Peut-on avoir le beurre et l’argent du beurre ?! Il se pourrait bien que oui, à en croire les prestations des We Are One Convergence, nouvelles références à l’essai FullAttack…
Est-ce pertinent ?
Pour ceux d’entre vous qui suivent nos parutions, j’ai déjà écrit en quoi les We Are One Convergence nous paraissent pertinentes. Mais pour les autres, petit rappel. D’abord, la marque est basée à Kamloop, spot mythique de Colombie Britannique. Ses fondateurs, dont Dustin Adams, se veulent pratiquants et passionnés VTT. Ils s’attachent depuis les débuts à conserver la manufacture de leurs produits en ces lieux. Et s’il est relatif de parler de circuit court quand on résonne à l’échelle du continent nord américain, We Are One fait des efforts pour produire avec des matériaux qui ne traversent pas forcément plusieurs fois la planète entière. Les We Are One Convergence contiennent par exemple des renforts de carbone ZTR – à fibre recyclée, perpendiculaires au plan – en provenance de Bonston Materials – Massachusset. Les moyeux choisis pour les montages complets le sont dans le même esprit : Industrie 9 Hydra, produits en Caroline du Nord. Dans un contexte de débat sur le climat et la réindustrialisation, le schéma peut sembler pertinent.
Reste néanmoins à ce que les produits eux-mêmes le soient. Et pour le coup, certains points de conception méritent une attention particulière…
Sur ce dernier point, pas de contre-indication à l’usage de 28 rayons à la roue arrière. Le choix de monter 32 rayons de série mérite néanmoins qu’on s’y attarde, parce que hormis ce nombre différent, rien ne distingue le profil des jantes en 28 et 32 trous par ailleurs. Ça signifie donc que les We Are One Convergence sont bien différenciées avant/arrière, mais pas par le profil de jante différent, mais simplement par le nombre de rayon, ça a son importance pour la suite, on y reviendra… En attendant, ces premiers propos expliquent pourquoi la notation sur ce premier point, elle, est déjà élevée. Pour prétendre à mieux encore, il faudrait qu’elles soient produites sur le même schéma, mais en Europe, pour être encore plus vertueuses…
Est-ce pratique ?!
En attendant, passage obligé par la case atelier, pour s’intéresser au côté pratique : la mise en œuvre. De ce point de vue, le propos est assez rapide. Rien de particulier à signaler ! Au montage des pneus, l’usage d’un flap tubeless n’égale pas une jante UST en matière de praticité, mais fait le job ici comme dans la grande majorité des cas sur les produits concurrents. On est donc dans la bonne moyenne. Au moment de passer les pneus, le diamètre effectif des jantes lui aussi, se trouve dans la bonne moyenne. Pas de surprise donc, les pneus réputés serrés le sont, et ceux plus lâches, à la hauteur de leur réputation également. Mais tous, parmi ceux à ma disposition (voir en début d’article) neufs comme vieux, claquent sa surprise, ni complication.
Pour ce qui est du reste, la paire de roues reçue s’appuie sur les moyeux et rayons retenus par la marque : moyeux Industrie 9 Hydra et rayons Sapim. À savoir que pour ce qui est des dimensions des moyeux, de la roue libre et de la fixation des disques, pas d’adaptateurs ou d’éléments complémentaires inclus à l’achat. Comme souvent, il faut donc bien choisir à la commande, ou profiter de la dispo des pièces détachées directement auprès d’Industrie 9. Rien d’exceptionnel donc, mais tout est conforme à l’offre habituelle…
Est-ce utile ?!
C’est à l’usage que les We Are One Convergence marquent de gros, gros points. D’abord, pour l’agilité et le regain de dynamisme qu’elles apportent, en tout point raccord avec ce que l’on attend habituellement d’une paire de roues à jante en carbone. La petite giclette au coup de pédale, la légèreté de la roue avant au moment de solliciter le cintre pour amorcer la courbe. La base est là. Mais c’est ensuite, quand on cherche à préciser les choses, que le rendu des We Are One Convergence est exceptionnel. Latéralement, la précision attendue d’une paire de roues à jantes en carbone est au rendez-vous. Aucun problème donc pour placer la roue au pouième près. On peut vraiment jouer à raser ce qui doit l’être, pour tendre les lignes ou oser les trajectoires les plus limites. Ici encore, résultat très bon et conforme aux attentes. Là où les We Are One Convergence se distinguent ensuite, c’est qu’une fois placées, elles font le nécessaire pour rester sur la ligne. D’une part, on sent un léger travail de la jante sur elle-même. En tout cas, ça donne la sensation que ça cheville légèrement autour des têtes de rayons. Si bien qu’en cas d’imprévu, si l’on vient à mordre sur un bord d’obstacle, ça travaille, ça compense… bref, on garde la trajectoire. Pour autant, ce trait de caractère ne se ressent pas à la prise d’appui, quand on vient charger la roue. Pas d’imprécision dans ce domaine donc. Le ratio travail/maintien sur l’angle est donc très bon. D’autre part, les We Are One Convergence font aussi un excellent boulot frontalement, quand on finit par prendre le ou les obstacles pleins fer. L’aspect le plus brutal et vif de l’impact est bien filtré. Seule l’information nécessaire à la bonne lecture du terrain est restituée. Ça ne pète pas dans les mains. Enfin, autre très bon point dans ce cas de figure, qui plus est quand les impacts s’enchaînent : verticalement, la déformation et le rebond des We Are One Convergence sont parfaitement maîtrisés. Le travail de ces roues ne rajoute donc pas d’éléments supplémentaires et parasites à la lecture du terrain. Je suis ici particulièrement généreux dans le propos et l’évaluation, tout bonnement parce que le résultat offert par les We Are One Convergence est, au moment d’écrire ces lignes, tout bonnement le meilleur qu’il m’ait été donné de constater. Reste à cocher les cases suivantes…
Quelle durée de vie ?
En matière de durabilité, je ne peux bien sûr m’exprimer que sur la durée de l’essai mené ici. J’ai ainsi reçu une des toutes premières paires We Are One Convergence disponible en France, en tout début d’année. J’ai néanmoins suivi la progression que j’applique à toute paire de roues qui vient à bout du protocole d’essai FullAttack. Après de bonnes premières impressions, et des confirmations sur terrain connu, les plus prometteuses passent par la case compétition. Ici, les championnats de France Enduro 2023, à Levens. Pour rappel, l’endroit dispose d’une spéciale connue et reconnue pour sa brutalité : le Castellar. 6-7 minutes de rocaille parfois trialisante, parfois très rapide, très dense, avec des trous importants, des rochers en plein appui, et des arêtes saillantes. Ce genre de spéciale où l’on est content d’atteindre le pédalage en milieu de spéciale, parce qu’on va pouvoir s’asseoir… Et détendre un peu les bras, les jambes ! Bref, un véritable juge de paix lorsqu’il est abordé en course, qui plus est en avant-dernière spéciale d’un gros week-end de compétition. Et plus encore quand c’est ma spéciale préférée du week-end, que je l’ai clairement coché comme celle que je veux réussir, que j’aborde avec l’idée de ne rien retenir, pour voir ce que le matos à l’essai sur le vélo vaut réellement. Aucune pitié, ne te retiens pas, vas-y franchement ! Résultat ?! Ça a tapé, clairement, plusieurs fois. Sur des arêtes bien saillantes. Des beaux bangs, ceux qui font résonner toute la roue. La fourche à l’essai en a d’ailleurs bien perdu son latin à plusieurs reprises… Mais pas les roues ! C’est bien simple : malgré ça, après vérification, les We Are One sont impeccables ! Pas une trace d’impact sur les crochets, pas un pète de voile, pas même un début de rayon détendu. Tout juste ai-je entendu quelques rayons se remettre en place aux premiers coups de pédale en liaison, avant que ça disparaisse dans l’instant. Ça avait visiblement travaillé, mais rien n’a bougé. Pour ma part, l’expérience a valeur de validation. J’ai clairement endommagé d’autres produits dans pareilles circonstances il y a quelques mois à peine. Ici, les We Are One ont tenu le choc, et m’ont permis de signer une prestation sans retenue et sans flancher.
De bons points marqués donc, même si je me dois d’être totalement transparent par ailleurs. La paire reçue fait partie de la toute première fournée de roues We Are One Convergence produite pour la vente. Or, la marque a identifié un léger défaut sur ses tout premiers exemplaires. Il est possible, autour et entre les perçages des têtes de rayon, que la couche supérieure de carbone se décolle légèrement.
We Are One est au courant du défaut. La marque avance avoir fait le nécessaire pour qu’il ne se présente plus sur les productions suivantes. Il ne s’agit en rien d’un défaut structurel. Aucun risque encouru, et j’ai d’ailleurs fait l’expérience décrite précédemment avec ce défaut apparent, sans complication. Mieux, j’en ai même été informé avant qu’il ne se manifeste sur la paire à l’essai. Et comme dans d’autres cas de figure sur lesquels on reviendra plus tard, ce défaut est pris en charge par la garantie à vie. J’en parle donc ici avant tout pour informer que ce défaut peut se manifester auprès des tous premiers clients, qu’il est identifié, sans risque, et pris en charge. J’estime donc que l’attitude de la marque correspond à ce que l’on attend d’elle et d’un tel produit, et donc que ce défaut que l’on peut qualifier de jeunesse, ne doit pas pénaliser outre mesure la notation des We Are One Convergence dans cet essai.
Vis-à-vis de la concurrence ?
Une fois n’est pas coutume, je me permets d’inverser les deux paragraphes suivant cette fiche de test FullAttack. Notamment parce que ce que j’ai à préciser au sujet de l’aspect concurrentiel des We Are One Convergence me sert ensuite à mieux expliquer en quoi je les pense particulièrement abouties. Ça me permet d’abord de partager une valeur qui n’avait pas été communiquée au lancement de ces roues : le gain de confort versus la précédente génération de roues de la marque. On parle d’un écart de 18%. Par expérience, à l’essai : sous 5% de différence, c’est difficile à sentir, pas certain. Au-delà de 10%, ça devient évident. 18% donc, ça doit être sensible.
Mais pour voir plus large, et pour ce que j’ai pu rouler, deux paires de roues concurrentes me viennent à l’esprit pour peaufiner le trait des We Are One Convergence : les Reserve 30 SL, et les Crankbrothers Synthesis Enduro 11 Carbon. Vis-à-vis de la première, les We Are One Convergence parviennent à faire aussi bien en matière de dynamisme, de précision et de robustesse, tout en apportant cette fameuse dose de confort frontal et sur l’angle, en plus. Pour préciser, j’ai quantifié – back-to-back sur boucle test – que la différence entre les deux équivaut au gain de confort apporté par 1 à 2 clics de compression basse vitesse en moins sur la plupart des suspensions RockShox et Fox du moment.
Les We Are One démontrent que l’on peut piocher le meilleur de chaque concurrente, sans compromis en matière de comportement.
D’autre part, le confort de la roue avant We Are One Convergence est aussi bon que celui de la réputée Crankbrother Synthesis Enduro 11 Carbon. Sa précision, par contre, est meilleure. Elle provient, sur l’angle, du fait que le maintien des We Are One Convergence est meilleur. Même si je l’estime correctement contenu sur les Crankbrother par rapport au Zipp 3 Zero Moto par exemple, c’est en roulant les We Are One Convergence que j’ai constaté que l’on pouvait être plus exigeant sur le ratio maintien/confort sur l’angle.
Autre point notable versus les réputées Crankbrother, au sujet de la différenciation des caractéristiques roue avant/roue arrière. Sur les Américaines, on sent la roue arrière plus rigide, plus consistante que la roue avant. Comme les We Are One Convergence, le nombre de rayon joue, mais aussi le profil de la jante. Or comme on l’a précisé en début d’article, le profil de jante est plus identique (au nombre de rayon près) sur les paires de We Are One. Et à l’usage, le ressenti est en parfaite cohérence avec ces observations. Le comportement des We Are One Convergence est plus homogène entre avant et arrière.
Outre les très bonnes impressions à l’usage des We Are One Convergence, c’est en les mettant face à leur concurrence qu’elles prennent toute leur dimension. Jusqu’à présent, les Reserve 30 SL et Crankbrothers Synthesis Enduro 11 Carbon étaient mes références, avec chacune, leurs spécificités. Les We Are One démontrent que l’on peut piocher le meilleur de chacune, sans compromis par ailleurs, en matière de comportement. Elles prennent donc les devants, à mon sens, et marquent donc une fois de plus de gros points.
Ce qui peut progresser ?
Une fois le propos tenu versus la concurrence, il m’est plus aisé de parler des améliorations que l’on puisse attendre des We Are One Convergence. Jusqu’à il y a peu, j’appréciais deux paires de roues pour leurs qualités respectives, sans être certain que l’on puisse lier les deux dans un seul et même produit. Ce que j’avais expérimenté jusque-là me laissait un doute quant à la faisabilité du truc. Que les We Are One Convergence y parviennent est en soi, déjà, une forme d’aboutissement à mon sens. D’autant que du coup, c’est anecdotique, mais je les trouve particulièrement bien nommées… Convergence… Si bien qu’à l’origine, on me les aurait vendus sous cet angle… Genre tu verras, les Convergence, elles savent prendre le meilleur de chaque concurrent pour le faire converger en un seul produit… Bah, je n’y aurai pas cru ! Je comprendrai donc qu’il vous faille un petit moment pour vous faire aussi à l’idée 😉 En attendant, s’il me faut émettre un souhait pour la suite, je n’ai pas, pour l’heure, de direction précise à donner d’un point de vue comportemental. C’est déjà très bon. Mais un coup d’oeil à la balance me fait dire qu’il y a peut-être une piste de développement. 1900g la paire, versus la concurrence, ça peut mériter de gagner 100/150g sur la balance, pour tuer le game !
Peut-être pourrait-on, aussi, progresser sur le vieillissement de l’aspect de ces roues à jantes en carbone haut de gamme ? Certes, on pratique un sport à risque, dans les rochers, alors forcément, ça paraît évident qu’on en vienne à marquer le matériel. Qui plus est, le revêtement des We Are One Convergence est très qualitatif et résistant, à la hauteur de la concurrence… Mais si on parvenait à faire en sorte que le vernis et les marquages/stickers en préservent encore plus l’aspect afin d’être à la hauteur de leur durabilité… Ou bien, si l’on parvenait encore à se passer de ce fichu fond de jante ?! Sur des roues si haut de gamme, c’est toujours dommage d’avoir à s’en soucier – y faire attention au montage/démontage, le changer au bout d’un certain temps, risquer qu’un rayon vienne le percer… Quand on a goûté au plaisir d’une jante sans fond peu procurer… Mais pour l’heure, il semble que ce procédé soit réservé à une toute petite élite, et que les moyens mis en œuvre fassent exploser les coûts, et sorte donc, de la limite fixée pour ce paragraphe et cette notation, qui reste bonne !
Est-ce que ça les vaut ?
Quoi qu’il en soit, cette dernière allusion permet de resituer les We Are One dans leur contexte : celui de roues VTT à jantes en carbone haut de gamme ! 650€ la jante, 2150€ la paire, ça n’atteint pas les 3800€ des Synchros Silverton SL full carbone et sans fond de jante, mais c’est d’ores et déjà dans le haut du panier. Raison pour laquelle, il faut bien saisir que le beurre et l’argent du beurre évoqués en début d’articles portent bien sur les prestations, le comportement des We Are One Convergence. Pour en revenir au porte-monnaie, pour faire simple, c’est un tarif équivalent aux Crankbrothers Synthesis Enduro 11 ou Reserve 30 SL citées plus tôt dans cet article. Tarif similaire donc, mais qui se permet de réunir le meilleur des deux concurrents ? C’est en soi, déjà, un avantage, mais ça reste toujours plusieurs centaines d’euros plus chers qu’une paire de roues carbone haut de gamme, et de bonne facture, comme les DT Swiss EXC 1501, certes, moins bien notées, mais aussi plus accessibles, même si à ce niveau de prix, le terme reste relatif. Quoi qu’il en soit, ça les vaut sans détour. D’autant que pour conclure sur l’aspect tarifaire, les We Are One ne se défilent pas au moment de regarder du côté de la garantie : à vie pour le premier propriétaire, et en crash remplacement à -50% pour les suivants. Dans tous les cas, une garantie qui couvre toute casse survenue en roulant. Même en cas de chute et/ou d’impact. Simplement pas si les roues sont volées, ou quand le vélo est négligemment posé par terre sur un parking, ou transporté sur le toit d’un véhicule…