Les nouveaux Specialized Epic 8 à l’assault des sentiers…

Vous l’aurez remarqué, chez FullAttack, on s’intéresse de plus en plus aux segments downcountry et cross-country. Aujourd’hui on vous présente la nouvelle gamme Specialized Epic 8. Elle se compose de deux modèles, l’Epic 8 et l’Epic 8 Evo. Au travers de cet éclairage, on vous détaille les changements majeurs de la gamme puis nos premières impressions sur l’Epic 8 Evo Pro sur lequel on a mis la main. On vous laisse découvrir cette gamme axée performance et downcountry sur FullAttack…

Mise en situation…

La marque américaine Specialized doit être une des marques les plus développées et connues du monde du cyclisme. Il serait presque maladroit de la présenter mais, chez FullAttack, on aime le risque…Aujourd’hui, on vous présente la gamme Specialized Epic 8, 8e itération de la référence depuis un moment dans le monde du Cross-Country. Malgré sa renommée, cette gamme n’a pas encore été présentée sur FullAttack. Ceci étant dû au récent alignement du magazine sur les segments XC/downcountry. C’est aujourd’hui que nous rétablissons ce manque…

Dans un premier temps, il est nécessaire de discuter de la capacité de Specialized à concevoir des vélos qui fonctionnent. Effectivement, étant très souvent à la pointe de l’innovation dans le milieu du cyclisme, rares sont les vélos Specialized qui déçoivent franchement au moment de leurs sorties. Pareillement en ce qui concerne les équipements que la marque propose. Pour autant, ces innovations sont parfois vues par certains comme étant des arguments marketing…est-ce que ce ne serait pas la rançon du succès ? Ici, il n’est pas question de débattre sur ce point-ci. Mais plutôt de savoir si les vélos dont on parlera dans l’article qui suit apportent quelque chose de plus que ceux du millésime 2021.

En effet, la dernière évolution de cette gamme date de 2021. Specialized avait alors modifié la géométrie du vélo, amélioré le système « Brain » mais aussi ajouté à la gamme, une vraie version Evo avec un châssis modifié. Une version plus downcountry que son confrère l’Epic. Dernier, qui se veut être taillé pour chasser les podiums en coupe du monde de cross-country, donc pour les pilotes avides de performances. Les vttistes attendaient de cette gamme 2021, une différence plus marquée entre l’Epic et sa version Evo. Attentes auxquelles Specialized a en partie répondu en 2021. Un Epic rapide et réactif, muni du système « Brain », tant en montée qu’en descente et un Epic Evo, avec un triangle arrière modifié, plus axé sur une pratique downcountry.

Pour autant, ce dernier n’a pas fait l’unanimité en ce qui concerne la descente. Encore une fois, le peu d’écart de performance en descente entre la version XC et la version Evo était mis en cause. Chez FullAttack on a pu mettre la main sur l’Epic 8 Evo Pro ce qui permettra de juger de ses capacités en descente lors d’une partie « première impression », qu’on retrouvera en deuxième partie de cet article.

Specialized Epic/Epic Evo

  • XC / Downcountry
  • 29 pouces
  • 120/100 mm // 130/120 mm
  • Carbone
  • Reach 475 / 470 mm (L) & 44mm Offset
  • Fast Trak & Renegade, Control casing / Purgatory & Ground Control , Grid casing
  • Roval Control Carbone SL / Control Carbone
  • SRAM Code Ultimate Stealth 180/160 mm & Code Silver Stealth 200/180 mm
  • SRAM AXS XX / XO Eagle
  • 6 modèles de 5 200 € à 14 500 €
  • 10,24 kg (annoncé pour S-Works 8)
  • Fiche sur specialized.com

On va donc vous présenter la gamme Specialized Epic 8, millésime 2024, dans son intégralité. À première vue, ils ressemblent à des vélos de All-Mountain, voire d’enduro plus qu’à des downcountry. Bonne nouvelle, me direz-vous, puisque le Specialized Epic Evo est critiqué sur sa façon de descendre. D’un point de vue personnel, je dirai que ce sont les largeurs du tube oblique et du tube de direction, très différentes des anciennes, qui font cette impression. Largeurs extrêmes qui contrastent avec la finesse des haubans, qui eux, ne changent pas vraiment comparés aux versions antérieures. On se retrouve donc avec des vélos, notamment l’Epic Evo, qui au premier regard, inspire confiance en descente non ?

Pour autant, on reconnaît bien ici des Specialized Epic. Pas de changements majeurs dans la géométrie. On retrouve des lignes un peu différentes certes mais que l’on reconnaît tout de même. Autre élément similaire, le flip chip au niveau de l’amortisseur déjà présent sur la gamme sortante. Flip chip sur lequel Specialized ne met pas trop l’accent. Il permet de modifier la géométrie en jouant sur les valeurs d’angle de direction et de hauteur de pédalier. Pour autant, les modifications sont faibles et l’ergonomie d’utilisation n’est pas poussée. En résumé, il n’a pas beaucoup d’incidence.

Encore une fois, c’est dans les détails que les Specialized Epic 8 se différencient des anciennes versions. À l’origine de l’idée il y a quelques années, Specialized intègre sa boîte à gants dans le tube oblique, le système SWAT 4.0. Dernière qui pourrait expliquer la largeur plus importante du tube oblique dont on parlait juste avant. On remarque aussi l’arrivée d’un nouvel assistant au pilotage…le Flight Attendant. Et si Flight Attendant il y a, alors de « Brain » il n’y a plus…En effet, Specialized abandonne le « Brain » au profit du Flight Attendant. À noter, elle avait déjà supprimé cette technologie sur l’Epic Evo en 2021. Ceci étant dit, c’est un coup de tonnerre malgré tout. Toujours dans le domaine des suspensions, on retrouve un amortisseur standard sur le Specialized S-Works Epic 8. Auparavant, l’amortisseur était spécifique au cadre, notamment dans la manière de se lier à la biellette. Maintenant qu’on a vu dans les grandes lignes les détails changeant de ces nouveaux Specialized Epic 8, il est temps de s’y plonger plus profondément…

Les Specialized Epic 8 en détail…

Il ne suffit évidemment pas de vous présenter les Spécialized Epic 8 en les survolant de cette manière. On va maintenant pouvoir les comparer aux versions sortantes mais aussi entre eux. Cela nous permettra de comprendre en quoi ils diffèrent. Est-ce pertinent d’avoir deux modèles distincts ? Quels sont les principaux changements apportés à cette 8e itération ? Tant de questions auxquelles on va tenter de répondre dans cette partie.

Des géométries différentes…

En 2021, Specialized proposait une version de châssis différente entre l’Epic et sa version Evo. En 2024, elle revoit ses intentions et livre ses deux modèles avec le même châssis. Pour autant, les géométries diffèrent. Cela est dû aux débattements différents entre les deux versions, la version Evo ayant plus de débattement, notamment à l’avant.

L’angle du tube de selle diffère quelque peu entre l’Epic 8 et l’Epic 8 Evo. Doté du même châssis mais d’un débattement différent, il est logique que l’angle du tube de selle de l‘Evo soit plus faible que l’Epic. D’un point de vue de la production de force, c’est un bien pour un mal. Si vous voulez en savoir plus, il suffit de jeter un coup d’œil au point didactique que FullAttack a fait.

De même que pour l’angle du tube de selle, on observe une différence d’angle du tube direction entre la version Epic et la version Evo. Un angle de direction, de 64.5° contre 65,9°, moins élevé pour l’Epic 8 Evo indique une position favorable à la descente sans pour autant demander un bagage technique très complet pour piloter. L’Epic 8 Evo se voudrait donc plus descendeur que son confrère sans pour autant être exclusif au niveau du pilotage. Pour autant, les angles de direction de manière générale diminuent significativement, on se retrouve donc avec deux vélos avec des géométries plus agressives en descente.

Autre fait intéressant, le boîtier de pédalier de l’Epic 8 Evo se rapproche du sol. Il se voudrait donc être plus stable mais plus sujet aux impacts de manivelles dans les parties défoncées. Pour autant il reste plus haut que le pédalier de l’Epic 8. Pourtant, le boîtier de pédalier de l’Epic 8 lui remonte légèrement…un peu moins de stabilité mais plus de garde au sol pour continuer à garder de la motricité lors des parties pierreuses.

Une cinématique qui pédale…

Depuis le début de l’article on parle beaucoup de descente. Il est maintenant temps de discuter des capacités présumées des Specialized Epic 8 en montée. Après tout, il s’agit de vélos de XC et de downcountry, qui sont censés être performant surtout en montée. En 2021, peu de critiques ont été faites sur les capacités en montée et cette année Specialized annonce des performances accrues…

Si ce qu’avance Specialized s’avère être vrai, il semblerait que le vélo se comporte de la meilleure des manières en montée. Je m’explique, si le vélo épouse mieux le terrain en absorbant plus les chocs, alors le grip et la propulsion en seront améliorés. Ce qui semble plus étonnant c’est la promesse sur le « tangage » au pédalage. En effet, un amortisseur plus sensible en début de course pour absorber les chocs devrait, de manière logique, être plus sensible au mouvement du pilote lorsqu’il pédale. Il se pourrait donc que Specialized ait travaillé sur un effet de chaîne positif pour « figer » l’amortisseur pédalage et le « libérer » une fois la pression sur les pédales disparue.

Des détails sur l’équipement

Ici, aussi, il y a du mouvement. La disparition du « Brain », l’intégration du Flight attendant à la place, l’implémentation d’une boîte à gants et la conservation de certains équipements…

Autre petit détail qui change, toute la visserie est en titane et Specialized annonce livrer un cadre faisant 76 g de moins que les anciens. La marque semblerait mettre l’accent sur les moindres détails pour ne rien laisser au hasard.

Prometteurs sur le papier, les Specialized Epic 8 donnent envie d’en connaître plus sur leurs capacités. Et cela tombe bien, chez FullAttack on a eu en test le Specialized Epic 8 Evo Pro. On vous détaille nos premières impressions dans la suite de l’article…

Premières impressions !?

Comme annoncé un peu plus haut, FullAttack a pu avoir le Specialized Epic 8 Evo Pro à l’essai pendant quelques semaines. L’occasion de se faire une meilleure idée de ce que ce nouveau vélo est capable. Les conditions hivernales sur Chambéry n’ont pas été des plus faciles pour tester un vélo, mais je m’en suis tout de même débrouillé. L’envie de rouler a souvent été plus forte que l’envie de ne pas me faire couvrir de boue dans les sentiers gras…De plus, cela m’aura permis de découvrir certains aspects du vélo et du montage d’origine que je n’aurai pas pu observer en conditions sèches…On trouve du positif de partout ! Pour être tout à fait honnête avec vous, j’en attendais beaucoup de ce Specialized Epic 8 Evo Pro, peut-être même trop. La marque américaine a pour réputation de faire de très bons vélos, comment ne pas être tenté d’en attendre un avec l’Epic 8 Evo Pro ?

Alors je ne vous fais pas patienter d’avantage pour que vous aussi découvriez si ce Specialized Epic 8 Evo Pro vaut le détour…Dans un premier temps, il s’agit de régler le vélo pour ma corpulence : SAG à 30%, compressions ouvertes, rebonds à mi-course, hauteur de selle…Et ça y est, tout est prêt pour les premiers tours de roues au guidon du Specialized Epic 8 Evo Pro.

Sur le terrain…

Je m’en vais donc sur les hauteurs de Chambéry pour un premier tour de découverte. Est-ce que le vélo répond à toutes mes attentes ? Et bien…pas vraiment. Il semblerait qu’avec les réglages faits, le vélo pompe plus que de raisonnable, et cela, dès le début de la sortie. Je décide donc de bloquer l’amortisseur en montée. Les problèmes de pompage sont réglés mais un autre survient. Le grip n’est plus au rendez-vous. Les racines et les pierres humides nécessitent que la roue arrière les épouse parfaitement et ce n’est pas le cas avec l’amortisseur bloqué. Je continue tout de même ma route sans toucher aux réglages, on s’y attellera plus tard. Pour autant, je ressens le dynamisme en danseuse en montée auquel on s’attend d’un vélo de ce gabarit. Le vélo rend bien les coups de pédale. Il fait aussi preuve d’une stabilité surprenante, on a l’impression d’être sur un gros vélo mais qui pédale…étrange mais agréable.

Arrive le temps de la descente. Pour les lecteurs chambériens, je m’attaque à la descente de la Croix de la Coche. C’est une descente variée. Entre épingles, pierres, racines et passage rapide sans être défoncée, elle semble être taillée pour l’Epic 8 Evo Pro. Je me lance confiant des capacités du vélo en descente. Comme dit plus haut, il inspire confiance au regard. J’attaque un peu dans les premiers passages, peut-être trop pour un vélo de ce gabarit. Malgré quelques chocs que le vélo ne peut pas absorber, on retrouve la même stabilité qu’a la montée. Je me sens comme ancré au milieu du sentier et que rien ne peut m’en sortir ! C’est même un peu déroutant au pilotage. L’Epic 8 Evo Pro reste dynamique dans les virages même s’il semble légèrement flou à l’avant, il ne rend pas exactement ce que le terrain dicte.

Un vélo qui ne pompe pas et qui absorbe mieux les trous et bosses. Promesse tenue donc, mais qui nécessite quelques réglages avant de retomber sur ses pattes…

Me voilà de retour à la maison avec des sensations diverses et variées. Je m’attendais a mieux en montée mais j’ai été bien surpris en descente. Il semble donc nécessaire de passer par une séance settings pour affiner mes observations. De quoi régler les problèmes rencontrés en montée et en descente. Je m’affaire d’abord à modifier mon SAG, passer de 30% à 25% comme le préconise la marque pourrait permettre au vélo de mieux réagir en montée. Je m’en vais donc tester. C’est mieux, le pompage diminue un peu mais reste toujours bien trop présent pour ce qu’annonce Specialized. Je tente donc de ralentir le rebond. C’est pas mal, ça réduit encore un peu le pompage mais ça altère trop les sensations en descente pour que ce soit viable. J’ai l’impression que le vélo s’affaisse sur l’arrière et qu’il ne ressort pas des compressions…

Je décide donc de passer sur la position 2 de la compression de l’amortisseur et de réaccélérer le rebond. Bingo ! Le pompage disparaît et la descente, cette fois-ci, n’en pâtit pas. Après quelques tours d’une boucle test, j’accélère légèrement le rebond basse-vitesse à l’avant afin de retrouver un peu de nervosité et de réponse à mes mouvements sur le vélo et me voilà en accord avec ce que Specialized promettait. Un vélo qui ne pompe pas et qui absorbe mieux les trous et bosses. Promesse tenue donc, mais qui nécessite quelques réglages avant de retomber sur ses pattes…

Et pour conclure alors ?

On obtient un vélo agile et qui répond bien en descente. Bunny-up, virages serrés, partie rapide, sections pas trop défoncées, il est à son aise là où on l’attend. Il peut se surpasser dans les sections plus défoncées mais arrive vite à la limite du débattement quand le terrain devient trop exigeant. Le rebond rapide à l’avant le rend vraiment maniable, un vrai petit vélo que l’on peut brusquer malgré les roues en 29″. À la montée, il faut jouer des réglages pour arriver à quelque chose de réactif, qui n’avale une partie de la puissance dans le mouvement de pompage. Une fois ces réglages trouvés, le vélo remplit les attentes, dynamique, réactif, efficace dans les parties raides… En effet, l’amortisseur remplit son rôle aussi dans les montées exigeantes. Malgré une monte de pneus pas très adaptée aux conditions grasses, on arrive à avoir du grip dans des situations où on s’attendrait à glisser. Enfin, si je devais faire une vraie conclusion, je pourrais vous dire qu’il me faudrait encore pousser les séances de test lors d’un verdict d’essai pour être sûr de celle-ci. Mais je peux vous assurer que ce vélo cache encore quelques secrets…

  1. Exactement le même ressenti sur mon epic evo comp de 2021. Un arrière qui s’affaise peu importe le SAG. Du coup une position de pédalage plus que désagréable en montée… Mon amorto n’était pas doté des 3 positions de compression (modèle performance) et ça à l’air d’être pareil pour l’epic 8 evo comp. C’est quand même dommage de devoir compter sur les specs d’un amortisseur pour gérer ce genre de « détails ».

    1. En parlant de cela, je ne comprends pas pourquoi concernant le SAG passer « de 30% à 25% » fasse que « logiquement, le pompage au pédalage s’aggrave » ? Si l’amortisseur contient plus de pression, tout autre réglage identique par ailleurs il devrait être moins sensible et donc moins pomper non ?

  2. Bonjour,

    Bel article et intéressant, après je rejoins certains commentaires sur d’autres articles, je trouve ça dommage de ne plus être focus sur la partie VTT gravity.
    Les articles XC sont très bien faits, aucune remarque dessus, mais j’aimais l’idée d’avoir un site 100% gravity.
    Aujourd’hui il y a du coup de tout comme beaucoup d’autres sites web..

    D’autant que récemment sont sorties de belles nouveautés gravity (Rocky Mountain Instinct, Norco Optic, Norco Sight) et aucun mot dessus..

    Bonne journée,

    1. Les Norco et le Rocky font justement parti des vélos à notre programme des prochains jours 😉 On en reparle donc très vite !

      1. Ok top ! 🙂

        Mon message n’avait bien entendu aucun but critique, je passe tous les jours sur votre site et utilise abondamment les commentaires, qui sont vraiment une mine d’information ! Juste une remarque personnelle 🙂

        Bonne soirée,

  3. Très agréable de lire l’avis de full attack sur des VTT non enduro.
    Après tout, même en XC on peut être en mode full attack, que ce soit à la descente ou à la montée !

  4. Ah la descente de la Coche :). J’allais egalement souvent tester les vélos la bas pour une première sortie. Pas loin de Chambéry et souvent sympathique !

  5. Je trouve au contraire, l’ouverture du site à d’autres pratiques intéressante.
    L’avis d’un enduriste sur un vélo de trail, sera certainement plus en phase avec les sensations que je recherche à son guidon, que celui d’un pur crosseux.

    1. Merci Nico. De notre côté, on est convaincu de notre protocole d’essai et nos grilles d’analyse se prêtent à l’étude des vélos XC/DownCountry. On a travaillé en ce sens, et on continue de le faire. On a notamment une liste des traits de comportement que l’on observe, et on la challenge avec cette ouverture. La pondération a déjà lieu entre un gros Enduro et un Trail, les Down Country et XC peuvent encore venir étoffer encore ce travail, et c’est intéressant 😉

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