La marque américaine renouvelle son modèle phare destiné à l’Enduro, et le pari est osé ! Le Trek Slash Gen 6 (2024) a pour ambition de combiner point de pivot haut et belles prestations au pédalage. Pari réussi ?! Début de réponse sur FullAttack via présentation et premières impressions captées à la source, sur les pentes de Whistler !
Le contexte
Habituellement, je saisis l’opportunité du premier paragraphe d’un tel article pour planter le contexte qui entoure le vélo en question. Son passé, l’état du marché, la pression de la concurrence… Ici, je ne vais pas y aller par quatre chemins ! Le Trek Slash, tout le monde connaît. Et pour ceux qui découvriraient, il suffit de rappeler que c’est le gros vélo d’Enduro de la marque américaine.
Nah, le vrai enjeu, le vrai point chaud à évoquer au sujet du contexte actuel porte sur une tendance qui se développe depuis quelque temps maintenant : le point de pivot haut. On en a parlé sur FullAttack, en y consacrant un article didactique qui en explique l’essentiel et les petits secrets. Ça intéresse certains concepteurs parce que ça change la trajectoire de la roue arrière, et permet d’autres compromis en matière d’anti-squat et d’anti-rise…
Et chez Trek, le concept n’est pas étranger. Il a même déjà fait l’objet de travaux sur un autre modèle important de la gamme VTT Gravity de la marque : le Session, le modèle de descente utilisé par les pilotes de la marque en Coupe du Monde. Souvenez-vous, ça aussi, on vous en a parlé sur FullAttack… Et si vous voulez résumer ce qu’il faut en retenir pour bien saisir le Trek Slash, jetez un œil au cheminement de la chaîne ^^^ !
Trek Slash Gen 6
- Enduro
- MX pouces, 29 compatible
- 170/170 mm, RS ZEB & Vivid
- Carbone & Aluminium
- Reach 488 mm (L) & Offset court
- Bontrager Line 30
- Bontrager SE5/SE6, 29.27,5×2.5 – 120Tpi
- SRAM Code, 200/200mm
- 7 modèles, 4 tailles, 4 499 à 12 499 €
- Poids à préciser
- Dispo à confirmer
- Fiche sur trekbikes.com
En détail
Parce que là non plus, je n’irai pas par quatre chemins pour résumer ce qui fait la nouveauté du Trek Slash Gen 6. Certes, la géométrie et quelques petits autres détails de conception sont au programme… Mais ce sont bien les paramètres de cinématique, l’usage du point de pivot et les initiatives qui vont avec, qui doivent retenir l’attention…
Le cheminement de la chaîne
Vous avez-vous par où passe la chaîne sur le Trek Slash Gen 6 ? Ça vous rappelle forcément quelque chose, puisque ça reprend l’ensemble des travaux effectués par la marque sur le Session de Descente. En l’occurrence, il s’agit de faire usage d’un point de pivot haut sans pour autant compromettre le rendement au pédalage. Vous me direz, dans l’imaginaire collectif, ça a peut-être moins de sens que si ce travail avait été réalisé sur un modèle de cross… Mais vous suivez FullAttack, et vous connaissez aussi bien le tempérament de Vali Holl que celui de Loris Vergier. Ils n’apprécient déjà pas forcément quand les tracés de Coupe du Monde ne penchent pas assez. Alors si vous ne voulez pas les fâcher, évitez d’en rajouter… C’est ce que Trek a voulu faire !
La cinématique
Quoi qu’il en soit, au cœur du sujet, le Trek Slash Gen 6 se pare donc d’un point de pivot haut. Ça signifie donc qu’il doit avoir des ambitions intéressantes en matière de cinématique. C’est le cas, si on en croit les courbes que la marque fournit volontiers pour étayer le propos…
La géométrie
Avant de passer à la suite, on profite d’en être à parler des détails de conception du Trek Slash Gen 6, pour évoquer la géométrie. En la matière, quelques petits ajustements le placent dans la tendance du moment…
L’angle de direction est désormais à 63,5°… En position neutre ! Des coupelles réversibles sont disponibles au détail pour jouer encore de cette valeur. Pour revenir à plus raide – 64,5° – ou bien pour oser plus encore – 62,5° ! Offensif ! Quoi qu’il en soit, l’angle de selle se redresse à 77° pour, une fois de plus, favoriser le pédalage… Tandis que les reachs sont généreux. 488mm en L, ce n’est pas le maximum rencontré sur le marché, mais c’est dans la moitié haute du panier. Au passage, à préciser que le Trek Slash Gen 6 offre une insertion de tige de selle en moyenne plus importante de 80mm par rapport à la version précédente. Sur une taille M, ça permet par exemple de passer une tige de selle en 200mm pour les gabarits auxquels elle se destine. Enfin, et ce n’est pas rien en matière de sizing, le Trek Slash Gen 6 s’inscrit lui aussi dans une autre tendance du moment : celle d’adopter des longueurs de bases spécifiques à chaque taille. Ici, c’est la position du boîtier de pédalier sur le triangle avant – spécifique à chaque taille – qui s’en charge. Les autres éléments du cadre – bases, haubans, biellettes – sont identiques d’une taille à l’autre.
Format des roues
Cinématique, géométrie… Et format des roues ! Le Trek Slash Gen 6 ose quelque chose d’intéressant en la matière. D’origine, la marque le pousse davantage en mullet/MX. C’est comme ça qu’il est présenté. Avec une petite roue arrière pour en préserver/favoriser la maniabilité quand il s’agit de changer de bord. Le Trek Slash Gen 6 est néanmoins compatible avec des roues arrière de 29 pouces.
Tout ce que j’écris là est valable pour les Trek Slash Gen 6 en taille M et au-delà. La taille S, quant à elle, est spécifique. Elle fait usage de deux roues en 27,5 pouces, et n’est pas compatible roue arrière de 29.
Autres détails…
L’essentiel est dit quant à la conception du Trek Slash Gen 6. On boucle cette première partie d’article avec les quelques autres détails de conception à retenir…
Bref, sur le papier, les Trek Slash Gen 6 sont résolument généreux. Outre de compter 170mm de débattement à l’avant et à l’arrière, ils sont conçus pour accueillir une fourche jusqu’en 190mm de course ou 606mm d’axe à té, sur les tailles M à XL. La marque recommande néanmoins de s’en tenir aux modèles simple-tés du marché, le cadre n’étant pas prévu pour les double-tés. Pas de bumper, pas de butée Knock Block dans le jeu de direction, et aucun renfort des tubes obliques et supérieurs aux abords de la douille. Ça pourrait mal finir…
La gamme
Plusieurs choses à dire sur l’impact du Trek Slash Gen 6 à la gamme du géant américain. D’abord, que sur le segment gravity, il vient compléter l’offre par le haut, en se positionnant du côté des gros vélos. Voyez la répartition du temps de montée/descente à laquelle il se destine… Ensuite, à noter que le Trek Sklash est décliné en deux matériaux : Full carbone ou aluminium. Les modèles 9.9 et 9.8 font usage du premier. Les modèles 9 et 8, du second. Et les deux sont disponibles en kit cadres.
Prise en main !
Voilà sur le papier, passons un peu à l’action ! Pour ce faire, on plante le décor : direction Whistler, en pleine semaine des Crankworx. Pour le marché nord américain, l’évènement a un peu le même impacte que l’Eurobike, le Roc d’Azur et une manche de Coupe du Monde réunis. Avec un pur spot, et du monde sur tous les chemins – officiels ou non – en sus. Autant dire que l’endroit vaut le détour et que pour les marques, c’est une valeur sûre à la fois pour rouler leurs protos, et faire découvrir leurs produits aux médias présents.
Je précise ça parce que ça a son importance. Pour ma part, ça implique de rouler plusieurs vélos dans un cadre idyllique, et à intervalle réduit. Et ça implique donc de prendre de plein fouet, les intentions de chacun. En l’occurrence, je n’ai pas précisé ce à quoi Trek destine le Slash, Gen 6…
La marque veut en faire un vélo capable d’affronter la montagne la plus engagée et technique, avec la petite dose supplémentaire de courage nécessaire quand le terrain est au plus compliqué de ses stades.
Ça doit donc parler aux pilotes compétiteurs d’Enduro, aficionados des rotations en bike Park, et à tous ceux qui veulent rouler les runs les plus exposés et reculés à la fois, accessibles à la pédale pour s’y rendre, comme pour en revenir… Vu sous cet angle, Whistler a de quoi cocher la case. De la montagne, du technique, du défoncé, à la pédale comme sur le park. On y est ! En plein dedans… Ce qui l’est moins, c’est la configuration du Trek Slash mis à profit par la marque pour nous faire découvrir son dernier né, dans ce contexte…
J’en parle depuis le début de cet article, et avec une bonne intention. Le Trek Slash à bien des points de vue, fait tout ce qu’il peut pour bien pédaler. Anti-squat, ligne de chaîne, taille des galets, orientation du brin mou… Tout est fait pour que le principal défaut du point de pivot haut – un rendement de la transmission pas toujours optimal – soit annulé. Et force est de constater que le Trek Slash réussi son coup. Oui, il pédale bien. Aucun doute.
Pour m’en convaincre, plusieurs observations. À aucun moment, et dans aucune configuration, je n’ai eu l’opportunité de sentir quelconque vibration ou perte de rendement. On est très loin du Norco Shore, pas à son aise en la matière. On est mieux que le Cannondale Jekyll, dont le rendement est bon, mais la transmission bruyante sur le haut de cassette. Là rien ! C’est smooth, fluide, ça tourne tout seul… La position, l’assise et le maintien favorisent le déploiement du coup de pédale. Pari réussi !
Seulement… Je ne m’aventurerais pas à en dire beaucoup plus au sujet du Trek Slash. Tout bonnement parce que l’exemplaire roulé cette fois faisait aussi tout, dans d’autres domaines, pour essayer de jouer la carte du vélo qui pédale bien. Petites carcasses, roues à jantes en carbone, suspensions qui donnent le sentiment d’être remplies de réducteurs de volume, cockpit en carbone… Si bien que sur le setup de base habituel, pas de problème, ça pédale. Par contre, difficile de se prononcer sur le reste.
Tout juste ai-je pu percevoir quelque chose d’intéressant dans les enchaînements de trous de certains appuis bien défoncés typiques de Whistler. Durant cette semaine passée sur place, c’est le vélo qui y a le mieux gardé son assiette et sa vitesse. Et à ces instants, à chaque fois, j’ai pu sentir, en sollicitant l’assiette du vélo, l’effet point de pivot haut un peu caractéristique, du vélo qui, l’espace d’un instant, s’est allongé et profite de points d’appuis plus espacés pour se stabiliser…
Pour le reste, je ne me prononcerais pas. À mon sens, ce n’était pas la peine de jouer une telle carte pour être certain que l’impression offerte au pédalage soit la bonne. C’est sûr qu’ainsi, le Trek Slash Gen 6 donne le sentiment de pédaler aussi bien que tout All Mountain en 150mm, alors qu’il est en point de pivot haut et 170mm de débattement… Mais quelque part, il donne aussi cette impression d’un petit All Mountain, qui brasse et capricieux, à la descente, dans cette configuration, alors que ce n’est pas du tout ce que l’on attend de lui !
Ce n’est que partie remise. Par expérience, tout ce que j’ai senti peut vite s’arranger à l’essai, de manière plus poussée. Pneus, roues, cintres et potence, réducteurs de volume… Ce sont justement les éléments avec lesquels j’ai l’habitude de composer pour faire la part des choses. Cerner l’influence de chacun… Et cerner ce dont dispose le châssis en lui-même, intrinsèquement. Pour cette fois, on se quitte sur une intuition donc. Celle que le Trek Slash Gen 6 a du potentiel qui ne demande qu’à être vérifier en faisant les choses dans les règles de l’art, et jusqu’au bout !