Pinarello Dogma XC, Specialized Epic WC, Cervelo ZFS-5, Wilier Urta MAX SLR… les derniers missiles XC sortis pour Nove Mesto !

Avec l’ouverture de la Coupe du Monde à Nove Mesto, les nouveautés XC sont sorties du bois comme des fleurs ces derniers temps. L’occasion de constater la convergence technique qui s’opère, et les différences d’interprétation qui subsistent, à l’aube déjà, de l’échéance de Paris 2024…

Paris 2024… Voilà ! Il suffit de ça pour saisir pourquoi d’un coup, quatre vélos de XC typés race se retrouvent en même temps, à la Une FullAttack. Outre le fait que le magazine suit d’un œil attentif l’évolution de la discipline olympique, tout le milieu du VTT veut être au rendez-vous de l’échéance ! Et puisque dans le domaine du développement produit, les délais – qu’ils soient de conception ou de production – sont souvent à rallonge, autant prendre de l’avance. D’autant plus quand l’industrie sort à peine des remous d’une pandémie qui l’a sacrément secouée…

Quoi qu’il en soit, rendons à César ce qui lui appartient… Ou du moins, à Orbea – avec le Oiz – à Scott – avec le Spark RC – et à Trek – avec le Supercaliber – notamment, la plupart des points communs aux quatre vélos du jour : haubans flexibles, rigidité optimisée, une part d’intégration, une cinématique travaillée et des cockpits d’une pièce… C’est bien là une trame commune aux Pinarello Dogma XC, Specialized Epic WC, Cervelo ZFS-5 & Wilier Urta MAX SLR, même si dans les détails, ensuite, chacun a son interprétation, et c’est tant mieux. C’est tout ce qui fait l’intérêt de ce qui suit…

Pinarello Dogma XC

Chez les Italiens, le développement du Pinarello Dogma repose sur un cahier des charges issu des retours de Tom Pidcock – vainqueur sur le vélo en question, sur l’ouverture de la Coupe du Monde XCC/XCO à Nove Mesto. Un ensemble triangle arrière et boîtier le plus rigide possible pour offrir un maximum de dynamisme au coup de pédale. Une cinématique simple qui permette d’ajuster facilement le rebond et le débattement aux différents circuits rencontrés… Et bien sûr la sacro-sainte question du poids de l’ensemble, sur la balance.

Dans les faits, on l’a dit en introduction, le Pinarello Dogma fait usage de haubans flexibles. Pas d’articulation donc – à proprement parler, de palier, de roulement et/ou d’axes – avec les bases. C’est la déformation du carbone des haubans qui fait office. Par contre, ce qui est remarquable ici, c’est l’absence de pontets et/ou yoke qui relient les faces gauches et droites du triangle arrière. Ni les bases, ni les haubans ne sont reliés. À la place, Pinarello a breveté une solution à base de broches noyées dans le carbone qui forment à elles deux, l’axe du point de pivot principal. Ce sont alors leurs cannelures qui assurent la cohésion de l’ensemble, comme on l’a déjà vu par ailleurs.

L’intention est en tout cas multiple, puisque Pinarello avance ainsi sauver du poids en économisant les pontets, réduire la longueur des bases pour rendre le vélo plus vif encore, et réduire les risques d’accumulation de boue par endroits. Au passage, les bases sont asymétriques, c’est une signature Pinarello et là aussi, le propos est étayé. Il s’agit, pour la marque, de tenir compte du fait que lorsque le coup de pédale est donné à gauche, les efforts parcourent différemment le cadre que lorsqu’il est donné à droite, où le cheminement est plus direct, à travers la transmission. L’idée est donc d’harmoniser au mieux le rendu de chaque coup de pédale, d’où qu’il vienne. Pour favoriser le pédalage de toute façon, le Pinarello Dogma XC utilise un autre point clé qui le rend aussi très reconnaissable. La zone du boîtier de pédalier, la jonction avec les tubes de selle et oblique, ainsi que l’articulation avec les bases, triangule de manière remarquable avec un renfort certain dans la zone.

Pour en terminer avec les détails clés qui répondent aux attentes de Tom Pidcock, le Pinarello Dogma XC est conçu pour assurer deux configurations de suspension arrière. Tout se joue alors sur la course de l’amortisseur et son entraxe, ajustables via la fixation au triangle avant, elle-même déplaçable. En 190x45mm, la suspension offre 90mm de débattement. En 210x50mm, elle en offre 100mm. Sachant que bien souvent, entraxe/course plus courte peuvent aussi être synonymes de progressivité plus importante… Ça fait de belles opportunités d’ajustement, d’autant que le vélo est annoncé compatible avec fourche en 100 ou 120 mm de course, pour accompagner les choix de suspension arrière…

Pinarello Dogma XC > Full 29 pouces, jusqu’à 2.4 pouces de section / Fibre de carbone & visserie en ergal / Tige de selle en 30,9 mm, compatible version télescopique / Compatible plateaux de 32 à 40 dents, ligne de chaîne de 55 mm / Cockpit mono pièce et jeu de direction avec passage de gaines et durites interne TiCR avec butée à 60° / Patte UDH / Postmount 160mm compatible 180 mm avec adaptateur / 2 plots porte bidons / Disponibilité sur le marché mars 2024 / Prix à confirmer.

Specialized Epic WC

Sur le papier, les deux vélos phares de ce sujet ont beu partager les points communs évoqués en début d’article, le Specialized Epic WC n’est pas en reste en matière d’innovation. Lui d’ailleurs, met les pieds dans le plat d’entrée de jeu, en se définissant comme un vélo à mi-chemin entre semi-rigide et tout-suspendu. Dans ses lignes d’ailleurs, entre les triangles avants/arrières très proches de ce que l’on connaît d’un hardtail, et la dissimulation de l’amortisseur dans une cavité sous le tube supérieur, rien ne trahit cette intention. Mais c’est bien quand on rentre dans les détails de conception que ça se précise encore.

Structurellement, le Specialized Epic WC s’appuie sur un dimensionnement à partir de simulations par éléments finis. Avec les sujets FullAttack sortis récemment, vous devez savoir de quoi il s’agit. La spécificité ici, c’est le nombre de simulations effectué. On ne parle plus ici de quelques allers/retours entre ingénieurs et designers, mais de plusieurs milliers d’itérations – une centaine de milliers plus exactement. Un processus automatisé, et un traitement des données spécifiquement développé pour le projet, permettant d’aboutir à une solution très simple en apparence, mais diablement optimisée dans les formes comme dans l’agencement des fibres de carbone qui la compose.

L’autre gros travail du Specialized Epic WC qui en fait toute la singularité de son interprétation du vélo de XC olympique, c’est le travail sur sa suspension. Notamment parce que dans sa conception, elle s’écarte très franchement des approches habituelles. Structurellement déjà, l’amortisseur participe à la rigidité du cadre. Les haubans sont raccordés/vissés à une pièce qui, elle-même, s’articule avec la toute petite biellette dissimulée dans le cadre. Mais cet ensemble n’a pas vocation à assurer seul, la rigidité de l’ensemble. L’amortisseur, que l’on cherche habituellement à isoler des contraintes, s’empare ici ouvertement d’une partie du job. Pour ce faire, il est plus long que d’habitude. C’est certes pour offrir le volume nécessaire tout en limitant son diamètre à celui requis pour prendre place dans le cadre. Mais c’est aussi pour permettre l’usage d’un troisième palier – en plus des pistons pneumatiques et hydrauliques habituels – qui écarte et multiplie les points de contact et donc, la rigidité face à la flexion, de l’ensemble…

Et une telle résistance à la flexion, il en faut à cet amortisseur du Specialized Epix WC, puisqu’il est également conçu sur une approche très particulière en matière de SAG et de chambres positives/négatives. Un peu à lancienne – comme le permettaient les tout premiers amortisseurs à chambres positives et négatives ajustables séparément – le RockShox Sid WC Integrated peut se rouler sans pression dans la chambre négative, et sans SAG ! Concrètement, ça implique qu’il faille une force importante pour déclencher la suspension, et que donc, le rendu soit à mi-chemin entre hardtail – sur les petits chocs – et tout suspendu – sur les chocs plus importants. On peut, sinon, faire plus ou moins entrer de l’air via la valve négative en comprimant l’amortisseur – mais sans pouvoir y connecter de pompe, pour éviter de trop en mettre – puis ajuster la pression positive pour rouler l’amortisseur avec, jusqu’à 10% de SAG. Dans tous les cas, une configuration qui, vous l’aurez compris, vise le rendement, le dynamisme et l’efficacité au coup de pédale, avant tout !

Specialized Epic World Cup > Full 29 pouces / Fibre de carbone Fact12 / 75 mm de débattement arrière / RockShox SID Ultimate avec Brain & 110 mm de débattement avant / Tige de selle en 30,9 mm, compatible version télescopique / Compatible plateaux de 34 dents d’origine, Q-Factor de 168 mm / Cockpit mono pièce Roval Control SL et jeu de direction avec butée et passage de gaines & durites internes / Patte UDH / Postmount 160 mm/180 mm / 2 plots porte bidons / / 1765g (cadre avec amortisseur, visserie et peinture) 9,85 kg (modèle S-Works, taille L, annoncé) / 2 modèles + Kit cadre, de 6500€ à 12500€ / Disponibilité sur le marché depuis avril 2023.

Cervelo ZFS-5

Avec les deux vélos précédents, une chose est sûre : on a procédé à une analyse attentive, et fait une synthèse millimétrée, pour résumer la somme de détails disponibles à leurs sujets, tant les deux marques en question ont pu être prolifiques pour en vanter les mérites. Des détails et précision, il y en a moins au sujet des deux suivants. Pourtant, ceux à disposition restent intéressants à aborder. D’une part, les points communs évoqués depuis le début d’article – haubans flexibles, travail sur la rigidité des cadres, intégrations à différents niveaux, cockpits d’une pièce… – traduisent une certaine convergence technique, à l’image de ce qui se manifeste après quelques temps de réglementation constante en F1, par exemple. Pourtant, quelques détails d’interprétation différents montrent qu’il y a toujours moyen de voir les choses différemment, même enfermé dans un carcan.

C’est ce qu’inspire le Cervelo ZFS-5. Oui, vous ne rêvez pas. Il s’agit bien de Cervelo, la marque de route à la base, propriété du groupe PON, aussi propriétaire de… Santa Cruz, aussi présente sur le circuit international XC avec le Blur et son équipe menée en tandem avec SRAM… Bref, Cervelo fait donc aussi dans le VTT, et le tout-suspendu de XC. Et il suffit d’un coup d’œil averti pour voir qu’il s’agit ici aussi d’un vélo à suspension mono pivot à haubans flexibles. Ce qui retient ici l’attention, c’est la manière avec laquelle c’est concrétisé par Cervelo. Pas de pontet entre les haubans, des bases pour le coup très symétriques… Mais un Yoke, qui les relie. En matière de rigidité, Cervelo avance avoir davantage travaillé sur le choix et la disposition des fibres que sur les formes, pour ajuster le rendu au coup de pédale… Et l’autre détail qui vaut le coup d’œil, c’est du côté de la fixation de l’étrier de frein arrière qu’il se trouve. Plutôt que de surcontraindre les bases ou d’interférer dans la flexion entre bases et haubans, l’étrier prend pour moitié appui sur un support d’étrier flottant…

Cervelo ZFS-5 > Full 29 pouces / Full carbone / 100 ou 120 mm de débattement arrière / Patte UDH / Premières disponibilités annoncées pour la fin d’été 2023, prix, poids, détails & montages finaux à confirmer.

Wilier Urta Max SLR

Last but not least, on boucle cet article avec un autre vélo ayant fait son apparition au plus haut niveau à l’occasion de l’ouverture de la Coupe du Monde à Nove Mesto : le Wilier Urta Max SLR. Cette fois-ci, le triangle arrière à base de haubans flexibles et lui aussi totalement symétrique dans son dessin. Mais comparé aux précédents, il fait usage d’un yoke pour raccorder les bases, et d’un pontet pour raccorder aussi les haubans. Une initiative qui va de pair avec la biellette et son ancrage, conçus pour offrir une rigidité maximale… Sans compter sur l’amortisseur, totalement conventionnel ici !

Ce qui l’est moins, c’est la cinématique de suspension, elle aussi travaillée à des fins particulières. C’est sur la courbe de ratio que Wilier communique particulièrement. Elle est annoncée en forme de cloche, régressive au début, avant de s’inverser pour devenir progressive en fin de course. Déjà vu par le passé, ce type de course offre un rendu particulier : très dynamique à l’impact, très dynamique en début de course elle permet/implique d’utiliser peu de SAG pour exprimer son plein potentiel au pédalage. Là aussi, ça peut s’avérer être une solution pour filtrer les petits chocs sans pour autant figer sur les gros… C’est simplement une autre façon de faire, avec ses avantages et inconvénients.

Wilier Urta Max SLR > Full 29 pouces / Fibres carbone haut module HUS-MOD / cockpit monobloc Urta Max H-Bar / 120 mm de débattement avant & arrière, amortisseur en 190×45 mm / boîtier Pressfit 92×41 mm / Compatible plateaux jusqu’à 38 dents / Patte UDH / Compatible pneus jusqu’à 2.4 pouces de section / Tige de selle en 31,6 mm de diamètre, monté avec tige de selle télescopiques de série / 20 versions, 4 tailles – de 6200 à 11200€ / Poids et disponibilités à confirmer.