Essai du Norco Shore

Freeride des temps modernes ?!

Avec son avènement, l’Enduro a eu une sérieuse tendance sur le marché : celle de phagocyter des segments/pratiques qui avaient jusque là une petite vie tranquille. Le Freeride, auquel le Norco Shore appartient, en fait partie ! Combien de vélos avec un peu moins de débattement que les montures de Descente, se sont transformés en gros Enduro ces dernières années ?!

Pourtant, Freeride is not dead ! C’est le leitmotiv du Norco Shore. Et à en croire les arguments de la marque, il s’agit de faire usage de certains progrès du moment pour faire revivre ce segment. Comment ça se concrétise ? Qu’est-ce que ça donne à l’usage ? Et en quoi ça se distingue ?! Le Norco Shore ferme des portes, et en ouvre d’autres, à l’essai FullAttack !

Norco Shore 1

  • Freeride / Park
  • Full 27,5 pouces
  • 180/180 mm, Fox 38 & DHX2 Factory
  • Triange Av & AR Alu
  • Reach 480 mm (taille L) & offset 44 mm
  • E*thirteen LG1 DH + DT Swiss 350 
  • Maxxis Assegai 2.5 Double Down
  • Sran Code RSC, 200/200 mm
  • 3 modèles, 4 tailles, 3 999 à 5 899 €
  • 17,68 kg, Taille L, tubeless + préventif
  • Dispo immédiatement
  • Détails sur www.norco.com

Posé, le Norco Shore ?!

Pas de doute, il suffit de quelques instants à peine pour se sentir posé sur le Norco Shore. Ses mensurations sont atypiques ! Le vélo parait aussi immense que le dégagement qu’il procure pour s’y mouvoir. Il y a de l’espace entre les roues, mais la selle reste proche du cintre. Tout ça se situe à une hauteur très contenue, sentiment d’être à ras du sol, genre barquette ! Une situation qui ne demande qu’à manger du virage relevé bien assis sur la roue arrière – même si c’est défoncé – de la pente et sauver la vie à chaque réception foireuse.

Dans tous les cas, le Norco Shore donne aussi le sentiment de bien se tenir. On est loin du vélo ultra plush et tout mou qui s’écrase au moindre appui. Ici, ça mérite de pumper, tirer, pousser, bref, jouer quoi ! Assis sur la selle, la suspension pompe très peu, c’est la fourche qui se détend à chaque coup de pédale. Le reste du vélo lui, ne fait qu’un. Le seul truc, c’est que ça pédale pas des masses pour autant ! Ça peut monter, mais faut pas s’énerver ! Là aussi, faut profiter d’être posé… Après tout, la position est bonne, moderne, on ne s’y casse pas les reins. Tranquille, chill !

D’où ça vient ?

Plusieurs éléments de conception pour justifier ces premières impressions. Un empattement total très important – 1286 mm en L. Des bases qui grandissent avec les tailles – pour conserver un ratio bases/empattement autour de 0,34. Un tube de selle très redressé et court – 77,7°/410 mm en taille L. Et un angle de direction très couché à 63°. Ça place le bonhomme !

Côté suspensions, Norco travaille et communique sur la courbe de force pour justifier le bon maintien de la suspension. Le vélo fait usage d’un point de pivot virtuel, mais aussi d’un point de pivot haut entre bases et triangle avant. Le renvoi de chaine contrôle l’anti-squat comme il faut, tandis que la trajectoire de la roue arrière explique l’impression d’être posé. Comme on le voit ici pour déclencher un appel/contre-appel des familles : à chaque fois que l’on tasse le vélo au boitier, la roue arrière s’éloigne, le vélo s’allonge, sa stabilité augmente. Tout l’enjeu est d’en jouer !

Comment ça se règle ?

Géométrie, cinématique… Il ne manque que les réglages pour avoir la base du concept rider Aligned cher à Norco. Ça tombe bien, c’est l’étape suivante de nos verdicts d’essai FullAttack !

Ici, c’est simplement l’occasion de préciser qu’il faut bien s’appliquer sur le SAG arrière. Malgré la promesse d’un maintien bien présent, il faut le maitriser : trop de SAG, le vélo s’ouvre de trop. Pas assez, et on passe à côté de quelque chose. 30% est une bonne cible, et on peut en jouer de +/- 3%.

Pour le reste, pas de surprises, c’est en phase avec ce que l’on constate habituellement d’un vélo bien proportionné. Mieux, on retrouve grosso-modo ce que le configurateur Rider Aligned suggère sur le site Norco. j’ai simplement roulé avec un ressort légèrement moins dur que suggéré…


AvantArrière
SAG25 à 30%30% +/-3%
Détentesmi-plagemi-plage
Compressionsouvertes à 2/3 ouvertesouvertes à 2/3 ouvertes
Réducteurs de volumeD’origine (2)

Clics de détente et compression comptés depuis la position la plus vissée des molettes. SAG arrière réalisé assis/selle haute – SAG avant réalisé debout/bras en appui sur le cintre / épaules à l’aplomb du guidon.

Un Norco Shore, comment ça se pilote ?

Freeride des temps modernes ? Le terme mérite maintenant d’être préciser. On passe donc en revue plusieurs situations qui permettent de cerner les capacités du Norco Shore. En l’air, dans la pente, quand ça va vite ou que ça tourne, forcément, mais à la pédale, aussi, pour préciser les promesses de la marque au sujet d’un Norco Shore qui doit conserver votre énergie pour la descente que vous attendez depuis le début.


En l’air ?

C’est l’un des principal avantage de l’empattement généreux du Norco Shore : à l’appel, le vélo est d’une stabilité à toute épreuve, ou presque. Bien posé, il offre une bonne base pour déployer toute la technique de l’impulsion. Que ce soit pour tirer haut ou à l’inverse, scrubber. Sa suspension qui se tient évite les mouvements parasites qui peuvent déstabiliser. Le seul cas de figure que le Norco Shore apprécie moins ? Les appels trop courts et trop creux ! Ceux où la roue avant peut sortir avant que la roue arrière ne rentre… Il faut du long, du beau > A-line 😉

En l’air, c’est jute un régal. Le dégagement qu’il offre pour se mouvoir colle avec l’idée de ne pas laisser le vélo à la verticale. Whip ? Scrub ?! Table à l’ancienne ?!! C’est pas la selle ou le tube supérieur qui viennent se mettre en travers. Pareille au dessus de la roue arrière qu’on touche avant de sentir la selle. Et puisque même suspension au fond, la roue ne vient pas frotter, c’est tout bon. D’autant qu’à la réception, le Norco Shore fait des miracles. Son débattement bien géré et le fait qu’il s’allonge sauvent la mise quand c’est mal embarqué. Le vélo commence par se poser et se stabiliser, juste ce qu’il faut pour reprendre ses esprits et se remettre dans le bon sens..!

Quand ça va vite !

Le Norco Shore sait aller vite, très vite même. Ses suspensions, son cadre, commencent d’ailleurs vraiment à s’exprimer là où les Enduro saturent, ou seuls les meilleurs tiennent le cap sans broncher grâce à de bonnes suspensions, bien réglées. Lui, ce sont ses dimensions – et sa cinématique qui en rajoute une couche – qui jouent. Mais quoi qu’il arrive, un vélo d’une telle envergue ne semble pas fait pour avoir un pilotage ultra-incisif. Il faut une force et un talent au dessus du lot pour y parvenir. Les bras de levier sont excessivement longs.

À la place de ça, c’est une excellente école pour apprendre à rouler avec du relâchement et de la vitesse. Un combo pas évident puisqu’il faut savoir rester juste, mais un bel exercice qui procure des sensations en phase avec le tempérament du Norco Shore. Et quand tout s’aligne, ça devient grisant. Les sensations sont folles. Ça y est, on roule sur une autre planète. À ceux qui pensent que Descente et Enduro ne font qu’un… La différence est là, et le Norco Shore a clairement de la trempe de la première pratique !

Dans la pente

Là, c’est la hauteur très contenue de toute la partie arrière du vélo qui fait mouche. On peut littéralement s’assoir sur la roue arrière. La selle se fait oublier, et on frotte la roue arrière comme sur un 29… Mais avec les précieux 2 cm de dégagement que ça procure en plus. Et quand on s’est lancé dans ce qu’il y a de plus raide sur le spot, ça peut faire toute la différence entre un run d’anthologie et une clavicule en vrac…

L’angle de direction, l’empattement généreux, le ratio bases/empattement qui raccourcit l’arrière, le vélo qui se tient… Tout ce qu’il faut pour se lâcher, compter sur la FOX 38 pour avaler, et jouer des cuisses pour poser les bons appuis, bien planqué derrière le cintre, sans avoir à sur-solliciter les freins. Les roues de 27,5 pouces mordent et restituent bien le terrain. #toutestsouscontrole

Quand ça tourne ?

Avec un tel angle de direction et un tel empattement, il n’y a pas de secret, mais une seule recette pour tourner : mettre de l’angle. C’est pour ça que c’est fait, et y’a que comme ça que ça marche. On oublie les épingles, et si ça doit tricoter entre les arbres, on pagaye avec le cintre pour coucher le vélo quoi qu’il en coûte !

Par contre s’il n’y a qu’un semblant d’appui ou si c’est défoncé, le Norco Shore est un régal. Il sait en faire un avantage et se poser comme il faut, où il faut. Et puisqu’il se tient, ça n’empêche pas de le solliciter un peu pour mettre du style ou corriger la trajectoire en cours de route… #appelcontreappel

Quand ça pédale ?

C’est là qu’on stoppe net les ambitions de ceux qui pourraient prendre le Norco Shore pour un Enduro. Clairement, le vélo a beau user de certains concepts modernes, il n’est pas un foudre de guerre à la pédale. Pas fait pour avaler des tonnes de kilomètres. Il a de l’inertie, et on sent que ça lutte à chaque coup de pédale. Il se tient, mais la perte d’énergie est d’autant plus évidente que l’on s’active ou que le terrain est lisse et compact. On sent que la poulie – même rodée – et les 17 kg passés ont un coût.

À choisir : autant rouler au train, assis, et au moins profiter de l’angle de selle moderne. Choisir là où c’est à peine défoncé plutôt que lisse. Ça nourrit les suspensions, met un peu de rythme, fait vivre le vélo, masque un peu le truc. Est-ce que ça veut dire qu’il ne faut pas pédaler avec le Norco Shore, malgré ses arguments qui doivent en faire un freeride qui pédale ?! Non, simplement l’utiliser pour ce à quoi il se destine le mieux…

Pour qui ? Pour quoi faire ?

Freeride des temps modernes ! À savoir tout ce que l’on imagine de lui : bike park, jumps, pente, barres, steep, traces de la mort incertaine…Avec le petit plus d’un vélo moderne : une position et de quoi se tenir pour pédaler un peu. À quel point ? Disons que s’il y a plusieurs spots à quelques kilomètres d’écart, ça peut éviter de prendre la bagnole pour bouger de l’un à l’autre. Bien sûr, on l’imagine totalement à sa place en station et en bike park avec navettes… C’est clairement là qu’il sera le mieux, moins exclusif qu’un vélo de Descente… Notamment quand c’est fermé – hors saison – et que tu veux l’extra-loop. Bon compromis : il monte à la pédale contrairement à un vélo de Descente / il fait mieux qu’un vélo d’Enduro un peu light quand ça brasse vraiment !

Le système du tableau de positionnement fait actuellement face à des perturbations indépendantes de notre activité/volonté

La Concurrence ?

Pole Machine

Les deux vélos ne sont pas sur le même registre. Le Norco Shore est bel et bien un freeride là où le Pole Machine est un enduro. Mais le parallèle est intéressant parce que les proportions du Norco Shore me font penser à celle du Pole : l’empattement avant est tel qu’il fait passer l’arrière pour des bases courtes !

YT Capra

Où se situe la frontière entre gros enduro et freeride ? Quelque part entre le YT Capra 27,5 et le Norco Shore ! Le Canadien, son poids et ses dimensions se situent un ton au dessus de l’Allemand déjà généreux. Mais on perçoit bien que le premier est inspiré d’un vélo de Descente, quand le second est avant tout un vélo d’Enduro au départ…

Yeti SB165

Parfois monté d’une double té, les deux semblent où il faut dans leurs gammes respectives pour satisfaire les moins sages d’entre nous ! Mais pour le coup, même avec les mêmes suspensions, le Shore démontre que se tenir et travailler d’une certaine manière dans son débattement est une volonté. Le SB165 est plus plush !

Point de pivot haut, angle de selle redressé, tube de selle court, débattement de tige de selle énorme, transmission Eagle… Le Norco Shore est au rendez-vous de sa promesse : celle de jouer les Freeriders des temps modernes. Ceux qui donnent quelques coups de pédales pour s’offrir l’extra-loop et ne pas jouer les vieux conservateurs. D’autant que le reste du temps aussi, au coeur de la meule, la recette est bonne et a de quoi mettre la banane en l’air, dans la pente et quand ça doit aller vite, trèèèès vite !

Rédac'Chef Adjoint
  1. Merci pour l’essai. Un peu de Free Ride, ça fait plaisir. Un avis par rapport au Slayer en 29 ?

    1. bonjour Christophe,

      désolé, nous n’avons pas encore eu l’occasion d’essayer le dernier Slayer en date. Par rapport au précédent en 27,5 pouces, ça se rejoint dans l’idée d’être bas de l’arrière, mais le Rocky est plus « plush » et travaille plus loin dans le débattement. Par contre, il pédale bien mieux. Pour moi le Slayer 27,5 était un « gros » Enduro, le Shore est clairement un vélo de Park !

  2. Étonné de ne pas voir le Torque dans la section concurrence. Peut-être que ce dernier se rapproche plus d’un Enduro dans sa géométrie malgré l’important débattement de ses suspensions là ou ce Norco Shore est plus typé DH ?

    En tout cas, encore une fois, test intéressant à lire. Beau boulot.

    1. Bonjour Christophe,

      oui, c’est pour cette raison. Le Torque, à bien des égards, reste un « gros Enduro » là où le Shore est clairement un vélo de BikePark, Station, Freeride. Pour moi le Shore est même un mini vélo de DH. Merci 😉

  3. Salut, j’ai relevé une petite coquille « poser les bons appuis, bine planqué derrière le cintre ».
    Ha c’est rigolo, j’ai un bug quand je tape a ou d dans les commentaires ça me fait apparaitre la galerie photo.
    En tous cas, bravo pour la mise en page de l’essai, je me régale avec les photos de détails et les encarts vidéos.
    En regardant les vélos produits, je me dis que les jeunes « fortunés » ont bien de la chance de pouvoir débuter le VTT avec le catalogue proposé aujourd’hui. Je veux dire par là, qu’en choisissant le bon vélo, on peut vraiment tout faire sans s’exploser au premier virage ou pousser son vélo en montée.

    1. coquille corrigée, merci 😉

      Pour le bug de galerie, j’ai testé, je ne l’ai pas chez moi sur sous Chrome…

  4. Hello,

    Est-ce que ce vélo monté avec une transmission de DH vous semble pertinent? (moins de risque d’arracher le dérailleurs, moins de bruits etc…)

    Est-ce que ça peut avoir un impact sur le comportement du vélo (anti-squat par exemple)?

    1. Hello Florian,

      pour moi ça a du sens puisque ça s’accorde au tempérament du vélo qui semble clairement plus s’approcher d’un vélo de Descente qu’être un gros Enduro. Ça en a aussi si tu reste au coeur de son usage de prédilection à savoir bike park, navettes, stations. Ça aura les avantages que tu indique et je ne crois pas que le rappel soit suffisamment différent pour influer de manière significative sur l’anti-squat. Et il me semble que la longueur de chappe sera suffisante pour aller avec la variation de longueur de chaine… Mais je n’ai pas pu vérifier, je reste donc prudent dans mon propos 😉

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