L’effet de chaine et ses répercussions, on en parle à longueur d’essais, sur FullAttack ! Et c’est précisément à ce phénomène parfois gênant que s’attaque Ochain ! Fiche de test complète pour bien cerner les tenants et aboutissants de ce produit unique en son genre pour maitriser Kick-back et Anti-squat…
Est-ce pertinent ?
Le Ochain n’est pas étranger à ceux qui suivent la Coupe du Monde de Descente et/ou les Enduro World Series. Depuis un petit moment maintenant, ce dispositif est apparu, par intermittence, sur certains vélos des plus rapides de la planète… On ne va pas ici se lancer dans une liste exhaustive de tous les setups où on l’a vu, mais on peut tout de même citer ceux de Wyn Masters, des Atherton, du YT Mob, de Neko Mulally, du Canyon Factory Racing, Kody Kelley, Damien Oton, etc… Tous ont en commun, à un moment donné, d’avoir espoir de maitriser plus précisément l’effet de chaine et ses répercussions. On pense notamment à la perte de sensibilité à la roue arrière et à l’instabilité des appuis sur les pédales, qu’il peut engendrer. On en parle plus longuement dans notre article didactique dédié.
Le Ochain est un dispositif qui entend s’attaquer au phénomène. Pour saisir son fonctionnement, petit tour du propriétaire…
Galerie Commentée :
Le Ochain, au départ, est une étoile, qui s’insère entre l’axe du pédalier, et le plateau. En périphérie, l’étoile est compatible plateaux 4 vis -104 mm d’entraxe.
Au centre, plusieurs versions sont disponibles mais toutes ont en commun de faire usage du principe « direct Mount » dont SRAM et RaceFace ont fait leurs depuis l’avènement du mono-plateau. On le voit bien ici avec la différence de couleur, ces deux interfaces font chacune partie de pièces différentes. La couronne intérieure (grise foncée) peut tourner par rapport à la couronne extérieure (alu brute). Le petit indicateur permet de vérifier si, au repos, le Ochain reprend bien sa position d’origine, garante du bon fonctionnement de l’ensemble…Le secret se trouve à l’intérieur, où l’on accède via ces 4 vis à tête six pans 3 mm. Voilà ce qui s’y trouve. La couronne extérieur (à gauche, support du plateau) sert de couvercle. Sur l’ensemble intérieur (à droite) un joint l’étanchéité (rouge). Puis des butées de retour (bleues) et des butées de liberté angulaire (oranges). En fonctionnement, la couronne intérieure peut pivoter. Ses ergots quittent alors leur buttées de retour (bleues) pour aller jusqu’aux butées angulaires (oranges). Pour revenir en position, trois ressorts de rappel, auxquels on accède en continuant le démontage. D’origine, le Ochain propose plusieurs sets de butées angulaires, pour offrir plus ou moins de degré de liberté. 6, 9 et 12° sur notre kit d’essai. La marque communique désormais sur 4, 6 et 9°.
Au final, le fonctionnement de l’ensemble est simple. Lorsque la suspension s’enfonce, la roue arrière peut avoir tendance à s’éloigner du pédalier. Dans ce cas, le brin supérieur de la chaine se tend, et tire le plateau vers l’arrière. En présence du Ochain, le plateau et la couronne extérieure du Ochain pivotent en arrière, la partie intérieure du Ochain reste solidaire du pédalier.
Techniquement, le concept est simple. Dans les faits, sa réalisation semble bien menée. Et sur le papier, ce dispositif trouve un vrai intérêt puisqu’il s’attaque à un phénomène qui fait débat, et auquel toute marque qui se respecte s’attaque désormais. Alors certes, certaines conceptions comptent sur l’effet de chaine, même maitrisé, pour donner du caractère à leurs vélos. Notamment quand on pédale, ce que le Ochain respecte. Mais le reste du temps, il entend en éliminer les effets pervers. Implicitement, il y a le message de profiter du beurre et de l’argent. Positionnement plus que pertinent. Bien vu !
Est-ce pratique ?!
Il ne suffit pas de monter le Ochain pour en tirer parti. Ce que l’on sait moins à son sujet, c’est qu’il faut bien choisir le degré de liberté, et le régler, avant de mettre le dispositif en place sur le vélo. Et pour ça, il faut un peu de méthode.
En premier lieu, se référer aux conseils fournis en ligne, par la marque. On y saisit notamment que pour un vélo de Descente, l’idée est plutôt d’annuler totalement l’effet de chaine sur tout le débattement, alors qu’en Enduro, l’idée est plutôt d’en décaler la courbe à l’après SAG, pour garder un vélo plus dynamique. Les visuels proposés sont plutôt pertinents…
Quoi qu’il en soit, pour être plus précis et certain, mettre la main sur la courbe de kick-back de son vélo est un plus ! Petite recherche sur le web, et on vous appris à les lire sur FullAttack 😉 Ça permet notamment de savoir à combien s’élève le kick-back au SAG, et en fin de course. Jusqu’où aller après ?! Tout dépend de la courbe, et de vos attentes. Attention aussi à ce que la roue libre du vélo offre déjà comme liberté angulaire… on y reviendra, et on peut en parler, cas par cas, en commentaires ci-dessous 😉
Dans tous les cas, à moins que le réglage d’origine soit celui nécessaire, un démontage est obligatoire pour ajuster les butées. Un schéma est livré avec le Ochain et les différents kits, pour savoir quelles butées placer où, en fonction du degré de liberté attendu. Rien de sorcier, toute trouve sa place et s’assemble sans contrainte. Il faut simplement être posé, et appliqué.
Ça se complique un poil avec le montage du plateau. Le Ochain nécessite des vis spécifiques heureusement vendues avec l’étoile, désormais. Visiblement, l’épaisseur que constitue l’ensemble plateau + étoile Ochain se situe un peu entre les différentes configuration offertes par les montages à étoile du passé. Bref, dans tous les cas, mieux vaut compter sur les vis fournies par la marque, ces dernières sont en titane, qui plus est !
Sur le vélo, il se peut que ça se passe comme de remplacer simplement un plateau Direct Mount, soit facilement, si le pédalier est entretenu, n’est pas grippé. Par contre, ça peut demander un peu de finesse si un anti-déraillement est en jeu. Notamment parce que la partie centrale du Ochain est plus large qu’un plateau « normal ». J’ai mesuré un débordement de 4,5 mm supplémentaire par rapport à un pédalier SRAM équipé d’un plateau Direct Mount plus classique. Il faut donc vérifier et peut-être, jouer avec des rondelles ou la lime. Là encore, c’est selon. Dans tous les cas, rien de sorcier, mais ça mérite de prendre le temps de bien faire les choses les jours d’avant, en atelier, la première fois, plutôt que le matin même, sur le parking, à la va vite…
Est-ce utile ?!
Sur le terrain, l’effet est forcément dépendant du vélo. Et il est d’autant plus sensible que le vélo est au départ connu avec beaucoup d’effet de chaine. Ici, j’ai d’abord mené l’expérience sur un YT Capra MKII, justement réputé pour avoir un anti-squat important. L’apport est sensible sur la réduction du côté brutal du fonctionnement de la suspension. Pour donner un repère, j’ai tenté de qualifier et quantifier ce que ça apporte, par rapport à quelque chose de connu. Résultat : 12° degré de liberté, ça apporte les 2/3 du gain obtenu quand on passe d’un ressort pneumatique à hélicoïdal sur ce vélo. J’ai par la suite, presque systématisé l’usage du Ochain sur les vélos passés à l’essai, quand je soupçonne un effet de chaine important dans certaines situations. À chaque fois, l’effet escompté est obtenu. Ça a son intérêt, sans aucun doute. Poussé au maximum de ses capacités, on a effectivement l’impression d’un run chainless, mais avec l’opportunité de pouvoir pédaler. C’est saisissant de confort et sensibilité. Pour autant, en matière de kickback, le pédalier parait moins « fou » que sans la chaine, ce qui perturbe parfois quand on roule sans chaine, les premières fois.
Pour autant, le résultat n’est pas parfait. D’abord, le Ochain n’influe plus une fois en prise, quand on pédale. Si le vélo pâtit d’un effet de chaine trop important dans ces circonstances, ça n’y fera rien. Je pense par exemple à certains vélos dont la suspension se fige quand la chaine se tend, ce qui peut avoir des conséquences sur la motricité et/ou la possibilité de rester assis sur la selle. Ensuite, il faut prêter attention aux cas de figure où la roue libre offre déjà une liberté angulaire importante. J’ai observé qu’au dessus de 20° au total (roue libre + Ochain), le premier coup de pédale, à la relance, compte pour du beurre ou presque. Il faut donc en tenir compte dans ses calculs et réglages. Certains diront que dans ce cas, le Ochain est inutile, et qu’une roue libre à fort degré de liberté suffit… Ou bien encore que le Ochain ne sert qu’à compenser les roues libres – très chères et à la mode – enclenchement quasi instantané… Sauf que le Ochain déclenche tout le temps, alors que les roues libres dépendent de la position angulaire de la roue vis-à-vis du prochain cliquet. Parfois ça joue, parfois ça coince. Le Ochain a donc bien, quoi qu’il arrive, son utilité !
Quelle durée de vie ?
Dans sa conception, le Ochain parait costaud. Les matériaux sont épais, la matière des pièces principales est dure, les états de surface et les ajustements sont très propres, l’étanchéité est traitée, les concepts mécaniques retenus n’ont rien d’exotiques. À priori, comme jusqu’à présent, ça respire la confiance. À l’entretien, tout se démonte facilement, c’est jointé, et il suffit d’être généreux en graisse. Rien de fou donc, si ce n’est que ça ajoute tout de même quelque chose de plus à vérifier de temps à autre.
Galerie Commentée :
Les tampons de butée angulaire, qui prennent toute la charge au coup de pédale (orange) sont d’un matériau qui semble bien dimensionné. Dur pour éviter d’être mâché à la première sortie, mais ce qu’il faut de mou pour offrir un toucher sans heurt. Jusqu’ici, je n’en ai utilisé qu’un set, sans avoir besoin de le remplacer. Le kit que j’ai reçu comporte des jeux de chaque liberté angulaire, donc un à utiliser d’entrée, et un rechange. Les billes qui font tampon de retour (bleues) sont plus molles et n’ont pas de remplaçante livrée d’origine, mais prennent beaucoup moins de charge. Ça reste pensé et cohérent. Dans le lot, ce sont les ressorts de rappel qui semblent les plus faiblards. Certainement parce qu’au repos, ils ne sont pas pré-chargés, pour offrir la meilleure sensibilité. Au bout d’un petit temps, on peut donc observer un léger décalage sur le retour en position, sans gravité jusqu’ici. Pas de remplaçant livré d’origine, ici non plus. Peu de chose à dire sur le reste, si ce n’est l’empreinte des têtes de vis d’assemblage qui nage un peu autour des clés allen 3mm. Ça pourrait être plus précis pour un serrage ad-hoc.
Ce qui peut progresser ?
Si l’on tient compte du paragraphe précédent, on pourrait donc apprécier d’avoir quelques éléments de rechange livrés d’origine. Vis d’assemblage, butée de retour, ressort de rappel. Ou à minima, pour éviter le gaspillage, que les pièces de rechanges soient listées, précisées, et disponibles à la commande. À l’heure d’écrire ces lignes, ce n’est pas le cas. Seules les vis cheminées pour plateau Ochain, le sont aux côté des plateaux et des différentes versions.
À ce sujet : SRAM, Shimano, Hope, RaceFace, E-Thirteen, FSA, CaneCreek… La compatibilité avec la plupart des pédaliers du marché est aboutie. C’est à saluer pour une petite marque qui, bien souvent, pour des raisons évidentes d’économie d’échelle, pourrait se contenter de traiter les plus répandues. Dommage, par contre, qu’en cas de changement de pédalier, seuls des Ochain complets soient proposés à la vente. Pourrait-on, à l’avenir, n’acheter que l’étoile intérieure au détail, pour passer d’un pédalier à l’autre ?
Dernier point d’évolution possible, on en revient à la phase d’ajustement du degré de liberté. On l’a dit, et c’est fidèle à nos valeurs : il faut avant tout faire preuve d’un peu de méthode, et comme toujours en matière de suspension, prendre le temps de faire des essais, pour mettre des mots sur les sensations et les différences. Néanmoins, avoir des données précises, pour objectiver certaines choses, est toujours intéressant dans ce cas. À quand une petite base de donnée sur les courbes de kick-back et libertés angulaires ? Ça complèterait de belle manière les conseils déjà fournis et avisés, proposé sur le site Ochain.
Vis-à-vis de la concurrence ?
On l’a déjà glissé en introduction de cet essai : quelque part, le Ochain est sans concurrence, ou presque. Disons qu’on ne connait pas, au moment d’écrire cet article, de produit directement concurrent qui entend, de manière universelle, s’attaquer à l’effet de chaine en priorité.
On a bien passé la transmission HXR à l’essai, et déjà dit qu’un des effets secondaires de ce dispositif porte effectivement sur une réduction de l’effet de chaine. Mais à choisir, le Ochain est bien plus facile et moins risqué à mettre en oeuvre que la transmission HXR. Si c’est sur l’effet de chaine que l’on veut jouer, autant opter directement sur le Ochain, plutôt que de tenter de passer par un moyen détourné.
Comme on l’évoquait aussi récemment, faut il vraiment mettre le Ochain en concurrence avec le fait de rouler chainless ? Si ce dernier est utile pour se faire une idée, à moindre frais, de l’utilité d’ajuster l’effet de chaine, la durabilité de cette solution met fin à la discussion. Dans le même esprit, on peut aussi mettre le Ochain en concurrence avec les plateaux normaux. Surtout pour parler poids. Malgré son gabarit, l’ensemble ne pèse que 100 g de plus, et bien placé. Vu le gain, ça vaut largement le coup de les embarquer !
Enfin, peut-être doit on évoquer une dispositif expérimenté chez Canyon sur le Sender, il y a quelques temps. Il s’agissait justement de désactiver pleinement la roue libre pour éliminer l’effet de chaine. Le tout se faisait via un levier, au guidon. Un système qui nécessitait une action de plus de la part du pilote, que la marque et ses teams ont justement abandonné pour faire usage du Ochain. CQFD !

Est-ce que ça les vaut ?
L’étoile active Ochain est vendu 299 €. Sans plateau. Il faut donc compter encore 30 à 50 euros au bas mot, de plus, si nécessaire et en fonction d’où l’on se sert pour compléter, y compris chez Ochain, qui propose ces produits à son catalogue. Clairement, c’est une somme ! On n’est pas là sur la petite bricole à quelques dizaine d’euros maxi qui peut changer la donne. Face à ces centaines d’euros, il faut nécessairement sous-peser l’intérêt.
L’ampleur de l’apport reste dépendant des vélos et des attentes du pilote qui l’utilise… mais la plupart des cinématiques du moment, même si elle essaient de faire « avec ou autour » de l’effet de chaine, n’ont pas le culot de se vanter de se prémunir totalement de ses effets secondaires indésirables. Et à moins d’une révolution de palais à venir, l’utilité peut durer. Vu sous un autre angle d’ailleurs, ça peut même plutôt permettre de donner une seconde vie à un vélo, plutôt que de le remplacer sous couvert d’une cinématique vieillissante vis à vis des derniers modèles en vogue.
Ça peut aussi les valoir, notamment si l’on met l’apport en concurrence avec l’usage d’un ressort, aussi, parfois, vanté pour le confort en plus. Ici, ça apporte les 2/3 du gain, pour le tiers, la moitié, ou les 2/3 de l’amortisseur en question, selon le modèle choisi. Solution intermédiaire intéressante ?!
Dans tous les cas, la fonction est remplie de belle manière. Le produit, à quelques détails évoqués précédemment, et qui s’expliquent volontiers par le fait qu’il provienne d’une petite marque qui doit bien calculer son coup/coût, est à la hauteur de ce prix. Ça les vaut.