Apparu dans le milieu, à une époque où seules les roues de 26 pouces avaient véritablement leur mot à dire, le Santa Cruz Nomad fait figure de pilier de l’Enduro. Fût un temps, c’était même le fer de lance de la gamme, un must have ! Puis, les grandes roues sont arrivées. Il a bien franchi le pas du 27,5 pouces, mais pas celui du 29…
La gamme et l’offre se sont étoffées, et le Santa Cruz Nomad est quelque peu rentré dans le rang. Pourtant, dans le cycle de renouvellement Santa Cruz, le Nomad fait souvent figure de précurseur. L’un des premiers à profiter des derniers progrès du bureau d’étude. Alors, que réserve cette cinquième version du Santa Cruz Nomad ?! Présentation et prise en main, en guise de réponse…
Au sommaire de cet article :

Santa Cruz Nomad 5
- UsageEnduro
- Roues en 27,5 pouces
- 170 / 170 mm, FOX 38 & X2
- Triangle avant & arrière carbone
- Reach 475 mm en L, offset court 37,5 mm
- Roues Santa Cruz Reserve, 30 mm
- Maxxis Minion DHR II & ASSEGAI, Exo+
- Sram Code RSC, 200/200 mm
- 10 modèles, 4 tailles, 4 799 € à 8 999 €
- Poids à confirmer
- Dispo immédiatement
- Fiche du vélo sur www.santacruzbicycles.com
À l’oeil nu…
Chez Santa Cruz, il suffit d’un simple coup d’oeil au musée pour le constater. Depuis près de 20ans, la marque concentre ses efforts à développer, peaufiner et raffiner ses modèles autour du concept VPP. Outre le Blur et le V10 qui ont inauguré le concept, c’est le Nomad qui a rapidement emboité le pas.
Dans cette démarche, logique donc que d’une version à l’autre, ce soit des détails et fins ajustements qui soient au coeur des échanges. En la matière, le Santa Cruz Nomad 5 en fourmille. Que les plus avides de fins détails me suivent… On saute de la livrée brune, translucide et chic à la version verte, matte et choc, pour tout saisir !
Voilà pour le premier coup d’oeil averti. Reste à voir ce que ça implique plus clairement en matière de conception du Santa Cruz Nomad 5.

À coeur !
Pour ce faire, il s’agit avant tout de mettre ces initiatives en regard des points clés qui nous tiennent à coeur en matière de conception d’un bon vélo. Géométrie, cinématique, rigidité/raideur notamment…
Géométriquement…
Pour évoquer les cotes du Santa Cruz Nomad 5, j’ai naturellement envie de les mettre face à celles du précédent modèle. D’abord pour constater que le dernier né suit globalement la tendance longer, lower, slacker : -20mm de tube de selle, -4mm de hauteur de boitier, +12/15mm de reach, + 5mm de bases, -1/1,3° d’angle de direction, et donc + 40mm d’empattement/empattement avant… Y’a pas de doute.

Est-ce excessif pour autant ? L’opportunité est trop belle pour ne pas la saisir : comparer les cotes du dernier né à celle du SB165 passé à l’essai il y a peu… Et constater que ces deux 27,5 pouces partagent la plupart de leurs dimensions – à quelques détails près – et ne se distingue que par un point précis : les couples reach et stack ! Plus long et bas de l’avant sur le Yeti, plus haut et court pour le Santa… On y reviendra !
Cinématiquement…
Le Santa Cruz Nomad 5 a beau se baser sur le concept VPP, il n’en reste pas moins qu’il continue son bonhomme de chemin. Il progresse tout autant qu’il cherche à tirer parti des progrès des deux principales marques d’amortisseurs avec lesquelles Santa Cruz travaille. On l’a dit, la biellette haute se déplace légèrement. L’inclinaison de la biellette basse évolue aussi ce qui, globalement, modifie légèrement la trajectoire du point de pivot virtuel.
Intrinsèquement, le Santa Cruz Nomad 5 utilise également un amortisseur à course légèrement plus importante – 62,5mm contre 60mm – pour produire le même débattement. Ce qui implique un ratio global légèrement plus bas. Dans le même temps, la courbe de ratio est aussi légèrement moins progressive en début de course.
Deux dispositions qui vont de pair avec les progrès réalisés par Fox et RockShox. Chez le premier, Santa Cruz note des efforts importants pour être satisfait du X2, fonctionnant de manière plus smooth tout en se tenant, ce qui permet d’utiliser de la compression sans rendre le vélo trop raide. Tandis que chez RockShox, Santa Cruz note les progrès en matière de haut débit d’huile dans ses pistons…
Rigidement
On en parlait au premier coup d’oeil porté sur le Santa Cruz Nomad : les lignes fines et directes du triangle arrière suggèrent une rigidité/raideur quelque peu différente. C’est bien le cas. L’idée ici étant de repenser le comportement du triangle arrière.
Jusqu’ici avec un seul montant reliant bases et haubans, C’est l’ensemble du triangle, et les points de pivots, qui devaient participer à l’effort, pour se tenir. Avec deux montants, l’ensemble est soulagé, et les contraintes plus réparties. L’un dans l’autre, le rendu est forcément moins stricte.
« Globalement moins raide, mais plus consistant… »
D’ailleurs, ça se traduit globalement sur les chiffres mesurés par la marque. Santa Cruz dit du Nomad 5 qu’il est globalement moins raide que le précédent, mais également plus consistant. Comprenons moins raide, mais plus rigide/précis, pour coller aux termes que l’on utilise habituellement.
Par ailleurs, le Santa Cruz Nomad pris en main ici est équipé des roues maison Reserve. Ici, dans leur version V2. Et ici aussi, elles sont annoncées plus douces que les V1. Ce qu’on traduit, une fois de plus, par moins raides, pour être précis dans les termes.

Prise en main
C’est bien beau tout ça, mais qu’est-ce que ça donne sur le terrain ? Ou plus exactement : ça lui procure quel caractère au Santa Cruz Nomad ?! Je suis allé chercher la réponse dans le Nord de la Toscane, à l’invitation de la marque, pour deux jours au guidon du Santa Cruz Nomad 5. À Garfagnana, plus précisément, sur les trails que Ridgeline et le programme Pay Dirt visent à entretenir…
Plus précisément, sur les pentes d’un massif mondialement connu… pour son marbre, de Carrare ! Par endroit donc, la roche est un peu plus blanche, et un peu plus luisante que la moyenne, et ça frappe. À d’autres, c’est assez fidèle à ce que l’on imagine de la Côte Ligure et ses hêtres, châtaigniers, sous bois à la bonne terre, plus ou moins sablonneuse ou argileuse…
Ce genre de terrain de jeu pour grands gamins que nous sommes. D’autant plus lorsqu’au fur et à mesure des runs, certaines règles commencent à s’établir : Chifoumi pour qui suit, Pars devant je te rattrape, Attrape-moi si tu peux, Y’a que le premier qu’à pas l’droit de couper… Bref, on ne perd pas de vue le boulot, mais on ne lésine pas sur la mise en (bonne) situation.
Safe !
D’ailleurs, il ne faut pas longtemps pour être dans le vif du sujet. Les premiers runs se font sur d’authentiques chemins de muletiers qui alternent pavasse, épingles, balcons, pierriers et autre délicatesses. C’est donc par endroit scabreux, qui plus est parce que la météo capricieuse a rapporté tout un tas de cailloux fuyants et branches mortes en guise d’obstacles mobiles.

Dans ces conditions, j’apprécie habituellement volontiers la capacité des 29 pouces à conserver le cap, l’élan et une certaine stabilité pour passer sur la vitesse. Je m’y suis d’ailleurs largement fait. Et habituellement, je suis vite rappelé à l’ordre par l’adhérence qui fuit plus vite, la raideur logiquement plus importante et l’agilité qui exige de tenir le vélo avec des petites roues de 27,5.

Ici pourtant, rien de tout ça. C’est même après plusieurs séquences que je finis par me rappeler que le Santa Cruz Nomad est un full 27,5 pouces ! Le vélo pardonne facilement dans les sections défoncées. Il ne se met pas en travers pour un rien, garde le cap, offre un confort digne de la réputation de tapis volants des autres modèles de la gamme.

Pour autant, la lecture du terrain n’est pas pauvre. Elle est intéressante, riche, détaillée. C’est donc à ça que participent les efforts détaillés en préambule à cette prise en main. Les amortisseurs qui permettent au vélo d’absorber davantage les gros impacts sans taper, quand bien même avec ces « petites » roues qui aiment ça. La raideur du cadre globalement moins importante, le triangle arrière conçu différemment, et les roues plus douces qui font que le vélo est complaisant, même sur l’angle.
Poppy !
Une très bonne base pour mettre à profit un autre trait du caractère dévoilé par le Nomad. Cette fois-ci pas de surprise, c’est l’apanage des roues de 27,5 pouces : il suffit de peu pour prendre les airs. La courbure de l’envol est plus courte, et ça se sent. Pour autant, j’ai connu d’autres vélo de la marque où il fallait être prudent au moment de tirer. Notamment parce que trop tassé, le vélo aurait eu tendance à s’étaler, s’affaler, plutôt que de répondre.

Ici, ce n’est pas le cas. Le Santa Cruz Nomad 5 a du pop et en même temps, j’ai le sentiment qu’il travaille plus haut dans son débattement. Qu’il est plus économe. Et je prête trois initiatives à ce caractère. La trajectoire légèrement différente du point de pivot, qui reste peut-être plus centré sur le vélo, au lieu de s’échapper vers l’avant. Le ratio légèrement plus faible de la suspension, qui aide le vélo à se tenir dans son débattement, et l’huile à faire son job. Et le couple reach & stack, haut et court, qui raccourcit la distance à parcourir pour tirer sur le cintre…

Dans ce contexte, la question air vs ressort est vite répondue. Les deux fonctionnent ! Plus en détail : sur le précédent, j’avais une préférence pour l’air, qui offrait plus de marge alors que le ressort avait tendance à parfois trop « taper ». Ici, les progrès effectués par le X2 annulent cette idée. J’ai désormais une préférence personnelle pour le ressort et son maintien à mi-course qui grossit le trait du Nomad poppy ! Et puisque les choses sont bien faites, en première approche, je résume le flip-chip à l’opportunité d’adapter au type d’amortisseur choisi. En dynamique, on retrouve la même géométrie avec la position haute et un amortisseur à air, qu’en position basse avec un amortisseur à ressort.
Inspiré !
Le tableau que je dresse ici est donc intéressant. Notamment parce qu’il me fait faire le lien avec deux articles précédents, auxquels je tiens. Le premier concerne le Tallboy, passé à l’essai durant l’été. J’y concluais sur l’idée que ce petit vélo ait certains traits de caractères dont il serait bon que la marque s’inspire pour ses plus gros vélos. Mais les contraintes de poids, de solidité, de débattement et cinématique me laissaient perplexe. Le Santa Cruz Nomad apporte une réponse et m’y fait donc penser, dans son registre : c’est possible !
L’autre lien que je fais, porte sur la concurrence directe que j’ai déjà cité. Plus tôt cette année, je passais le SB165 à l’essai en concluant à son sujet que faire un 27,5 pouces avec les recettes du succès des 29 pouces actuels n’était pas forcément une bonne idée. Je prêtais notamment ça à certains choix en matière de géométrie. Force est de constaté que ça méritait d’approfondir le sujet. Sans connaitre la géométrie du Nomad, je supposais volontiers qu’il était plus court, de bases et/ou d’empattement total…
En fait, il est simplement plus court et plus redressé de position. Et avec une suspension qui travaille plus haut, encaisse mieux, et plonge moins, le résultat est tout autre. Malgré 10mm de débattement en moins, je ne pense pas le Nomad à la peine quand ça frappe. Par contre, il replace clairement les 27,5 pouces à fort débattement dans le jeu des vélos d’Enduro modernes. Quand bien même avec ses petites roues…

Qu’en penser ?!
Bref, on aurait effectivement pu se questionner sur le format des roues du Santa Cruz Nomad. Après tout, c’est ce modèle de la gamme qui, souvent, a suivi les innovations apportées par le V10 : VPP, amortisseur en bas… Le modèle de Descente est sorti récemment en MX/Mullet… Mais non ! Et finalement, c’est tant mieux !
À la place, le Santa Cruz Nomad 5 réussi un joli tour de force ! Celui de ne pas enterrer les roues de 27,5 pouces sur le marché de la pratique Enduro. Il ne s’inscrit pas dans le positionnement des autres 27,5 pouces sortis récemment. Ces modèles qui gagnent en débattement et se musclent pour sortir de l’ombre des 29, quitte à jouer la carte un peu bâtarde de gros enduro, bike-park, freeride & Co.
Non, le Santa Cruz Nomad se contente de progresser là où il faut, comme il faut, juste ce qu’il faut. Suffisamment en tout cas, pour me faire écrire qu’il a clairement sa place dans le match, y compris vis-à-vis des 29 pouces. Le Santa Cruz Nomad est donc avant tout fidèle à ce qu’il a toujours été : un sacré vélo d’Enduro ! Et ça, c’est beau ! La preuve, on a poussé le bouchon plus loin à son guidon, en livrant un essai complet : https://fullattack.cc/essai-du-santa-cruz-nomad-5/
La gamme
> Les nouveaux Santa Cruz Nomad au catalogue : https://www.santacruzbicycles.com/fr-FR/bikes/nomad