Snowshoe 2022 – Les stats et leçons de la course, signées Balanche et Pierron !

Une fois de plus, il y a eu de la drama en course, ce week-end. C’est à croire même que Amaury Pierron, aussi humain et entier qu’il est, ne peut pas nous réserver autre chose. On l’avait laissé dans le dur, à Vallnord, on le retrouve au sommet, quinze jours après. Sur un air de rédemption qui sonne aussi fort que la maestria dont Camille Balanche a fait preuve de son côté. Destins croisés, mais rendez-vous au sommet, pour les deux vainqueurs de Snowshoe 2022 !

Amaury Pierron, la rédemption !

S’il fallait résumer la course de Snowshoe 2022 en un mot, ce serait rédemption ! Et ce, à bien des égards. En premier lieu, parce que les courbes que voici l’illustrent de la manière la plus cartésienne qu’il soit. Regardez bien celles d’Amaury Pierron, Bernard Kerr, Andreas Kolb et Greg Minnaar. Quatre des cinq runs qui mènent au podium ont un point commun : celui d’inclure une erreur, une chaleur, un moment d’égarement, avant, finalement, de revenir dans le droit chemin, au meilleur moment. Toutes les autres courbes chutent inexorablement, et c’est ce rachat, cette idée que rien n’est jamais fini avant la ligne, qui est récompensée ici.

Bine sûr, il y a l’exception qui confirme la règle, comme toujours. Cette fois-ci, c’est Ronan Dunne qui l’incarne. L’Irlandais est bien connu du circuit pour être le champion des entrainements. Toujours à fond, toujours sur les lignes les plus folles, toujours parmi les premiers à tenter les trucs les plus fous. Ronan n’a peur de rien, mais n’avais encore jamais réussi à compiler en un run, tous les passages dont il est capable. Voilà qui est fait, et sur une semaine : des essais chronos à la course ! Les courbes nous en disent d’ailleurs plus : on y constate qu’à un moment donné, Ronan Dunne ne s’est pas simplement invité sur son premier podium, mais occupe aussi la tête de la course !

Oui mais voilà, on parlait de rédemption, et en la matière, à Snowshoe, un autre client en avait gros sur la patate : Amaury Pierron, lui-même ! D’abord, parce qu’en Andorre, son crash d’avant finale avait mis un coup d’arrêt à la dynamique positive du bonhomme. Il l’avoue lui-même : accepter cette chute, et ses conséquences, a été difficile, moralement, ces quinze derniers jours. Cette victoire sonne donc comme une rédemption… Mais c’est en fouillant encore plus loin, que la performance de ce week-end prend encore une autre dimension ! Snowshoe 2019, finale de la saison. Amaury est en tête du général. En course, il est en passe de l’emporter. Jusqu’au dernier virage, du dernier pierrier…

Rétrospectivement, cet endroit pourri a moins fait les choux gras que le virage de Myriam Nicole quelques mètres plus loin. Pourtant… Pourtant c’est là qu’en 2019, Amaury Pierron a perdu le général… Et cette saison, c’est là qu’il a fait la différence. Vergier, Kolb, Dunne, Kerr, j’en passe et des meilleurs, ont, à minima, posé un pied à cet endroit, juste avant la fin du secteur 4. Amaury Pierron, lui, savait que l’endroit était clé. Lui savait comment passer. Lui a su y passer sans encombre. Et après ce que l’on vient de détailler, nul doute que dans un coin de sa tête, depuis un moment certainement, il y avait un air de rédemption. Voilà qui est fait, et pourrait bien rester comme un moment clé de la saison. Celui où, face à l’adversité, et toute la symbolique du lieu, du moment, cette fois, Amaury Pierron a tenu bon ! Mieux : il s’y est relevé !

Camille Balanche, la maestria !

Il y a une statistique qui n’apparait pas dans courbes que voici. Pourtant, elle a toute son importance : Camille Balanche est très certainement – toutes catégories confondues – la pilote qui tombe le moins ! Et je ne parle pas seulement des gros gadins qui font mal ou coûtent du temps. Je parle des chutes, même les plus malignes ! Camille Balanche ne tombe jamais – ou presque ! Elle n’aime pas ça, et en fait un point d’honneur. Bien rouler, c’est d’abord ne pas tomber. Et ça s’est vu ce week-end, à Snowshoe. Encore une semaine sans chute pour la Suissesse, ce qui, dans les conditions de cette année, relève d’une performance XXL !

Cette statistique est importante, parce que l’air de rien, elle résume l’ensemble des courbes de la course féminine. à Snowshoe, Camille Balanche a roulé comme elle sait si bien le faire : sans faire de faute, dans sa zone de confort – certainement plus large que n’importe quelle autre – et en gagnant du temps là où c’est le plus compliqué ! À Snowshoe typiquement, sur le bas du parcours, dans les rochers. C’est juste avant ça que Myriam Nicole, elle, s’est fait surprendre. Une chute minime, mais qui coute certainement la victoire, ou pas loin.

Et des chutes, il y en a eu chez les filles. On ne va pas toutes les énumérer, mais bien noter que ce sont elles, exclusivement, qui déterminent le profil de chaque courbe. Chaque pointe vers le bas correspond à une embardée. Et de mémoire, il y a rarement eu autant de croisement de courbe sur un graphique en finale de Coupe du Monde. Ça illustre bien la notion de survie dont il s’agit dans de telles conditions. Les deux extrêmes l’illustrent parfaitement ici : Camille Balanche – le sans faute quasi parfait sans prendre de risque inconsidéré – et Jessica Blewitt, dans le top 10 mais à plus d’une minute au final – ou quand une erreur en appelle une autre, puis une autre, puis une autre…

Rédac'Chef Adjoint
  1. Regarder la différence d’échelle entre fille et garçon. regarder sur ce fameux secteur trois ceux qui arrivent à redresser la courbe ou accélérer.
    je pense que Loris avait lui aussi passé certains de ses démons et qu’Amaury les a surmonter. Est ce que ceux qui ont une courbe qui décroît tout le temps sont ceux qui ont le moins de foncier ? la course étaient vraiment très physique et dur de l’aveu de tous les pilotes.

    1. Le foncier, peut être une explication, mais ces seules courbes ne peuvent pas suffir à l’affirmer à 100%. Il faut tenir compte de la piste. On peut préciser en disant qu’avec la relance fin secteur 4/début secteur 5, ceux qui ont une courbe qui se redresse à cet instant sont forts. Amaury notamment, l’a bien montré : ça c’est clairement vu à sa relance sur la retransmission tv > solide le type ! Mont Sainte-Anne et ses presque 5min de chrono vont nous en dire plus à ce sujet 😉

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