Chez BOS, la performance fait partie de l’ADN. C’est elle qui mène la marque sur plusieurs fronts du sport mécanique : MX, WRC, RX, circuits… Un panel qui a pris le dessus sur le VTT, mais l’offre est toujours là… Mieux, elle en profite ! Alors, qu’est-ce que ça a de si particulier ? Qu’est-ce que ça apporte ?! Qu’est-ce que ça vaut ?!! Réponse avec le set de suspensions Bos Syor & Deville II !
Fourche : 1 320 € (27,5 ou 29) / Amortisseur : 760 € (Metric/imperial) 830 € (Trunnion) + ressort 60 € (standard) ou 186 €(light) + 50 € levier de blocage
Fourche : 2,08 kg (29 pouces, 170 mm, pivot de 185 mm) / Amortisseur : 460 g (sans ressort, 205×65 mm, Trunnion) + 340 g (ressort light, 325 lbs – 325-77-129)
Fourche : plongeur 35 mm, essayée en 29 pouces, 170 mm, 15×110 mm, Post Mount 180 mm, offset 48 mm, hauteur de 565 mm (29’x170 mm)
Amortisseur : essayé en Trunnion 205×65 mm, ressort Light de 325 lbs, sans levier
Sur Lapierre Spicy, de septembre 2020 à janvier 2021, Biivouac, vélo de montagne, Randuro & Navettes. Env. 50 h de roulage effectif/430 km.
Est-ce pertinent ?
On a eu l’occasion de l’écrire, la BOS Deville se distingue II par l’usage de plusieurs choix techniques qui diffèrent de la concurrence. Reste qu’une partie a déjà été utilisée sur les produits passés, et que la question se pose de leur réel intérêt. En premier lieu, l’essai doit permettre de faire une sélection de ceux qui comptent le plus au coeur de l’action. Ici, je retiens la présence de la valve inertielle FCV, du piston flottant sur ressort hélicoïdal de la cartouche, du travail sur la rigidité/filtration de l’ensemble pivot/té/plongeurs/casting, de l’ajustement du volume de la chambre négative, de l’huile Bi-Oil respectueuse de l’environnement. On y revient tout au long de cet article.
Le BOS Syor, lui, n’a pas encore été évoqué dans nos colonnes. Une présentation s’impose. C’est l’amortisseur à ressort hélicoïdale de la marque. Ce genre de pièce d’orfèvrerie qu’un simple coup d’oeil suffit pour flatter…
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Si l’on ajoute au tableau qu’en son sein, le Bos Syor utilise une huile maison spécifique – AMX3 – le tableau est complet ou presque pour qualifier le set de suspension BOS Syor & Deville II. À chaque point de conception, une solution réfléchie. Pas de marketing à outrance ou de prétention d’avoir réinventé la poudre, mais des choix cohérents et sûrs de leurs faits.
Est-ce pratique ?!
Au montage, aucun problème à déplorer. Les ajustements sont bons, les matériaux bien travaillés/ajustés. Il faut simplement prêter à respecter les règles de l’art et de la mécanique : les bons outils, les bons couples de serrage – indiqués dans la notice – et les bons gestes.
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La Bos Deville est compatible axe de 15 et 20 mm. Ici, l’axe de 15 mm dont on a fait usage reprend le concept cher à la marque depuis un moment, qui permet de ne pas générer de contrainte ou de mauvais alignement du casting. On serre d’abord l’axe qui vient plaquer le moyeu au casting côté disque, puis on serre la pince du casting qui maintien le tout en place – point trop n’en faut, 4 à 5 N.m. Sur le Bos Syor, la molette de détente se trouve sur le pied, comme bon nombre de concurrent. Il faut évidement veiller à la positionner correctement pour y accéder, c’est un réglage clé ! La coupelle de précontrainte du ressort dispose d’une vis sans tête en matière plastique. Son but est d’éviter que le réglage ne varie à l’usage, sans endommager le corps de l’amortisseur en faisant son travail… Pour prendre place dans le cadre, buselures obligatoires. Tête et pied d’amortisseur font la même dimension de 15×12,7 mm.
Le côté pratique du set de suspension BOS Syor & Deville II se découvre à l’usage : 20 clics sur chaque voie de compression à l’amortisseur, 30 clics sur la fourche, et dans les deux cas 25 clics en détente ! Par rapport à la concurrence : chaque clic vaut légèrement moins, mais pas de beaucoup. Ça veut donc dire que c’est un poil plus précis, mais surtout que les plages sont plus larges ! Mieux, à l’usage, elles s’avèrent pleinement exploitables ! Il n’y a pas ce point au delà duquel ce n’est pas la peine d’aller parce que la raideur est telle que tout parait collé/gratter, et que la sensibilité/le confort/le grip ne sont plus là. Ici, freiner les compressions à fond augmente le maintien, renforce la lecture du terrain, rend bien sûr le vélo plus exigeant, mais le toucher/le grip ne s’évapore pas. La raideur reste maitrisée. Pratique donc, d’avoir des réglages pleinement exploitables !
Pour autant, le set de suspension Bos Syor & Deville II n’est pas une usine à gaz inutile et complexe à régler. C’est d’ailleurs là une de ses principale qualités. Tout d’abord, parce qu’il dispose de quoi veiller sur nous dans les cas extrêmes. À l’avant, la valve FCV fait clairement son job et évite à la fourche de plonger au moindre freinage ou transfert de masse du pilote tout en prenant le débattement quand c’est nécessaire. À l’arrière, la Kick Valve agit comme une voie de compression très haute vitesse égale à une soupape. En clair, si on tape trop fort, c’est elle qui ouvre la compression au delà de ce que l’on a ajusté via les réglages, et libère la suspension. Bref, on peut jouer des clics et faire des bêtises dans la marge que les réglages laissent accessible.
Est-ce utile ?!
Alors parlons-en ! Compressions et détentes ouvertes, on constate simplement que c’est sensible comme il se doit. C’est en activant l’hydraulique que la magie opère. Détente à mi-plage devant, on ajuste à l’arrière pour que l’assiette du vélo soit bonne en courbe. Puis, on joue de concert pour dynamiser/poser le vélo à sa guise. En compressions, il faut simplement garder à l’esprit que les deux voies sont liées : les hautes vitesses déclenchent une fois que les basses saturent. Plus on en met, plus le maintien et la lecture du terrain sont présents. Et dans tous les cas, les transitions entre chaque voie, y compris au déclenchement de la Kick Valve et en détente, sont excellemment maitrisées ! Un régal de fluidité qui mérite de rouler peu chargé en ressort. J’ai globalement fais usage de 25 Lbs de moins, et d’une pression 5 Psi en dessous des préconisations. Posé sur l’huile, un régal !
En action, ça se ressent en matière de stabilité et d’assiette. Même quand c’est défoncé, le vélo ne se met jamais en crabe, et ne raquette pas. Il garde le cap, reste dans l’axe. Au pire ça sauve la mise, au mieux, ça permet des initiatives nouvelles ! Notamment parce que ça se ressent aussi en matière d’amortissement. Le set de suspension BOS Syor & Deville II efface clairement certains trous, certains rochers, certaines racines du parcours ! Je ralentis, ça va frapper ?! Ah bah non, je touche à rien, ça passe crème ! Enfin, ça se traduit en matière d’adhérence. J’ai le sentiment que les pneus passent 30% du temps en plus au contact du sol ! Ça laisse un peu plus de temps pour ajuster le tir. Stabilité + amortissement + adhérence = vitesse de passage en hausse et initiatives nouvelles ! Je prends et tiens les dévers systématiquement 30 à 50 cm plus haut. Je peux freiner plus tard. Je ressors moins extérieur des virages, je relance plus tôt et à des endroits plus défoncés…
Quelle durée de vie ?
À la longue, ces prestations semblent avoir franchi un cap en matière de durée de vie. Si parfois, on pouvait reprocher aux précédentes générations de faire chauffer leur huile et/ou devenir béton, aucun signe à déplorer de ce côté, malgré de longs runs et des sections franchement défoncées, abordées avec rythme pour m’en convaincre. Ça tient sur un run, et ça tient sur une bonne partie de saison. Du moins, mes observations s’accordent avec les manuels et préconisations de la marque. Au moment de démonter le set pour le rendre, la prestation des suspensions est comme au premier jour. Ça n’est ni sec, ni pissant d’huile, aucune trace d’usure des parties coulissantes… La seule ombre au tableau porte sur des éléments purement esthétiques et de finition qui eux, ne survivent pas bien dans le temps…
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Ici, le sticker indiquant le nom de la fourche qui s’effrite. Là, ceux des fourreaux qui commencent à se décoller. À l’amortisseur, le tampon de butée couleur sable est poreux et se salit très vite. La peinture du ressort qui s’effrite dans ce recoin stratégique. Les têtes de réglage anodisées, à manipuler à l’outil, peuvent vite marquer.
Ça n’est que purement visuel, et la boutique en ligne BOS propose la plupart de ces pièces au détail pour refaire une beauté. Mieux, il y a possibilité d’avoir quasi n’importe quel élément au détail pour réparer ou faire évoluer son produit en fonction des standards/entraxes/courses, etc… qui peuvent évoluer d’un vélo à l’autre. Dommage simplement qu’il faille autant veiller dessus. Entre une finition précieuse et fragile, la frontière est mince.
Ce qui peut progresser ?
C’est donc principalement sur ce point que l’on peut espérer que la marque progresse. C’est ultra performant et robuste dans la fonction. D’aspect, c’est bien fini, ça mérite d’être aussi durable…
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À ce sujet, la seule ombre au tableau concerne cette couleur grise. Pour beaucoup, la peinture a plus l’aspect d’une couche d’apprêt que d’une finition à la hauteur des autres pièces de ce set de suspension BOS Syor & Deville II.
Dans le fonctionnement, il y a si peu à dire. C’est clairement au dessus du lot. Peut-être simplement suggérer une piste de travail. À très basse vitesse (5 à 8 km/h), en liaison, la valve FCV ne déclenche pas toujours du premier coup sur les petites aspérités du sol. Rien de rédhibitoire, mais ça peut participer à une légère impression d’inconfort alors que la sensibilité et la prestation sont excellentes le reste du temps. Peut-on gagner sur ce point ?
Dans le même temps, je n’ai pas franchement ressenti besoin du blocage Taction Control. Je prêche toujours pour des vélos qui, bien réglés, n’exigent pas de faire usage de ces artifices. C’est plus simple et facile de se faire plaisir. Laissons aux champions l’usage de ces dispositifs quand vraiment, les ultimes dixièmes à gagner l’exigent. J’aurais donc envie que ce levier ait une fonction inverse : qu’il permette de désactiver la valve FCV en liaison pour avoir un confort ultime et la laisse pleinement faire son job en spéciale/descente.
Vis-à-vis de la concurrence ?
C’est le passage croustillant de cette fiche de test ! C’est à la fois là qu’on confirme la performance au dessus du lot, qu’on exige une finition plus durable, et qu’on se fait plaisir à confirmer le caractère du set de suspensions BOS Syor & Deville II.
RockShox
Si l’on commence par les leaders évidents, tout ou presque oppose BOS à RockShox. Si la durabilité de la finition des seconds n’est pas parfaite, elle dure mieux. Et là où RockShox sait faire usage de plastique pour réduire les coûts, BOS ne fait que dans l’aluminium bien travaillé. Ça illustre en partie que foncièrement, les suspensions BOS sont largement plus performantes et posées sur l’huile, là où les américaines sont clairement posés sur leurs ressorts ! Deux mondes, deux écoles, deux approches. Petit détail pour illustrer ?! Pour obtenir 30% de SAG : 65 Psi dans la Deville II en plongeurs de 35 mm, c’est 20 Psi de moins que dans une Lyrik, et ce que je mets dans une ZEB en 38 mm…
Fox
De l’huile et plus de pièces métalliques/travaillées, c’est chez FOX, l’autre leader, qu’on en trouve. Et les derniers progrès de la marque à la queue de renard tentent de combler l’écart par rapport à BOS. Les dernières versions des cartouches Fit & Grip, la FOX 38, l’hydraulique 4 voies des derniers amortisseurs ont certes élargi un peu la plage sur laquelle ils sont exploitables avant d’être trop raides, mais c’est encore un ton en dessous de ce que le set de suspension BOS Syor & Deville II propose avec facilité ! Au mieux, on s’en approche en fignolant les réglages si l’on a de la méthode et un peu de savoir faire, mais on n’égalise pas ce qui permet de franchir un cap.
Öhlins
Non, le concurrent le plus direct auquel on peut penser sur le marché, fait usage du jaune comme Bos fait usage du rouge : Öhlins ! En matière de finition, c’est proche. En matière d’ambition de performance, ça l’est aussi. Et dans les faits, ça a un point commun : celui d’avoir cette fameuse détente/cet amortissement qui ne sont jamais dépassés. Simplement, Öhlins est un peu plus compliqué à régler et a ce côté pousse au crime que BOS n’a pas. Le premier est fait pour aller vite, ça doit aller vite. BOS, c’est fait pour aller vite, et ça prend toutes les dispositions pour qu’il n’y ait pas de mauvaises surprises.
Fast, Suntour, Formula
Finalement, c’est en dépareillant un peu que je conclue vis-à-vis de la concurrence. À bien des égards, le BOS Syor me fait penser au Fast Fenix. En matière de compression, les deux ont une philosophie proche en offrant deux voies réglables et une troisième en cas de coup dur. L’un marquette simplement le concept en lui donnant le nom de Kick Valve, quand l’autre choisit l’usage de mots courants en parlant de basse, moyenne et haute vitesse.
La Bos Deville II, elle, a des points communs avec la Formula Selva. Elle joue de l’huile, ne rampe pas en fin de course, a une détente bien gérée. Simplement, Formula fait avec ses divers clapets à interchanger, ce que l’on peut obtenir de la BOS Deville II en jouant des clics ! Elle se démarque plutôt de la SR Suntour plébiscitée il y a quelques temps. Plus facile à régler, et aussi molle sur le parking que présente en spéciale, là où il faut encore charger la Suntour et jouer de ses voies pour en tirer le meilleur.
Est-ce que ça les vaut ?
La BOS Deville II est vendue au prix unique de 1 320 €. Le BOS Syor, à celui de 760 € auquel s’ajoute celui du ressort, de 60 ou 186 €. Dans tous les cas, des tarifs qui placent clairement le set de suspensions Bos Syor & Deville II sur le segment haut de gamme. Et du point de vue de la performance et de sa constance, ça semble les valoir sans hésitation ! Ça ne crève pas pour autant le plafond. C’est même moins qu’une Fox Factory Kashima ou qu’une Öhlins RXF. Ça pourrait presque faire passer l’aspect qui se dégrade plus vite, mais pour du haut de gamme, on reste exigeant sur les détails.
Quoi qu’il en soit, c’est pour l’heure, et pour de très bonnes raisons, le meilleur set de suspension qui soit passé à l’essai chez nous. Et vis-à-vis des gammes précédentes, ça a le chic de se rendre plus durable et accessible, moins élitiste. Ça les vaut donc. C’est même, clairement, le meilleur rapport performance/prix du marché. Ça n’en fait pas pour autant un must have à tout prix – certains produit moins chers ont aussi un bon rapport performance/prix, pour ce qu’ils valent – mais là, c’est juste très, très bon et ça mérite la bonne note pour faire office de référence !