Andorre, DH – 2023 I Ce que les courbes disent de la pluie et des perf’ du jour !

Une fois de plus, la météo a fait des siennes en finale de Coupe du Monde de Descente cette saison. On ne va pas s’en réjouir pour autant, mais bien profiter des outils d’analyse dont on dispose, pour voir ce que l’on peut apprendre plus en détail de ce qui s’est passé ce samedi, en Andorre. Analyse Entre les Chiffres, sur FullAttack !

Nina Hoffmann concrétise !

Galanterie oblige, on commence par l’analyse de la course féminine. Hormis les reports et retards dû aux conditions extrêmes de Pal Arinsal ce week-end, la compétition des filles s’est ensuite déroulée dans des conditions que l’on peut qualifier de constantes. C’est donc, déjà, l’opportunité de se familiariser avec le profil d’une course qui se déroule à la régulière : on le voit ici, les courbes s’étalent de manière progressive, continue, et de manière relativement uniforme.

Dans le lot, deux courbes sont à remarquer en premier lieu. Celles de Nina Hoffmann et Vali Höll. Ce sont celles qui se détachent clairement en haut du graphique, dès le deuxième intermédiaire. À cet instant, Nina Hoffmann a déjà signé le meilleur premier secteur, mais Vali Höll lui réplique en prenant la tête d’une courte avance. On pourrait alors croire à un mano à mano entre elles deux… mais non ! À partir du secteur 3, Nina Hoffmann se détache clairement. On pourrait d’ailleurs presque dire qu’à partir de là, plus personne ne lui reprendra du temps…

Pas Vali Höll en tout cas, qui voit son retard grandir de manière constante et continue. Fatigue de l’une, pilotage de l’autre ? Difficile à quantifier avec précision, mais il y a certainement des deux. Quoi qu’il en soit, cette course illustre bien le potentiel de Nina Hoffmann. Depuis le début de saison, on a régulièrement parlé de la pilote du Syndicate comme une prétendante sérieuse à la victoire. Mais jusqu’ici, elle ne parvenait pas à boucler un run, au point qu’en arrivant en Andorre, on a préféré ne pas se répéter une énième fois en parlant des favoris, et la laisser tranquille…

La voilà, donc, qui se rappelle à nos bons souvenirs et qui concrétise ! Sur la partie basse du parcours, son rythme est tout simplement au-dessus du lot. C’est là, clairement, qu’elle fait la différence sur tout le monde… Sauf, une petite irréductible qui lui prend quelques centièmes dans le dernier secteur : Marine Cabirou ! Ce n’est pas grand-chose et ça ne change en rien la physionomie de la course, mais c’est la seule à y parvenir. Et puis, ça vient s’ajouter à un retour sur le podium en Coupe du Monde, après la médaille aux mondiaux, la dynamique est là ! Tout comme chez Tahnée Seagrave, de retour elle aussi sur la boîte, avec un run au profil très similaire à celui de Marine, si ce n’est qu’elle était la seule à concurrencer les deux premières en tout début de course, sur le premier secteur…

Avec des si

Chez les garçons, la pluie n’a pas manqué de s’inviter dans les débats. Parmi les observateurs les plus avisés, ça ne fait pas de doute. Elle a commencé à tomber dru, durant le passage de Finn Iles, soit à dix pilotes de la fin des débats – une petite demi-heure avant de boucler la course. D’ailleurs, si l’on classe les chronos de la vingtaine de dernier pilote dans l’ordre dans lequel ils ont été signés, ça ne fait aucun doute…

On voit ici clairement qu’au départ, la course commence par avoir le profil exact de ce à quoi l’on s’attendant en Andorre : une course très serrée, qui se joue à un rien. Ensuite, Greg Minaar et Thibaut Daprela améliorent la marque de 2 secondes. Ils tiennent quelque chose. Et puis, la pluie arrive et d’un coup, l’ultime top 10 vole en éclat. Ça part dans tous les sens. Finn Iles limite la casse, Ronan Dunne aussi, mais derrière, c’est l’hécatombe et plus personne ne reviendra dans les temps qui valent un top 10 à l’arrivée… Excepté Loic Bruni ?!

Malheureusement pour lui, difficile de quantifier à quel point son run est magistral et/ou bénéficie de l’accalmie. Il aurait fallu le passage d’une dizaine de pilotes ensuite, pour avoir une idée du truc, comme à Val di Sole. Difficile aussi de quantifier précisément ce que cette fois-ci, l’averse implique comme retard. Trop de chutes/crevaisons (Kolb, Coulanges, Goldstone) viennent gonfler les chronos. On peut néanmoins jeter un œil aux courbes plus habituelles pour voir quelques belles choses, et préciser encore…

D’abord pour voir le duel intense auquel se livrent Thibaut Daprela et Greg Minnaar pour la gagne. Ils sont clairement au-dessus du lot, dès le deuxième intermédiaire, comme on l’a vu chez les filles. Puis, du rythme et de l’engagement jusqu’en bas permettent de faire une sacrée différence : plus de deux secondes sur tous les autres, alors que les conditions sont encore relativement constantes, grosse performance ! Les courbes permettent ensuite de confirmer que derrière, ça se tient en un rien de temps. Le reste du top 10 se tient en à peine plus d’une demi-seconde…

Top 10 dans lequel on aurait presque pu retrouver Loic Bruni, Andreas Kolb & Benoit Coulanges ! Des derniers à partir, ce sont clairement eux qui marquent les esprits. C’est bien simple : jusqu’à un certain point, leurs courbes sont encore dans le top 10, avant d’en sortir. Benoît Coulanges dans le secteur 3, quand le terrain devenu moins précis l’envoie dans un arbre. Andreas Kolb un peu plus loin, quand il perd l’avant juste avant la triple à découvert… Et Loic Bruni, qui est finalement celui qui résiste le mieux, les secteurs 4 et 5 étant les seuls où son temps fini par céder.

Malgré les conditions, le top 10 était il jouable pour ces trois-là ? On est tenté de dire que oui. Ils y étaient avant de flancher. C’était ça passe ou ça casse, et cette fois-ci, ce n’est pas passé… Mais on boucle sur la courbe de Benoit Coulanges. Malgré sa chute et les conditions clairement pas favorables, il trouve 2 secondes à reprendre à Thibaut Daprela et Greg Minnaar dans le dernier secteur. Imaginez ce que ça aurait donné sans la chute..? Ou si Loic Bruni avait signé ce dernier secteur à la place de BC ?! Avec des si, on refait le monde, mais c’est juste pour dire que malgré l’adversité, rien n’est jamais cuit d’avance. Leçon du jour.