemment, et parce que c’était de toute façon, jusqu’ici, ma référence en la matière ! Pour en revenir au SCOR 2030, ça le place en tout cas parmi la tête des vélos de cette tranche de débattement les plus offensifs, performants en suspension, ambitieux de faire face aux terrains les plus compliqués sans sourciller…

Quand je dis qu’on peut charger un peu le SCOR 2030 quand c’est défoncé, ce n’est par contre pas pour faire allusion à sa rigidité/raideur, ou un quelconque inconfort de sa part. De ce point de vue, il est remarquable. Tout comme la dynamique qu’il procure. Souvenez-vous, entre son triangle arrière joueur, sa dynamique au boîtier quand on le tasse, sa répartition des masses et son comportement au freinage, j’avais loué le tempérament joueur du 4060, tout comme j’avais pu noter une certaine finesse nécessaire à gérer la vivacité de certains de ses mouvements d’assiette. Eh bien le comportement du SCOR 2030 dans ce domaine vient répondre à plusieurs questions en même temps…

  • S’inspire-t-il du 4060 ? Oui ! Clairement, avec moins de course et même avec une suspension très intéressante, moins de débattement met simplement la géométrie, les empattements et la répartition des masses en évidence, mais la filiation est certaine. On se sent tout de suite à la maison quand on a déjà roulé un SCOR. Ceux qui connaissent le premier se retrouveront sur le second.
  • Apporte-t-il quelque chose de différent pour autant ? Oui ! Avec moins de course, le SCOR 2030 s’anime moins via la dynamique, via les mouvements de suspension. Ce que la géométrie implique, tout autant que la rigidité/raideur du cadre aussi, prennent par de manière peut-être plus importante. Et ça se traduit ici par quelque chose de plus constant.
  • Est-ce que ça fait du 2030 un vélo plus facile ?! À mon sens, oui ! Une fois passé le fait de savoir lâcher les freins quand ça brasse un peu, ce côté plus constant du SCOR 2030 en fait un petit jouet. Au sens où l’on sait qu’il est taillé pour jouer, et qu’il n’attend que ça. Il ne vient pas pour autant nous chercher pour nous pousser au crime, comme d’autres peuvent l’être. Simplement, il est là, et n’attend que ça. Raison pour laquelle si l’on me demande, je n’irai pas sur le terrain du petit débattement signifie vélo plus pointu à piloter avec la gamme SCOR. Quand on met le même engagement sur les deux, le SCOR 2030 me paraît moins pointu à tenir et suivre que le 4060, ST comme LT. Faire quelques godilles sur la route suffit à s’en convaincre. La pression sur les deux roues est constante, le châssis ne vrille pas, et pourtant. C’est ni raide, ni inerte. Y’a de la joie, qui ne demande qu’à être mise à profit.

Une case ? Quelle case ?!

Versus la concurrence la plus évidente, versus l’autre modèle phare de la gamme, qui plus est versus la première génération de vélos SCOR… J’apporte là quelques précisions intéressantes, mais il reste un point à traiter. La pratique à laquelle il se destine… Je pourrais me défiler en disant que deux jours dans les Vosges ne suffisent pas à faire le tour d’un vélo. Mais quand bien même j’ai le sentiment de ne pas en avoir fait le tour – des Vosges, comme du SCOR 2030 – j’ai peut-être aussi envie de poursuivre l’expérience à son guidon pour un essai complet. Mais qu’importe, j’ai aussi et surtout une impression qui ne me quitte pas. Celle que vouloir poser une étiquette sur ce vélo ne ferait qu’en réduire le champ des possibles. Habituellement, à cet instant de l’article, il est facile de jeter la liste des pratiques et autres nuances qui peuvent venir à l’esprit. Ou bien je pourrais reprendre les propos de la marque, qui a bien saisi que son vélo a des capacités autres que celles auxquelles le marché nous a habitués.

Je ne vais faire ni l’un, ni l’autre… Enfin si ! Je lui collerais bien une étiquette, mais avant ça, je vais me contenter de résumer le SCOR 2030. Un vélo qui étonne. Dont les suspensions procurent ce que d’autres, parfois plus fournis, peinent à accomplir. Qui est donc généreux dans son fonctionnement, tout comme dans ses proportions. Non pas en taillant grand – ou en trichant de la sorte – mais dans ce que ça procure comme ambivalence sur le terrain. Entre maniabilité et stabilité, sans que ces deux éléments ne soient antagonistes. Si bien qu’à mon sens, ce n’est pas un vélo qui se choisit sur l’autel du débattement ou du poids. Désolé pour ceux qui se sentent perdus ou abandonnés quand on dit ça. Mais je suis certain que dans le même temps, ça parle à tous ceux qui rêvent de vélos faits pour piloter, sans pour autant devoir se trainer un monstre de course, de débattement et de compétition, qui ne se résumera qu’à un veau sur leurs propres terrains de jeu… Il en faut pour tous les goûts, et il faut bien avouer que le SCOR 2030 fait plaisir de ce point de vue ! Celui du playbike ! Une catégorie à part entière, que lui et quelques autres se plaisent à (re)définir ces derniers temps…

Rédac'Chef Adjoint
  1. Merci pour le reste de cette petite nouveauté. Je suis heureux de constater que les marques s’intéressent à cette petite niche, celle des rider avec bon niveau technique et ayant un bagage type bmx. On vit pas forcément dans des régions où les descentes font 10 min. Quand on ride sur des segments de 2-3 min, ce genre de bike est un pur bonheur. Quand je lis ton compte rendu, il serait proche du bilan que je fais du norco optic que je roule depuis 3 mois . A comparer? Un bike de petit bikepark comme ceux que j’ai pu tester au pays de galles. Une revelation pour moi. Un bmx suspendu, le kiffe

    1. Salut Yann, merci pour ton retour. On n’a pas (encore) eu l’opportunité de rouler le Norco Optic, mais oui, sur le papier c’est bien sur ce créneau là que ça se joue ! Bien vu 😉 Bien vu aussi pour le genre de spot. On avait Josh « Loosdog » Lewis avec nous pendant la présentation. T’as bien saisi le style de rider et de spot à quoi ça peut se destiner… D’autant que fuat pas croire, t’en enchaine des bornes à force de tourner, retourner, etc…

  2. Bonjour Antoine et merci pour cette présentation de ce petit vélo qui semble fonctionnel et bien polyvalent pour ceux qui n’habitent pas au pied des montagnes. Peut-on le rapprocher au YT Izzo en terme de rendement et de fermeté ? le SCOR est-il plus fun et plus « capable » dans la pente que l’Allemand ?
    Merci pour ton retour.

    1. Bonjour Gab,

      on peut effectivement mettre les deux en concurrence. Ils s’adressent en tout cas aux mêmes pilotes ! Le Izzo a pour lui une très belle sensibilité, un beau confort, à l’arrière. Ce qui fait qu’on peut en jouer un peu dans les réglages de suspension… Mais à mon sens, le SCOR 2030 me semble en faire autant sans avoir à régler quoi que ce soit. C’est plus naturel/ancré chez lui. Du coup, le Scor 2030 me semble plus facile en matière de rendement et de fermeté/maintien en suspension. En matière de rigidité/raideur des cadres, ça me semble assez similaire. Enfin, le Izzo mériterait une petite mise à jour de géométrie. Et uand on met le Scor 2030 en face, c’est plus flagrant encore 😉

  3. merci pour cet article 😀 !
    et du coup meme question que mes copains du haut, qu’en est-il face au commencal tempo ? tres peu de test sont dispo mais qui serait aussi dans la meme catégorie si je ne me trompe pas

    1. Merci Benoit. Pour l’heure, pas possible de se pronnoncer versus le Tempo, pas encore essayé. Mais c’est clair que sur le papier, y’a match !

  4. Bonjour, il me semble qu’une tendance se dégage avec ces vélos a
    à plus faible débattement 120/130,qu’en penses tu ?
    Je viens justement de me monter un Evil following comme deuxième vélo. Sur le papier ils ont l’air d’avoir la même philosophie.
    Ce qui me surprend le plus à son guidon, c’est qu’on se sent absolument pas limité….juste quand c’est défoncé faut bien tenir le guidon !!

    1. Pareil, la description du ressenti me fait penser au following.
      Pas forcément pour tout le monde ces vélos, mais quel plaisir à rouler ces bikes quand on a pas la chance d avoir la montagne à porter de main

      1. Bonjour, merci pour ce test.

        Je me demandais si la plus value en montée (confort, rendement, efficacité etc ..) de ce type de vélo par rapport à un vélo d’enduro en 150/160 de débattement était vraiment palpable ?

    2. Bonjour Tom,

      merci de suggérer le Following ! Effectivement, ça vient s’ajouter à la liste. Oui, on sent clairement que la tendance se développe, et c’est tant mieux, ça ouvre un peu le champ des possibles en matière de spot où rouler sans se trainer un gros vélo. Après, c’est clair que tout l’enjeu avec ces petits vélos, c’est qu’ils ne soient pas non plus trop « pousse au crime » et abandonne le bonhomme le moment venu. On ne se sent effectivement pas limité, ce qui est cool, jusqu’à ce que ça devienne défoncé. Et là ? Certains gèrent mieux que d’autres la transition. Certains ça se met à taper d’un coup, on ne le voit pas forcément venir. D’autres, on commence à sentir que ça va trop loin, mais on est encore en mesure de pousser un peu, ou de lever le pied avant qu’il soit trop tard… Le 2030 m’a semblé intéressant de ce point de vue, mais c’est typiquement le genre de point que je voudrais préciser à l’essai, de manière plus poussée.

  5. Salut Antoine, une petit retours vis à vis des spectral 125 et rift zone testés précédemment à la redac ? puisque sur le papier ils semblent boxer dans les même catégorie : les downcoutry orientés playbikes 😉

    1. Salut Charly, bien vu ! Merci pour la suggestion. Versus le Spectral 125, clairement : en suspension, le SCOR 2030 fait de manière très naturelle, ce que le SPectral 125 promet sur le papier, mais galère un peu plus à rendre sur le terrain. Ce fameux comportement de suspension en 3 temps – sensible/soutenu/progressif. Et versus le Rift Zone, je dirais que l’américain taille un peu plus grand, et qu’en suspension il se pose plus sur l’huile, repose un peu tout là-dessus. Il fait sacrément bien marcher son amortisseur pour le coup, mais c’est un peu tout basé là-dessus et sur la géo, alors que le Scor 2030 fait aussi marcher certains paramètres de cinématique pour s’animer. Le 2030 parait donc plus dynamique, joeur, voir un peu fou par rapport au Rift Zone.

  6. Ces petits vélos qui sont tellement plaisant à rouler. Bien content de voir le choix dans ce segment redevenir intéressant. Smuggler, Tempo, Following… encore un paquet de beaux vélos à tester ! Merci full attack

    1. Bonjour Christophe,

      SB115, je ne sais pas. Pas eu l’occasion de le rouler. Mais sur le papier, quelque chose me dit que c’est un peu les prémices de cette génération de playbike. SB120 c’est quasi sûr. En tout cas, encore une fois, sur le papier c’est clairement l’ambition que ça a 😉

  7. Super article, clair et précis ! Ça m’a l’air de ressembler un peu au Raze aussi même s’il est plus typé race et qu’il faut un bon bagage pour pouvoir le piloter (c’est le mot je pense).
    Par contre tu ne parle pas vraiment du coup de pédale ? C’est quand même un peu l’idée du bike sans limiter la partie descente, tout en faisant mieux que le 4060ST qui n’apportait pas tant sur ce point que le 4060LT.
    Aussi, est-ce que tu as eu l’occasion de le tester en 130mm ? Ça aurait un intérêt de le voir en 2030LT avec une fourche en 150 pour le typer plus all mountain ?
    Je roule aussi dans les Vosges et c’est vrai qu’on est plutôt gâté niveau racines par moment mais comme il a déjà l’air de les survoler même en 120mm ce n’est peut-être pas nécessaire de trainer un plus gros vélo.
    Merci pour ta réponse !

  8. Bonjour Antoine, super article, très clair et tès complet. J’aime ce genre de tests car on à l’impression de tester (un peu) le vélo avec vous.
    Est-ce que ce vélo roule aussi bien que le Scott Spark (dans sa version non RC bien sur) ? Je cherche un vélo similaire au Spark et ce qui m’avait séduit, c’était son coté joueur et aussi pédaleur.

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