Fort William, DH – 2024 I Les clés de la course, entre les chiffres !
Il y a quelque chose d’intéressant dans l’enchaînement des épreuves ces derniers temps. En 2023, Fort William était le théâtre des championnats du monde, au mois d’août. À cette occasion, la piste avait été préparée aux petits oignons, et les pilotes ne s’étaient pas privés de l’analyser, puis de tirer les enseignements qui s’imposaient à l’issue de la course. Et trois épreuves internationales plus tard, nous voilà en ouverture de la saison 2024, au même endroit, sur une piste qui n’a fait qu’évoluer dans le sens de ce qui avait été fait pour les mondiaux. Il y avait donc un peu de revanche dans l’air, et quoi qu’il arrive, une expérience sur laquelle construire. C’est ce qu’ont su faire les meilleurs en ouverture de cette Coupe du Monde de Descente VTT 2024. Et on ne se contente pas de le dire à la volée, ce sont les chiffres qui le disent, de manière assez évidente…
La course féminine
Les courbes de la course féminine donnent d’abord un premier bon aperçu de ce qu’il faut retenir de la piste à Fort William. Pour ça, rien de tel qu’un coup d’œil averti à ce qui se passe au niveau des deux premiers secteurs…
Or, souvenez-vous. L’an passé, à Fort William, il avait été beaucoup question du premier secteur – exposé au vent – du bois où plusieurs lignes se faisaient – et se font encore – concurrence, ou encore du motorway – avec la question de savoir s’il fallait y pédaler ou non. Sauf qu’après coup, tout le monde avait dû se rendre à l’évidence : Chalie Hatton n’avait pas gagné grâce à l’un de ces secteurs. Lui, avait gagné grâce au deuxième secteur ! Eh, bien, huit mois après, nous y revoilà. Chez les filles, c’est là que Nina Hoffmann prend les commandes de la course, de manière convaincante… Mais ce n’est pas tout !
Il y a quelques éléments intéressants à voir ensuite. D’abord, noter que le bois, avec son entrée particulière, et qui a longuement retenu l’attention, n’est pas des plus décisif. C’est là, certes, que Mykayla Parton perd le contact avec Phoebe Gale, Mile Jonhset, Marine Cabirou et Ana Newkirk. Mais les courbes globalement plus à plat montrent surtout que c’était bien un secteur où il n’y avait pas tant à gagner, mais plus à perdre. À moins que Camille Balanche nous fasse mentir. Elle est la seule à y faire une vraie différence, et c’est logique, tant on sait son aisance technique dans la pente, les racines, et tout ce qui peut aller avec. C’est en vain, néanmoins. On le voit au secteur suivant, où ses efforts s’épuisent face à la dynamique du trio de tête. L’autre secteur stratégique est bien là. Le bas du bois, secteur plat et relativement direct, avec une relance et le nouveau river gap. Ce genre de secteur où chaque km/h en entrée compte, tant on les traîne sur une durée importante. C’est là que Tahnee Seagrave résiste au retour de Camille Balanche, et là surtout, que Vali Höll recolle à Nina Hoffmann. C’est donc là que certains s’offrent le droit de disputer quelque chose sur le Motorway. Vali Höll enfonce le clou et prend la tête sur la ligne. Mille Jonhset perd tout en sortant de la piste. Et Phoebe Gale sort vainqueur du duel qui s’était installé avec Marine Cabirou depuis la fin du secteur 2…
La course masculine
Une fois que l’on a posé les bases de cette analyse avec la course féminine, mettons-les à l’épreuve de la course masculine, pour voir si elles tiennent…
réponse > Oui ! Plutôt deux fois qu’une ! L’importance du secteur deux y est encore plus marquée, évidente, écrasante même ! S’il avait déjà signé un premier secteur convainquant, c’est clairement là que Loic Bruni prend les commandes de la course, et pour ne plus les lâcher ! 1,8s à la sortie du secteur 2, même écart sur la ligne d’arrivée. Ça bouge ensuite, derrière lui, mais à distance respectable, de toute façon ! Dans le haut du bois, ils sont 6 sur 16 pilotes affichés, à reprendre du temps sur la tête… Mais dans le bas du bois sur le secteur suivant, ils ne sont plus que deux à faire durer la dynamique. Troy Brosnan et Benoit Coulanges ! Le premier en profite pour être le meilleur des autres, le second pour venir mourir au pied du podium, pour 0,192s. Et parmi les autres pilotes en vue dans le haut du bois, les deux plus efficaces sont tout sauf des surprises : le premier n’est autre que Ronan Dunne ! La pente, la tech, la prise de risque et les endroits sketchy, on le sait, c’est son truc ! Il le prouve encore une fois ici ! Le Deuxième, et c’est intéressant de le noter, c’est Asa Vermette. La future pépite américaine. Rookie et vainqueur d’entrée de jeu chez les juniors. Son temps est longtemps resté comme une marque intéressante versus ce que les Élites signaient en final. L’intégrer ici était donc intéressant. C’est l’occasion de voir que son gabarit/style proche de Jackson Goldstone signe une perf intéressante là où on l’attend : quand c’est tricky ! Intéressant aussi de voir qu’il y a encore logiquement du travail là où les costauds s’expriment, à plat, au pédalage, logique. Quoi qu’il en soit, au final, son chrono aurait valu une douzième place au scratch… OK !
Voilà pour les premiers enseignements à tirer des chiffres de cette manche d’ouverture de la Coupe du Monde de Descente VTT 2024 à Fort William. Les mondiaux l’an passé, y avaient été source d’enseignement, et compte tenu de la piste proposée cette année, il y avait de grande chance que les analyses de 2023 se confirment en 2024. On pourrait donc dire que tout le monde était prévenu, ou avait de quoi s’inspirer pour aborder la course cette année… Mais ça, c’est toujours bien plus facile à dire, qu’à faire ! Et c’est là tout le talent, la réussite/le succès/le mérite/la vista/la valeur/la qualité – choisissez le mot qui convient le mieux – des meilleurs : savoir que c’est ça la clé, et savoir la mettre en œuvre au meilleur moment – pour le run, final, le vrai, le seul, l’unique, celui qui compte le plus !