Mont Sainte-Anne, DH – 2023 I Comment les légendes s’écrivent ?!

Dernière course de la saison, dernière analyse entre les chiffres FullAttack pour y voir plus clair sur ce qui a fait la différence ce week-end. Cette fois, il s’agit bien des finales de Coupe du Monde de Descente sur les pentes de l’iconique piste du Mont Sainte-Anne. Iconique au point que cette analyse renforce le mythe, et y apporte son petit grain de sel…

Les dalles, juge de paix…

Quand on parle d’une piste iconique, on parle forcément d’un tracé dont certains secteurs ont fait leurs réputations au fur et à mesure du temps. Au Mont Sainte-Anne, il n’y a qu’à voir la course féminine pour étayer le propos. À tous les étages, que ce soit pour la gagne comme pour les places d’honneurs et les accessits, tout ou presque, s’est finalement joué dans un secteur clé : le secteur 4. Celui des dalles de Mont Sainte-Anne. Ce pierrier rocheux dans lequel les pilotes entrent une première fois pour un enchaînement tout en dévers, avant d’y continuer par une section que les meilleurs dropent depuis qu’un certain Greg Minnaar s’y est essayé il y a quelques années…

Eh bien c’est évident à la lecture de ces courbes : c’est là que le tri s’est clairement fait chez les filles. Au moins 50% des finalistes s’y sont retrouvées en difficulté, et pas des pires ! C’est notamment ce secteur qui a fait la grosse différence entre Vali Höll – victorieuse ce samedi – et ses concurrentes directes ! Via les courbes, on constate qu’avant les dalles, Marine Cabirou était la mieux placée pour prendre la deuxième place… Voire, jouer la gagne, comme les deux dernières fois ? Peut-être, mais une pédale qui accroche le rocher que les meilleurs garçons survolent, et c’en est fini de ses espoirs. Au jeu du moins pire et à bout de souffle, Nina Hoffmann s’en sort bien. D’autant que sa crevaison sur le dernier saut ne lui coûte pas la deuxième place sauvée dans le secteur précédent…

Goldrush

Après ce que l’on vient de voir chez les filles, les dalles une fois de plus décisives chez les garçons ? Pas tout à fait… Pour Jackson Goldstone, c’est une toute autre section qui met le pilote du Syndicate sur orbite : le deuxième secteur, sa nouvelle section et son étroitesse en sous-bois. Aussi bien à l’image que sur les courbes, c’est là que la pépite canadienne a fait la différence. Il n’a d’ailleurs pas fallu attendre la finale pour s’en rendre compte. Les images les plus éclatantes de maîtrise, de vitesse et de précision provenaient déjà de là, au cours des entraînements.

Faut-il pour autant résumer la performance de Jackson à ce long deuxième secteur ? Ce serait oublier que son run est du même registre sur les secteurs suivants. Le Stevie Smith Drop ? Sauté en entier ! La section rapide qui s’ensuit ? D’une précision chirurgicale là où son petit gabarit ne devrait pourtant pas l’avantager. Et les dalles ?! Léger, et dans un parfait timing avec son vélo, le passage de Jackson Goldstone vaut… de l’or !?! En tout cas, Jackson Goldstone commence à nous habituer à ses runs sans retenue, éclaboussant la scène internationale de son talent, de son aisance, et de son gabarit si caractéristique. Nul doute que de tels runs, et un tel style, ne finissent par lui valoir un surnom… Son concurrent direct pour le général de la Coupe du Monde est parfois en mode Super Bruni. À ce rythme là, ça rapportera vite de l’or en masse à la pépite de Squamish. Goldstone, en mode goldrush ?! Allez savoir…

En attendant, on boucle sur l’autre enseignement intéressant issu des courbes de ces finales au Mont Sainte-Anne. Avec la course au général et le talent de Jackson Goldstone, les performances d’Ethan Craik et Gaëtan Vigé ne doivent pas pour autant passer sous silence. D’autant que celle du pilote GT confirme que les dalles peuvent faire ou défaire une course ici même. Dans le cas d’Ethan, c’est clairement là qu’il se détache de la concurrence et scelle son podium. C’est plus fin à déceler, mais c’est aussi le cas pour La Vige… Il est en tout cas virtuel troisième au sortir des dalles, et ça suffit pour qu’au final, il se maintienne juste devant les quatre autres pilotes qui se tiennent en deux dixièmes derrière lui… Voilà à quoi un podium de Coupe du Monde tient, de nos jours..!