Le canapé…
Bien que pas toute jeune, la marque Banshee reste et entretient l’image d’une petite marque. Et c’est justement ce côté rare et exotique qui nous a poussé à vouloir en savoir plus… Distribuée en France via la société thononnaise Loam Distribution, la marque nous a fourni son Enduro 29 pouces à l’essai : le Banshee Titan.
L’essai fut bouleversant mais sacrément intéressant et riche en découverte, c’est pourquoi le verdict qui suit vaut son pesant de cacahuètes et mérite l’attention de tous : du rider en quête d’une nouvelle monture, à la marque concurrente qui aimerait apprendre et s’inspirer en passant par le simple rider passionné à qui la mécanique parle un peu… Allez, feu !
Par Tom Garcia

Banshee Titan
- Enduro
- 29 pouces
- 170/155 mm AV/AR, EXT Era & Storia
- Cadre alu 7005-T6
- Reach 470 mm (L) & offset 44 mm
- Roues Newmen SL.A30
- Maxxis Assegai/DHRII DD 2.5
- Freins Shimano XT, 200 mm AV/AR
- 1 modèle, 3 tailles (M à XL) + kit cadre à 2349 €
- 16,3 kg (L, pneus tubeless + insert, sans pédales)
- www.bansheebikes.com/titan
Première impression !
Aussi étrange que cela puisse paraitre, le premier test parking est déjà révélateur ! En effet, assis, la position est sacrément redressée. À ce point, c’est inhabituel. Et une fois debout, on sent tout de suite que la répartition des masses n’est pas commune. Le guidon et la roue avant sont proches, on les charge facilement et c’est parfois déroutant, quand l’arrière parait plus loin que ce qu’on a l’habitude de trouver ces derniers temps, ça stabilise et adoucit le pilotage. En fin de compte, ce n’est pas déplaisant ou dérangeant mais c’est atypique.
Et, sur les sentiers, c’est son confort qui est surprenant. À tel point que certains passages techniques et naturels arborent un nouveau visage au guidon du Banshee Titan, qui gomme tout sur son passage. C’est un véritable canapé ! Des petites aspérités aux rochers, en passant par les racines, tout y passe ! Et ce, sans jamais dévier de sa trajectoire : la roue arrière semble plaquée au sol quelque soit la situation et la suspension reste très active sur l’angle…
Il avale donc le terrain et conserve son élan malgré les impacts, et filtre les vibrations tout en gardant le cap comme aucun autre vélo d’Enduro. Plus c’est défoncé et cahoteux, plus il est à son aise ! C’est une fois encore inhabituel et franchement appréciable. Mais alors pourquoi ?

D’où ça vient ?
Premièrement, sa géométrie : son tube de selle est vraiment droit. Sous le poids du pilote, la selle a moins tendance à reculer au dessus du pneu arrière que la moyenne. Assis, on est droit, près du guidon. De plus, ses bases longues (452 mm) et un reach dans la moyenne basse du moment (470 mm), participent à centrer les masses entre les 2 roues, là où les autres vélos ont plutôt tendance à nous placer sur l’arrière, avec des bases bien plus courtes et un reach à peine plus long. La répartition des masses entre l’avant et l’arrière est forcément atypique sur le Banshee Titan.
Deuxièmement, sa suspension participe à son extrême confort. Elle donne l’impression de se tenir et de rester haut dans le débattement, sans altérer l’assiette du vélo tout en dissipant l’énergie des impacts en consommant juste le débattement nécessaire. En aucun cas les 155 mm paraissent trop peu.
Enfin, troisièmement et dernièrement, un cadre alu avec des détails qui semblent jouer leurs rôles… Le cadre filtre énormément les vibrations et se tient, il est rigide, sans être raide. L’alu n’y est pas pour rien mais les bases/haubans conçues avec des tubes à double paroi pour optimiser leur rigidité semblent se tenir et filtrer d’une façon nouvelle, pour un rendu différent.
La Shock Cage participe aussi à faire du Banshee Titan un canapé en toutes situations : elle semble vraiment isoler l’amortisseur de certaines contraintes et ne pas lui accorder un rôle rigidificateur. Ce qui est le bienvenu pour qu’il fonctionne librement et correctement puisque son montage Trunnion est déjà hyperstatique. Reste que tout ça demande aussi des réglages atypiques…
Comment ça se règle ?
Si d’entrée de jeu, avec nos réglages de bases à 30% de SAG – ça fonctionne déjà bien, Banshee préconise autre chose pour le Titan…
En effet, nous nous basons sur un SAG au niveau de la course de l’amortisseur, Banshee le voit au niveau du débattement : soit entre 24 et 27% selon notre méthode.
J’ai donc essayé ! Ça affermit un poil plus la suspension, redresse encore un peu la position assise, diminue à peine son côté canapé mais participe à le dynamiser et à le rendre plus joueur ! Il retrouve un côté plus vivant, là où on peut lui reprocher de toujours nécessiter de la vitesse pour être pleinement exploité. C’est mieux !
Galerie Commentée :
Et ce, quelque soit l’amortisseur, à ressort comme à air. D’ailleurs le ressort amplifie sa forte progressivité naturelle et son côté canapé quand l’air lui offre un poil plus de dynamisme et de vie. À chacun ses préférences… Il y a aussi 2 positions du dropout qui impliquent 2 géométries différentes. Mais elles influencent comme toujours la répartition des masses sur le vélo et la cinématique. Pour le coup, grâce à un tube de selle déjà très redressé et un angle de chasse pas trop ouvert, j’ai largement préféré la position basse. C’est celle la plus à l’image du vélo : taillé pour rouler vite !
Dernier point : les réglages de la fourche… Finalement, comme il est assez court de l’avant et qu’on se retrouve vite à charger fortement le pneu avant, j’ai finalement roulé une fourche assez ferme et dure pour compenser.
Avant | Arrière (Fox X2) | |
SAG | 23% | 27% |
Détente | 1/3 ouverte | BV : mi-plage |
Compression | BV : mi-plage HV : ouverte | BV : ouverte |
Réducteurs de volume | N/A | d’origine |
Clics de détente et compression comptés depuis la position la plus vissée des molettes. SAG arrière réalisé assis/selle haute – SAG avant réalisé debout/bras en appui sur le cintre / épaules à l’aplomb du guidon. Pour un gabarit moyen de 75/80kg.

Comment ça se pilote ?
Justement, ce côté court de l’avant, long de l’arrière bouleversent nos ressentis habituels et bousculent les codes du marché. Pour piloter, on doit s’adapter et revoir nos réflexes…

Quand c’est boueux, ou que ça glisse voire même tout le temps…
Même si c’est un ride dans la boue qui a mis en exergue ce comportement, où je perdais souvent l’avant, la remarque vaut pour tout les terrains fuyants, glissants ou imprévisibles : ceux qui demandent finesse et précision pour ne pas déraper.
En fait, c’est le trait de caractère du Banshee Titan qui peut jouer des tours : comme on l’a dit, court de l’avant on se retrouve vite à charger fortement le pneu… et trop rime souvent avec perte d’adhérence ! On doit donc composer avec. Ça dicte finalement l’attitude à avoir dessus…
L’astuce c’est de piloter à l’ancienne, vraiment entre les 2 roues, avec une position centrée, les coudes en bas et surtout pas à l’attaque, le buste en avant, les coudes au dessus du guidon… C’est l’art de se cacher derrière le guidon, qu’on garde justement assez haut en matière de réglage pour mieux s’y cacher derrière 😉

Quand il faut ralentir : drifter !
Bien souvent, ralentir c’est sauter sur les freins et gérer tant bien que mal les réactions du vélo. Là, au guidon du Titan, on profite du travail, notamment latéral et torsionnel, de son cadre. L’homogénéité et l’excellente fluidité de ce travail offre stabilité, confort et adhérence de haut vol.
On peut donc jouer pendant cette phase de freinage, ici facile et plaisante, à mettre le Banshee Titan en glisse. Je me suis surpris à le faire drifter et à tenir cette courte glisse très souvent là où je ne l’avais jamais encore fait avec d’autres vélos ou que de rares fois seulement. C’est jouissif, on se prend pour Sam Hill à la grande époque avec son Iron Horse Sunday et en plus c’est efficace pour ralentir sans avoir à changer de ligne. Conseil : drifter des 2 roues !
Tout n’est que vitesse
Son confort est véritablement supérieur à tous les autres vélos. Au bout du bout, ça mène à rouler plus vite avec le Banshee Titan qu’aucun autre vélo dans le défoncé mais ça lui est aussi indispensable.
Non pas qu’il peine à reprendre la vitesse, mais sa capacité à la conserver malgré les impacts incite finalement à en jouer ! La suspension et le travail de son cadre pousse le Banshee Titan à exceller quand ça défile, si on joue le jeu d’aller vraiment vite avec : sans toucher au frein, ou juste au dernier moment alors !

À la pédale
On l’a vu : sa position est redressée, son empattement avant est court et ses bases sont longues. Tout ça implique une certaine aisance et facilité en montée qu’il faut exploiter.
Pour ça pas besoin de se lever de la selle : c’est assis qu’on est le plus confortable, le plus centré entre les 2 roues et le plus moteur. Donc, coups de cul, relances ou faux plats interminables c’est assis que le Banshee Titan s’avère le plus efficace.
Certes ce n’est pas pour autant un avion de chasse mais il se montre aussi précis et fiable dans ses lignes en montée : surtout en épingles où il tire court et reste stable. Tout ça participe à en faire un bon compagnon de selle…

Pour qui ? Pour quoi faire ?
C’est avec certitude et de loin le vélo le plus atypique que j’ai roulé, qui joue sa propre partition sans se plier aux règles dictées par le marketing actuel. Il sort du rang mais est véritablement affable, confortable, tolérant et jubilatoire à piloter.
Il intéressera donc ceux qui recherchent un vélo hors du commun et qui sont prêts à laisser de côté toutes les habitudes en matière de fonctionnement et de pilotage pour découvrir un monde nouveau…
…et bouleversant puisque personnellement, le comportement de son cadre, entre tolérance et dynamisme, m’a conquis ! Et, je pense même que certaines marques qui prônent l’alu devraient s’en inspirer à l’avenir… Le Banshee Titan, qui n’en fait qu’à sa tête, est une mine d’idées de conception intéressantes !
La Concurrence ?
Commencal Meta AM 29
Rappelle le Commencal par sa capacité à garder le cap. Ce qui pourrait confirmer que le travail de l’alu participe fortement à la tolérance du vélo vis-à-vis du terrain et du pilote. Bien souvent, une racine ou une pierre ne suffit pas à le dévier de sa trajectoire, il en faut bien plus !
Nukeproof Mega 290c
C’est clairement leurs géométries qui les rapprochent : plutôt court de l’avant et long de l’arrière. L’équilibre est similaire, mais la suspension du Banshee est encore plus confortable, comme sa position de pédalage d’ailleurs.
Kona Process X
Dans son affection pour la vitesse, le Banshee me rappelle le Kona. Sauf que ce dernier donne le sentiment d’être plus joueur et plus léger : moins cloué au sol et moins confortable que le Titan. Pourtant les 2 s’opposent presque en matière de proportions géométriques…
Specialized Enduro
Leur confort dans le défoncé font du Specialized Enduro et du Banshee Titan 2 canapés. Les 2 tirent parti de leurs suspensions mais leurs géométries les distinguent.

Quand l’atypique a du bon ! Pensé différemment, le Banshee sort des sentiers battus et, sur les sentiers justement, même s’il impose de s’adapter, il propose quelque chose de différent… pour ne pas dire meilleur !
La qualité de fabrication est vraiment bonne : soudures propres, alu 7005-T6 et roulements de qualité supérieure ! Cet aspect satiné provient bien du vernis. Et même s’il se marque par endroit, il est globalement solide. Enfin un tube de selle droit et vraiment redressé. Ça implique une attitude différente au pédalage et ça n’en est que plus confortable.
Les protections du cadre sont minimalistes, voire absentes par endroit… Le dropout qui fait la liaison cadre-axe-frein demande une attention particulière. Lorsque l’on change de position il faut s’assurer de serrer l’axe pour positionner les dropout avant de le serrer sur le cadre. D’ailleurs les vis méritent d’être resserrées au début et de les contrôler ensuite. Leur desserrage peut vraiment tout endommager. Ça implique aussi un frein haut perché : ça peut parfois vibrer selon les tolérances de fabrication de l’étrier/adaptateur. Le triangle avant est plutôt arrondi et courbé quand les bases/haubans sont plutôt carrés et anguleux. Pour le look global, plus d’homogénéité serait bienvenue.