Le nouveau RockShox Flight Attendant, en mode apprentissage… 

Deux ans et demi après le lancement de ses suspensions électroniques, le géant américain enfonce le clou avec une nouvelle mouture du RockShox Flight Attendant. Entre déclinaison pour les pratiques XC/Down Country et nouvelles fonctions d’apprentissage, on vous fait la synthèse de ce qui paraît intéressant à savoir, sur FullAttack !

Depuis le temps…

Souvenez-vous… En octobre 2021 – soit il y a peu ou prou 2 ans et demi – je débutais l’article présentant la première mouture du RockShox Flight Attendant, en évoquant un fait précis : à VTT, l’usage d’électronique pour la gestion des suspensions est un vieux serpent de mer, voire un vieux fantasme. RockShox était alors la dernière marque à s’y essayer après Obsys, Cannondale, Lapierre, Fox, Öhlins et SR Suntour – depuis.

La marque américaine avait néanmoins sa propre manière de s’y prendre. D’abord, en s’appuyant sur le protocole de communication sans fil AXS, développé depuis un bon moment maintenant, sur les transmissions SRAM – les deux marques faisant partie du même groupe, rappelons-le si besoin. Ensuite, en prenant à contre-pied la plupart des systèmes concurrents…

Encore aujourd’hui, le RockShox Flight Attendant se démarque par le fait d’avoir les suspensions ouvertes – pleinement fonctionnelles – à l’état normal, et ne chercher à en raffermir/limiter le fonctionnement, que lorsque les circonstances s’y prêtent. Là où la concurrence, la plupart du temps, bloque tout, et n’ouvre qu’en cas d’impact détecté…

Enfin, le RockShox Flight Attendant se démarquait par un lancement non pas sur la scène du VTT Cross-Country où on l’attendait peut-être fort logiquement, mais sur celle plus gravity, allant du Trail à l’Enduro via les Pike, Lyrik et Zeb, si l’on s’appuie sur les différents châssis de fourches de la gamme du géant américain.

Or, depuis, tous les regards attentifs n’ont pas manqué de le remarquer. Sur la fourche qui équipait le Scott Spark de Nino Shurter à Lenzerheide en ouverture de la Coupe du Monde 2023, trônait le fameux module de commande Flight Attendant. La question était donc de savoir pour quand cette déclinaison verrait le jour… Et nous y sommes !

Le nouveau RockShox Flight Attendant

Car oui, c’est ça la première information de ce lancement : désormais, le RockShox Flight Attendant se décline sur les produits de la marque destinés aux vélos de XC et Down Counhtry. À savoir, les fourches SID et SID SL, ainsi que le SIDLuxe qui les accompagne.

C’est d’ailleurs le jour du lancement des derniers Specialized Epic 8 & Epic 8 EVO que ce système est dévoilé… Tout sauf un hasard, puisque chez Spé, le RockShox Flight Attendant vient remplacer rien d’autre que le Brain – un équivalent mécanique qui aura fait son temps…

Quoi qu’il en soit, tant qu’à évoquer les pratiques et ce que le RockShox Flight Attendant entend leur apporter, relayons deux chiffres évoqués par la marque pour ce lancement. Le premier portant sur le nombre de fois où les suspensions ont été manipulées sur le fameux vélo de Nino Shurter à Lenzerheide… En 90 minutes de courses environ, la marque avance 1325 ajustements que l’athlète n’a pas eus à faire, et/ou dont il a profité.

Le second : en séance d’essai, RockShox aurait chiffré à 1,8% le gain de temps généralement constaté entre les athlètes profitant du système, et les autres. Sachant que Nino Shurter a gagné en 1h24min04s, que ces 1,8% représentent donc 90s, qu’Alan Hatherly a coupé la ligne en deuxième place 15s plus tard et que le Suisse a compté jusqu’à 36s d’avance au plus fort de la bataille en piste… On vous laisse tirer les conclusions que vous préférez retenir de ces chiffres.

En attendant, comme toujours, il nous importe avant tout de cerner plus en détail ce qu’implique la conception du produit dont il est question, pour se faire un avis plus éclairé sur sa valeur. En l’occurrence, ce nouveau Flight Attendant ne se contente heureusement pas d’être désormais disponible pour les crosseurs et assimilé. Il apporte aussi – voir surtout – une nouvelle fonction…

En détail…

Sur le principe, le fonctionnement du RockShox Flight Attendant reste le même. Pour tout bien saisir, je vous invite donc à lire l’article de présentation qui explique ce qu’il faut en retenir, sur FullAttack. Et pour en faire la synthèse ici, je me contente simplement de rappeler qu’à la base, le RockShox Flight Attendant se sert d’un gyroscope et d’un capteur de pédalage pour déterminer si le vélo monte ou descend, et si le pilote pédale ou non. En fonction de ses conclusions, il permet alors d’adapter les réglages de compression de la fourche et de l’amortisseur, de manière plus ou moins automatique, selon le mode de fonctionnement utilisé…

Niveau de préférence

Pour bien saisir la suite, et parce que RockShox a la bonne idée de fournir un graphique intéressant, je me permets simplement de préciser ce que fait déjà le RockShox Flight Attendant en évoquant le niveau de préférence qu’il permet d’ajuster…

Quoi qu’il en soit, l’intérêt du RockShox Flight Attendant réside jusqu’ici dans l’automatisme du changement de réglage des suspensions, sans que le pilote n’ait à intervenir…

Apprentissage

Or c’est justement du côté de cet automatisme que le nouveau RockShox Flight Attendant apporte de la nouveauté. Le marketing de la marque appelle ça Adaptative Ride Dynamics. Mais pour bien saisir ce dont il s’agit, il faut avant tout cerner que c’est l’algorithme de traitement des données dont dispose le RockShox Flight Attendant qui évolue à cette occasion.

Avec cette fonction activée, l’algorithme du RockShox Flight attendant ne se contente plus d’analyser la situation donnée et s’y adapter en temps réel. Il est désormais doté de deux capacités supplémentaires. La première, rien d’autre qu’une capacité d’apprentissage ! Pour ceux que les nouvelles technologies intéressent, rien de très sorcier ici… Apple en tête, et plusieurs de ses concurrents font usage de ce type de technologie depuis quelque temps maintenant, en ayant même des circuits et processeurs dédiés à ce fameux apprentissage.

Il s’agit pour l’algorithme, d’être désormais capable de traiter également les données accumulées, mais sur le long terme. D’en déduire des choses sur le profil et/ou les souhaits de l’utilisateur. À ne pas confondre, néanmoins, avec la notion d’intelligence artificielle générative à la mode ces derniers temps. Ici, on reste dans du traitement de données, pas de la génération d’élément. Le traitement en temps réel est simplement complété par une analyse des données collectées de manière répétitive, pour en cerner les variations ou au contraire, les schémas qui se répètent…

Écosystème

En l’occurrence, ce sont les données du dérailleur arrière et des capteurs de puissance AXS qui intéressent le nouvel algorithme RockShox Flight Attendant.

Les plus assidus d’entrevous savent de quoi on parle, puisque le capteur de puissance et son intérêt ont déjà été évoqués il y a quelque temps, sur FullAttack. Or, on en profitait pour faire savoir que les meilleurs systèmes de traitement des informations de puissance sont capables de déduire d’une séance, puis de plusieurs, et au fur et à mesure du temps, la courbe de puissance d’un athlète. À savoir : la puissance maximale qu’il est capable de tenir en fonction du temps – 3s, 5s, 10s, 15s, 30s, 1min, 3min, 5min, 10min, 15min, 30min, 1h, 2h, 3h…

C’est de cette courbe que le nouveau RockShox Flight Attendant s’inspire. Comme les bons cardiofréquencemètres, il détermine des zones de puissances correspondant à différentes situations. Ici, 4 intensités d’effort : si l’on pédale à intensité faible, intermédiaire, élevée ou en sprint. Et le système répond alors de la sorte…

En pratique

Voilà pour la théorie, reste à voir ce que ça peut donner en pratique. À ce sujet, RockShox prend le soin de répondre à différentes questions que cette nouveauté peut soulever. D’abord, pour indiquer comment les suspensions sont ajustées dans chaque plage d’intensité détectée par le RockShox Flight Attendant…

À savoir que cette fonction Adaptative Ride Dynamics constitue un mode de plus que ce que le RockShox Flight Attendant proposait jusqu’à maintenant. Le mode automatique de base existe toujours. Tout comme les modes Override et manuel sont toujours de la partie. Vous l’aurez simplement compris : il faut disposer d’un capteur de puissance et d’un dérailleur AXS pour profiter de la fonction Adaptative Ride Dynamics.

Dans les faits, il faut 20 minutes de roulage à l’algorithme Adaptative Ride Dynamics, pour commencer à proposer quelque chose de plus précis et adapté que le mode automatique de base. Et ses analyses ne feront que s’affiner avec le temps, par la suite. Dans tous les cas, ce sont les valeurs de puissance qu’il détermine pour chaque plage d’effort qui traduisent le résultat de ses analyses.

Si vous prêtez votre vélo, deux possibilités intéressantes. La première, pouvoir remettre à zéro l’analyse Adaptative Ride Dynamics via l’app AXS, pour que la personne qui essaie profite de sa propre expérience, plutôt que de celle qui vous est propre. La deuxième, de pouvoir (res)saisir, ensuite, les valeurs de puissance de chaque plage manuellement. Pour que vous retrouviez ce à quoi vous étiez parvenu avant de prêter votre vélo, ou pour gagner du temps et saisir directement les données que l’analyse de vos entraînements vous fournit déjà.

Override & Automatique

Outre la nouveauté de la fonction Adaptative Ride Dynamics, le nouveau RockShox Flight Attendant dispose également de deux ajustements des modes Override et Automatique déjà connu jusqu’ici. Pour le premier, l’app AXS permet désormais de choisir le temps de pression du bouton que l’on souhaite actionner pour activer le mode : un simple clic, une pression courte de 0,25s, ou une longue pression de 1s.

Pour le deuxième, la nouveauté porte sur la possibilité d’interdire au système de verrouiller complètement les suspensions. Désormais, on peut choisir qu’il fasse ça pour l’ensemble des suspensions, ou pour la fourche uniquement. Donc, soit le système complet ne fonctionne plus qu’entre les positions ouvertes et intermédiaires, soit seule la fourche ne se verrouille de toute façon pas complètement…

La gamme

Rédac'Chef Adjoint
  1. Je suis curieux de savoir comment l’apprentissage se fait. Du coup on a les données fournies en permanence (peut-être en direct) via le téléphone à Sram? On a fait des progrès en puissance et miniaturisation des composants électroniques, mais de là à ce que la fourche elle-même soit capable de machine learning, ça m’étonne un peu. Faut faire tourner des algorithmes assez gros et faire tourner pas mal de données. Petit coup de bluff du département marketing ou pas?

    1. J’ai en tout cas eu confirmation que les premiers produits Flight Attendant sont compatibles avec l’Adaptative Ride Dynamics, ça veut donc dire que : soit des composants nécessaires à ce machin learning étaient déjà présents mais pas pleinement exploités dans les premiers produits Flight Attendant (qu’une telle implémentation avait été anticipée ou du moins espérée) soit que ce ne sont pas les éléments présents sur le vélo qui font ce travail, mais plutôt l’app. Après, je sors d’un comparatif de GPS publié il y a peut, et je sais par exemple qu’un GPS Wahoo, sans faire appel à l’App, est capable de sortir ce qui s’apparente à une courbe de puissance. Dans le même esprit, j’ai actuellement une montre Polar qui sait retenir les charges d’entrainement des 28 derniers jours pour en déduire le niveau d’entrainement du moment (excessif/productif/maintien/désentrainement). Donc il me semble que des produits assez puissants/miniatures sont capables de faire le traitement dont on parle.

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *