Quand on parle roues de qualité, les Hunt Trail & Enduro Wide V2 font régulièrement partie des échanges. On a donc poussé le bouchon en passant les deux paires à jantes en aluminium de la marque à l’essai FullAttack pour voir si ce qui se dit est juste…
Est-ce pertinent ?
À l’origine, Hunt est une marque du groupe anglais ITS Cycling Limited. C’est le même qui détient la marque Privateer, et qui se fait aussi connaître sous le nom de The Rider Firm. Vous voyez donc l’esprit… L’idée ici, c’est de faire tourner un business qui offre des produits constamment en phase avec les attentes, les tendances, et les derniers progrès, sans pour autant verser dans le positionnement haut de gamme si souvent décrié ces derniers temps, où l’inflation n’a pas attendu la crise de l’énergie, une pandémie ou un conflit militaire pour sévir.
Les roues Hunt Trail & Enduro Wide V2 s’inscrivent directement dans cet esprit. Sur le papier, elles ont donc tout, des specs au prix, pour être attirantes. On commence par les points communs à ces deux paires de roues, qui établissent une certaine identité de marque…
Après ces similarités, passons justement aux fameux choix qui différencient les Hunt Trail & Enduro Wide V2. Techniquement, on en retrouve une nouvelle fois à chaque étage, de la jante au moyeux, en passant par le rayonnage…
On le voit donc, les intentions de la marque – produire des roues qui répondent spécifiquement aux attentes des pilotes – se traduisent très concrètement par des choix de conception et de fabrication précis. Maintenant qu’on y voit clair à ce sujet, voyons ce que ça donne… à l’usage !
Est-ce pratique ?!
À commencer par la case atelier, pour le montage. D’abord pour constater l’emballage propre et durable des roues Hunt. Cartons à roues, sac d’emballage plastique, cales de positionnement pour éviter les mouvements, sachet avec rayons de rechange et corps de roue libre en option. Simple, propre, mais efficace et soigné. À garder, replié dans un coin, au cas où.
C’est en manipulant les roues libres que l’on constate une autre différence de conception entre moyeux arrières des Hunt Trail & Enduro Wide V2. Une différence qui assoie l’idée d’une paire de roue Hunt Enduro Wide V2 plus robuste…
Pour le reste du montage, les roues Hunt Trail & Enduro Wide V2 sont en tout point conformes à ce que l’on peut habituellement attendre de produits compatibles tubeless. Les diamètres sont plutôt contenus, ce qui facilite le montage des pneus. En fonction, il faut donc parfois un compresseur ou du moins, du débit, pour claquer les pneus les plus larges. Montage à la main pas toujours 100% garanti…
Est-ce utile ?!
Passons aux choses plus sérieuses encore : comment s’expriment les roues Hunt Trail & Enduro Wide V2 sur le terrain. Pour en parler, deux étapes. La première, le caractère des roues Hunt d’un point de vue globale. À quoi s’attendre, en première impression, lorsqu’elles prennent place sur un vélo ? Puis, le match : Hunt Trail Wide V2 vs Hunt Enduro Wide V2. Ce qui les différencie à l’usage ? !
En première impression donc, les roues Hunt Trail & Enduro Wide V2, quelles qu’elles soient, offrent un rendu particulier lorsqu’on en fait usage. Très particulier parce qu’elles se font oublier ! Très discrètes. C’est un peu, quelque part, l’inverse de l’effet waouh que d’autres peuvent procurer. Clairement, des roues à monter si l’on veut ne pas avoir à se soucier d’un quelconque caractère, ne pas avoir à se poser de question, pouvoir se concentrer sur autre chose que le comportement de ses roues. Ici, il m’a fallu, à plusieurs reprises, et à chaque retour sur les Hunt, un moment pour sentir quelque chose, retrouver des repères.
J’ai donc creusé un peu plus et trouvé ce qui procure cette impression. En faisant le tour des roues aluminium dispos à l’essai, en même temps, à l’atelier, j’ai fini par identifier que les roues Hunt Trail & Enduro Wide V2 présentent un compromis entre rigidité frontale et latérale très homogène. Et dans les deux cas, très au centre du spectre. À aucun moment elles ne se manifestent de manière prononcée pour imposer leur loi. J’ai plutôt envie de dire qu’elles offrent un toucher très doux, et une mise en charge rapide mais progressive. Ça ne tape jamais vraiment, mais ça ne saucissonne pas pour autant. Intéressant !
Très discrètes. C’est un peu, quelque part, l’inverse de l’effet waouh que d’autres peuvent procurer.
C’est ensuite en tenant le match Hunt Trail Wide V2 vs Hunt Enduro Wide V2 que l’on parvient à préciser encore les choses. Au coup de pédale, c’est logique est relativement évident sur le terrain, les Hunt Trail Wide V2 ont un petit truc en plus qui favorise la giclette. Les Hunt Enduro Wide V2 ne sont pas en manque pour autant, puisqu’elles entretiennent davantage la vitesse avec leur inertie supplémentaire. Là encore, la différence est contenue, mais juste suffisante à mes yeux pour justifier l’existence des deux modèles.
D’autant que l’écart se mesure ensuite en courbe et surtout, dans celles où l’on peut pousser fort sur les appuis. Les Hunt Trail Wide y sont clairement plus vives, plus dynamiques. Elles rendent mieux la poussée, procurent plus de jus au vélo. Technique de pumptrack de sortie ! Il faut par contre, dans ce cas, veiller à rester en ligne parce que face aux Hunt Enduro Wide V2, on sent qu’elles font légèrement plus flancher les pneus. Perso, j’ai quantifié à 0,1 bars, la différence de pression avec laquelle rouler entre Hunt Trail & Enduro Wide V2 pour avoir le même sentiment de maintien du pneu. Mais quand on fait ça, on augmente encore l’avantage des Hunt Trail Wide en matière de dynamique. Tout dépend donc vraiment de l’usage que l’on a prévu, et du style de pilotage… Les Hunt Enduro Wide V2, elles, tiennent mieux le pneu arrière et surtout, on va le voi … sont plus robustes !
Quelle durée de vie ?
La pratique, l’usage, et le style de pilotage ont de toute façon leur mot à dire dans le choix entre Hunt Trail & Enduro Wide V2. Pour ma part, c’est logiquement au niveau des roues arrière notamment, que j’ai clairement perçu une différence. J’ai – entre autres – participé à deux courses avec les Hunt Trail & Enduro Wide V2. J’ai notamment remporté l’EWS100 de Loudenvielle en Master +35, avec les Hunt Trail V2. Leur dynamisme dans les appuis sans pour autant constituer une paire de roues punitives ont d’ailleurs participé à ma performance. J’ai néanmoins trouvé la limite des Hunt Trail Wide V2 en compétition, lors de la finale de la Coupe de France, sur les rochers de l’Île Rousse…
Je ne tire pas pour autant à boulet rouge pour plusieurs raisons. D’abord, j’ai connu ça chez d’autres, j’y reviens plus loin dans cet article. Ensuite, ce résultat me paraît logique en passant en revue les caractéristiques détaillés de la roue – chose faite en début d’article – et la pratique à laquelle elle se destine de prime abord. Je constate simplement que cette roue All Mountain/Trail n’a pas un spectre plus large que prévu, comme d’autres, là aussi j’y reviendrais. Enfin, et surtout, je n’ai pas connu pareil résultat, en condition de course également, avec les Hunt Enduro Wide V2. Pour ma part, dans le cadre, de cet essai, il s’avère que les choix différents, visant à rendre la roue arrière plus robuste, semblent justes, et portent leurs fruits. Et dans tous les cas, même malgré cet impact qui porte préjudice aux Hunt Trail Wide V2, je garde une bonne estime d’elles. Notamment parce que le voile, s’il est logiquement présent après impact, reste très contenu et les tensions des rayons, très homogènes. Sans la perte de pression engendrée par le flanc plié – il l’était à 90° avant tentative de redressement – la roue pourrait je pense continuer à rouler… Quoi que ?!
Ce qui peut progresser ?
Soyons donc clairs : j’ai balayé les pratiques Trail, All Mountain et Enduro avec les deux paires de roues Hunt Trail & Enduro Wide à ma disposition, en veillant à leur infliger les mêmes traitements. Une approche qui au final, en matière de comportement comme de robustesse, permet de cerner la différence entre chacune. Je n’aurais donc pas tout de suite une exigence de robustesse supérieure pour les Hunt Trail Wide V2. Les Hunt Enduro Wide V2 s’en chargent au catalogue de la marque. À performance et tarifs constants, il ne reste donc que de petits détails à suggérer pour faire évoluer les roues Hunt Trail & Wide Enduro V2 passées à l’essai…
Vis-à-vis de la concurrence ?
Jusqu’ici – vous l’aurez senti dans mes propos – la prestation des Hunt Trail & Enduro Wide V2 me paraît juste, et intéressante. Il leur faut néanmoins passer au grill de la concurrence. Et c’est là, à mon sens, que c’est le plus compliqué pour elles. Si elles étaient seules sur le marché, je pense qu’on s’en contenterait. On aspirerait certainement à des progrès, mais somme toute, les Hunt Trail & Enduro Wide V2 font bien le job. J’ai, à leur égard, des impressions similaires à celles connues avec les Asterion Edition One. Des choix techniques bien ciblés, une prestation de bonne facture, mais néanmoins des faiblesses. J’ai impacté de la même manière, et pour le même résultat, les Hunt Trail V2 et les Asterion Edition One. À l’usage, les Hunt sont simplement plus discrètes, là où les Asterion étaient du genre à imposer clairement leur caractère au vélo.
Au-delà de ça, il y a de toute façon, à différents égards, des concurrents plus sérieux encore. Dans l’esprit tout d’abord, les valeurs de l’entreprise font écho à celles de la marque Transition et son fameux Riders Owned. Rien de négatif à cet égard, les valeurs sont louables. Les évoquer doit simplement relativiser et contextualiser. Dans le même esprit, il est bon de préciser que l’alliage 6069-T6 utilisé pour les jantes, fait partie de la même famille que le Maxtal, utilisé chez Mavic. Cette dernière reste plus discrète sur le composé et les traitements exacts de son matériau, en précisant simplement de manière officielle qu’il s’agit d’un série 6000, mais nous sommes bien sûr quelque chose de proche, si ce n’est similaire.
Et c’est presque là que le bât blesse. Sans les Mavic Crossmax XL S sur le marché passés à l’essai récemment, les Hunt Trail & Enduro Wide V2 seraient tranquilles. Néanmoins, si l’on compare, et pour faire simple : les Mavic Crossmax XL S reprennent les caractéristiques des Hunt Trail Wide V2 – 28 rayons, 30 mm interne, autour de 1800 g sur la balance – mais avec une robustesse au moins équivalente – si ce n’est plus – à celle des Hunt Enduro Wide V2. J’en ai fait l’expérience toujours, en compétition, où dans les mêmes circonstances, et en tapant plus fort encore avec les Mavic qu’avec les Hunt Trail Wide V2, les premières n’ont tout simplement pas bronché…
Est-ce que ça les vaut ?
Mais… Il y a néanmoins un « mais »… Le prix ! À la caisse, les Hunt Trail & Enduro Wide V2 sont très compétitives. 459 € les premières, 519 € les secondes. Si l’on reprend les Mavic citées juste avant pour comparer : la version haut de gamme avec usinages entre les rayons vaut plus de 800€, et c’est la version sans usinage, mais au poids à mi-chemin entre les deux paires de Hunt, qui concurrence autour de 550 €. Et le constat est le même si l’on se penche sur le reste du marché. Dans tous les cas, les roues Hunt offrent un niveau prestation/prix tout à fait correct et logique. Du moins, il me semble que la prestation soit de qualité, pour un tarif qui ne joue pas de manière abusive, dans les plus hautes sphères. Positionnement en phase avec les annonces et les valeurs de la marque. Bien joué ! Et ça se concrétise plus encore en regardant la différence de prix entre les Hunt Trail Wide V2 et les Hunt Enduro Wide V2 : 60€, c’est loin d’être extrême ! Surtout quand on vient de voir que chez certains concurrents, un simple usinage peut faire valoir 300 € d’écart. Ici, on l’a vu, un paquet de choix et de références différentes justifient largement les 60 € en question. Une fois encore donc, ça les vaut, et ce n’est pas abusé. Bien joué !