Après un passage à vide, Mavic tente de remonter la pente. Et au départ, les Mavic Crossmax XL S n’étaient pas dans mon viseur. Mais parce qu’elles se sont démarquées à l’essai du Mondraker Raze Carbon RR, j’ai voulu poursuivre l’expérience et voir si elles pouvaient remettre la marque au sang jaune dans le match et jouer les valeurs sûres…
Est-ce pertinent ?
Je ne vais pas faire une liste sans fin des technologies qui constellent la fiche descriptive des Mavic Crossmax XL S. Le site de la marque le fait très bien. Mais simplement commenter cette dernière. Pour noter que d’une certaine manière, les Mavic Crossmax XL S ont la bonne idée de se placer en descendantes de la dynastie Mavic en matière de roues VTT, sans se barder de certaines excentricités qui ont parfois poussés le bouchon un peu trop loin.
Parmi les technologies employées ici, je retiens donc d’abord le travail effectué sur les jantes des Mavic Crossmax XL S, en aluminium…
Je viens de le montrer en évitant volontairement de citer le nom de chaque technologie employée ici : même sans ça, on perçoit bien que les Mavic Crossmax XL S sont bardées de solutions poussées, optimisées, et originales voir uniques. Seul détail auquel je ne me suis pas attardé jusqu’ici, parce qu’il me semblait mérité d’être appuyé : le rayonnage ! 24 rayons croisés par deux et sans contact. Mieux, des rayons plats et en acier ! Et c’est peut-être ce dernier point qui mérite le plus d’être souligné.
Historiquement, Mavic a longtemps poussé ses propres rayons en aluminium, au rendu très dynamique, mais assez raide aussi. Ils ont marqué toute une génération, mais avec l’avènement des pratiques gravity et l’usage du carbone pour concevoir les chassis de nos vélos, le mariage entre les deux n’était plus aussi évident. Des Mavic à rayons acier, les Crossmax XL S ne sont pas les premières, mais c’est un choix bien présent ici, et une première à l’essai FullAttack, important donc, à souligner !
Est-ce pratique ?!
C’est presque une évidence, mais on ne peut pas passer outre l’absence de fond de jante tubeless des Mavic Crossmax XL S à ce chapitre ! Ça rend les choses tellement plus pratiques ! Pourquoi ?! Tout d’abord, parce que sans vouloir faire le cochon, ni en faire un usage abusif, ça rend l’usage de démonte-pneus bien plus serein que lorsqu’il faut prêter attention à ne pas endommager les fragiles couches de ruban adhésif sur lesquelles repose toute l’étanchéité du montage…
Ensuite, parce que ça assure une étanchéité supérieure, voir idéale. Si le pneu lui-même est étanche d’origine, ça peut permettre de se passer de préventif pour assurer le montage. Je ne dis pas qu’il faille s’en passer. En cas de crevaison, le liquide viendra à manquer pour faire son job. Mais c’est pratique quand on vient à en manquer, mais qu’on veut quand même rouler sans chambre à air. Notamment parce que les diamètres des Mavic Crossmax XL S sont généreux, donc que les pneus claquent facilement vu l’étanchéité naturelle que ça génère…
Là où c’est un peu plus compliqué, c’est peut-être sur le montage des pneus en eux-mêmes. Michelin, Maxxis, Continental, Mitas, Schwalbe… De divers sections, état d’usure et type de carcasse : dans tous les cas, j’ai noté que c’est assez serré et il faut s’appliquer pour bien passer les tringles. Notamment commencer à l’opposé de la valve, et bien placer les tringles dans la rigole centrale. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’on peut partir en voyage sans compresseur et préventif et être certain de claquer son tubeless quand même, mais parmi toutes les couples roues/pneus à l’atelier, c’est actuellement le plus facile sur ce point.
Coté pratique, outre les deux rayons de rechange, les Mavic Crossmax XL S sont aussi vendues avec deux clés multi-fonction. Démonte pneu, clé à rayon… Mais aussi clé à encoche pour maintenir les rayons quand on les ressert. Une utilité des rayons plats vs les rayons ronds, plus compliqués à manipuler pour éviter qu’ils ne vrillent au serrage…
Est-ce utile ?!
Au départ, c’est bien pour leur comportement et donc, leur utilité, que les Mavic Crossmax XL S ont retenu mon attention. À l’usage et d’un vélo d’essai à l’autre, c’est notamment leur précision et leur dynamisme qui se sont démarqués. Pour la petite histoire, je finalisais le dossier sur les roues carbone 2e génération au moment de rouler les Mavic Crossmax XL S. Et elles faisaient partie des rares roues aluminium capable de rivaliser sur ces deux plans. Ça ne veut pas dire égaler pour autant, mais tout de même.
Suffisamment précises pour placer les roues où l’on veut, y compris pour une pratique Enduro en compétition, j’y reviendrai. Suffisamment dynamiques ensuite, pour coller à l’esprit d’un vélo tel que le Mondraker Raze Caron RR passé à l’essai. De ces petits vélos ultra dynamiques qui poussent au crime, et sur lequel les Mavic Crossmax XL S n’ont pas dépareillé. Au final donc, un spectre d’usage qui peut aller d’une pratique Trail à Enduro, un beau spectre donc !
Un spectre où habituellement, ce sont les roues à jante en carbone qui ont le leadership puisqu’il s’agit d’optimiser le ratio robustesse/légèreté/dynamisme/précision/confort. Mais à l’image des très bonnes roues du marché, les Mavic Crossmax XL S cochent toutes ces cases, sans en sacrifier une au profit des autres. Comme quoi, visiblement, on peut faire des choses bien en maitrisant bien son sujet, et ses technologies. Et pour boucler la boucle avec l’usage des rayons aciers vs alu, je pense que ce choix, et l’ensemble de ceux faits pour le rayonnage, n’y sont pas pour rien…
Quelle durée de vie ?
Je viens d’écrire que dans l’absolu, les Mavic Crossmax XL S peuvent aller jusqu’à servir un usage Enduro, y compris en compétition. Encore faut-il assumer ce propos quand on sait qu’il s’agit de roues Trail/All Mountain. Mais c’est bien la première impression qu’elles m’ont donné après les avoir martyrisées à domicile, dans la rocaille du quart Sud-Est, sur des petits vélos eux aussi poussés dans leurs retranchements.
J’ai donc concrétisé l’intuition en poussant le bouchon plus loin : montées pendant deux mois sur le Santa Cruz Megatower, pour préparer et participer à l’EWS100 du Val di Fassa et à la Coupe de France de Risoul. De la rocaille blanche glissante et des nids de poule en pagaille sur la première, des rochers saillants et l’aridité des Alpes du sud en pleine épisode de canicule sur la seconde. Dans les deux cas, sur un Enduro en 165/170 mm de débattement généreux mais exigeant, capable d’aller très vite, si son montage est capable de suivre le rythme…
Bref, dans ces conditions, les Mavic Crossmax XL S ont fait mieux que se défendre. Volontairement, je les ai régulièrement observées, mais je n’y ai pas touché. Jusqu’à Risoul, elles n’ont pas bougé. J’ai donc pris parti de supprimer les inserts. All-in ! Ça a plusieurs fois tapé, distinctement. De ces pets qui font craindre la crevaison et la douche de préventif qui va avec. Rien ! Pas une marque sur la jante, même le revêtement. En tout et pour tout, un rayon détendu et le léger voile qui va avec. Après inspection, il restait peu de frein filet dessus. Peut-être un début d’explication.
Quoi qu’il en soit, rayon retendu, voile facilement corrigé. Moyeux sans un signe de crasse ou de jeu à l’intérieur. Roue libre sans claquement malgré les relance sauvages par moment… J’ai le sentiment d’avoir simplement touché les limites de ces petites roues, sans les avoir dépassées. Et il m’a fallu les sortir franchement de leur zone de confort pour ne faire que les entrapercevoir. De cette expérience, ne nous y trompons pas : je ne garantis pas que ce soient de bonnes roues pour faire une saison complète ou une semaine de la Méga par exemple. Mais visiblement, en s’appliquant, c’est possible, et ça veut dire qu’au coeur de leur usage All Mountain, elles me paraissent à l’épreuve des balles ! Je sais donc, et j’entends, qu’à priori ce n’est pas à généraliser pour l’ensemble de la gamme Mavic actuelle, mais c’est en tout cas bon à prendre ici. Je n’engagerais en tout cas pas ma crédibilité et celle du magazine si je n’en n’étais pas convaincu.
Ce qui peut progresser ?
Vu sous cet angle là, ce qui peut progresser est presque de l’ordre de l’anecdotique ! C’est principalement d’ordre cosmétique dont il s’agit. Il n’a par exemple pas fallu très longtemps à l’un des stickers de la roue arrière pour se faire à moitié la malle. Recollé tant bien que mal, ça fait un peu désordre. Pareil à propos du marquage Mavic jaune qui masque habillement la soudure de la jante. Rien de grave, ça n’entrave en rien le fonctionnement, mais c’est dommage parce que ça dégrade vite l’aspect de ces roues et va à l’encontre de l’impression de robustesse qu’elles suggèrent en réalité… Et pour jouer avec les limites de ce paragraphe, on peut aussi espérer une chose : que les prochaines Deemax s’inspirent de ce que ces Mavic Crossmax XL S font très bien, comme décrit ici.
Vis-à-vis de la concurrence ?
Plus haut, j’ai précisé en quoi les Mavic Crossmax XL S me paraissent utiles et se distinguent… Mais rien ne vaut d’être comparées à la concurrence pour peaufiner le trait. Et d’entrée de jeu, c’est face à la référence du marché, les ex DT 1501 alu, désormais DT 1700, que le match le plus évident me vient à l’esprit.
Tout d’abord pour préciser qu’en matière de précision, ça se vaut. On est clairement sur le même ordre de grandeur. La différence se fait sur la manière avec laquelle tout ça s’anime sous la charge des appuis et des chocs. On a déjà eu l’occasion d’écrire que les DT sont très inertes/stables, filtrent pas mal de choses, sans forcément réagir ou rendre…Les Mavic Crossmax XL S paraissent un poil plus élastiques, mais surtout rendent un peu plus. C’est donc un poil moins stable, un poil moins précis, mais si l’on en joue, c’est un poil plus dynamique, ça a un poil plus de jus.
Quelque part, ça me rappelle les Asterion Edition One passées à l’essai par le passé. Dans l’âme, il y a quelque chose en commun, mais les jantes des Mavic Crossmax XL S sont bien plus robustes ! Une impression confirmée à l’essai de roues Hunt, arrivées il y a quelques temps à la rédaction… mais ça, j’en reparlerai plus tard 😉
En attendant, je boucle en parlant d’une concurrence interne à la marque. Je n’ai pas eu l’opportunité de rouler les dernières Deemax, et ça attendra certainement la prochaine génération. J’ai par contre roulé nombre de celles équipées de rayons Zicral (alu). Je dis des Mavic Crossmax XL S, ici, qu’elles sont précises et dynamiques. C’est un ton en dessous de Mavic équipées Zicral… Mais tant mieux ! Tant mieux pour la raideur et le confort que ça apporte. De nos jours, c’est ce qu’on attend des roues alu versus les roues à jantes en carbone qui ont pris le relai sur ce terrain là…
Est-ce que ça les vaut ?
Au moment d’écrire ces lignes, je découvre sur la fiche des Crossmax XL S que la marque vante les roues les plus polyvalentes jamais élaborées par la marque. Quand on lit ça dans son contexte – une fiche produit où la marque vante son produit – on peut vite oublier le « par la marque » et avoir le sentiment que c’est un peu prétentieux.
Pourtant, à l’essai, c’est bien le sentiment qui ressort. Polyvalence dans l’usage, par le niveau de robustesse, sans y perdre en âme ou en vie. C’est donc avec ça à l’esprit que je veux sous peser le tarif auquel les Mavic Crossmax XL S sont proposées. 850€ la paire de roues en aluminium…
C’est haut de gamme, mais pas déconnant. Dans le créneau des roues aluminium de référence. D’ailleurs, c’est cette notion de référence que cette expérience m’incite à appuyer. Une valeur sûre ! Si l’idée, c’est de s’offrir des roues alu haut de gamme, de vouloir être certain d’en ressentir les bénéfices, et d’être tranquille quant à l’usage possible ou non que l’on peut en faire… Les Mavic Crossmax XL S le valent, le coup !