S’il détient le nom d’une course mythique de l’Alpe d’Huez – la Méga – c’est bien sur les Enduro World Series qu’il a fait ses armes et ses preuves, aux mains de l’actuel leader : Sam Hill !
Récemment décliné en carbone, le Nukeproof Mega accumule à lui seul un bon paquet de victoires et 3 titres au général des EWS en 3 années de participation. Ce n’est pas rien ! Et, c’est aussi pourquoi il nous intrigue…
Alors, qui du pilote ou du vélo est réellement rapide ? Le Nukeproof Mega fait-il tout ? Est-il une lame réservée à l’élite ? Que vaut-il ? Colle-t-il à l’image et au style de la légende australienne ? L’essai va nous éclairer…
Au sommaire de cet article :
- Premières impressions
- À quoi c’est dû ?
- Comment ça se règle ?
- Comment ça se pilote ?
- Pour qui ? Pour quoi faire ?
- Vis-à-vis de la concurrence
- Des détails…
- En conclusion
- Positionnement & usage

Nukeproof Mega 290c Factory
- Usage Enduro
- AV/AR : 170/160mm, Fox 36 et X2
- Triangle avant carbone, arrière alu
- Reach 470mm en taille L, offset 44mm
- Roues DT E1700 29 pouces, 30mm
- Pneu Michelin Wild Enduro 29×2.4
- Freins Shimano XT, 203/180mm
- 4899€
- 14,9kg, taille L, pneu tubeless
- Fiche du vélo sur nukeproof.com
Premières impressions
Mes premiers tours de roues sur le Nukeproof Mega sont déroutants. Ils vont à l’encontre de l’image que je me faisais du vélo : pataud, mou et pas forcément à l’aise à la pédale ! J’avais tort…
En effet, d’entrée de jeu, je suis surpris par ses qualités au pédalage. Autant sur les chemins DFCI pour rejoindre les sommets, où il rend bien et la position est redressée et confortable, que dans les raidillons techniques où sa bonne motricité lui permet de franchir facilement là où d’autres vélos peinent à garder l’adhérence !
Puis, quand la pente s’inverse les choses sont tout aussi encourageantes. Il profite d’une grande progressivité, qui laisse de la réserve même sur les chocs les plus importants – au point même que je n’arrive pas à prendre tout le débattement – et d’une grande stabilité. Qu’importe la vitesse, il est rassurant !
Aussi, j’ai l’impression d’être posé dessus, notamment sur la roue arrière… Que c’est elle qui me maintient, qui me dirige et qui me rassure ! Toujours en contact avec le sol, j’ai toujours du grip, je fais ce que je veux du moment que je maintiens la pression dessus. Et, quand ça glisse, que j’atteins la limite d’adhérence du pneu en courbe, ça se fait en douceur, sereinement. À la manière : « Ça va bien se passer !« . Mais alors pourquoi ?

À quoi c’est dû ?
Ses bases longues le caractérisent le mieux puisque – avec 450mm de long – ce sont, sans conteste, les plus longues du marché de l’Enduro actuel… En fait, comme pour l’allongement du reach, elles participent à recentrer le pilote entre les deux roues. Ici, le reach n’étant pas très long – seulement 470mm en L -, c’est donc par l’arrière, via les bases, que le recentrage des masses se fait !
Et ce n’est pas sans incidence puisque leur importante longueur empêche le vélo de cabrer dans les raidillons et favorise sa motricité. Aussi, leurs dimensions entraînent un empattement assez long, d’où sa stabilité.
Pour finir, ces bases longues impliquent un bras de levier important pour activer la suspension. D’autant plus sensible, la roue arrière suit le terrain et est toujours en contact avec le sol. La roue arrière du Nukeproof Mega mord le terrain en permanence et quand ça glisse ou que ça lâche, elle cherche toujours à retrouver l’adhérence…
Reste qu’il est très progressif, mais en s’attardant sur les réglages, on découvre rapidement pourquoi…

Comment ça se règle ?
Effectivement, le Fox X2 contient 2 spacers dans sa monte d’origine sur ce Nukeproof Mega. Sa forte progressivité en découle… Les retirer s’avère être salvateur puisque, sans, la cinématique du Nukeproof Mega suffit à gérer son débattement et à ne pas talonner ou consommer du débattement inutilement.
Le SAG a aussi son importance. À 30%, sa progressivité l’empêche, la plupart du temps, d’utiliser tout le débattement. Quelques pourcents en plus l’aident : 32, 33… jusqu’à 35% de SAG. Mais la position de pédalage en pâtit légèrement, son rendement aussi ! Ça fait partie de l’addition…
Enfin, le réglage de la détente haute vitesse est primordial ! Radical dans son fonctionnement : trop ouverte et le Nukeproof Mega 290c fait catapulte. Il est nécessaire de la freiner au risque d’être poussé à chaque impact. Ses bases longues ont tendance à propulser vers l’avant. Et pour le coup, ça n’est pas rassurant…
Réglages | Avant | Arrière |
---|---|---|
SAG | 25% | 32% à 35% |
Détente | HV : 3/4 ouverte BV : 3/4 ouverte | HV : mi-plage à 1/3 ouverte BV : mi-plage |
Compressions | HV : ouverte BV : ouverte à 2/3 ouverte | HV : ouverte à 3/4 ouverte BV : ouverte à 3/4 ouverte |
Token / Spacers | 2 (0 d'origine) | 0 ou 1 (2 d'origine) |

Comment ça se pilote ?
On doit tenir compte de ses caractéristiques et notamment de ses bases longues, qui le caractérisent tout particulièrement. Avec, on a l’étrange impression de rester plus longtemps sur l’obstacle, de mettre plus de temps à le passer : la position de la roue arrière dans l’obstacle, et par rapport au pilote, est différente de ce que le reste du marché nous a habitué… Il faut s’y faire pour piloter :
En montée et au pédalage
À plat, c’est sa position qui lui permet d’être à l’aise. Mais dès que la pente s’accentue fortement, il est judicieux de profiter de sa motricité. Chercher à garder l’adhérence de la roue arrière, et parfois même, tomber une ou deux vitesses pour passer en force.
Comme il ne cabre pas, tout le poids se retrouve sur la roue arrière, qui colle au sol. J’ai plus souvent manqué de force que manqué de grip !
À la relance, ce n’est pas un foudre de guerre. Comme tout gros Enduro, il s’affaisse, il pompe et il oblige à forcer pour reprendre de la vitesse en sprintant. Alors conserver sa vitesse avant les sections de relance autant que possible est la meilleure solution…
En courbe et en virage
Justement, c’est en courbe qu’il permet de conserver la vitesse comme aucun autre vélo. L’excellente répartition des masses entre la roue avant et la roue arrière procure une assurance telle, qu’on met plus d’angle et qu’on passe plus vite qu’à l’accoutumée dans toutes les courbes ! Équilibre et confiance font bon ménage.
C’est la principale qualité des bases longues et c’est ici que le Nukeproof Mega 290c excelle logiquement. C’est bon à savoir ! Et pour cela il convient de se soucier de l’arrière du vélo…
Charger l’axe arrière, appuyer talon en bas sur les pédales, voire bourriner sur la roue arrière : pour trouver le grip, incliner et tourner ! C’est elle qui est maître du Mega d’autant plus que si elle commence à glisser, cela se fera progressivement. Comme si on avait le temps d’analyser la situation à ce moment venu… Alors relax mais tout sur l’arrière !
Quand c’est défoncé
Si pousser ou pumper dans les compressions ou les trous n’est pas très utile avec le Nukeproof Mega 290c, on profite plutôt de son confort ! On cherche à garder la vitesse quitte à passer plus vite que d’habitude. Un peu moins propre s’il le faut…
Grâce à un bras arrière particulièrement souple, sa tolérance le lui permet. On ose, on tire droit, on garde le cap. Il fait le reste !
Reste qu’il ne faut pas trop en faire pour épargner les roues. Sans l’impression de frapper plus que d’habitude, il est tellement confortable qu’il se rapproche du comportement d’un vélo de DH. Au point qu’on ne se rend pas bien compte : les roues en prennent plein la… figure… Vraiment ! Les DT Swiss E1700 d’origine ont demandé à être retendues après une seule journée de navette. Des roues plus solides peuvent être de rigueur selon l’engagement. À surveiller de près !
Quand ça va vite
Comme quand c’est défoncé, son confort aide à aller vite. On est à l’aise donc on lâche sereinement les freins. Et une fois lancé sa stabilité rassure !

Surtout que l’on peut freiner tard… très tard. Sa roue arrière finit toujours par trouver du grip pour s’arrêter. Mais il y un revers à la médaille… Oui ! Au risque de rester collé en sortie de virage, on doit absolument lever le doigt des leviers et ne pas faire lécher les plaquettes.
Dans la pente
À l’inverse, quand la pente s’accentue, il n’est plus question de freiner tard. Ici, ses bases longues, n’aident pas forcément… Ce n’est pas là que le Nukeproof Mega 290c est le plus à l’aise, alors on ne s’emballe pas : on anticipe !

Regarder loin, freiner tôt et bien se placer pour engager les obstacles devient primordial. Sinon, tout s’emballe et ça risque d’être compliqué à rattraper !
En épingle
Si le Nukeproof Mega 290c n’est pas un manche en épingle, il n’est pas particulièrement facile non plus. Comme il est préférable de charger fortement la roue arrière pour tourner et que les épingles ne le permettent pas toujours… avec, on s’y prend autrement.
Alors on tend plutôt à être précis, bien placé : exter – inter – exter, et on enchaîne proprement. On ne s’excite pas à virevolter à droite / à gauche, à faire des nose-turns à chaque épingle… D’ailleurs, dans les endroits les plus exiguës, les nose-turns sont limités par ses bases longues où la roue arrière peut facilement buter sur les bords…
Il est déjà assez demandant physiquement et techniquement quand ça tricote un peu, donc on se préserve ! Finesse et calme sont les maître-mots cette fois.
Pour qui ? Pour quoi faire ?
Au caractère bien trempé, le Nukeproof Mega 290c a ses préférences et les cerner est gage de réussite. C’est un véritable vélo d’Enduro, tout à fait en accord avec l’image que dégage Sam Hill dessus : posé, calme, équilibré, gainé et bien dans ses lignes…
Une image qui lui colle à la peau et que le Nukeproof Mega exacerbe sans pudeur. Une monture qui lui convient parfaitement et qui participe forcément à ses performances : passer vite en courbe en sortant le pied s’il le faut, filer droit talons en bas, tenir fermement le guidon dans une ligne directe mais défoncée, enchaîner sans trop en faire… Voilà comment, de notre côté aussi, on peut en tirer profit et se régaler avec.
Que ceux qui préfèrent virevolter dans tous les sens, sauter le moindre obstacle ou relancer à tout va passent leur chemin. Il s’adresse vraiment à ceux qui aiment être en appui sur leurs pédales, plantés dans le sol à la façon GP où les roues doivent le moins souvent décoller du sol pour être toujours en prise !

Vis-à-vis de la concurrence
Mais on touche vraiment du doigt son caractère lorsqu’on le mesure à la concurrence. Une concurrence qui n’offre d’ailleurs aucun équivalent :
Ibis Ripmo AF
L’Ibis Ripmo AF est le premier à me venir à l’esprit lorsque je dois comparer le Nukeproof Mega 290c Factory à la concurrence… Les deux partagent un rapport qualité/prix très intéressant, même si celui de l’anglais l’est encore plus !
À 4799€, l’équipement du Nukeproof – Fox 36 RC2, Fox X2, freins XT 4 pistons, RockShox Reverb, roues DT Swiss E1700 – est haut de gamme. Les détails de finition y sont et il est prêt à rouler ainsi. Mais ils se distinguent par leurs comportements bien différents.
Dans les 2 essais je me réfère à la moto GP : les 2 mordent franchement le sol et ne tendent pas à perdre le grip. Avec, on peut mettre de l’angle, on peut coucher le vélo ! Ils partagent une excellente lecture du terrain de la roue arrière alors qu’ils sont clairement différents en terme de cinématique et de pilotage à adopter…
L’Ibis, avec un anti-squat élevé, correspond à un pilotage plus tonique quand le Nukeproof, dont l’anti-squat est faible, préfère rester cloué au sol, plus posé et plus coulé mais tout aussi efficace… à condition d’avoir ce type de pilotage !
Santa Cruz Megatower
Dans une certaine mesure, les bases longues du Nukeproof me rappellent le Santa Cruz Megatower réglé en bases longues.
Le grip à la roue arrière n’en est que meilleur. La stabilité et l’aisance qui en découlent permettent aux deux de tourner à plat comme peu peuvent le faire !
L’américain reste plus raide : autant en suspension qu’en rigidité au niveau du cadre. Il est plus dynamique mais plus intransigeant. Le Nukeproof est plus tolérant, plus plush en suspension, ce qui correspond d’ailleurs mieux au pilotage qu’il exige.
Des détails…


En conclusion
Le bilan est très positif ! Mon enthousiasme est certainement communicatif, mais : pourquoi voudrais-je garder le Nukeproof Mega 290c au garage ?
« Le Nukeproof Mega 290c ose enfin franchir le pas des bases longues que beaucoup de marques se refusent à faire. Ce qui lui confère un tempérament singulier : il exacerbe les qualités de ceux qui lui correspondent, uniquement ! Alors, le Nukeproof Mega 290c est le graal à condition de s’accorder : pilote et vélo doivent donc absolument être en harmonie au risque de tout gâcher !
Pour ma part, c’est clairement mon vélo d’Enduro préféré testé jusqu’ici… Celui qui correspond à mon style de pilotage : je ne saute pas, ni ne relance pas partout, mais aussi à mes défauts : j’ai toujours eu du mal à m’équilibrer pour tourner à plat. J’affectionne particulièrement quand ça roule assez vite, quand les courbes ne sont pas trop serrées, quand il y a de l’appui, et quand le rythme est constant. C’est dans ces moments là que le Nukeproof Mega 290c exacerbe ce qui me plait… là où je suis à l’aise ! »
Positionnement & usage
En synthèse, le tableau de positionnement et d’usages permet, en un seul coup d’oeil, de saisir les capacités du vélo. (rafraîchir la page si le tableau ne s’affiche pas)
Comparées à celles des autres vélos à l’essai permettra de répondre à l’éternelle question > par rapport aux autres, qu’en penses-tu..? Rendez-vous sur la page du Comparateur d’essais VTT Endurotribe pour en savoir plus > https://fullattack.cc/comparateur-essais-vtt-2016/