Marque pionnière et très en vogue dans le début des années 2000 – avec une part belle faite aux Freeriders de l’époque et les performances de Fabien Barel, alors pilote de DH – Kona a, comme on l’a dit en présentation, connu une période plus discrète mais ce n’est pas pour autant qu’elle ne faisait plus partie de nos colonnes…
Malgré cela, aucun Kona n’est déjà passé entre les mains d’Endurotribe ces dernières années, encore moins au crible d’un essai complet. Mais, ce temps est enfin révolu puisque le Kona Process X est l’objet de ce test, et on a du pain sur la planche…
Plusieurs longueurs de bases, possibilités d’un montage Mullet… Nous devons éclaircir tout ça, en plus de cerner son caractère et sa cible en terme d’usage. Donc, on ne perd plus de temps, feu !
Au sommaire de cet article :
- Premières impressions
- À quoi c’est dû ?
- Comment ça se règle ?
- Comment ça se pilote ?
- Pour qui ? Pour quoi faire ?
- Vis-à-vis de la concurrence
- En conclusion
- Positionnement & usage
Kona Process X
- Usage Enduro
- 170 mm AV / 161 mm AR, Fox 38 + DPX2
- Triangle AV/AR en carbone
- Reach 490 mm en taille L, offset 44 mm
- Roues WTB/DT Swiss 29 pouces, 30 mm
- Pneu Maxxis EXO+ 2.5/2.4 WT
- Freins Shimano Deore, 203 / 203 mm
- 5 999 €
- 15,2 kg, taille L, pneu tubeless, sans pédales
- Fiche du vélo sur www.konaworld.com/
Premières impressions
Dès les premiers instants sur les sentiers descendants, et contre toute attente, j’accorde au Kona Process X une certaine légèreté malgré ses airs de gros vélo. Il décolle facilement du sol, ne s’écrase pas et ne perd pas de vitesse à chaque appui : bien qu’il ne soit pas poppy comme un vélo d’All Mountain, il sait se montrer dynamique, à sa manière… À la fois surprenant et plaisant pour un Enduro de 170 mm !
S’ajoute à ça une certaine facilité : il s’inscrit drôlement bien en courbe, ça coule de source presque. Il n’y a aucun effort à fournir. Il se montre aussi confortable dans les parties les plus cassantes, ne déstabilise pas à l’impact et conserve sa vitesse, d’où cette envie de le qualifier ainsi : facile. C’est l’adjectif qui revient souvent ces derniers temps ! C’est à nouveau le cas : le Kona Process X est facile.
Mais en partie cette fois… puisque, à l’inverse, lorsqu’il s’agit de monter avec, il demande bien plus d’effort. Je sens l’énergie de chaque coup de pédale se diffuser, comme perdue… Et ce n’est pas dessus que je suis le mieux assis : plus loin du guidon qu’à l’accoutumée une fois assis, il me semble long et m’impose une position relativement couchée…
À quoi c’est dû ?
Pour ce qui est de la facilité… Le Kona Process X a très peu de kickback dans les manivelles, son cadre offre une bonne maitrise de la rigidité/raideur et sa suspension arrière, c’est du beurre en début de course tout en gardant une bonne réserve de débattement.
Ajoutons à ça une géométrie moderne et assez longue : qui laisse la place de se mouvoir et qui fait le job à notre place pour équilibrer l’engin et garder l’équilibre dessus. En fait, tout y est pour ne pas être désarçonné, ne jamais être déstabilisé, tenir ses trajectoires, rester en confiance et trouver la tâche plus facile que d’habitude !
De quoi finalement aussi expliquer son comportement au pédalage… Qui dit peu de kick back dit un anti squat peu prononcé. La suspension du Kona Process X est donc libre de travailler au pédalage : elle pompe allègrement. Et, là aussi, la géométrie a son mot à dire. Si l’angle du tube de selle à 78° semble dans les bonnes valeurs du moment, l’inclinaison réelle du tube de selle est plus prononcée que bon nombre de ses concurrents, comme sur l’ancien Trek Slash, ou le Fuel EX. Ainsi, une fois en position haute, la selle est particulièrement éloignée du guidon et on se retrouve à pencher le buste en avant pour compenser : on est couché sur le vélo. Pas top pour le confort et l’efficacité au pédalage ! Mais, tout ça, c’est sans pinailler sur les réglages : n’y aurait-il donc pas moyen de tirer parti de réglages différents pour corriger ces défauts ?
Comment ça se règle ?
En effet, on peut partiellement corriger cela en jouant des réglages, notamment le SAG, avant de se pencher sur les autres réglages que le Kona Process X offre : longueur des bases et montage Mullet…
Le SAG
Si avec l’habituel 30% de SAG, le Kona Process X convient, il peut gagner en efficacité au pédalage sans trop se dénaturer une fois que la pente s’inverse.
Il suffit de jouer sur le SAG : à 26%, il pompe moins, la position est moins en arrière et plus redressée. C’est mieux en confort comme en efficacité au pédalage. En plus, ça n’entame pas trop son début de course sensible et onctueux, même s’il devient un poil plus physique sur le long terme en descente. Au bout de quelques minutes de spéciale, on ressent malgré tout une fatigue plus prononcée, dans les jambes notamment.
Réglages | Avant | Arrière |
---|---|---|
SAG | 25% | 26 à 30% |
Détente | 1/3 ouverte | 2/3 ouverte |
Compressions | ouverte | ouverte à 1/3 ouverte |
Token / Spacers | 1 (2 d'origine) | 1 spacer de 0,4in3 (d'origine) |
Bases courtes, longues…
Offset qui se fait de moins en moins rare… et qui laisse le choix entre 2 longueurs de bases : ici, 435 ou 450 mm. Entre les 2 positions d’offset on retrouve ce que l’on ressent habituellement avec ce réglage, à un détail près pour ce Kona…
En effet, en bases longues, le Kona Process X gagne en motricité. Il devient un vrai tracteur, il monte les parties les plus raides sans broncher – sans lever du nez ou perdre l’adhérence – tant qu’on a les watts pour l’amener. Et, en descente, la répartition des masses plus centrée et la longueur induite par ce réglage implique une plus grande stabilité : à haute comme à basse vitesse. On est plus à l’aise. Sauf quand c’est très lent, que ça tricote et qu’il faut zigzaguer entre les arbres où la longueur, devient un handicap. Cependant, le Kona Process X n’a pas tendance à filer droit, il reste dynamique et permet de rattraper les erreurs de trajectoire, contrairement au Santa Cruz Megatower en bases longues, qui s’embarque dans la ligne choisie et peine à en sortir !
Au passage, on note que la patte de dérailleur plaquée à l’intérieur du cadre n’est pas fixée à l’offset, qui lui est plaqué à l’extérieur. Ce qui fait qu’à chaque démontage de la roue arrière, la patte de dérailleur « tombe ». Remettre la roue n’est donc pas un jeu d’enfant ! Il faut absolument passer toutes les vitesses pour faire en sorte que le dérailleur soit sur le plus petit pignon pour faciliter le remontage. Bref, ceux qui doivent démonter la roue arrière à chaque fois qu’ils vont rouler finiront par s’arracher les cheveux !
…et en Mullet !?
Le changement pour une petite roue à l’arrière lui confère tout ce qui différencie une roue de 27,5? d’une roue de 29? : plus dynamique au pédalage mais perte de motricité et d’adhérence dans les pétards, plus joueur lorsqu’il faut virevolter d’un virage à l’autre, et un freinage plus marqué et plus franc, mais cette fois, sans pour autant buter dans les obstacles, taper plus et perdre en confort…
En effet, en montage Mullet, le Kona Process X sollicite simplement plus la suspension arrière, que les plus tatillons réajusteront d’ailleurs en ajoutant quelques psi pour retrouver une assiette plus équilibrée entre l’avant et l’arrière.
Comment ça se pilote ?
Maintenant qu’on connait les traits de caractère du Kona Process X, comment dompter la bête pour en tirer parti ? Comment se pilote-t-il ?
En montée…
On l’a compris, ce n’est pas son point fort. Patience et douceur sont donc les maitres mots. Pédaler rond et rester au train s’avèrent indispensables au long cours, puisque relancer à tout va en danseuse est épuisant sur le Kona Process X. Autant garder l’énergie pour passer les quelques pétards qui peuvent joncher le parcours puisque sa bonne motricité aide dans ce cas précis.
Lorsque le terrain le permet, bloquer totalement la suspension arrière est un véritable bonus pour éviter qu’il ne pompe. Je me suis même surpris à bloquer l’avant – ce que je n’avais plus fait depuis peut-être 10 ans ! – pour rehausser le poste de pilotage, raccourcir la longueur « en dynamique » du toptube et redressé un poil ma position !
Dans la pente, au freinage, quand ça va vite, en courbe…
Si les montées ne sont pas sa tasse de thé, à l’inverse, c’est quand ça penche, que ça débarouffle et qu’il faut tenir le guidon que le Kona Process X s’exprime et brille !
Sa facilité ressurgit et on peut se permettre d’être assez en arrière pour asseoir et freiner fort et tard, ou à l’inverse en avant sur le guidon pour charger la proue et tourner sur l’adhérence.
On peut aussi se laisser aller, en étant moins dans le contrôle, profiter du débattement et de sa progressivité importante en toute fin de course : il fait le job pour nous, on peut lui faire confiance. Bref, c’est dans ces situations que l’éventail des styles de pilotage est le plus large. C’est ainsi que je me permets de qualifier le Kona Process X d’une monture facile : à chacun son style !
En l’air
On l’a dit : « il décolle facilement du sol »… Un trait de caractère qu’on accorde à sa facilité : pas besoin de le brusquer pour s’envoyer en l’air. Son côté poppy demande à simplement marquer une impulsion pour franchement décoller. Une facilité que j’accorde aussi à sa relative légèreté.
Malgré une Fox 38 devant et un montage pas des plus légers, le Kona Process X parait étrangement léger entre les mains. C’est étonnant pour un vélo de ce gabarit mais c’est très plaisant, alors on en profite : on joue avec le terrain, on tire sans hésitation d’un caillou à l’autre, d’un mouvement de terrain à l’autre, ou carrément on s’engage sans sourciller sur des lignes de grosses doubles/tables, etc. En fait, on s’amuse au guidon du Kona Process X, surtout lorsqu’il faut passer du temps en l’air.
Pour qui ? Pour quoi faire ?
Lorsqu’une marque est amenée à fabriquer un vélo d’Enduro, ce n’est pas comme un vélo de DH, elle est obligé de trouver un compromis entre efficacité à la pédale et capacité en descente. Les plus polyvalents excellent dans les deux camps, quand d’autres, comme le Kona Process X, ont franchement pris parti…
Un parti pris qui a son charme puisque que ceux qui prennent le temps en montée, qui privilégient fortement les DFCI et les routes aux sentiers cassants et tricky, et qui affectionnent tout particulièrement quand la pente s’inverse y trouveront leur bonheur. Surtout si c’est défoncé, pentu, truffé de saut et rapide.
De cette manière, le Kona Process X est un ensemble bien pensé qui s’accorde en descente mais qui peine à la montée et que l’on apprécie encore plus lorsqu’on force ses traits de caractère… C’est à dire qu’on le roule soit en bases longues 29″ pour ceux qui roulent des pistes plutôt plates soit en Mullet / bases courtes pour ceux qui roulent dans la pente.
Vis-à-vis de la concurrence
C’est justement lorsqu’on veut s’amuser sur son vélo que le Kona Process X se démarque de la concurrence. Il est en quelque sorte unique en son genre, tant il est véritablement fun à rouler :
Commencal Meta AM 29
Et oui ! Face au Commencal Meta AM 29 avec qui il partage un certain confort/tolérance il est bien plus joueur, vivant et ludique à piloter.
On sent que l’Andorran découle du travail fait sur le Supreme DH au sein du team Commencal MucOff, aux mains des pilotes les plus rapides du moment, où tout est histoire de performance : il demande plus d’expérience pour tenir la cadence, les lignes et le style de pilotage qu’il suggère.
Là où le Kona, certes moins polyvalent, notamment à cause de ses capacités au pédalage, est clairement plus facile, plus joueur et demande moins d’adaptation et d’effort pour en tirer profit.
Nukeproof Mega 290c
Le Kona et le Nukeproof Mega 290c se rejoignent lorsqu’il est question de tenir des lignes droites engagées, cassantes et exposées : la stabilité c’est leur point fort.
Cependant, les proportions géométriques de l’Anglais et son caractère moins facile à dompter le rende plus exclusif que le facile Kona Process X. C’est encore une fois plus facile d’exploiter le Kona que le Nukeproof, ou le Commencal…
Specialized Enduro
Si le Specialized Enduro ne pompe pas autant que le Kona, il colle au parquet, ce qui peut les rapprocher un petit peu. Bien que le Kona reste encore moins performant lorsqu’il s’agit de monter avec. Au long cours, où la position est meilleure sur le Specialized, il est préférable d’enchainer les kilomètres à la pédale sur ce dernier.
Quand la pente s’inverse, le Specialized vise plutôt l’efficacité par le travail de ses suspensions. Au point d’être un poil collé lorsqu’on veut jouer avec le terrain, là où le Kona offre cette impression de légèreté fort agréable et le dynamisme amusant qui va avec.
En conclusion
Business on the front, party on the back est l’expression fétiche des anglo-saxons pour qualifier un vélo en Mullet. Ici, quel qu’en soit le montage : all of the Kona Process X is for the party. Et c’est justement une des raisons pour lesquelles j’aurais envie de garder ce vélo au garage :
« Même s’il peine à monter, c’est le vélo drôle et funny que j’ai envie d’avoir à chaque journée shuttle, à chaque journée en station ou à chaque sortie où les sauts et la vitesse seront les mots les plus éloquents et vrais au moment de décrire le ride qui se profile… Bref, le Kona Process X est fait pour s’amuser sans se prendre la tête ! »
Positionnement & usage
En synthèse, le tableau de positionnement et d’usages permet, en un seul coup d’oeil, de saisir les capacités du vélo. (rafraîchir la page si le tableau ne s’affiche pas)
Comparées à celles des autres vélos à l’essai permettra de répondre à l’éternelle question > par rapport aux autres, qu’en penses-tu..? Rendez-vous sur la page du Comparateur d’essais VTT Endurotribe pour en savoir plus > https://fullattack.cc/comparateur-essais-vtt-2016/