Les tops pilotes ont fait parler la poudre en Andorre : celle qui recouvrait la piste peu après les premiers passages, et n’a fait qu’empirer avec les assauts des meilleurs mondiaux ! Elle leur a même donné du fil à retordre, et ça s’est vu en live, comme dans les chronos. C’est le moment de décrypter ces derniers, et une fois de plus, il y a de quoi donner un peu plus de relief aux performances de Jackson Goldstone, Vali Höll et Loris Vergier, les vainqueurs du jour…
Jusqu’au bout !
Ça n’a échappé à personne ce week-end : en final des juniors, Jackson Goldstone a signé le meilleur temps absolu. Alors certes, le débat est ouvert au sujet de la pertinence de comparer des temps réalisés dans des conditions de courses qui ne sont pas strictement identiques, la piste évoluant logiquement au fur et à mesure de la journée. Néanmoins, ce détail de l’histoire mérite le coup d’oeil, pour préciser les choses à son sujet. Raison pour laquelle, une fois n’est pas coutume, le temps de Jackson Goldstone apparait ici. Plus précisément, c’est celui qui, contrairement à la mise en forme habituelle, s’aventure au dessus du zéro de référence, signé Loris Vergier.
Ça permet de voir que le temps de Jackson est certes impressionnant, mais qu’à y regarder de plus près, d’autres pilotes, l’après-midi, ont trouvé de quoi rivaliser sur chaque secteur. Simplement, aucun n’a été capable d’en cumuler assez pour être devant. Ainsi, Finn Iles fait mieux dans les deux premiers, Loris vergier fait tout juste mieux dans les troisième et quatrième, et Andres Kolb fait mieux dans le dernier… Que des pilotes partis tard, quand la piste était la plus défoncée. Vu sous cet angle, aucun secteur ne s’avérait donc impossible à rouler aussi vite que le matin…
Quoi qu’il en soit, le graphique de la course permet aussi d’analyser le run de Finn Iles, l’autre Canadien en vue ce week-end. On dit de lui, depuis le début de saison, que 2022 devrait être l’année de sa première victoire en Coupe du Monde, tant le niveau affiché depuis le début de saison est impressionnant et régulier – et ce, malgré une commotion… Et certains sont même aller jusqu’à penser que sans la faute dans le pierrier, Finn l’aurait emporté. Si l’on en croit les deux premiers intermédiaires, avant la cascade, c’est tout à fait possible : Finn fait plonger tout le monde, y compris Jackson Goldstone !
C’est moins évident ensuite. Logiquement, son embardée lui fait perdre du temps dans le troisième secteur, au point que tous les meilleurs se refassent la cerise. Mais difficile de quantifier l’impact de cette chaleur sur le rythme affiché ensuite, où il continue à perdre du temps. Si l’on retire la seule seconde perdue dans le secteur 3, il en manque encore plus d’une grosse demie, au final, pour être devant. Et c’est là dessus que l’on conclut cette analyse : le fameux dernier secteur, les deux derniers mêmes… Au trackwalk, Flo Letondeur disait sur le ton mi-sérieux, dilettante qu’on lui connait, qu’il faudrait avoir deux vélos et changer à mi-piste, tant il y avait un contraste…
Les chronos confirment ! Jackson Goldstone, Loris Vergier, Andreas Kolb et Greg Minnaar ont un point commun : ce sont les quatre seuls à avoir bouclé un dernier secteur à la hauteur des enjeux. Angel Suarez, au contraire, le démontre parfaitement. Ce drop des souches, la trace étroite sous les arbres, et les derniers appuis défoncés dans la pente, les passerelles, leurs tapis en caoutchouc et le dernier virage/drop n’avaient rien d’évident/de commun. On pouvait tout y perdre, même en ayant fait une première partie de course stratosphérique..!
Tout d’un duel…
La compétition a ça de séduisant qu’elle sait parfois nous surprendre. Ou du moins, ne pas toujours, forcément, laisser jouer les pronostiques les plus évidents. Ceux qui s’adonne au jeu de la fantasy league le savent mieux que quiconque. C’est que si l’on a bien suivi les quinze derniers jours, certains éléments laissaient penser que la course pourrait se résumer à un duel entre Myriam Nicole et Camille Balanche. Depuis Lenzerheide, les deux leaders du général se rendaient coup pour coup. Dernier en date, le meilleur temps de Camille aux qualifications. Et même si Myriam n’était pas au meilleur de sa forme en début de semaine, le début de son run nous a tous fait penser à un retour en grâce de la championne du monde en titre.
Il n’y à qu’à voir les courbes ! Quasi jeu égal avec Vali Höll dans le premier secteur, puis un écart monumental creusé dès le second ! Presque une seconde sur l’Autrichienne, plus de trois seconde, au bas mot, sur le reste du plateau, à commencer par Camille Balanche ! Alors certes, on connait la suite, donc la chute, dans le secteur quatre, mais on voit clairement ici, que la course s’était clairement engagée sur un duel entre Myriam Nicole et Vali Höll. Peut-être les deux seules filles du plateau capables de sortir un run assez fou, comme la piste de Vallnord y incitait. Ça n’est pas passé pour Myriam, ça l’a fait pour Vali !
C’est d’autant plus beau qu’on l’a vu à plusieurs reprises entre les chiffres cette saison, ça n’avait pas marché pour elle jusqu’ici. Mis à part à Lourdes, où elle était au contact sans chute, à chaque fois, une chute était venue contrarier les plans de la pilote Trek : à Fort Williams, à Leogang, à Lenzerheide par deux fois… Mais pas cette fois ! Ca s’est vu, à l’image, dès le premier intermédiaire, tout comme l’approche fidèle à son image de Camille Balanche, illustrée ici aussi. Un début de course safe, là où il y a plus de vitesse et de risques de perdre gros, avant une fin plus tricky, plus technique, et plus stratégique, même si, cette fois n’est pas coutume, on y a vu la Suissesse frôler la chute, ce à quoi elle ne nous a clairement pas habitué jusqu’ici… Mais les règles ne sont pas les mêmes qu’ailleurs en Andorre, c’est bien connu !
Classements généraux
On l’écrivait la semaine passée : avec cette cinquième manche 2022, la Coupe du Monde de Descente a passé le point de non retour. À la régulière, la probabilité d’égaler ce qui a déjà été fait s’amenuise. Ce qui suit va donc d’autant plus prendre une importance toute particulière ! Exemple chez les juniors où d’une part, les cinq points d’écart entre Gracey Hemstreet et Phoebe Gale promettent une fin de saison haletante, et où d’autre part, Jackson Goldstone part gros favori, pancarte dans le dos, pour tuer le match vs Jordan Williams en terres nord-américaines dont une manche dans son pays ! Chez les filles, Camille Balanche a beau avoir montré des choses inhabituelles en course, c’est bien elle qui fait la grosse opération du week-end. Elle a presque doublé son avance sur Myriam Nicole, tandis que pour l’heure, Vali Holl reste à bonne distance… Écart important, c’est aussi le constat chez les garçons où, malgré sa chute aux entrainements et sa performance en conséquence en finale, Amaury Pierron reste solide leader. Si les conséquences de sa chute en reste là, on pourra même parler d’exercice à l’équilibre pour Momo : à peine quelques unités de perdues, toujours leader avec une manche d’avance, c’est simplement son dauphin qui change. Finn Iles, sérieux client au moment d’aborder la tournée nord-américaine, est désormais deuxième au coude à coude avec Loris Vergier !