Essai du Santa Cruz Nomad 5

So Enduro Bro !

On dit parfois qu’il faut se fier aux intuitions, tout autant qu’il faut se méfier des apparences. Quel camp choisir ?! C’est en somme, la question qui restait en suspend après avoir découvert et pris en main le Santa Cruz Nomad 5 en Toscane l’automne dernier. J’en écrivais qu’il s’agit d’un sacré vélo d’Enduro avec une idée latente à l’esprit : à quel point ?!

Rien de mieux pour le savoir que de poursuivre l’expérience à son guidon. À domicile, en terrain connu cette fois, y compris lorsqu’il s’agit de rouler vite et fort. L’occasion de mettre les premières conclusions à l’épreuve, et de mieux définir encore, les contours du Santa Cruz Nomad 5. Alors, verdict ? Ce full 27,5 pouces a-t-il encore son mot à dire aujourd’hui ? Oui ! Et voilà pourquoi…

Santa Cruz Nomad 5

  • Enduro Bro !
  • Full 27,5 pouces
  • 170 mm av/ar, Fox 38 & DHX2 Factory
  • Full Carbone, biellettes alu
  • Reach 475 mm (Taille L), offset 37,5 mm
  • Santa Cruz Reserve 30 
  • Maxxis Assegai/DHR II EXO+ 2.4/5
  • SRAM Code RSC, 200 mm
  • 6 modèles, 4 tailles, 4799 à 7799€
  • 15,00kg, (L, tubeless, coil, sans pédale)
  • Dispo depuis décembre 2020
  • santacruzbicycles.com

Le beurre, l’argent et… !

Les premiers tours de roues à la maison sont clairs et nets : je confirme les bonnes impressions connues au guidon du Santa Cruz Nomad 5 en Toscane. Mieux : la variété de conditions et de terrains avec laquelle je joue durant toute la période d’essai cet hiver, renforce l’idée d’un sacré vélo d’Enduro. Je retrouve ce Santa particulièrement poppy compte tenu de la lignée à laquelle il appartient. Je précise en quoi il sait tirer parti de l’air et du ressort ! Et surtout, je finis de me convaincre qu’il sait faire fi des limites du full 27,5 pouces, pour en remettre les avantages dans la balance.

Le beurre et l’argent donc, mais qu’en est-il du reste de l’adage ?! Rouler plus fort, en terrain connu et face à la concurrence, permet de mieux cerner certaines limites. Ici, la chasse aux KOMs permet de cerner qu’il s’agit d’un vélo facile mais qu’il n’est pas exempte de traits de caractère à prendre en compte dans le pilotage. Ça peut parfois frapper fort sur la dernière partie du débattement ou avant, si l’on tire trop fort le frein à main… Une capacité à masquer les défauts des petites roues, et du caractère à très haute vitesse, qui dans les deux cas, méritent des précisions !

D’où ça vient ?

La capacité du Santa Cruz Nomad 5 à masquer les défauts des petites roues provient d’un faisceau d’éléments. En matière de raideur : la bonne maitrise du châssis et des roues en carbone, ainsi que le set de suspensions Fox haut de gamme qui progresse ces derniers temps. En matière de géométrie : un angle de direction généreux (64°) un couple reach/stack redressé et un boitier ce qu’il faut de bas pour assoir le pilote dans le vélo.

Le fait qu’il faille rester doux sur les freins, puis que ça puisse brasser en fin de course peuvent également provenir d’un ensemble de paramètres. L’anti-rise reste élevé en début de course avant de franchement chuter. Le ratio est franchement très progressif et bas en fin de course. Et en même temps, le rayon de courbure de la trajectoire de roue, et donc le bras de levier qui travaille, diminuent sensiblement…

Comment ça se règle ?

L’anti-squat du Santa Cruz Nomad 5 est généreux. Si bien qu’il offre de la marge pour utiliser un plateau plus gros sans perdre au pédalage. Il est donc intéressant d’utiliser 34 dents contre les 32 d’origine pour se rapprocher des développements du 29 pouces. Ça renforce même le toucher et la faible raideur qui font partie du caractère du vélo.

Sur l’air, on peut se passer du réducteur de volume d’origine. La progressivité naturelle de ce type de ressort et celle de la cinématique suffisent largement. Dans ce cas on se passe aussi des réducteurs de la Fox 38, et on opte pour la position haute de géométrie. Le vélo est alors équilibré, bien assis, et offre une belle réserve de débattement à mi-course.

Sur le ressort, le vélo est plus économe en débattement. À l’inverse, on garde donc les deux réducteurs de volume de la Fox 38 pour éviter le transfert de masse trop important sur l’avant. Et on utilise la position basse du flip-chip pour soigner la belle géométrie du vélo.


AvantArrière
SAG30%30%
Détentemi-plage (BV)
mi-plage (HV)
mi-plage (BV)
2/3 fermé (HV)
CompressionOuverte (BV-ressort)
3/4 ouverte (BV-air)
Ouverte (HV)
Ouverte (BV-ressort)
3/4 ouverte (BV-air)
Ouverte (HV)
Réducteurs de volumeD’origine (x2-ressort)
sans (air)
sans

Clics de détente et compression comptés depuis la position la plus vissée des molettes. SAG arrière réalisé assis/selle haute – SAG avant réalisé debout/bras en appui sur le cintre / épaules à l’aplomb du guidon. Pour un gabarit moyen de 75/80kg.

Comment ça se pilote ?

Une fois réglé, il n’y a plus à tergiverser. Le Santa Cruz Nomad a son caractère, et il s’agit de savoir en profiter pour se lâcher. Un bel exercice pour les amoureux de pilotage, qui finit par procurer de sacrées sensations… La suite, en images !

Pour qui ? Pour quoi faire ?

Vu sous cet angle, le Santa Cruz Nomad 5 persiste et signe définitivement dans le registre du sacré vélo d’Enduro ! Celui qui ne demande que de l’action ! Que ce soit à la pédale, en navette, en montagne ou en station. Et face au chrono, il fait mieux que se défendre, il a ses armes ! Celles de masquer les inconvénients des petites roues pour mieux en mettre les avantages à disposition. Si bien qu’il peut se piloter comme un 29, avec relâchement, et/ou comme un petit vélo, tout en dynamisme. Alterner de l’un à l’autre pour construire un chrono, mettre en oeuvre une stratégie ou plus simplement, coller au terrain du moment valent de gros points ! Ça remet les petites roues dans le match. Ceux qui veulent en tirer parti savent où regarder ! D’autant qu’ici, le Santa Cruz Nomad 5 y parvient en laissant aussi le choix air/ressort. Le premier s’il s’agit de rouler fort là où c’est large, rapide, défoncé et rectiligne. Le second si l’idée consiste à pumper et tricoter davantage. De quoi en faire un Enduro très polyvalent, pas nécessairement coincé dans sa case…

La Concurrence ?

Lapierre Spicy

Le Santa Cruz Nomad 5 est passé à l’essai en même temps que le Lapierre Spicy du dossier Mullet/MX. C’est là qu’il s’est montré plus efficace que la version full 27,5 du dijonnais. Là aussi que ses limites quand ça frappe très fort en fin de course et haute vitesse, sont apparues face à un vélo équipé de suspension BOS, maitresses en la matière !

Santa Cruz Nomad 4

Même si ça tape encore un peu fort en fin de course, ça fait clairement partie des terrains sur lesquels le Santa Cruz Nomad 5 progresse par rapport à son prédécesseur. Et si ce dernier pédalait bien, l’anti-squat en hausse fait que le dernier né a désormais de la marge pour être encore plus offensif dans certains choix et réglages.

Yeti SB165

Même set de suspensions, même format de roues, géométrie proche, et pourtant, quelques choix différents qui font un bel écart sur le terrain. C’est face à ce concurrent direct que le Santa Cruz Nomad se montre plus entreprenant et offensif, bref, dans le coup pour être LE vélo d’Enduro 27,5 pouces du moment !

Sacré vélo d’Enduro ! Du caractère, du sens, et des pures sensations qui restent en mémoire comme des références ! Le Santa Cruz Nomad confirme les bonnes impressions, et s’installe clairement comme l’Enduro full 27,5 pouces qu’il ne faut pas mettre de côté !

Rédac'Chef Adjoint
  1. Pas un seul commentaire, le désamour pour les 27,5″ est à ce point ! Alors que les conclusions de vos article récents apporte des arguments. Mais je ne suis pas objectif ! Votre vidéo illustre bien ce que procure un 27,5″ comme ressenti, pour moi en tous cas. Même si votre pilotage et les choix des singles aident surement.
    Refaire le matche 27 vs 29 est bien sur inutile, mais les évolutions récentes appliqué aux 27,5″ apportent un peu de tolérance et de stabilité qui leur manquaient ?
    ça fait regretter que les marques proposent un choix pléthorique de 29″ tous plus ou moins identiques pour coller au marché, alors qu’il est possible de se démarquer en proposent des vélos avec des qualités différentes.

    1. Ahah, on a forcément choisi l’endroit pour mettre en évidence ce que l’on voulait illustrer, c’est plus efficace pour transmettre le message 😉 Pas beaucoup de commentaires mais une audience correcte. Ça fait donc moins parler, mais c’est peut-être moins clivant que ça en a l’air.. Oui, certains progrès récents servent le 27,5 pouces. Suffisants pour relancer le format ou rééquilibrer l’offre ? À l’usage, oui, après, les logiques de marché, de production, de tendance, etc…

      1. c ‘est très pertinent, en tant qu' »amateur » très éclairé et grand gabarit, je roule actuellement sur ce nomad, après avoir essayé multiple 29, et clairement la logique du marché priorise les choix vers le 29, Mx.
        un full 27.5 tel que le nomad est un vélo bien plus sympa pour le commun des mortel qui va bien rouler et exploiter le vélo, bien plus facilement que sont cousin en 29 par exemple,il y a une tel différence de technique et surtout de recherche en sensation entre le rider pro sur une compétition enduro et le rider confirmé en bike park ou en enduro sur son single technique.

  2. Eh bien justement, une petite indication géographique du lieu de test peut être ?
    Et pour revenir sur l’essai, cela confirme mon ressenti sur les progrès faits par Santa Cruz sur leur cinématique. J’ai eu le Bronson v3, je roule actuellement le dernier 5010. Je constate sur le 5010 un vrai progrès de la suspension. On est vraiment bien assis sur le 5010, ça pédale vraiment bien à la montée, et pourtant on a l’impression d’avoir tellement plus que 130mm en descente, est ce le même constat sur le Nomad ?

    1. Bonjour Pierre,

      Le shooting servant pour l’illustration a été réalisé entre Aubignosc et Château-Arnoux, dans les Alpes de Haute-Provence. Un spot très dense et singulier qui permettait d’illustrer ce que l’on souhaiter montrer assez facilement et joliment. Pour ce qui est de la totalité de l’essai, ça s’est déroulé dans les environs, autour de Forcalquier et les différents massifs environnant, dont la diversité et les conditions de roulage en plein hiver sont appréciables 😉
      Pour revenir au propos sur les Santa Cruz actuels, je perçois bien ce que vous dites au sujet de l’impression d’avoir plus de débattement qu’annoncé. On l’avait noté sur la précédente version du Hightower (135mm qui en paraissait 150…) et sur le dernier Tallboy (120mm qui en paraissent 140). Ce n’est pas le cas avec le Nomad. Heureusement en un sens : si les 170mm en paraissaient plus, que resterait-il au V10 de descente, et qu’en serait-il du dynamisme du vélo ? Non, certes ici l’air offre plus de réserve et de marge que le ressort, mais les 170mm sont plutôt bien tenus et contenu, et permettent au vélo de rester dynamique pour sa catégorie.

  3. Merci pour votre retour. J’étais à Château-Arnoux lundi et vos photos me laissaient une impression de déjà-vu. Le secteur de Forcalquier a l’air aussi très sympa.

    1. Différent, c’est ce qui fait justement le charme du coin, mais sympa également 😉

  4. Salut Antoine, je te cite « On l’avait noté sur la précédente version du Hightower (135mm qui en paraissait 150…) et sur le dernier Tallboy (120mm qui en paraissent 140). Ce n’est pas le cas avec le Nomad. Heureusement en un sens »

    Qu’en est t-il du Bronson et son amorto de 150mm, il parait plus gros que son débattement ou non comme le Nomad ? Car si oui c’est le cas il se retrouve du coup relativement proche du Nomad non ? Encore plus maintenant que les deux sont en MX.

    1. Salut Nicolas, merci pour la question. On va se pencher dessus. Ça fait un petit moment que les vélos sont passés à l’essai, et ça demande à faire de nouveaux essais pour se prononcer avec certitude 😉

  5. Quant à moi je me suis complètement trompé de configuration en ayant choisi le Nomad 5.
    Du coup il est à vendre pour ceux qui sont intéressés.

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