La Formula Selva Josh Bryceland Edition réussit son coup ?!

Depuis quelque temps, Josh Bryceland fait usage, semble-t-il avec bonheur, de freins et de suspensions Formula. Au point que la marque lance une Formula Selva Josh Bryceland Edition. Sauf que parfois, ce genre d’initiative tourne vite au bullshit marketing, que l’on exècre, sur FullAttack. Fort heureusement, la Formula Selva Josh Bryceland Edition va au-delà du simple effet d’annonce, et je vous dis pourquoi, sur FullAttack.

Bullshit… Si le mot existe – du moins dans sa déclinaison anglo-saxonne – c’est que le concept a au moins traversé l’esprit de quelqu’un. Le bullshit marketing, on vous en a déjà parlé sur FullAttack. Cette pile de blabla – sans intérêt autre que de faire passer pour exceptionnel quelque chose de banal – qui accompagne souvent les nouveaux produits, quand on nous fait part de leur existence. Cette montagne de phrases en trop, déconnectés des faits, souvent transposable d’un produit à l’autre, et qui ne s’appuie jamais véritablement sur des faits, vérifiables. Ce bullshit, c’est peu de dire qu’on s’en est fait une spécialité : pour le détecter, le challenger, l’occulter, le dépasser…

La situation s’est produite, pas plus tard qu’il y a quelques semaines. Formula s’est rappelée à notre bon souvenir avec une annonce qui, à première vue, pouvait tout avoir du coup marketing bien senti : Josh Bryceland aime les suspensions de la marque, qui lance une série limitée de Formula Selva à l’effigie du pilote 50 to 01. La Formula Selva Josh Bryceland Edition, produite à 100 exemplaires. Ok, mais elle a quoi de spéciale cette fourche ?! Découvrir qu’au final, un petit gravage laser sur le té et des stickers spécifiques auraient pu être les seules spécificités de ce produit aurait tout bonnement mené à placer tout ça dans la corbeille, avec le reste du bullshit marketing qui peut nous provenir… Sauf que !

Oui, extérieurement, la Formula Selva Josh Bryceland Edition ne se prive pas d’une petite adaptation cosmétique à l’image du rat, le surnom de Josh Bryceland… Mais la Formula Selva Josh Bryceland Edition a la bonne idée d’aller plus loin. Elle dispose d’une configuration spécifique, reprenant les réglages qui plaisent au pilote 50 to 01. Et c’est là que ça devient intéressant, à plusieurs égards. Le premier, c’est ce côté Instagram vs realité auquel mène le fait de s’intéresser aux attentes de Josh Bryceland. On le sait, et ses nombreuses productions d’image de ces dernières années l’ont démontré, Josh fait partie de ces pilotes qui ont du style, et aime envoyer du gros. Logique donc, qu’une partie de ses attentes porte sur le comportement de ses suspensions sur les gros impacts, en réception… 

Or, on s’est fait une certaine idée, ou plutôt un certain cliché, des réglages qui vont bien dans ces cas-là, Bien aidé par ce que les slopstylers et freeriders de la Rampage ont pour habitude de nous proposer : un max de réducteurs de volume, pas mal de pression, et une détente bien freinée pour contrôler la montée en charge de tout ça. Alors, je ne dis pas que ce soit mauvais en soi, ou qu’il y ait mieux à faire. Encore faut-il que le matériel à disposition le permette. Mais c’est là que la demande de Josh Bryceland devient intéressante. Certes, il veut quelque chose qui n’aille pas au fond sur les gros impacts, mais il veut aussi du confort, du grip, de la sensibilité, sur les petits chocs, et/ou en début de course.

Ne pas oublier que JB a été pilote à succès en Coupe du Monde de Descente a tout son intérêt. Ça participe à montrer un pilote plus posé et réfléchi qu’il peut en avoir l’air habituellement, sous ses airs un peu à l’arrach’ et son image je m’en foutiste savamment entretenue jusqu’ici. Il se murmure depuis quelque temps que sa vie de famille ait un impact non négligeable sur les mœurs et l’état d’esprit du bonhomme, et c’est en tout cas ce que le making-of du développement de la Formula Selva Josh Bryceland Edition laisse à voir, pour les plus anglophones d’entre nous, qui savent déchiffrer le fort accent au nez bouché que Ronan Dunne sait si bien imiter par ailleurs*…

Quoi qu’il en soit, revenons à la définition de ses attentes : une fourche sensible et confortable, capable d’encaisser les gros impacts. En matière de suspension, c’est une forme de panacée. Le beurre et son argent. Ce n’est en tout cas pas ce qu’une tonne de token et de pression peuvent accomplir – avec ça, au mieux, on a l’argent, mais pas le beurre. La Formula Selva Josh Bryceland Edition s’y prend autrement. Et c’est intéressant de voir comment, puisque ça démontre deux choses. À la fois qu’il y a peut-être mieux à faire que de rouler béton, et que ça renforce ce que l’on considérait jusqu’ici comme le propre des suspensions Formula. Ce propre ?!

Si l’on remonte à l’époque des essais Formula sur FullAttack, on retiendra deux choses. La première, que les Formula Selva ont pour caractéristique de se monter plus disponibles et constantes tout au long de leur débattement. J’entends par là qu’à l’instar de certaines concurrentes, prendre leur débattement n’inclut pas de perdre en sensibilité, durcir, et monter en charge, et tout se prendre dans les mains en phase de détente. Les Formula Selva ont toujours su enchaîner plusieurs impacts rapprochés de belle manière. L’autre caractéristique étant que les Formula Selva soient posées sur l’huile. J’entends cette fois que ce soient les voies de compressions hautes et basses vitesses qui dictent en bonne partie le comportement de la fourche. Point d’autant plus importants que les Formula Selva reposent sur les clapets CTS – cet ensemble de clapets interchangeables permettant en un coup de clé de changer de courbe d’amortissement hydraulique. Ils sont 9 au catalogue…

Or, ces deux caractéristiques ne sont pas anodines. Pour que ça marche, elles doivent aller de pair. C’est parce que le ressort s’avère très linéaire, que l’hydraulique peut prendre le pas, et dicter la donne. Or, être sensible sur les petits chocs et affronter les gros impacts sans sourciller, c’est exactement ce qu’une certaine hydraulique peut faire : ouverte en basses vitesses, chargée en haute vitesse. Et, tiens tiens… C’est exactement ce que les clapets CTS gris, bleus et rouges font, chacun à leur niveau. Et ce sont justement eux qui ont retenu notre attention sur FullAttack, lorsqu’il s’agissait d’évoquer ce que les suspensions Formula savent faire pour se différencier de la concurrence…

Ok. Les attentes de Josh Bryceland correspondent à ce que les Formula Selva savent faire. La bonne affaire. Tout ça pour ça, me direz-vous ?! Si on s’en arrêtait là, le coup marketing serait fumant, effectivement. Mais la Formula Selva Josh Bryceland Edition a la bonne idée d’aller plus loin dans cette direction. Elle grossit le trait, sur deux points très précis. Le premier, côté ressort. La Selva JB fait usage de l’agencement à une seule chambre d’air – le ressort négatif est assuré par un empilage de ressorts hélicoïdaux. C’est cet empilage justement, que Formula a réduit en encombrement. Si bien que moins haut, le ressort négatif permet de placer le piston principal plus bas et donc, d’augmenter le volume de la chambre positive. Or, qui dit volume plus important, dit linéarité encore augmentée. Il existe donc deux versions du ressort single air Formula. En interne, la marque parle de versions high & low progression. La Formula Selva Josh Bryceland Edition est la première – et pour l’instant la seule – à proposer ce nouveau ressort encore plus linéaire. Mais vous connaissez le soin de la marque pour la rétro compatibilité de ses évolutions. C’est donc prévu d’ici quelque temps au détail.

Le deuxième point sur lequel la Formula Selva Josh Bryceland Edition se permet d’aller plus loin que la moyenne, porte immanquablement sur l’hydraulique CTS. C’eut été dommage de s’en priver ! La Selva JB dispose d’un clapet rouge, spécifique Josh Bryceland. Sa particularité ? Être plus chargé encore, sur les hautes vitesses, que le rouge classique. Comment ?! Son piston de haute vitesse – la fameuse pièce colorée – compte le même nombre de trous – 8 – que le rouge classique mais c’est ensuite que ça diffère. Pour la première fois, un clapet CTS fait usage de deux cales/rondelle au lieu d’une, en sortie de piston. Et c’est cette présence renforcée qui fait effet, dans les faits…

Premières impressions

Les faits justement, parlons-en, puisque j’ai reçu la Formula Selva Josh Bryceland Edition peu avant son lancement. Juste le temps pour moi, dans ce mois de juin très chargé, de récolter quelques premières impressions qui peuvent compléter les éclairages apportés jusqu’ici. D’abord, pour dire qu’une fois de plus, c’est sur le COMMENCAL Meta V5 à l’essai, que la Formula Selva Josh Bryceland Edition prend place. Ensuite, pour préciser que je ne dispose pas de l’ensemble des clapets CTS, mais d’une partie intéressante – orange, gris, bleu, rouge et rouge JB – pour me rappeler au bon souvenir de ce qu’une Formula Selva peut procurer.

L’occasion de glisser qu’à l’atelier d’abord, il faut avoir l’œil fin pour déceler la différence entre CTS rouge classique et Josh Bryceland. Les rondelles en sortie de piston sont très fines. Il faut être au courant et bien prêter attention pour voir la différence à l’œil nu. Sans quoi, c’est à s’y méprendre. Une affaire de dixièmes, très certainement. Pour le reste, la couleur d’anodisation et le nombre de trou dans les pistons sont identiques. Il faut se référer au tout petit marquage laser – « JB » et l’icône du rat – gravés sur le dessus – la face qui reste visible en extérieur sur la fourche, sous la molette de réglage de compression – pour faire la diff’.

Quoi qu’il en soit, ma précédente expérience au guidon d’un vélo équipé d’une Formula Selva remonte à plusieurs années désormais. C’était à une époque où la Selva ne disposait pas encore de son nouveau té retravaillé. Je ne m’aventurerais donc pas au jeu des sept différences, il n’est pas question ici d’un back-to-back qui permettrait de cibler précisément ce que chacun apporte. Je peux néanmoins parler de ce que j’attendais, et de ce que j’ai (re)trouvé ou non, avec la Formula Selva Josh Bryceland Edition. Des impressions qui peuvent se transposer à ce que tout à chacun pourrait retrouver s’il en faisait l’expérience, par la suite.

D’abord, pour noter que j’avais à l’esprit un châssis très complaisant de la Formula Selva. Pas au point de faire guidonner à outrance, mais tout de même. Bien différent de ce que d’autres fourches à plongeurs plus proéminents, pouvaient procurer. Notamment au freinage. Avec jusqu’ici, à l’esprit, l’idée que ce qu’on pouvait ne pas avoir en stabilité à toute épreuve, on l’avait en confort et tolérance. Eh bien je dois dire que sur ce châssis de la Formula Selva Josh Bryceland Edition, que j’imaginais plus sujet à la torsion, j’apprécie que mon attente soit mise en défaut. C’est plus précis que ce que j’attendais, et ça va de pair avec le Meta V5 sur lequel elle est montée. À voir, sur châssis plus rigide et/ou plus dynamique, en carbone notamment.

Ensuite, c’est bien évidemment cette linéarité, cette disponibilité à tout instant du débattement, qui revient tout de suite. Le fait que deux impacts qui se succèdent, sans avoir le temps de recouvrir toute la course, ou bien que l’on soit déjà loin dans le débattement, pour une raison ou pour une autre, n’amènent pas à deux comportements très différents. Dans tous les cas, la Selva s’active, encaisse, fait le job. Je m’apprête à publier sous peu, mes impressions sur un nouveau vélo, et je ne peux m’empêcher de faire le parallèle. Je n’en dirais donc pas plus pour le moment, mais gardez bien à l’esprit que j’y fais référence ici… C’est ce qui me fait dire que le ressort plus linéaire encore puisse avoir un intérêt. Pas forcément universel et destiné à remplacer quoi qu’il arrive l’original, mais tout de même… Ça peut dépendre de ce vers quoi le marché tend, et en écrivant ces lignes, on gardera à l’esprit que Formula puisse être au rendez-vous.

En attendant, le fond de ma pensée va avec ce que les vélos, les cinématiques, les amortisseurs, peuvent proposer pour aller de pair. Exemple ici, sur le Meta V5. Je vous ai déjà exposé que sa suspension arrière, et l’équilibre du vélo, tient au fait de travailler un maximum en début de course. Or, la Selva JB, sans autre précaution, peut facilement travailler plus loin, et donc, faire un peu plonger le vélo de l’avant. Ce n’est pas rédhibitoire pour autant. Il y a de quoi travailler à l’équilibre du vélo. Sur la Selva, elle-même, en apportant un peu de compression basse vitesse – via le choix d’un clapet CTS plus chargé sur ce point, orange ou vert par exemple – ou via la molette de compression extérieure – qui influe plus largement sur la plage de vitesse et donc, apporte un peu de la basse vitesse nécessaire. J’ai le sentiment que ces solutions peuvent suffire. Mais s’il le fallait, je pourrais inclure dans la réflexion de revoir les réglages de l’amortisseur, voir de géométrie du vélo. Ou bien, encore, de rouler le Formula Nebbia, dont on parlait il y a peu sur FullAttack, pour voir à quel point il peut s’accorder ou non… Bref, les solutions ne manquent pas, de la plus simple à la plus compliquée, et j’ai bon espoir de poursuivre l’expérience, pour aboutir à une solution intéressante. 

Le clapet CTS rouge JB peut en faire partie. Si l’on roule fort, sur terrain défoncé, et que l’on a le pilotage pour faire passer la majeure partie des impacts dans les hautes vitesses, en dynamique, le vélo a l’assiette qui va bien. J’ai déjà connu ça en montagne, Bike Park notamment, où quelques runs sur des lignes secrètes sous les Chavannes, aux Gets, peuvent en témoigner. Là, si l’on s’intéresse à la différence entre CTS rouge JB vs classique, j’ai le sentiment que l’apport supplémentaire en haute vitesse a du sens pour aller avec le ressort plus linéaire. Au lieu de compter sur un ressort qui ne fait, finalement, que se comprimer et se détendre, on envoie une partie plus importante encore de la force à l’hydraulique, censée s’occuper de dissiper une partie du travail de cette fameuse force en provenance de la roue avant…

Et là, vous allez me maudire, mais cette idée fait référence à d’autres produits, encore sous embargo, que je viens à peine de découvrir, et dont je dois encore cerner davantage les tenants et aboutissants, pour vous en dire plus. Une chose est sûre, tout ça converge, et prend sens, notamment quand on se replace dans une logique de chaîne de rigidité/raideur, dont on a déjà parlé, aussi, sur FullAttack. Bref, tout ça pour conclure sur deux choses. La première, c’est que la Formula Selva Josh Bryceland Edition a une bonne idée : celle de ne pas être un simple coup marketing, mais plutôt, de savoir profiter de la mise en lumière que son pilote fétiche peut lui apporter, pour introduire des évolutions techniques bien réelles et enfoncer le clou d’une image de marque, d’un feeling terrain, déjà bien présent. La deuxième, que pour l’heure, ce qu’elle apporte peut donner le sentiment d’être très différent du reste du marché, au point de ne pas être certain d’être très compatible… Mais attention, à mon sens, d’autres produits, voire peut-être même toute une tendance de fond, pourraient vite s’avérer être compatibles avec ce qu’elle propose. J’ai en tout cas hâte de rassembler ce que j’ai à l’esprit, pour vérifier mes dires. Et si tel est le cas, vous en serez les premiers informés. À très vite, sur FullAttack ! 


Formula Selva Josh Bryceland Edition > 29 pouces / 170mm de débattement / 575mm de hauteur / Offset de 43mm / Axe de 15mm / Pivot conique 1 1/8″ – 1.5″ / plongeurs 35mm / Ressort positif pneumatique low progression / Clapet CTS rouge JB – vendue avec clapets gold et orange compris dans le kit / équipée d’un réducteur de volume Neopos d’origine / 1940g / 1514€ PPC / Dispo juin 2024


*Wyn TV, Track Walk Leogang, à 40min35s… Puis Val di Sole, à 2min08s.