Ce week-end, la folie s’est une nouvelle fois emparée des Gets. La raison ? Le double succès, féminin et masculin, de Benoit Coulanges et Marine Cabirou. Des tricolores vainqueurs devant une foule en délire et au bout du suspens. Pour le plaisir de revivre le frisson, et pour mieux saisir à quoi ça s’est joué, retour Entre les chiffres des victoires du week-end, sur FullAttack !
Gate of Hell…
Allez, c’est parti ! Des choses, il y en a des belles à voir chez les filles. D’abord, pour placer le contexte. La courbe grise, tout en bas, correspond, une fois n’est pas coutume, à celle de Vali Höll, à terre dès le premier virage de cette finale. À terre comme Lisa Baumann, l’autre courbe qui se détache de ce graphique par le bas. Dans le deuxième secteur cette fois-ci, le bois du haut. Avant ça, on voit que la Suissesse était une fois de plus dans le coup pour un gros coup. Chute aussi pour Eleonora Farina, juste après le lac. Ça laisse un peu plus de temps pour voir que sans ça, l’italienne était dans le coup pour le podium, au bas mot.
On voit donc, sous cet angle, que la finale féminine des Gets a pris une tournure de course par élimination. Logique sur une piste défoncée et que Marine Cabirou elle-même avouait après course – dans le Débrief’ FullAttack – ne plus reconnaître, après le passage des garçons entre ses entraînements et ses runs de course. Reste que toutes les filles ne sont pas tombées, et que celles qui sont restées dans le coup jusqu’en bas se sont départagées autrement. À quel endroit ? Ceux qui ont eu l’occasion d’écouter Flo Letondeur aux commentaires sur Eurosport ont une petite idée…
À plusieurs reprises, Flo a évoqué Gate of hell et Black Wood comme l’endroit où la course peut se gagner. À plusieurs niveaux, les courbes ne le font pas mentir. Certes, Marine Cabirou n’a pas attendu ce secteur 4 pour creuser l’écart sur ses adversaires. Elle y est rentrée avec 2,71s d’avance, et en est sortie avec 3,5s. Mais regardez juste derrière : c’est là que la décision se fait entre Nina Hoffmann et Monika Hrastnik pour la deuxième place. C’est là aussi que Mille Johnset s’extirpe du quatuor dans lequel elle était engluée jusqu’alors. Un secteur clé donc, d’autant qu’on va le voir, c’est là aussi que la course s’est jouée chez les garçons…
Porté par la foule…
La course des garçons, nous y voilà. Avant d’entrer dans les détails de ces courbes, petite remarque : l’échelle de tous ces écarts. Aux Gets, à peine plus d’une demi-seconde sépare les 5 premiers. Loic Bruni – 5eme – est à 0,655s. Les quatre premiers se tiennent en 0,410s, la gagne s’est jouée à 0,160s. Fin, très fin sur une piste qui a tellement travaillé. Très très très fin même, quand on voit que les courbes s’écartent et se recroisent, et qu’entre les cinq du podium, les écarts sont plus importants en cours de route, qu’à l’arrivée. Signe d’une course très disputée, et d’une piste variée, aux changements de rythmes et secteurs biens complets. Peut-être l’illustration de ce que certains disaient ce week-end en parlant de l’un des plus beaux tracés de la saison…
Quoi qu’il en soit, notons une petite tendance : ça ne servait à rien de partir fort ce week-end. Les meilleurs temps du premier intermédiaire ne gagnent pas. C’est ensuite que ça se joue. Deuxième secteur, Benoit Coulanges et Andreas Kolb se portent nettement en tête. Comme Loic Bruni avait su faire l’an passé. Le bois du haut, celui qu’on ne voit pas à la télévision, reste donc clé sur cette piste. C’est aussi un effet d’échelle ! Il s’agit du secteur le plus long au chrono : 50 secondes quand les autres durent autour de 30s… Une autre particularité de cette piste… Qu’importe. Y performer place en bonne posture. S’y rater n’a rien de rédhibitoire pour autant. Voyez Jackson Goldstone ! Neuvième à 1,841s au niveau du lac, il revient quatrième à 0,410s sur la ligne…
Tant qu’à rester sur les courbes dans le coup pour le podium, regardez celles de Loic Bruni et Loris Vergier ! Souvent, au fur et à mesure de leur carrière, on a parlé des deux compères comme de deux inséparables. Ils ont clairement fait les quatre cents coups ensemble dans leurs plus jeunes années. Et là, comme un symbole, leurs runs sont identiques ! Les écarts ont beau être faibles on différencie à peine leurs courbes jusqu’à la sortie du secteur 4. Au final, il faut la position aérodynamique couplée au pédalage de Loris Vergier, pour qu’il signe la meilleure vitesse de pointe sur le motorway des Gets, pour passer clairement devant. À l’image pourtant, on avait senti Loic Bruni puissant quelques instants avant…
Qu’importe, on revient donc à ce fameux secteur 4. Jackson Goldstone a déjà profité du dévers les lutins quelques encablures avant, pour se remettre dans le coup. L’aisance et la fougue de la pépite canadienne ont parlé dans la pente. Mais c’est bien dans ce secteur 4 qu’il poursuit son effort et se hisse à hauteur du podium face à Troy Brosnan. Et que dire pour la gagne ?! C’est là, aussi, qu’elle se joue ! Jusqu’ici, Andreas Kolb et Benoit Coulanges font un run proche. Les écarts des deux premiers secteurs sont infimes. Tout juste Benoit est un peu plus prudent dans le dévers des lutins, où Andreas Kolb se fait une première frayeur, et lâche un pied. Mais c’est bien dans Gate of Hell que la différence se fait. On ne le voit pas à la télévision, la faute à un enchaînement d’angle de vue qui masque un virage. Malheureusement celui qu’il ne fallait pas rater pour tout saisir...
Gate of Hell consiste en un grand dévers qui débute dès le virage gauche qui suit la prise du chrono. Un virage qu’il faut absolument prendre à la corde, pour entrer et rester haut, dans toute la ligne droite suivante. C’est là que Marine Cabirou s’est fait une frayeur. Et c’est là qu’Andreas Kolb a fait celle de trop. Benoît Coulange l’explique parfaitement dans le débrief. Par moments, la piste est telle que les pilotes prennent plein de petits impacts dont ils ne perçoivent pas la provenance, masquée par la poussière et/ou les jeux de lumière. Et c’est ce qui se passe ici. À cet endroit, il y a notamment des racines sous la poussière. L’une d’elles contrarie clairement la trajectoire de la roue avant de l’Autrichien. L’OTB n’est pas loin. Le sauvetage est beau, le pied sorti très efficace pour remettre dans la bonne ligne et dans l’élan… Mais sur une telle course, aussi serrée, les dés sont jetés. Benoît Coulanges signe un secteur quasi parfait – seul Jackson Goldstone fait mieux. Les jeux sont faits. Le dernier inter s’allume en vert, et les 31,071 dernières secondes qui précèdent le passage sur la ligne d’arrivée ne sont plus qu’une ultime montée en pression avant que la foule n’exulte… Benoît Coulanges, vainqueur de sa première manche de Coupe du Monde, ici, aux Gets !