Yannis Pelé – Chronos, le carnet de bord du tournage

Behind the scene…

Au travers de cet écrit, je vous invite à vous plonger au coeur de notre nouvelle aventure, un projet vidéo quelque peu original, baptisé Chronos, qui est désormais visible sur FullAttack. Direction les coulisses du tournage…

Une petite mise en contexte pour commencer. Cette année, nous avions deux projets prévus appelés « projets média », qui sont des réalisations d’une durée pouvant varier entre 5 et 10min, dédiées à une diffusion sur internet ainsi qu’en festival… Notre ligne directrice est toujours de raconter une histoire tout en essayant d’amener le vélo dans des directions inattendues et originales.

Une chute en fin d’hiver engendrant une fracture du col du fémur nous contraint à reporter le premier projet que l’on devait tourner au printemps, alors en pleine période de rééducation.

Nous décidons alors d’avancer le tournage du second projet « Chronos » au mois de juillet afin de pouvoir débuter sa diffusion dès l’automne, en espérant être prêt physiquement.

Pourquoi « Chronos » ?

Chronos, c’est la personnification du temps pendant la Grèce Antique. Cette réalisation est une épopée temporelle dans des lieux construits par l’Homme. Notre voyage suivra la chronologie des époques.

Cela nous amène à réfléchir sur l’Histoire ainsi que sur notre rapport au temps : tout s’accélère, l’impatience devient presque innée, on veut tous aller plus vite que la musique, parfois trop. 

Je suis le premier impatient à vouloir aller toujours plus vite. J’essaie de travailler là-dessus, et prendre le temps de profiter des choses simples de la vie : profiter avec la famille, les amis, vivre le moment présent. Personnellement, c’est en montagne que je parviens à déconnecter (un peu), prendre le temps et profiter de l’instant T au maximum.

Au sein de nos projets, J’aime bien pouvoir apporter, au-delà de la première lecture, la possibilité de comprendre d’autres messages mais aussi que chacun puisse imaginer sa propre histoire et y trouver son propre écho.

Petit aparté, revenons un peu en arrière, afin que vous compreniez davantage le process de préparation d’un projet comme celui-ci.

Initialement un simple projet Urbex, c’est une idée qui est apparue début 2020. Le plan était de filmer des lieux urbains dans la région. Quand on commence à parler de ce projet, c’est un concept assez inédit dans le monde du VTT. Au fur et à mesure, on y greffe des lieux et des idées mais il manque un liant. C’est sous la douche que l’idée de l’épopée temporelle apparaît.

Chacun de nos projets part d’abord d’une simple idée, un spot, un lieu, une actualité puis nous essayons de construire ensuite une histoire autour.

C’est vrai que le passé de ces nombreux lieux laissés à l’abandon, comme figés dans le temps malgré les époques traversées, pousse à la réflexion et à la curiosité.

Allier cet aspect urbain à la beauté des paysages était aussi un défi très intéressant, apportant un contraste qui me plaisait bien. J’ai toujours été impressionné par la capacité de l’Homme à construire de tels bâtiments, dans des lieux si insolites… Mais aussi cette démesure dans l’ampleur des constructions qui ne cesse de s’accentuer.

Ces découvertes nous ouvrent encore davantage les yeux sur l’évolution de l’Homme au cours du temps, de la manière dont l’humanité s’est construite et des besoins de chaque civilisation.

Nous ne pouvions pas traiter chaque époque en profondeur, mais nous voulions malgré tout apporter du détail à notre histoire. Nous nous sommes donc mis d’accord sur trois parties scindant les grandes époques clés : l’Antiquité et le Moyen Âge, l’époque Moderne et le début de l’époque Contemporaine puis la fin de l’époque Contemporaine jusqu’à aujourd’hui.

Certaines ères comme le Moyen-âge, où encore les périodes de la première & seconde guerre mondiale sont assez « simples » à mettre en avant, sachant qu’il reste beaucoup d’édifices bien conservés et visuellement significatifs. Mais nous voulions pousser le curseur un peu plus loin, en ayant une grande variété de spots afin de lier les périodes phares et apporter de l’originalité et de la profondeur. Ce sont aussi des éléments qui aident à la compréhension.

Le montage de la vidéo tout comme les musiques auront aussi un rôle majeur dans la compréhension de notre fil rouge. Le dynamisme du montage prévoit de monter en puissance jusqu’à la partie finale du projet, alors en ville, où il deviendra presque oppressant, reflétant le monde d’aujourd’hui où tout s’accélère. Trois musiques différentes par partie viendront replonger le spectateur dans notre voyage et apporter de la compréhension dans l’époque où nous sommes.

De mon côté, à partir du moment où nous parvenons à quelque chose de concret, je commence à budgétiser l’ensemble du projet, réfléchir aux différents éléments de communication ainsi qu’au planning de diffusion.

Je monte ensuite un dossier de présentation détaillé que je transmets aux potentiels partenaires. Nous échangeons sur différents points selon les besoins et demandes de chacun avant de finaliser l’ensemble. Généralement ces différentes étapes se font l’année précédant le tournage.

J’en profite pour vous présenter notre petite équipe média, qui est la même depuis 2 ans maintenant. J’aime bien pouvoir travailler avec les mêmes gars sur ces différents projets. En plus d’avoir des idées et points de vue similaires, cela simplifie beaucoup de choses et nous sommes bien plus efficaces.

Nous avons plus ou moins évolué ensemble et appris les habitudes de chacun.

Par exemple, nous n’avons presque plus besoin d’expliquer comment filmer telle ou telle séquence, nous allons droit au but en se faisant confiance. Même si ça n’empêche pas de tester les nouvelles idées de chacun.

Pierre, sous le nom Visualp : filmmaker, photographe et monteur. Calme, simple, imaginatif, bosseur et toujours partant pour n’importe quelle idée.

Nico, alias My Drones FPV : pilote de drone FPV. Il aime bien me frôler autant que possible avec ses mini-fusées en me disant que tout est sous contrôle et que c’est fait exprès.

En échange, je lui dégote des petites lignes bien techniques, histoire de le mettre à rude épreuve. Il est plutôt doué l’ami parce qu’il nous sort toujours le shot attendu ! Et avec un peu de pression supplémentaire et surtout quand nous n’avons pas le choix, on a le droit à de beaux one shots !

Aparté terminé, revenons-en à nos moutons.

Le lancement du tournage prend un peu plus de temps que prévu mais nous arrivons finalement à commencer pour de bon fin juillet, après avoir terminé un autre projet en collaboration avec la Métropole de Nice. L’occasion de me remettre en selle et de retrouver mes marques derrière l’objectif de Pierre.

Une première session de tournage commence donc chez Pierre le temps d’un après-midi. On y installe un mini studio improvisé. Le but est de réaliser la séquence d’introduction, avec des plans slow mo très proche d’un sablier et du sable qui s’écoule. Le sablier faisant référence au temps, on apporterait par cette séquence un premier indice sur le fil conducteur de ce film.

Les spots prévus sont éparpillés aux 4 coins de la France. Nous avons donc planifié l’ensemble de notre trip et découpé le tournage en 4 grandes parties : le Sud Ouest, les Hautes-Alpes, la Savoie et ses alentours ainsi qu’un gros bloc dans le Nord. 

Un des principaux défis de ce projet est d’avoir une assez grande diversité de spots, qui aient du sens, un impact visuel et qu’ils soient roulables tout en arrivant à diversifier les actions. D’où cette assez grande quantité de lieux à découvrir…

C’est le grand départ pour notre premier trip, direction le Sud Ouest. L’excitation du départ se fait sentir, ça fait toujours quelque chose de repartir en tournage. Malgré que tout soit plus ou moins organisé, c’est l’aventure et nous avons toujours de belles surprises…

Les affaires, le vélo, les pièces de rechange, le matos vidéo… tout est chargé.

Nice, 5h00 du matin, on prend la route direction le Cirque de l’Infernet au-dessus de Montpellier avant de redescendre du côté de Perpignan qui sera notre camp de base pour la semaine.

Sur le trajet, Pierre propose que l’on s’arrête à Arles. Et voilà, ça commence ! Quand je vous disais que tout est plus ou moins organisé et que nous avons toujours des petites surprises, mais ça fait partie du voyage et apporte son petit plus. Quelque chose de tout planifié, orchestré à la minute deviendrait de suite moins drôle et palpitant, puis nous passerions à côté de belles opportunités.

Il aimerait réaliser un plan devant les arènes, symbole fort de la période Romaine.

Chose faite malgré la quantité de touristes. Après s’être armés de beaucoup de patience afin de pouvoir filmer le passage au moment le plus calme, nous avons notre plan et notre photo. Pierre devra sortir ses talents au montage afin d’enlever les quelques personnes restantes sur le plan. En pleine période estivale, c’est sûr que ce n’est pas le moment le plus calme. Il faudra faire avec.

Midi, nous arrivons sous le chant des cigales à Saint-Guilhem-le-Désert, village le plus proche du spot, qui est d’ailleurs magnifique et très bucolique. Réalisé tout en pierre typique de Provence, nous prenons une petite demi-heure le temps de manger un morceau et d’y découvrir quelques rues.

Une petite heure d’approche plus tard, nous voilà sur le spot, une voie romaine en épingle construite à même la falaise. Situé au fond d’une vallée encaissée, nous n’avons qu’un court moment avant que le soleil disparaisse, la fameuse course contre la lumière commence, combat de tout vidéaste !

Les images en poche, c’est une première belle journée qui se termine, ou presque… Encore quelques heures de route avant d’arriver à notre logement.

Les Pyrénées Orientales ou plus précisément le pays Cathare a une forte histoire médiévale, avec de nombreuses petites forteresses perchées sur des promontoires rocheux, parsemés au milieu de ces champs à perte de vue. C’est d’ailleurs cet atout qui nous a poussés à poser nos valises ici le temps de quelques jours…

En cette seconde journée, nous avons plusieurs petits châteaux typiques du coin au programme, au cas où l’on ne pourrait pas filmer l’un d’eux. Ainsi qu’un autre un peu plus au nord en dessous de Toulouse, bien différent et plus récent.

Le premier étant le plus important, mais avec un accès incertain, nous décidons de nous y rendre aux aurores afin d’être sur place avant son ouverture. Le temps de se préparer, un camion de chantier se gare à son entrée, pas de chance.

Aucun autre accès n’est possible. Une seule solution s’offre à nous, tenter de demander la permission avec le risque qu’elle soit refusée et que le château nous passe sous le nez. Et vu d’en bas, il a l’air incroyable…

Sachant que c’est un lieu touristique, je vois déjà venir le « non » bien franc, mais qui n’ose rien n’a rien comme on dit !

Par grande surprise, les gars acceptent gentiment et nous laissent y accéder. Nous sommes comme des gosses, on ne pouvait pas rêver mieux. C’est donc sans touriste, sur l’un des plus beaux châteaux du coin et sous un superbe lever de soleil que débute ce tournage.

Je tiens à souligner que nous veillons à faire très attention et à respecter chacun des lieux où nous allons. Ne laisser aucune trace de notre passage, ne rien abîmer/dénaturer et ne porter préjudice à personne.

Nous réalisons de très belles images avant de se diriger vers le second spot prévu, même si nous n’en n’avons plus réellement besoin, sait-on jamais.

Le lieu est trop ouvert et visible depuis le village en contrebas. Nous repartons sans aucun regret.

En passant à proximité de la célèbre cité de Carcassonne, que nous n’avions pas ajoutée sur notre liste par peur qu’il y ait beaucoup trop de monde, nous décidons de nous y arrêter. Elle est la plus importante de France, dans une conservation parfaite et avec son importance historique…

Étonnamment, nous avons pu rentrer de belles images dans un décor incroyable sans trop être embêtés par le monde. C’est un lieu à découvrir si vous passez dans le coin.

Petit détour par le dernier château, d’une toute autre époque, pour clôturer cette journée.

Troisième et avant dernier jour, sûrement celui que je redoute le plus. En effet, nous devons filmer dans une grande usine à charbon abandonnée non loin de Toulouse. Un vrai spot urbex et je dois avouer que ce n’est pas dans ces lieux que je me sens le plus à mon aise. Mon environnement reste quand même la nature et les montagnes, que je ne verrais pas tant que ça malheureusement durant ce projet. Mais c’est toujours intéressant de voir autre chose et sortir de sa zone de confort.

Un petit détour par une forteresse juste à côté de notre logement. Très beau visuellement mais sans trop d’intérêt en terme d’action sur le vélo et envahi de moustiques, quelques images en coup de vent avant de prendre la route direction ce fameux spot…

Quelques heures de route, nous voilà sur place garés en bord de route. L’usine devrait être sur notre gauche, derrière cette barrière de broussaille que nous traversons sans trop de difficulté.

L’usine se dresse maintenant devant nous, la découverte est presque étrange : un tel bâtiment caché dans cette mini-jungle, où la nature commence à reprendre ses droits, c’est incroyable ce que l’Homme pouvait construire mais aussi cette capacité de la nature à reprendre ses droits quoi qu’il en soit.

Il règne une atmosphère pesante qui me met mal à l’aise. Pierre, lui à contrario, adore ce genre de lieu, il est à fond, à vouloir tout explorer en même temps. Nous commençons par entrer dans une première salle, où une voiture brûlée jonche le sol. D’abord peu emballés par l’endroit car assez limité en terme d’action, nous continuons de déambuler au travers des différentes pièces lugubres.

Montant directement à l’étage supérieur du bâtiment, se dresse devant nous une longue rampe qui devait probablement servir à faire acheminer le charbon. L’ambiance est incroyable, comme si le temps s’était arrêté.

Nous réalisons plusieurs beaux plans ainsi qu’une superbe photo qui ira, sans aucun doute, directement au sein de l’expo ! L’ambiance et la composition sont magnifiques, puis mon manual et la fumée restante de mon passage en arrière-plan vient agrémenter le tout.

Sur chacun des spots, ou du moins les plus emblématiques, nous devons réaliser une image pour notre exposition photo qui vient retracer l’histoire du projet. Une approche différente mais tout aussi intéressante. C’est important que la photo ait un petit plus qui vient raconter quelque chose, contrairement à des photos disons « classiques ».

Les résidus au sol ne doivent pas être composés seulement de charbon… Il doit certainement y avoir tout un tas de produits chimiques en plus. En effet, un slash de poussière assez proche de Pierre lui prend la gorge et le fait tousser pour le restant de la journée.

Le temps que Pierre range le matos et monte au dernier étage, j’en profite pour faire ma petite ligne GoPro habituelle. En haut de ce tunnel, un premier toit avec des trous béants laissant entrevoir le rez-de-chaussée à quelques dizaines de mètres en dessous et, à l’autre bout, aux côtés d’énormes citernes encore debout, une seconde tour m’attire l’oeil. Sur laquelle des escaliers en colimaçon à découvert permettent de monter au sommet.

Sans me poser trop de questions, je fonce voir ça de plus près en me disant qu’une descente dans ces escaliers en enchaînant avec le passage dans le tunnel serait magnifique. Je tiens à souligner qu’il faut rester bien prudent dans ce genre d’endroit. En effet, ils ont un certain vécu et se détériorent avec le temps, il vaut mieux repérer où poser nos pieds/roues en s’assurant que c’est assez solide…

Le sommet de cette tour m’offre une vue imprenable sur l’ensemble de la structure.

L’escalier est très serré, il y a du vide au centre et sur le côté malgré les fines barrières restantes.

Une petite boule au ventre et un léger stress me mettent dans une sorte de bulle et dans une grande concentration. Chacun de mes mouvements est calculé afin d’éviter l’erreur qui peut être fatale.

Je m’élance ! Certaines épingles en angle droit passent doucement avec quelques mouvements trialisant, d’autres trop serrées ne passent pas, une portion de pédalage sur le toit avec ces quelques trous à éviter avant de terminer la ligne par cet incroyable tunnel !

Les sensations étaient si bonnes. On s’empresse de visionner la vidéo, le rendu est très chouette. C’est une bonne chose de faite !

Quelques plans au drone sur le toit et dans ces fameux escaliers pour terminer.

Les vraies péripéties peuvent maintenant commencer, sinon ça serait trop facile…

Pierre reste en haut afin de faire quelques images depuis cet angle de vue. Alors à peine arrivé en bas, il hurle : « Barre-toi, va te cacher ! Vite ! » Déjà peu rassuré, ça n’arrange rien et je m’imagine un tas de scénarios ! Il me répète une nouvelle fois : « vite, vas-t-en ! »

Sans savoir ce qu’il se passe et si ça ira pour Pierre, je l’écoute et je sprinte vers le camion. 

J’entends alors d’autres voix criant « on t’a vu, on t’a vu, arrête-toi ! » En me retournant, je vois des pompiers qui étaient montés au deuxième étage par les escaliers, et Pierre juste au dessus, encore sur le toit, qui essaie de s’échapper doucement par le tunnel…

Ni une, ni deux, je disparais dans les broussailles. Je retrouve le camion, me change en quelques secondes histoire d’être incognito puis je démarre. Sait-on jamais s’ils ont aussi appelé les forces de l’ordre, ils doivent certainement connaître les différents parkings.

Je fais des allers-retours sur la route en attendant Pierre qui j’espère, a réussi à sortir.

Rassuré, Pierre m’appelle et me rejoint au bord de la route, saute à bord et on s’escapade rapidement. Vus mais pas pris… !

Même si nous n’avons pas pour but de dégrader ces endroits, nous sommes conscients que ce sont des lieux sensibles et que nous ne devrions pas être là au vu du danger que cela entraîne.

Notre crainte était que l’on se fasse confisquer nos images, ce qui aurait été problématique…

Un petit détour rapide sur un autre spot avant de rentrer à notre « camp de base » après cette journée forte en émotions !

Qu’est-ce que je fais dans un champ de Tournesols ?! Excellente question ! En fait, entre les différentes époques clés du film, qui divisent le film en trois parties, nous ajoutons des séquences de transitions dans une salle blanche que je vous présenterai quelques lignes plus bas. L’idée était d’apporter autre chose, d’un peu plus vague, venant contraster le côté purement urbain. Nous voilà donc en train de filmer dans des décors plus naturels. 

Le lendemain, une journée très importante nous attend avec une des séquences phares du projet, mais aussi une des plus complexes à réaliser au niveau de l’organisation.

Comme vous l’aurez compris, la ligne conductrice du projet est un voyage dans le temps, l’idée est donc de scénariser l’histoire de certains lieux. En l’occurrence ici, celle de l’époque médiévale…

Vous commencez à comprendre où l’on veut en venir ?

Cette scène à pour but de conclure le premier chapitre. Quoi de mieux que des chevaliers pour représenter le Moyen-Age. L’idée est que je me fasse assommer en essayant de traverser l’affrontement. Élément qui me ramènera alors dans la salle blanche.

Cette salle blanche est le point de transition entre les différentes époques. Blanche pour cet effet d’infini, faisant disparaître tous repères. L’horloge quant à elle, est l’objet qui me fera voyager dans le temps dès lors que je la touche.

Pierre, ayant déjà filmé quelques fois pour une équipe de « Béhourd », avait quelques contacts dans ce milieu. Après avoir essayé de trouver différentes dates en commun afin de bloquer ce tournage ensemble. En vain, nous reprendrons contact un peu plus tard lorsqu’ils auront plus de temps.

Quelques jours plus tôt, Pierre tombe sur un festival médiéval non loin d’où nous sommes actuellement. C’est l’opportunité pour nous de filmer peut-être quelques plans supplémentaires qui pourraient venir en complément sur cette partie médiévale. Il envoie par hasard un message à un gars de l’équipe de Béhourd qu’il connaît, au cas où ils seraient venus faire quelques démonstrations sur cet événement. 

Par chance, une petite partie de l’équipe est bel et bien présente, mais aussi celle d’autres régions. L’opportunité pour nous d’avoir une belle équipe complète pour la séquence, nous sautons sur l’occasion !

Arrivés sur place, on fait un vrai pas quelques siècles en arrière, c’est incroyable.

Hormis ce léger contraste d’époque…

Nous allons à la rencontre des gars afin de leur proposer notre idée et savoir s’il est possible de bloquer un petit moment ensemble. 

Ça devrait le faire juste avant la pause du midi. Nous patientons toute la matinée en les observant se taper dessus à coups d’épées, de haches et tout autre instrument de ce genre…

Ça ne donne pas envie d’être à leur place ! En plus des coups qu’ils prennent, ils portent une armure de plusieurs dizaines de kilos, en plein été, je vous laisse imaginer la souffrance…

Ils ont faim, soif, ils sont exténués après cette grosse matinée de combat, mais nous arrivons finalement à en motiver une petite dizaine pour garder leurs armures sur le dos une dizaine de minutes de plus afin que l’on puisse filmer la séquence. Nous avons très peu de temps et allons droit au but…

Même si j’ai bien cru que nous passerions à côté de cette séquence au vu de l’entrain des gars à cause de la fatigue, nous parvenons à rentrer les images que l’on voulait.

Satisfaits et rassurés, nous reprenons la route, pour un retour à la case départ !

Au passage, un grand merci à toutes les équipes pour votre temps !

Une petite semaine à la maison pour recharger les batteries, parsemée par quelques jours de shoot pour d’autres projets avant de continuer notre aventure dans le temps…

Pierre me rejoint à la maison la veille pour un départ à 5h du matin, direction Montgenèvre.

L’endroit me rappelle quelques souvenirs de mes années en compétition de vélo de descente !

Cette fois, c’est l’ascension d’un sommet à 3131 m pour atteindre le fort du Chaberton, aussi surnommé le « cuirassé des nuages ». Construit en 1910 par l’armée italienne, c’est à cette époque le plus haut fort du monde, et  aujourd’hui d’Europe. Composé de 8 tours en béton armées par des canons et dissimulant un vrai labyrinthe de galeries creusées en profondeur sous le fort, l’architecture et la puissance de cet ouvrage sont énormes. Le voir de ses propres yeux et essayer d’imaginer sa construction à l’époque est juste incroyable.

Plusieurs heures de marche le vélo sur le dos, avec un vent à se faire déstabiliser tant il est fort. Nous avons même vu un chien se faire coucher au sol par une rafale !

La pause du midi à l’abri dans un blockhaus nous pousse à nous demander s’il est vraiment nécessaire de continuer et si nous pourrons filmer au sommet, notamment avec le drone… Tant que nous sommes là, autant y aller !

Le paysage est lunaire. Tout au long de la montée, on découvre des restes de la guerre, entre petits blockhaus, fils barbelés, pieux… L’ambiance y est particulière.

Nous arrivons finalement sur une sorte de grande plateforme naturelle faisant office de sommet, un vent toujours aussi fort, une vue à 360° et ces tours perchées qui pointent directement la vallée de Briançon.

Ce fort avait une place stratégique et devait être un sacré atout pour nos amis Italiens !

Un petit tour du propriétaire puis nous commençons à filmer les quelques plans prévus, notamment celui avec le drone. Les rafales de vent à plus de 80 km/h ne facilitent pas les choses. Pas serein pour le drone, mais il résiste aux intempéries et nous arrivons à avoir le shot attendu.

Les galeries souterraines totalement remplies de glace et impénétrables en plein mois d’août laissent imaginer le froid qu’il devait faire ici l’hiver pour les soldats…

Bien congelés nous aussi et toujours dans le vent, nous prenons le chemin du retour avec quelques pauses sur la partie haute du chemin pour filmer 2-3 plans d’action…

Comme on dit, un joli « flow trail » à la descente (c’est bien tout le contraire, je vous le confirme) mais un bon run plaisir malgré tout, et l’arrivée à la voiture juste à temps pour le snack fait quand même du bien !

On fait escale dans un petit village italien pour un bon plat de pâtes bien mérité.

Au pied du barrage du lac de Mont-Cenis, nous passons la nuit dans un hôtel à l’allure originale et dans une ambiance apocalyptique avec du froid, du vent, de la pluie et du brouillard. La perspective d’un bon bain chaud met Pierre de bonne humeur.

Au matin, le froid glacial et le vent ne nous lâchent toujours pas. Nous filmons un nouveau fort avec vue plongeante sur le lac ainsi qu’une petite capsule vidéo pour la sortie du nouveau casque Julbo.

Histoire de couper un peu, on passera deux nuits chez des amis à l’Alpe d’Huez. L’occasion de passer une journée sur le bike park avant de reprendre la route pour le reste de notre trip.

En chemin, nous tombons sur cet original ouvrage, qui fait tourner la tête… Un bâtiment militaire dont une partie s’enfonce dans le sol, ce qui donne ce drôle d’effet visuel.

Une nouvelle journée qui ne s’est pas vraiment passée comme prévu. Ça arrive et ça fait partie du jeu comme on dit ! Un spot sur les hauteurs de Super-Dévoluy était initialement prévu.

La découverte d’un chemin creusé dans la falaise sur la route nous fait perdre deux bonnes heures à cause du drone ne voulant pas décoller. Arrivés trop tard pour pouvoir accéder au spot initial, nous reprenons la route pour un village en ruine non loin du Verdon.

Le GPS se prend pour un guide touristique et nous fait prendre un détour de plus de 7 km sur une piste DFCI en piteux état. Point positif, nous avons pu faire quelques photos sympas sur une zone ultra-poussiéreuse. L’une d’entre elles sera d’ailleurs affichée en grand sur le stand Julbo du Roc d’Azur !

Enfin arrivés sur place, peu emballés par l’endroit, nous essayons malgré tout de faire quelques plans. Une zone avec des résidus d’herbes fauchées me surprend, une bonne glisse pour terminer par terre avec des belles pizzas sur le torse. C’est bon, on peut rentrer !

Place au trip le plus important de ce nouveau projet : le Nord de la France !

Nous sommes le 18 août, nous devons rendre une version finale mi-septembre…

À l’origine, plus de vingt jours prévus sur ce trip, que nous allons tenter de raccourcir en moins de 15 jours en couplant plusieurs journées. Le compte à rebours est lancé ! Ça tombe bien, nous sommes dans la thématique du projet comme ça !

4h du matin, le réveil sonne. 5h, motivés et requinqués, nous prenons la route, toujours depuis Nice.

Même avec le trajet qui nous attend, nous parviendrons à ajouter un spot en cours de route… Comme prévu, notre première escale se fera dans un village troglodyte non loin de Marseille.

Nous arrivons juste à temps pour profiter des belles lumières matinales, l’endroit est vraiment beau.

Une roche trouée tel un gruyère géant, c’est toujours impressionnant de voir ce que l’Homme était capable de réaliser à l’époque. Ici, c’est une roche sableuse et assez friable qui à permis de creuser ces différentes petites cavités.

En terminant plus tôt que prévu, ça nous permet d’ajouter une autre étape sur le trajet et gagner déjà un peu de temps. Nous traversons les différentes régions aux décors très changeants.

Au détour de l’autoroute, nous faisons un premier stop au célèbre village gaulois d’Alésia, que vous avez certainement entendu, pour les lecteurs des bandes dessinées d’Astérix et Obélix.

Cette bataille phare avait confronté l’armée romaine dirigée par Jules César et les différents peuples de Gaules menée par Vercingétorix.

C’est sous une chaleur écrasante que nous réalisons un très rapide plan de face en pédalage. L’endroit étant devenu un musée et ne pouvant donc filmer à l’intérieur du camp, Pierre se positionne assez loin au zoom afin d’avoir cette impression que le camp dans mon dos est plus proche.

On se rapproche encore de Troyes, chez la grand-mère de Pierre, où nous établirons notre premier camp de base pour les deux prochaines nuits.

Quelques kilomètres en amont, dernière pause de la journée sur un des lieux les plus originaux de la vidéo : un ancien avion de la guerre abandonné au beau milieu d’une piste de décollage.

Une petite exploration à l’intérieur de l’avion s’impose, en laissant notre imagination nous transporter dans l’Histoire grâce aux différents éléments encore intacts.

Sous une chaleur toujours aussi forte, nous hissons le vélo sur l’aile avec une corde d’escalade. Elles sont assez larges pour me permettre de traverser le « Lockheed P2V-7 Neptune » » » de part en part.

Une lumière rasante, une vue sur l’ensemble de l’avion de côté, son emblème lisible et un Yannis faisant son petit manual sur l’aile. Nous avons une nouvelle image pour l’expo !

Si l’on m’avait dit qu’un jour je poserai mes roues sur un avion…

Au programme du jour : une forêt vosgienne ainsi qu’une virée à Verdun.

6h du matin et plein d’entrain, je démarre le camion… et vraisemblablement, celui-ci était moins motivé…

Panne sèche de batterie ! Les premières péripéties commencent.

La grand-mère de Pierre nous sort des pinces de derrière les fagots, au vu de leur état, elles ont je pense plus de 60 ans. Nous nous branchons sur sa voiture, deux coups de clés et je vois de la fumée sortir des pinces sur les deux voitures. Dans la panique, Pierre arrache les câbles sans difficulté, signe qu’ils n’étaient plus très solides… Nous sommes passés à deux doigts de la catastrophe…

Par chance, l’oncle de Pierre tient un garage à 20 minutes d’ici, un premier aller-retour avec le bolide de mamie que j’ai eu l’honneur de décrasser. Nous récupérons un booster qui nous permettra de faire démarrer le camion. Pit stop au garage, batterie neuve, nous reprenons la route à midi.

Plus de temps à perdre, direction cette fameuse forêt, surnommée le vallon druidique.

3h de route plus tard, nous voilà sur place. Un rocher sculpté nous intéresse. Encore une lourde et humide chaleur, décidément le froid du nord, ce n’est qu’une légende !

Vêtu de mousse, un cours d’eau en contrebas, des sapins majestueux, cette forêt est mystique et, une certaine ambiance règne… Nous trouvons le fameux rocher puis nous improvisons ensuite sur place quelques autres actions de coupe venant alimenter cette séquence : une belle marche, quelques lignes freeride…

Nous reprenons la route pour Verdun et ses tranchées emblématiques. Une des batailles décisives de la première guerre mondiale qui tiendra une partie importante au sein de notre projet.

Pierre avait repéré en amont une tranchée abandonnée. Celle-ci étant en pente et dans la forêt, elle convient à ce que l’on a en tête.

Un chemin piéton sur son bord, l’endroit est beaucoup emprunté et fait certainement partie d’un itinéraire de balade. Hyper joueur, comme dans un bobsleigh, les images sont cool !

Malgré tout, une certaine atmosphère règne sur cet endroit, les forêts sont tapissées de tranchées et, dans un coin de ma tête, une certaine gêne commence à apparaître. Je ne me sens pas très à l’aise à l’idée de m’amuser en vélo dans un lieu autant chargé en histoire, où des milliers de soldats ont perdu la vie…

Nous continuons notre chemin vers le célèbre fort de Douaumont, en passant à côté du mémorial de Verdun, où sont exposées des centaines et des centaines de croix blanches alignées. L’atmosphère est encore plus pesante ici… J’explique mon ressenti à Pierre qu’il partage aussi. Ça nous permet d’en discuter et trouver une alternative plus respectueuse et qui permettrait de rendre hommage au lieu tout en montrant son importance historique.

Nous en concluons que nous pourrions filmer mon ombre passant furtivement dans une des tranchées.

Dernière soirée chez la grand-mère de Pierre avant de s’enfoncer encore davantage dans le nord de la France.

On reprend la route au travers de ces immenses prairies qui s’étendent à perte de vue. Ça change de nos vallées encaissées du Mercantour !

Une première escale dans un petit village dans lequel une sorte de château typique du XIX siècle, aux murs chargés de moulures dignes d’une oeuvre d’art, a été construite. Ici, perdu, au milieu de rien… Intrigant !

Nous préparons tout le matos en amont, un seul plan est nécessaire ici et nous devons être très rapides et efficaces afin d’éviter d’attirer trop d’attention. Nous utiliserons le petit saut amovible de MTB Hopper que nous pouvons placer où bon nous semble afin d’apporter une action supplémentaire.

On se faufile à travers la haie, Pierre se place directement tout en bas de la propriété, tapi entre les hautes herbes pendant que j’installe le saut et me prépare.

Le REC de Pierre est lancé, en quelques secondes le plan est réalisé et nous repartons directement à la voiture.

Nous traversons des petites villes typiques du coin, construites complètement en briques rouges.

Prochain stop aux célèbres terrils du Nord-Pas de Calais, symbole d’un héritage industriel.

Leur présence rappelle le désastre à la fois économique et environnemental qu’a entraîné la fermeture des mines dans cette région, déjà dévastée par cette industrie et qui a par la suite sombré dans une ère de chômage et de pauvreté.

Aujourd’hui, ces terrils symbolisent tout autre chose. Ce qui paraît noir de loin, devient vert quand l’on s’en rapproche : une végétation aussi prometteuse que le tourisme durable qui commence à redynamiser l’économie de la région.

Nous ne pouvions donc passer à côté de ces édifices chargés d’histoire, surtout qu’un petit bike park a été construit sur l’un d’entre eux. Nous avons même eu l’occasion de faire la rencontre d’un des doyens du spot qui shape ici depuis plus de 20 ans.

Ces terrils ont aussi apporté un nouveau dynamisme sportif, avec de nouvelles infrastructures construites. Ce bike park mais aussi une base nautique ainsi qu’une piste de ski… Incroyable !

Agréablement surpris et charmé par ce spot qui reflète ô combien les locaux ont mis du coeur et l’ouvrage et ça se ressent !

Ça fait presque bizarre de rouler sur des vraies pistes de vélo, après ces semaines de « tricotage » sur des spots bien éloignés de notre pratique ! Full plaisir et les images sont tout aussi plaisantes à faire qu’à voir ! Le contraste entre la terre noire et les centaines de bouleaux verdoyants ayant repris leur droit apporte un vrai plus à l’ensemble.

Maintenant, nous devons encore filmer une ligne freeride complète sur un terril à la forme conique. Alors que nous étions en route pour celui, repéré en amont, nous tombons par hasard sur un autre, tout aussi beau et qui fera largement l’affaire. Il sera l’heureux élu pour y poser mes roues.

Une bonne demi-heure de portage où je laisse quelques gouttes de sueur, me voilà au sommet. Une vue imprenable sur les terrils voisins s’offre à moi, venant apporter un peu de hauteur à ces grandes terres plates. Assailli par une multitude de moucherons, j’immortalise le moment, repère ma ligne et ne traîne pas plus longtemps.

Le drone à mes trousses, Pierre en place en bas de la ligne au zoom, c’est parti.

C’est raide et le sol est très changeant avec des parties plus ou moins molles. Tant bien que mal, je parviens à m’arrêter en bas avant de terminer dans les ronciers, clôture naturelle de cette montagne noire.

Le shot est validé, avec une visu sur les autres terrils, exactement ce que nous avions en tête.

Nous pouvons plier bagage et nous rendre chez nos amis Belges pour le dernier spot du jour.

La traversée de quartiers industriels ayant subi le déclin économique pose le décor sur ce qui nous attend. Sur place, une immense cheminée se dresse devant nous. Un vrai spot urbex par lequel nous devons entrer accroupis sous le bâtiment. Toute la partie basse de la tour est remplie de planches empilées. Un passage ouvert entre celles-ci nous permet de grimper une dizaine de mètres afin d’atteindre notre objectif : des passerelles qui offrent une vue sur l’immensité intérieure de la structure.

Malheureusement, au vu de l’accès au site, nous ne pourrons pas filmer en vélo à l’intérieur comme prévu. Nous nous satisferons d’un simple plan drone.

Changement de décor radical avec la suite de notre trip en bord de mer.

D’abord sur la baie de Somme pour filmer un train à vapeur de l’époque encore en marche. De passage seulement toutes les 30 minutes à l’endroit où nous voulons le croiser, nous devons être prêts au bon moment.

Je me place au bord des rails, Pierre lance le drone et installe son setup photo & vidéo.

Nous entendons son sifflement lointain ; arrivé à mon niveau, je m’élance à sa poursuite. Pierre réussit à faire le plan vidéo au sol, les photos et la séquence drone en même temps, quel chef !

Un stop dans un manoir abandonné puis nous nous rendons un peu plus au nord, en direction d’Étretat pour filmer un blockhaus suspendu…

En passant aux abords du Havre, je suis impressionné par la grandeur de ce port maritime, du nombre de grues, de bâtiments, d’entrepôts… qui s’étendent presque à perte de vue.

Vous m’excuserez, je suis un peu un indien dans la ville qui sort de sa montagne !

Le fameux blockhaus a été construit par le troisième Reich pendant la seconde guerre mondiale qui permettait de protéger la côte d’une invasion par les alliés depuis la Grande-Bretagne.

Une parmi les centaines de fortifications côtières construites à cette époque : appelé le mur de l’Atlantique.

Celui-ci est particulièrement impressionnant, en effet, la falaise s’est effondrée avec le temps laissant une partie du bâtiment complètement dans le vide.

Alors que nous pensions être tout seul ici, étant donné que le spot est peu connu, nous sommes tombés sur les seuls visiteurs de l’endroit de la journée. Nous avons dû patienter plus d’une heure sur place, le temps qu’ils réalisent leurs infinités de plans drone et qu’ils se prennent en photo sous tous les angles. 

Un dernier spot nous attend à Caen, celui d’une église du Xe siècle, détruite en 1944, pendant la seconde guerre mondiale et abandonnée depuis. Un simple passage sur un mur avec l’édifice au second plan fait l’affaire.

Après cette belle journée, une petite crêpe complète était bien méritée ! Histoire de préparer notre prochain passage en Bretagne…

Nous organisons la suite de notre périple en enlevant certains spots non indispensables afin d’arriver à temps sur Paris. Nous avons là-bas certains rendez-vous pour le projet à ne pas louper.

Après quelques images au lever du soleil sur d’autres blockhaus, nous hésitons entre continuer notre chemin vers la Bretagne ou tenter malgré tout de faire un détour plus au nord comme prévu à l’origine.

La plage du débarquement reste un lieu important et chargé d’histoire… Nous l’avions enlevé la veille car le détour était trop important pour la suite de la journée. Sur place, des carcasses de chars ont été laissées, ce qui peut apporter un vrai impact visuel…

Nous faisons le choix de nous y rendre malgré tout, le lieu est bien trop emblématique pour passer à côté. 

Sur place, une première ligne sur une belle dune de sable me saute aux yeux.

Comme vous le savez, une des difficultés majeures de ce projet est d’apporter de la variété d’action là où le champ des possibles est très limité dans la majorité des spots…

C’est donc l’occasion d’apporter une touche de dynamisme à cette séquence, qui se veut à l’origine assez plate avec seulement un passage à côté d’un char.

Il est temps de jouer à la chasse au trésor en tentant de trouver les différents chars abandonnés entre ces dunes de sable. Il devrait y en avoir entre quatre et cinq. Certains sont en très mauvais état ou tagués… Par chance, le dernier est plutôt propre malgré le canon en moins.

L’ambiance du lieu est assez forte puis une ligne sympa est possible à côté. Les feux sont au vert !

De retour au camion, je découvre mon pneu arrière presque à plat, une marque sur le flanc me rappelle avoir frotté un trottoir dans la matinée. Je parviens à le regonfler avec la pompe à vélo le temps de nous rendre au garage le plus proche. Sur place, il ouvre seulement à 14h, ça nous laisse une petite heure pour nous poser un peu et manger un morceau.

Il faut savoir que depuis le début du trip, nous enchaînons les spots en mangeant sur le pouce, sans s’arrêter afin de gagner du temps (chose à ne pas reproduire !).

Balle neuve, on peut enfin reprendre la route pour la Bretagne. Très content à l’idée de découvrir une petite partie de cette région et, accessoirement, de goûter à de vraies crêpes bretonnes !

C’est un stop où se trouvent des restes de sculpture en bord de mer… l’accès est payant et bondé de monde…

Tant pis, nous continuons la route en direction du dernier spot de la journée. En chemin, nous apercevons de loin le Mont Saint Michel, un peu déçu de ne pas avoir plus de temps pour visiter davantage le coin. Nous aurons sûrement l’occasion de revenir, peut-être l’année prochaine pour un nouveau projet… Qui sait…

Après avoir traversés de jolis petits villages typiques bretons, nous découvrons cette fameuse maison en pierre, construite entre deux gros rochers au bord de l’océan. La côte est ici incroyable, parsemée de granit, le coucher du soleil vient sublimer le tout.

Une halte dans un petit restaurant perdu dans les terres où l’on s’est régalé de deux bonnes galettes et une bolée de cidre chacun. Ici, la galette fait finalement plus office d’assiette que d’autre chose, c’est vraiment un plat complet, posé sur une galette. Histoire de ne pas avoir besoin de passer l’assiette au lavage ! Petite blague à part, désolé pour nos amis bretons, c’était très bon et je reste fan de vos galettes !

Repus, une courte mais belle nuit de repos nous attend.

Levé aux aurores, en espérant avoir un sunrise digne de ce nom sur ce spot, qui doit faire partie des plus beaux du projet. Malheureusement, la météo n’est pas de la partie ce matin. Nous ferons avec, ça apporte une petite ambiance qui n’est finalement pas si mal.

Une petite approche en bord de falaise nous donne une vue imprenable sur le fort, construit en contrebas sur un îlot rocheux. Des escaliers creusés à moitié dans la falaise permettent de rejoindre un joli pont tout en pierre accédant ensuite à la forteresse.

Dans un premier temps, je vais filmer la descente à la GoPro, Pierre en profite pour shooter les premiers plans d’approche qui viendront introduire la séquence.

La partie haute est assez raide dans les rochers, histoire de se réveiller, suivie d’un enchaînement d’escaliers où il ne vaut mieux pas louper la marche, la traversée du fameux pont et les roues presque dans l’eau pour finir ! La ligne est bien repérée. En quelques secondes, me voilà en bas, au bord de l’eau. Magnifique !

Pendant que Pierre me rejoint, j’en profite pour commencer à explorer les entrailles du fort.

Un premier bâtiment tout en long, des escaliers qui permettent de monter sur le sommet du pic rocheux et qui viennent surplomber l’ensemble du lieu. Je découvre ensuite un autre escalier permettant cette fois de descendre en sous-sol, dans des cavités creusées sous le fort. D’anciens canons complètement rouillés et rongés par le sel laissent imaginer qu’elles devaient servir de bases de défense au ras de l’eau.

Je filme une seconde ligne GoPro depuis le fameux pic rocheux jusqu’au sous-sol. Les escaliers en partie haute sont très étroits et très raides, je n’ai pas le droit à l’erreur. Le reste est plus safe, malgré l’entrée dans le trou noir à l’aveugle.

Pierre me rejoint, époustouflé par la beauté du lieu. Nous allons à l’essentiel et nous filmons seulement le nécessaire pour la séquence. C’est toujours compliqué de se restreindre alors que le potentiel est énorme.

Nous avons encore 3 spots à filmer en chemin et les quelques heures de route restantes jusqu’à Paris… On enchaîne !

Toujours en Bretagne, une première escale sur un cimetière d’anciens bateaux d’époque.

Une photo et un plan pédalage suffisent, on trace sur le troisième spot non loin de là.

Un peu plus dans les terres, au bord de l’Aulne, de nouveaux bateaux abandonnés, militaires cette fois. Accrochés assez loin du rivage, Pierre au zoom afin de donner un effet de proximité alors que je passe en pédalage au premier plan.

Juste derrière nous se dresse une propriété de rêve. Une magnifique bâtisse tout en pierres, un immense terrain avec jardins et arbres fruitiers donnant directement sur la rive du fleuve ainsi qu’un accès à un petit port privé. En bonus, l’accès à une mini-presqu’île… Un petit coin de paradis !

Au fin fond du Morbihan, nous voulions faire quelques plans autour d’une chapelle magnifique.

Ses particularités : deux longs escaliers en entrée qui viennent s’entrecroiser, son architecture ainsi que son emplacement au beau milieu de la forêt.

À peine arrivés devant avec le vélo, qu’une gardienne nous saute dessus pleine de colère en nous ordonnant de quitter les lieux en mentionnant que ne c’est pas un endroit pour faire du vélo. Sur le principe, aucun problème, je suis bien d’accord avec elle.

Néanmoins j’essaie toujours d’expliquer notre démarche, ici l’idée étant de raconter l’histoire de ces lieux, dans la bienveillance et le respect. Nous ne sommes pas là pour abîmer quoi que ce soit ni porter préjudice au lieu.

Rien à faire, elle ne veut rien entendre et reste très énervée. Impossible de parler avec des gens dans une telle énergie… Non sans déception mais nous préférons partir et éviter ainsi un quelconque désagrément.

22h. Le monde, les bouchons, les immeubles… Nous sommes bel et bien à Paris, aucun doute là dessus.

Il y a un sacré contraste entre le lever du soleil ce matin sur les côtes Bretonnes et le brouhaha de la ville ce soir.

Ces différentes séquences que nous nous apprêtons à filmer viendront s’intégrer dans la dernière partie du film qui montre cette évolution rapide de la société, où tout va plus vite, on veut tout, tout de suite, et où l’impatience et la rentabilité sont probablement les maîtres mots de notre quotidien. Elle sera donc montée d’une manière très dynamique, presque oppressante en image à la société actuelle.

Ce matin, c’est en banlieue que nous devons filmer, histoire de s’acclimater un peu… 

On a encore le droit à un peu de verdure, un étang, et le fameux pont de Cergy, rouge pétant, surplombé par neuf portiques. Un drôle d’édifice faisant partie de l’Axe majeur, une oeuvre monumentale dans les jardins de Cergy. Il se veut être la continuité, au-dessus de l’eau, de l’allée centrale des Droits de l’Homme.

En amont, des centaines d’escaliers blancs apportent une dimension futuriste à ce lieu original.

Munis de patience, nous parvenons à réaliser nos images entre les joggeurs ayant eu la même idée que nous ce matin… C’est un avant-goût de ce qui nous attend par la suite.

En passant, séquence que nous n’avons finalement pas gardé pour le film… Lors du montage, il est important mais aussi très difficile de faire un tri afin de garder seulement le meilleur.

L’acclimatation est donc presque réussie, nous pouvons maintenant entrer dans le vif du sujet ! 

Nous avons rendez-vous à 11h à la passerelle Simone de Beauvoir avec Simon Nogueira, alias le chat de Paris, doté d’une énorme agilité, toujours en train de vagabonder sur les toits et de ramener des images à frissons… Si vous êtes en manque d’adrénaline, je vous laisse découvrir le contenu qu’il partage sur ses réseaux sociaux !

Cela fait plusieurs années que je le suis, je suis fan de ce qu’il réalise et j’adore sa vision des choses et la manière dont il crée son contenu. Il apporte vraiment sa touche personnelle, et je suis vraiment content que l’on puisse se rencontrer et partager ce moment ensemble dans son terrain de jeu.

L’idée de cette séquence en ville, représentative du monde actuel, est d’apporter un petit plus en la partageant avec un adepte du parkour. Au-delà de l’originalité d’allier nos deux sports, c’est une discipline des temps modernes, étroitement liée au milieu urbain, ce qui fait complètement sens au projet.

Vêtu de sa tenue baggy, ses lunettes rondes et son bandana laissant dépasser son chignon, il a su créer son personnage et ça lui va à ravir !

On découvre un gars super sympa, chill & intéressant. Une rapide présentation avant de réfléchir sur les différentes possibilités, clarifier nos attentes et voir ce qui est réalisable.

De mon côté, au-delà de descendre des escaliers et de sauter des murets, je suis assez limité en termes d’action. Par rapport à Simon, qui a plus d’un tour dans son sac… J’espère que nous parviendrons à produire une séquence sensée, être originale et agréable à visionner.

La passerelle sur laquelle nous nous sommes rejoints est à double niveau. Pierre se positionne assez loin sur un pont voisin afin d’avoir un cadre « tableau ». Un plan donc fixe, englobant l’ensemble de l’endroit : la Seine au premier plan, la passerelle ainsi que le reste de la ville en fond. Simon et moi en silhouettes et chacun sur son niveau afin d’avoir ce vrai parallèle entre nous deux.

Simon nous dit qu’il connaît un toit non loin d’ici qui serait potentiellement roulable en vélo. Incroyable !

Sur place, en effet une courte ligne se dessine. Une prise d’élan sur une plateforme en béton suivi d’un saut, Simon peut sauter en même temps que moi et continuer sa course sur le toit.

C’est assez drôle et inattendu de rouler en vélo sur les toits de Paris… Je peux cocher cette case dans ma « to do list » !

En chemin pour prochain spot important, nous faisons quelques plans par-ci, par-là, notamment un où j’entre en sautant à l’intérieur d’une entrée de métro pendant que Simon saute par-dessus. Probablement la scène finale de cette séquence.

La scène d’intro, c’est ici à Pompidou. Nous voulons apporter un effet de surprise à cette part’.

Un même plan où l’on me croise pédalant dans la rue puis on découvre Simon, alors qu’il saute de toit en toit. 

Il a besoin d’une petite demi-heure pour accéder au sommet, le temps que nous préparions le matériel et la scène en question. 

Intrigués, des passants s’interrogent et ne s’attendent pas à voir ce qui est prévu

Simon au sommet, en place de mon côté… Top départ ! Simon s’élance, simple pédalage pour moi, mais Pierre doit réussir à avoir le plan parfait où l’on me voit de dos dans un premier temps puis l’on découvre Simon, de loin, qui saute entre les toitures. Quelques essais et nous avons la prise.

Un dernier plan phare, où Simon saute à 20m de haut, par-dessus une étroite ruelle alors que je déambule juste en dessous. One shot préconisé. Faire le tour après le saut et remonter en haut de l’immeuble prend du temps.

Heureux comme tout, les gens impressionnés, tout est dans la boîte !

C’est à Montmartre que nous terminerons finalement cette séquence commune.

Alors que je descendais une allée d’escaliers, Pierre situé en contrebas, focus sur son plan, s’est rendu compte qu’au dernier moment que j’arrivais bien plus vite que prévu. Bien heureusement, il a eu le bon réflexe de se décaler au dernier moment, impossible pour moi de ralentir alors que j’étais en l’air, j’aurai bien failli le couper en deux.

Amplement satisfaits, nous rentrons au camion.

La loi des séries, ça vous parle ?!

On se remémore rapidement la première panne de batterie, suivie de la crevaison.

Jamais deux sans trois comme on dit…

Au moment de démarrer le Vivaro, la pédale de l’embrayage est bloquée au fond. Plutôt mauvais signe. On découvre aussi une fuite d’huile sous le moteur. Deux signes typiques de la casse de la butée d’embrayage…

Nous sommes le 22 août, il est 19h, parking souterrain en plein centre de Paris, nous avons encore une journée de tournage puis nous devons ensuite rentrer à Nice. Je vous laisse imaginer le scénario !

Obligé de laisser le camion ici pour la nuit. Dès 7h30 le lendemain, de nouveau sur place pour espérer trouver une solution rapide. Après plus de 7 heures au téléphone, entre l’assurance, le dépannage, la location d’une autre voiture – dans laquelle on peut ranger un vélo, le matos caméra et nos valises – et trouver un garage ouvert à cette période, avec la capacité de recevoir le véhicule, n’a pas été une mince affaire…

Le sac de noeud se dénoue petit à petit en début d’après-midi. Un garage en banlieue parisienne peut réparer et stocker le camion.

Le temps que le dépanneur arrive, nous filons récupérer notre voiture de location. L’agence en question n’a finalement pas le véhicule réservé par l’assurance plus tôt. Décidément !

Je trouve une autre agence à l’autre bout de Paris, pendant ce temps-là, Pierre retourne accueillir le dépanneur et l’aide à sortir le camion du parking.

J’arrive juste à temps à bord de mon Doblo de compétition, notre nouveau compère pour la fin du trip !

Le temps de déposer le camion au garage, il est 16h et nous pouvons enfin commencer notre journée !

Nous avons 1h pour filmer à la Défense avant de rejoindre notre dernier rendez-vous de ces quelques jours à Paris.

Ici, nous voulons apporter un aspect démesuré du présent/futur, qui viendra en partie finale du projet.

Et c’est vrai que l’ensemble de ce quartier est réellement synonyme de la démesure. On se croirait réellement dans un autre monde.

Après ce voyage dans le futur, place à un retour vers le passé sans transition. En effet, nous sommes en train de s’engouffrer dans les entrailles de Paris : les Catacombes interdites. 

Replaçons-nous dans le contexte : nous voulions filmer une partie de notre séquence d’introduction au sein des catacombes, plus précisément dans une des nombreuses salles remplies d’ossements.

Au-delà de son histoire, c’est un lieu mystique, méconnu et sombre, qui laisse place au mystère et au questionnement, exactement le mood que l’on veut apporter à cette séquence d’introduction.

Pierre a en tête cette idée depuis de nombreuses années, il rêve d’explorer ces souterrains si mystérieux.

Sans surprise, nous prenons un refus pour filmer dans les catacombes « visitables » et autorisées, alors la seule autre solution est d’aller visiter les voisines, moins autorisées mais encore plus étranges !

Pierre fait ses recherches et trouve un plan de ce labyrinthe souterrain. Plutôt sûr de lui, il tente de me persuader que l’on peut y aller sans guide, en faisant très attention, en laissant dernière nous quelques indications comme le petit poucet, on peut trouver la fameuse salle et, accessoirement, ressortir.

Il rêve ! Je ne m’imagine pas une seconde rentrer là-dedans sans un vrai cataphile, comme ils sont appelés. Mais trouver un guide est très complexe. Peu de personnes acceptent d’amener des étrangers sous les rues parisiennes. 

À deux doigts d’abandonner l’idée, et trouver une autre alternative. La veille, alors en shoot avec Simon, je lui demande s’il n’aurait pas par tout hasard une connaissance de confiance qui pourrait nous y amener.

Il nous met en relation avec quelqu’un via les réseaux sociaux. Cette personne y va très régulièrement, mais comme tous les cataphiles, ils sont méfiants. Surtout que filmer à l’intérieur des galeries peut être très mal vu par les passionnés et générer des soucis. Il nous pose donc pas mal de questions, on lui explique notre démarche purement artistique, et nous ne filmerons en aucun cas les accès, ni d’autres endroits que la salle en question. À vrai dire, on ne reconnaîtra même pas réellement les catacombes.

Nous avons donc rendez-vous le lendemain à 20h quelque part dans Paris avec cette fameuse personne.

Nous sommes à 20h au point de rendez-vous.

C’est très drôle, sur place, on reconnaît directement les personnes qui vont rentrer, toutes habillées plus au moins de la même manière. Pour faire simple : c’est un mix entre une tenue de pêche et de canyoning.

Et …Pierre et moi, deux touristes qui venons tout juste de rentrer de notre escapade à la Défense, vêtus d’une simple tenue de sport, très peu équipés pour ce qui nous attend. 

Nous faisons finalement rencontre avec notre guide, que l’on appellera « Poussin ». Parce qu’il existe bien deux mondes : celui où nous sommes actuellement, et celui en sous-sol.

Et, en dessous, chaque personne à son surnom dédié au lieu afin de rester constamment dans l’anonymat.

La porte d’entrée de ce monde parallèle n’est rien d’autre qu’une plaque d’égout… Ça fait moins rêver n’est-ce pas ? Quoi qu’il en soit, le moment est venu. Une échelle d’une quinzaine de mètres nous permet d’accéder au premier étage du sous-sol. Il faut savoir qu’il y a 3 étages, mais les autres sont effondrés ou en piteux état. 

L’aventure commence, l’excitation de découvrir cet endroit, tout aussi connu que mystérieux, se fait sentir.

On découvre assez vite les premiers ossements et les salles mythiques de cet endroit. Poussin nous raconte l’histoire du lieu, quelques anecdotes, nous fait même écouter une musique enregistrée sous terre. C’est bon enfant, on rigole.

Alors que je deviens assez confiant et sans crainte, elle nous explique que certaines personnes mal intentionnées amènent parfois des gens à l’intérieur puis s’échappent en courant, les laissant totalement perdues dans les méandres des cata. Je peux vous dire, qu’après cette histoire, je garde Poussin… à l’oeil !

Finalement, tout se passe très bien, de l’eau parfois jusqu’au genoux, des plafonds plus ou moins bas, c’est l’exploration ! Les galeries sont étonnamment assez propres et sans odeur particulière, du moins comme celles d’une grotte naturelle.

Ici, tout est étrange, on se sent déconnecté du monde extérieur, hors du temps, on ne voit pas les heures passées. Une fois de plus dans le vif du sujet !

Près de 2h de marche pour arriver dans cette fameuse salle, où sont stockés des milliers d’ossements. Voir ça en vrai procure un drôle d’effet et quelques frissons.

Je me change en tenue de vélo, Pierre sort l’appareil bien caché au préalable au fond de son sac car certains cataphiles sont contre la réalisation d’images et pourraient détruire la caméra.

La séquence se veut assez sombre, mystérieuse, comme si je me réveillais sur cette dalle, au milieu de ce tapis d’ossements, dans une époque lointaine sans réel repère temporel.

Nous reprenons le chemin vers la surface. Déconnectés, comme à la sortie d’une apnée en mer (petit clin d’oeil à notre précédent projet réalisé aux côtés de Guillaume Nery…), on retrouve le monde réel.

Encore merci Poussin pour cette découverte, c’est vrai que c’est une sacrée expérience.

Chaussures et pantalon bien trempés, on se change et on part retrouver des amis au restaurant pour la dernière soirée à Paris. 

Une journée bien singulière où l’on aura traversé toutes les émotions possibles en un temps record : énervement, tristesse, fatigue, appréhension, peur, joie…

Nous devons rendre la voiture de location le lendemain 14h à Nice. On ferme les yeux à 1h du matin, le réveil sonne 2 heures plus tard…

Les deux premières heures de trajet sont très compliquées, au bout du rouleau, une petite pause s’impose.

Un café et me voilà en pleine forme pour les 7 heures restantes, voire 9, jusqu’à mes montagnes. Je ne bois jamais de café, d’où cet effet quelque peu démesuré.

14h pétante, pile à temps, nous rendons la voiture et retour à la maison pour une petite pause d’un jour !

Le plus gros trip du projet est maintenant derrière nous, c’est une bonne chose de faite. Nous avons découvert un tas de beaux paysages, et d’une grande variété ! Même si mon perfectionnisme ne me permet pas d’être complètement satisfait à 100%, nous avons quand même pu rentrer une grande majorité des séquences prévues, et nous avons de très belles images dans la boîte.

Nous profitons de ces quelques jours à la maison pour tourner la séquence d’introduction du projet partagé avec un ami d’enfance, Aurélien. L’idée est de scénariser une sortie en vélo ensemble, rien de plus classique. À la fin de cette fameuse sortie, j’aperçois une cabane dans la forêt qui m’interpelle. En y jetant un coup d’oeil, je me permets d’entrer. Je découvre alors cette grande horloge dans une salle blanche, zone de transition entre chaque époque.

Ces nombreuses heures passées sur la route nous poussent toujours à imaginer de nouveaux scénarios. Une idée nous est donc venue : réaliser une séquence avec une 2cv, voiture phare des années 70.

En plus de sa signification, ça apporterait une coupure au niveau du rythme global de la vidéo et un effet de surprise. En effet, nous aimerions filmer cette séquence d’un point de vue intérieur à la scène. Comme si Pierre tournait une vidéo publicitaire de cette voiture, et l’on me découvre soudainement traverser cette époque en sautant au dessus de la voiture. Pierre serait habillé comme à l’époque et avec une ancienne caméra.

Un premier contact avec un collectionneur mais qui n’a aucune voiture disponible pour le moment.

Entre-temps, un éclair de génie me traverse l’esprit ! Je demande à une amie de mes parents ayant une très belle 2cv si elle peut nous la prêter le temps d’une après-midi.

Elle accepte à une condition, qu’elle n’ait pas à la conduire. Il faut savoir qu’elle a plus de 90 ans, et le spot en question est assez loin. Mon père se charge de piloter le bolide, et pourra même jouer son meilleur rôle d’acteur !

Pierre récupère des tenues et une caméra des années 70, puis nous voilà en chemin pour Sospel.

Malgré deux petites pannes techniques, la 2cv arrive à bon port. Il faut dire qu’elle à un certain âge la titine !

Nous sommes sur une ancienne piste de DH où je m’entraînais régulièrement il y a 10 ans de ça, pendant mes années de compétition. Ça rappelle des souvenirs.

Le road gap est clean, je retrouve mes marques et feu ! Il n’est pas facile de se caler exactement avec la voiture, sachant qu’il faut que je saute juste au-dessus du capot. Après quelques essais, c’est une réussite concluante.

Ce matin, réveil de bonne heure et de bonne humeur !

4h du matin, nous récupérons Nico, el famoso pilote de drone, pour une nouvelle journée de tournage entre le Var et Marseille.

Un premier spot sur une ligne en bord de mer, mêlant une ligne en crête ainsi qu’un fort abandonné. De grosses rafales de vent ne nous facilitent pas les choses, Nico gère vraiment et nous parvenons malgré tout à rentrer les shots prévus.

Une seconde ligne nous attend à Marseille : une ancienne usine de minerais dont le reste d’un long tunnel est roulable. En plus de sa pente, et de ses trous tous les 10 mètres, au-dessus desquels je dois sauter, pas convaincu à 100% de sa solidité… Donc un one shot est préconisé pour éviter de refaire plusieurs fois la ligne et potentiellement d’abîmer le bâtiment.

Nico sort une fois de plus son grand jeu et rentre le shot attendu en une fois. De mon côté, j’ai aussi pu immortaliser la ligne. Rentable comme on dit !

Troisième et dernier spot de la journée : un barrage effondré. Un plan très simple au drone où l’on découvre l’ensemble de l’édifice puis il me croise pédalant sur le barrage.

Demain, c’est le grand départ pour notre dernier trip du projet ! On commence à apercevoir le bout du tunnel.

Sans perdre nos bonnes habitudes, départ aux aurores et plusieurs spots au programme du jour. 

Une première pause sur la route pour filmer une séquence à l’intérieur d’un blockhaus avant de continuer le trajet vers Grenoble. Elle sera intégrée avec les plans réalisés dans les autres blockhaus de la côte Atlantique.

Surprise en arrivant sur le lieu suivant. Soulignons quand même qu’un repérage avait été fait en début d’été, tout était au vert à ce moment-là. Mais pendant l’été, il a fallu qu’une nouvelle animation touristique se construise juste ici. Alors que le parc est ouvert et que les encadrants tournent en quad, ça complique notre shoot.

Nous décidons de revenir le lendemain au plus tôt, avant l’ouverture.

À la place, retour au centre de Grenoble. Pierre avait repéré un garage hélicoïdal à l’architecture hors du commun. Par chance le gardien nous laisse rentrer pour faire quelques images.

Ensuite, nous avions une immense mine abandonnée en ligne de mire, néanmoins, les infos sur le lieu et son accès sont assez flous. Mise à part un point GPS du potentiel endroit pour s’y rendre et quelques photos de l’intérieur, nous n’avons pas grand-chose. Nous verrons sur place ce que ça donne.

Au bord d’une nationale très empruntée, un semblant de chemin s’enfonce dans les ronces. Le vélo fait office d’ouvreur dans toute cette broussaille, et nous entamons notre ascension dans cette épaisse forêt et ses pentes raides.

Un très léger chemin jonché de rochers nous amène à l’entrée d’une première mine délabrée. Ce n’est pas la bonne…

Après moult recherches aux alentours, même si nous trouvons des restes de rails, nous ne parvenons pas à trouver cette fameuse mine où des chariots de charbon ont été laissés.

En redescendant, Pierre emprunte un autre chemin qui l’amène sur une nouvelle entrée, qui a l’air d’être plus ressemblante aux photos. Tant l’intérieur de la mine est immense, il ne parvient même pas à allumer les murs voisins ni le plafond. Les parois sont très instables, il entend même des rocs se décrocher…

Notre fameuse salle est décidément introuvable. Peut-être que son entrée a été bouchée par un éboulement. Quoi qu’il en soit, l’endroit est bien trop dangereux pour s’y aventurer longtemps et prendre le temps de faire des images sans certitude de trouver la pièce attendue, auquel cas, l’endroit a peu d’intérêt.

Retour au bercail en espérant avoir le temps de filmer l’autre spot en question, qui a son importance au sein du projet… 

Dès l’aube, on retrouve le droniste. Un court repérage et, sans attendre plus longtemps, nous nous mettons en place. Shiki le pilote, lance son premier engin.

Malgré le bruit que peuvent faire ces petites machines, nous parvenons à rentrer de très belles images immersives sans ennui. Mise à part le crash d’un de ses drones au dernier essai qui le réduit presque en miettes.

Une escale au nord de Grenoble, on se retrouve sur les rails d’un funiculaire abandonné montant droit dans la pente au haut d’une falaise, point d’envol de nombreux parapentistes.

Enfin, nous voilà à Bourg Saint Maurice, juste à temps pour le coucher du soleil. Le timing est parfait et l’endroit plutôt grandiose : le fort de la Platte, sa ligne de crête se dessine en contrebas, et la vue à 360° sur les sommets des Arcs, la Plagne…

On en profite pour tester quelques plans « inside », notamment en accrochant de manière très artisanale une GoPro sur l’intérieur du cercle de la roue. Je vous laisse découvrir le rendu au sein du projet.

Étant déjà venu à plusieurs reprises ici, notamment pour le tournage d’une séquence de notre prochain film documentaire, je commence à connaître le coin. Les montagnes sont magnifiques et les forêts regorgent de traces secrètes incroyables ! Ça vaut le détour.

Arrivés la veille à Chamonix, on s’apprête à grimper au pied de l’aiguille du Midi, à la quête d’une ancienne gare de téléphérique abandonnée, qui aurait dû être celle pour atteindre le sommet.

Ces travaux faramineux, commencés au début des années 1900, ont été stoppés définitivement par la seconde guerre mondiale. La construction d’une autre, plus efficace, au départ du centre-ville, commence en 1951 et sera mise en service dès 1955. 

Un lieu incroyable et hors du temps, qui donne une vue imprenable sur le glacier des Bossons.

Les panneaux et GPS annoncent plus de 4h de montée pour environ 1200 m de dénivelé positif, avec très peu de km, ça s’annonce plutôt raide !

Après quelques tours de roues à la pédale, un premier raidar remet directement les pendules à l’heure. Le vélo est sur le dos et ne le quittera pratiquement plus jusqu’au sommet.

La première partie de l’ascension se déroule dans une magnifique forêt de sapins, le chemin parsemé de racines zigzaguant dans la mousse me plonge déjà dans la descente qui m’attend.

Nous suivons les restes de cet édifice : la gare intermédiaire du téléphérique, des restants de blocs en béton et d’anciens pylônes autour desquels la nature a repris ses droits.

En lisière de forêt, alors que les sapins ont été remplacés par les mélèzes et que les myrtilles sauvages prennent le dessus sur la mousse et l’herbe, on commence à apercevoir un morceau du téléphérique.

2h30 plus tard, nous découvrons finalement l’envergure de l’édifice. L’immensité des montagnes qui nous entourent, cette vue imprenable sur le glacier et le mont blanc au dernier plan, le cadre est assez époustouflant.

C’est mon coup de coeur sur l’ensemble de cette aventure.

Une petite pause s’impose, au moins le temps que le soleil apparaisse. Une galette, un bout de fromage, une tranche de jambon et une pomme. Nous voilà requinqués pour attaquer les choses sérieuses.

On commence par un petit cliché à l’intérieur de la gare, où nous parvenons à nous faufiler par une fenêtre à moitié bouchée, et hisser le vélo nu, les roues qui suivent.

Cette cabine laissée sur place apporte de l’histoire au lieu, et sa vue plongeante sur Chamonix permet de se rendre compte de sa grandeur.

Le soleil commence enfin à éclairer le bâtiment. L’idée est d’abord de faire quelques photos pour s’échauffer, filmer des plans de coupe à la caméra au sol puis la ligne complète au drone ainsi qu’à la GoPro.

Sur l’un des derniers passages, un appui trop franc sur une pierre me fait perdre une grande majorité de la pression dans mon pneu.

Je me rends compte avoir oublié de récupérer ma housse de réparation en changeant de sac ce matin avant de partir… Je n’ai donc rien avec moi, je dois avoir 0,2 bars de pression, nous avons encore les plans drone à faire, qui sont indispensables, ainsi que la ligne Gopro puis redescendre jusqu’à la voiture.

Quel c** !! Il faudra faire avec. Je sors mes meilleurs skills de chat en roulant le plus léger et propre possible.

Nous parvenons à tout rentrer. Ouf !

La descente n’est qu’un bonus, je reviendrai pour en profiter davantage. 

En arrivant à la voiture, deux parapentistes qui étaient avec nous là-haut viennent juste d’arriver.

Là où j’ai mis 30 minutes à descendre, Pierre 1h30, eux 2 minutes… 

Ils font du speed riding. Avec une mini voile, ils descendent à plus de 100 km/h au plus proche du sol. Un d’eux me montre sa GoPro, c’est impressionnant. Ils ont besoin d’une telle précision, vivacité et concentration, la poussée d’endorphine doit être sacrément forte. 

On se rend maintenant à Lyon pour quelques spots urbains au graphisme spécifique.

Entre la montagne ce matin et la ville l’après-midi, le contraste est assez fort. Il me rappelle une fois de plus comme je suis bien là-haut, loin de la foule et du brouhaha.

Une nuit du côté de St Étienne avant de reprendre la route à travers l’Ardèche profonde.

Un champ, parsemé de menhirs, éclairés par les premières lueurs du soleil, 15 minutes pour faire les images et nous voilà repartis !

Maintenant dans le Lubéron, un peu d’exploration avant de tomber sur ces vastes galeries. On parvient à tricoter quelques actions avant de terminer par les célèbres mines d’ocres.

Pour la petite histoire, la couleur du minerai de ces mines est unique, il était utilisé à l’époque dans le monde entier, principalement pour des peintures, colorations et revêtements. Encore aujourd’hui, il garde sa réputation.

Nous admirons et profitons du lever du jour pour filmer les dernières images de ce trip, dans une ancienne forteresse au sommet du très charmant village typique provençal de Saint-Saturnin-lès-Apt.

On retourne rapidement dans les mines afin de filmer une courte capsule vidéo pour l’un de mes partenaires.

Et voilà ! C’est le clap de fin pour ce nouveau projet.

Retour à Nice, place à de longues heures de post prod maintenant ! Derush, montage, sound design, étalo, … ainsi que la création d’une musique originale avec un compositeur. Ces prochaines semaines s’annoncent chargées. Sans oublier l’ensemble du contenu média à préparer (photos, capsules vidéo, affiche, teaser, …) ainsi que la préparation de la diffusion (planning, écriture d’un communiqué de presse, articles, dossier de présentation pour les festivals.

Attendez une petite seconde, nous n’avons pas dit notre dernier mot.

Vous vous souvenez de nos longues heures de réflexion pendant les trajets ?! Et bien nous avions eu une autre idée : apporter un petit clin d’oeil au monde du vélo en réalisant une séquence à Eze, où ont eu lieu les premières compétitions de VTT de descente. En partageant cette séquence avec un rider en tenue et sur un ancien VTT.

Alors que l’on scénariserait une course, il serait dans sa descente chronométrée, je traverserais cette époque en le rattrapant et le suivant quelques instants avant de reprendre mon chemin.

Suite à pas mal de recherches et de demandes, c’est finalement Nico (Vouilloz) qui nous prête très gentiment le vélo qu’il a utilisé sur cette fameuse course (et qu’il a même gagné… E.T. son surnom n’est pas sorti de nulle part !) ainsi que la tenue complète qui va avec.

Nous avons déjà plusieurs versions du projet, dont une qui sera diffusée dans un festival prochainement. Mais j’avais à coeur d’ajouter cette séquence, alors nous voilà repartis en tournage, le temps d’une après-midi. Claude Vergier nous fait l’honneur d’être là en tant qu’acteur.

Nous devons être extrêmement prudents avec le vélo de Nico, c’est maintenant une pièce de collection qui lui est chère. C’est compréhensible ! Ça rajoute quand même une petite dose de pression.

La géométrie du vélo, le cintre est tellement court, les suspensions à ressort, les freins à patins… C’est à se demander comment les gars pouvaient rouler à cette vitesse avec une telle monture… Soulignons le fait que Nico avait déjà un proto à cette époque, notamment avec un angle de chasse un peu plus important que la normale afin d’apporter davantage de stabilité au vélo.

Tant bien que mal, Claude parvient à faire quelques passages. Lui-même ayant roulé à l’époque sur ces machines, il nous évoque ces nombreux souvenirs.

Photos, vidéos en poche ! Un grand merci à vous, Nico et Claude pour votre aide !

Encore une nouvelle idée venue lors d’un trajet en voiture, et loin d’être la plus clair… L’idée d’intégrer une porte au milieu de nul part pour la séquence de transition finale, afin de faire le lien entre le côté urbain et le côté naturel.

Dernier détail, nous devons encore tourner les plans dans la salle blanche, qui vont permettre de faire les transitions entre chaque époque. Pour ce faire, nous avons eu le prêt d’une salle au fond vert, où nous y avons ajouté l’horloge achetée au préalable. Tout se joue ensuite avec mon meilleur talent d’acteur.

En effet, d’abord l’air étonné, en découvrant l’horloge, et curieux, en allant la toucher une première fois. Puis apeuré et intrigué par ce qu’il vient de se passer, mais en voulant malgré tout réessayer, voir si c’est vraiment réel. Enfin, l’air assez content et emballé pour retourner faire ce dernier voyage temporel.

On peut maintenant officiellement fêter le vrai clap de fin ! Alléluia !

La bête sous ses plus beaux angles…

Quelle sacrée aventure !

Mettre en images nos idées les plus farfelues tout en racontant des histoires et en essayant d’amener le vélo dans des directions auxquelles on ne s’attend pas, telle est notre ligne directrice.

Nous avons cette immense chance de vivre de notre passion, c’est un rêve de gosse qui se réalise. Je suis tellement heureux de pouvoir vivre tous ces moments de vie uniques.

Alors un grand grand merci aux partenaires et à toutes les personnes qui nous permettent la réalisation de ces projets. Mais aussi à vous toutes & tous, qui suivaient nos aventures. En espérant que celle-ci vous aura plu et que ces quelques lignes vous auront plongés au plus près de ce que nous vivons.

À très vite pour de nouvelles escapades !

Yannis Pelé