Parfois, les nouveautés que l’on nous présente ont l’air de rien. Si peu que l’on se dirait mouais, à d’autres. De prime abord, c’est ce que l’on pourrait penser de la mise à jour du ressort pneumatique RockShox DebonAir pour Lyrik, Pike, Yari & Revelation. Un piston déplacé de quelques millimètres, un kit composé deux pièces tout au plus…
Et quelque part, ce n’est effectivement pas une révolution. Néanmoins, la mise à jour du RockShox DebonAir mérite de s’y intéresser. Tout simplement parce que du contexte dans lequel elle s’insère au résultat à l’essai, en passant par la mise en oeuvre, tout est cohérent, fluide et logique. Alors, prêts pour tout saisir ?!
Temps de lecture estimé : 10 minutes – Photos : RockShox & Endurotribe
Sur le principe…
Une fois n’est pas coutume, c’est par quelques explications tout ce qu’il y a de plus théoriques que l’on débute cet article. Tout bonnement parce qu’il faut connaitre deux principes et concepts précis pour saisir de quoi retourne la mise à jour du RockShox Debonair…
[toggler title= »Égalisation » ]
En premier lieu, il faut savoir que la plupart des fourches qui utilisent un ressort pneumatique disposent d’une chambre positive, et d’une chambre négative…
Tout l’enjeu de ce système est de bien calibrer les efforts des ressorts positifs et négatifs pour qu’ils jouent chacun leurs rôles sans flinguer l’autre. Chez certains, et par le passé chez d’autres, deux valves permettent(aient) d’ajuster chaque chambre indépendamment. Mais depuis quelques temps déjà, la tendance générale est à l’égalisation automatique des deux chambres…
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[toggler title= »Progressivité involontaire » ]
D’autre part, il faut savoir que des phénomènes parasites existent à l’intérieur de nos fourches télescopiques. Ces derniers temps, on a beaucoup parlé de l’usage de tokens ou cales pour ajuster la progressivité des ressorts pneumatiques…
Ça, c’est un ajustement volontaire de la progressivité. Sauf qu’il existe un autre endroit dans la fourche où de l’air peut se retrouver enfermé et comprimé : les jambages…
Si au départ, la pression dans la fourche est peu ou prou atmosphérique, elle peut devenir importante en fin de course, en fonction des échauffements, et de possibles effets pompe à vélo. Bref, suffisamment importante pour en tenir compte à la conception… La concurrence vient d’ailleurs de (re)dégainer des dispositifs pour jouer sur ce phénomène !
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Dans les faits ?!
D’une manière assez simple, c’est sur ces deux phénomènes que la mise à jour du RockShox DebonAir intervient. Pour saisir comment, il suffit d’abord de jeter un coup d’oeil aux pièces qui composent le kit de mise à jour…
Voyons désormais comment ces deux pièces influent sur les deux phénomènes évoqués précédemment…
[toggler title= »Égalisation » ]
Dans la précédente version du RockShox DebonAir, le piston avait une certaine position de repos…
Ceux qui suivent le raisonnement auront par contre remarqué qu’en décalant le piston de 8mm à l’origine, et sans autre modification, on réduit d’autant le débattement total disponible…
Au final donc, aucun impact sur le débattement total de la fourche équipée de la mise à jour du RockShox DebonAir.
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[toggler title= »Progressivité » ]
Par contre, en décalant de 8mm le piston vers le haut, on réduit quelque peu le volume de la chambre positive. Après calcul, c’est comme si l’on ajoutait un demi token habituel chez RockShox pour une Lyrik. Les plus tâtillons diront que ça peut compter, mais on va voir que ce n’est pas forcément le cas.
Avant ça, regardons pourquoi la tête d’étanchéité de la mise à jour du RockShox DebonAir est creuse…
Dans tous les cas, un effort qui va dans le bon sens : limiter la progressivité induite en fin de course, là où précisément le volume de chambre positive en moins peut compter. Est-ce que les deux se compensent ? Pour le savoir, il faut passer sur le terrain ! Si les pilotes de la marque ont eu l’occasion de passer ce concept en revue en début d’année sur la mythique piste de Peille – Ici, Isabeau Courdurier sous ses nouvelles couleurs – c’est sur mes traces habituelles que j’ai fais le job pour prendre en main la mise à jour du RockShox DebonAir.
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Prise en main
À ce stade, quelques mots sur la procédure de changement entre l’ancienne version et la mise à jour du RockShox DebonAir, avant de mettre la nouveauté à l’épreuve et en tirer les premières observations…
[toggler title= »Mise en oeuvre » ]
Il s’agit de démonter les jambages de la fourche, puis de faire sauter le circlips en bas du plongeur gauche, après avoir dégonflée la fourche…
D’origine, la nouvelle tête d’étanchéité est livrée pré-lubrifiée. Il suffit de remonter la fourche en veillant à la bonne lubrification du reste des éléments. Montre en main, 15 à 30 minutes de travail en fonction des méthodes employées et du savoir faire.
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[toggler title= »La différence ? » ]
Pour mesurer l’influence de cette mise à jour du RockShox Debonair, j’ai d’abord assez simplement mis à profit plusieurs tours d’une boucle test avec changement du DebonAir entre deux. Dans les deux cas, avec la même pression d’origine (85psi ici dans une Lyrik Ultimate 160mm) et sans toucher aux autres réglages (pressions de pneu, ergonomie, détente, compression…). À noter que les 85psi sont, à l’origine, la pression que j’utilisais régulièrement pour 30% de SAG.
Première observation, la mise à jour du RockShox DebonAir n’a pas d’impact significatif sur ce dernier. On obtient le même SAG, donc la même assiette en statique. C’est en dynamique que la différence se fait sentir. D’abord en début de course : la sensibilité est sensiblement la même, mais le maintien est meilleur. De combien ? De nouveaux essais et un retour à l’ancien DebonAir me permettent de quantifier. À mon sens, en début de course, la nouvelle version du RockShox DebonAir équivaut à rouler l’ancienne avec 5 à 10 Psi de plus.
En fin de course ensuite, la différence est notable. J’ai déjà écrit par ailleurs que les RockShox de ces dernières années (Pike et Lyrik) sont conçues pour rester hautes dans le débattement, y compris en remontant parfois fort dans les bras après une forte compression, comme si la détente haute vitesse n’était pas aussi freinée que chez d’autres. La mise à jour du RockShox DebonAir adoucie un peu la tendance sur ce plan. Il ne faut pas s’y tromper, ce n’est pas une révolution, mais bien un effet du même ordre que celui apporté en début de course. C’est déjà ça de pris.
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Qu’en penser ?!
Alors qu’en penser ?! Tout d’abord, que l’effet est bien perceptible sur les deux phases que le début de cet article suggère. Ensuite, qu’il va dans le bon sens puisque dans les deux cas c’est pas énorme, mais bon à prendre. En début de course, pour favoriser l’assiette du vélo au freinage, en courbe, pour pumper/sauter avec le terrain. Un petit gain de précision/maintien qui peut chez certain créer un regain de confiance suffisant et important. En fin de course ensuite, pour offrir une petite marge de plus avant de se prendre le cintre dans les dents quand ça frapper fort.
Tout ça, RockShox propose ici de le gagner en jouant sur l’air, donc le ressort, plutôt que sur l’hydraulique. Une démarche fidèle à l’école américaine de la suspension, et à l’approche de la marque depuis la nouvelle Pike et l’avènement de l’Enduro : rester le plus dynamique et haut possible dans le débattement pour avoir toujours de la marge et suivre le rythme. Dans tous les cas, cette évolution se fait sans sacrifier d’autres paramètres comme la sensibilité ou des réglages hydrauliques précis et calés de longue date, auquel je n’ai pas trouvé à redire avec la mise à jour du RockShox DebonAir.
Qui plus est, et pour terminer, cette mise à jour est disponible au détail, pour la somme de 29 euros et rétro-compatible. Elle s’adapte sur les Lyrik, Pike, Revelation et Yari des dernières années. S’il fallait racheter une fourche complète ou un vélo neuf pour s’en emparer, les sommes en jeu seraient trop importantes vis-à-vis du gain. Là, ça peut intéresser ceux qui aiment geeker un peu, bricoler aussi. Les autres attendrons que ça soit sur leur prochain vélo par la force des choses, sans avoir obligatoirement à embrasser le nouveau rendu. Au pire, ils retrouveront le rendu de l’ancienne version, moyennant 5 Psi de moins. Pas d’otage, personne n’y perd, ça participe à la diversité de l’offre > Bien joué !
Gamme et dispo
Outre sa disponibilité en kit rétro-compatible à partir du mois d’avril 2020, la mise à jour du RockShox DebonAir prend place sur les Lyrik, Pike, Revelation et Yari millésimées 2021, dont voici les détails…