Châtel, EDR – 2023 I Les courbes d’une course résolument sprint !

Finale oblige, dernière analyse Entre les Chiffres 2023 consacrée à la Coupe du Monde d’Enduro. Une étape qui, sur le papier, revêtait l’aspect d’une course sprint, de par ses profils et dénivelés de spéciales. Il est temps de voir ce que ça donne dans les chiffres ! Temps aussi, de voir les moments clés des courses féminines, masculines et espoirs… dont on a retenu les plus intéressantes en matière de suspens et de spectacle. C’est parti !

Honneur aux dames

Ceux qui ont suivi les chronos en direct sur FullAttack ce dimanche, l’ont perçu assez facilement. C’est néanmoins intéressant de l’illustrer par les courbes. C’est visuel, tant elles sont proches, voir difficilement différenciables ! En début de course, le duel Morgane Charre versus Isabeau Courdurier a bien eu lieu. Mieux, il a occasionné des écarts qu’on a rarement vus aussi serrés : 0,94s après la SP1, 0,19s après la SP2, 0,58s après la SP3… L’écart est ensuite monté à 2,23s à peine à l’issue de la SP4 et tenez-vous bien : les deux frenchies ont signé le même temps dans la SP5 ! Serré a-t-on dit ?!

Au final, l’écart de 6,87s est presque en trompe-l’œil et ne reflète pas l’intensité de la course précédemment jouée. Les courbes, elles, permettent de voir que ça s’est une première fois départagé dans la spéciale 4, avant un statu quo qui a finalement connu son dénouement dans la dernière spéciale du jour, une fois certaines certitudes acquises pour le titre. Derrière ce duel, on note avec intérêt la prestation de Gloria Scarsi. L’Italienne, plusieurs fois troisième force du plateau cette saison, et en évidence sur le son vélo de Descente une semaine plus tôt – aux Gets – était bien partie pour compléter sa collection. Mais la spéciale 3, qui a marqué les esprits, lui a été fatale. Harriet Harnden en profite…

Une fois n’est pas coutume…

On jette un œil à la course des espoirs. Notamment parce qu’elle est le théâtre d’un autre duel franco-français entre Lisandru Bertini – leader du général en arrivant à Châtel – et Raphaël Giambi – grand espoir de la discipline après ses prestations convaincantes en Coupe de France ces dernières saisons. Les deux étaient en lutte avec Sacha Kim pour le podium et le titre espoir, mais les courbes sont formelles : l’Australien n’a pas véritablement existé dans les débats ce dimanche, à Châtel. Il a, certes, été un temps au pied du podium en tout début de course. Mais lui, comme d’autres, ont fait les frais de la SP3. Encore elle… On sent, ensuite, chez certains, un sursaut d’orgueil dans la SP4, avant que la SP5 ne fasse à nouveau parler d’elle… C’est là, d’ailleurs, que Lief Rodgers fait la différence et sécurise son podium.

Devant, le duel entre les deux espoirs français suit un peu cette même logique. D’abord, un chassé-croisé qui provoque un des plus gros écarts du jour à l’issue des deux premiers chronos : 2,29s ! Mais la SP3, toujours, remet les compteurs à zéro, ou presque : 0,09s d’écart en tête. Nouvel écart serré, comme on vient d’en voir chez les filles… C’est finalement dans la deuxième boucle du jour – SP4,5,6 & 7 – que la différence se fait. Si l’on peut vraiment parler de différence ! 2,90s après la SP5, réduit à 1,52s puis finalement 1,90s sur la ligne, à l’arrivée. C’est à ce type de course que l’on pense, quand sur le papier, on s’imagine une course sprint. Des écarts très serrés, pas de répit, toujours à fond, et que le meilleur gagne…

Écarts infimes, encore et encore…

Vous voulez encore entendre parler d’écarts infimes et des spéciales 3/5 ? Voyez plutôt les courbes de la course élite masculine ! Certes, on ne peut pas enlever une chose : Jesse Melamed est tombé les armes à la main. Le Canadien n’a pas conservé son titre ce week-end, mais il le laisse sur un dernier baroude d’honneur ! En tête, du début à la fin, et vainqueur de 4 spéciales sur 7, il ne pouvait guère faire mieux. Et même avec les 16 points supplémentaires qu’il aurait pu empocher en signant tous les autres scratchs, ça n’aurait pas suffi.

Ce qui est intéressant par contre, c’est de suivre les courbes des deux autres prétendants sérieux au titre : Alex Rudeau et Richie Rude. Petit arrêt sur la situation à l’issue de la SP2. Alex Rudeau est deuxième, Richie Rude 8°. À cet instant, l’américain est toujours virtuellement en tête au général, mais n’a jamais été aussi mal en point. Au jeu des points marqués en spéciale : une nouvelle contre-performance dans la SP3, tandis qu’Alex Rudeau signerait le scratch et s’emparerait de la tête de course, et le titre basculerait dans le camp français…

Une manche finale de Coupe du Monde, résolument sprint !

En réalité, le frenchie a bien signé le meilleur temps dans la SP3. Ça l’a d’ailleurs rapproché de la tête comme jamais ! Pour un petit centième de seconde, il reste alors deuxième. Tandis que derrière, l’Américain a bien saisi l’urgence, et parvient à se ressaisir, dans cette fameuse SP3, qui le hisse 5°. Puis 4°, puis 3° dans le fameux début de seconde boucle ensuite… Richie Rude a su identifier le risque, réagir à la pression, et sécuriser son troisième titre, pour lui aussi, partager le record avec Isabeau Courdurier, Cecile Ravanel et Sam Hill. Allez, au-delà de ce fait historique, on se quitte sur un dernier écart infime. Richie Rude est bien troisième à Châtel, pour six centièmes devant… Devant qui ?! Devant Slawomir Lukasik et Dan Booker ! Les deux pilotes sont exactement classés dans le même cumul à l’issue de la course : 24min22s59 très exactement. Dans ce cas, le règlement stipule que c’est le mieux classé dans la dernière spéciale qui l’emporte. Slawomir Lukasik est donc 4eme. Voilà comment on boucle une manche de Coupe du Monde résolument sprint !