Le web a du bon ! Pour preuve ? Les commentaires constructifs dans les tuyaux de cet essai. Parmi ceux qui ont déjà roulé le Radon Slide 160, il y a ceux qui aiment, et ceux qui détestent.
De quel côté se ranger ?! Pas convaincu qu’il faille prendre parti, j’en suis revenu aux fondements. L’ordre et la méthode sont les premières qualités d’un ouvrier consciencieux ! Avant de me prononcer, j’ai donc tenté d’y voir plus clair.
En ce sens, les différents commentaires m’ont permis de faire la part des choses. Comprendre les attentes et les intérêts de chacun, dresser le profil du bon pilote à bord du Radon Slide 160… Vive le web 2.0 ! Et place au verdict…
Temps de lecture estimé : 8 minutes
Radon Slide 160 10.0
[cbtabs][cbtab title= »Prix »]5199 euros[/cbtab][cbtab title= »Poids »]11,6 kg (vérifié, taille L, pneus tubeless avec préventif, sans pédales) [/cbtab][cbtab title= »Fiche produit »]http://www.radon-bikes.de/en/bikes-2016/mountainbike/enduro/slide-carbon-275/slide-carbon-160-100/[/cbtab][/cbtabs]
C’est vrai, le Radon Slide 160 est simple et facile. Il s’agirait même d’un de ces vélos à mettre entre les mains de ceux tentés par une première expérience Enduro. Quelque part, tout tombe sous le sens. Transmission, tige de selle, freins, position, réglages… Tout est simple, et accessible.
Sur une sortie, les premiers tours de roues vont en ce sens. En liaison, à la pédale, c’est un régal. Du moins, pas une corvée. Le Radon Slide est léger. Ses roues et ses pneus ont peu d’inertie. Les coups de pédales sont efficaces. Ils s’enchaînent facilement.
Les 2000m de D+ et 50km effectués en reconnaissances de l’Enduro World Series des Portes du Mercantour en attestent. Rarement j’ai tant apprécié couvrir de la distance et engranger du dénivelé. Voir les chiffres s’accumuler au GPS, et les contempler, au sommet, avec une certaine fierté.
Un sentiment de facilité que les premiers tours de roue en spéciale ne démentent pas. Après tout, il est si facile de faire décoller la roue avant du sol ! Nul doute que le Radon Slide 160 soit une base presque idéale pour apprendre les rudiments du bunny-up, ou comment survoler les obstacles en sautant par dessus. Tout s’y prête.
D’autant qu’à la réception, ou lorsque les aspérités du sol sollicitent le vélo, le confort est bien présent. Un confort Pullman qui va à l’encontre de l’idée reçue selon laquelle le carbone serait systématiquement synonyme de raideur. Pour le coup, le Radon Slide 160 filtre, gomme, compense une certaine partie de ce que le sol aurait à transmettre…
Easy money ?!
Mais pourquoi est-il si facile ? Certains se contenteraient de ces propos. D’autres, parmi nous, veulent savoir… Et tous, avons intérêt à comprendre pourquoi. C’est ici, que les nuances importantes commencent.
Il m’a suffit d’échanger les roues, l’espace d’un temps, pour saisir. Alterner entre les DT Swiss Spline XMC 1200 d’origine et les Mavic Crossmax XL Pro WTS à l’essai. Sur un large panel d’autres vélos, je prête à ces roues certaines précisions, certaines raideurs, et certains rendements.
Il en est différemment sur le Radon Slide 160 ! D’une paire à l’autre, j’anticipe une certaine différence. Il n’en est rien… C’est presque l’inverse qui se produit. Pourquoi ? Parce que des roues de ce niveau nécessitent un châssis précis et stable pour fonctionner…
Sous les sollicitations, sur ce vélo, de telles roues ne travaillent pas. Elles transmettent… Au cadre, qui joue plus que de raison ! Sa souplesse et celle de la fourche sont alors plus que jamais mis en évidence. À choisir, j’opterais pour une paire de roues plus souple, moins exigeante, qui s’accorde mieux à l’ensemble… Les DT Swiss Spline E1700, du modèle 9.0HD, que j’ai pu rouler sur d’autres vélos…
Le fourbe…
Ceux qui s’interrogent sur l’engouement autour de ce vélo voient où le raisonnement m’amène. De prime abord, le Radon Slide 160 est effectivement facile. Et quelque part, c’est une très bonne chose, que d’autres montures plus exigeantes, moins facile d’accès, peuvent lui envier.
Il n’empêche qu’à un moment donné, ce qui peut faire sa gloire, peut aussi faire sa perte. Je reviens à cette fameuse journée de reconnaissance de l’Enduro World Serie des Portes du Mercantour. Elle reste, dans mon cas, très instructive.
Notamment parce que j’y rencontre des passages faciles, et d’autres moins. Immanquablement, certaines portions de chemin y sont très, très exigeantes. À un moment donné, je sens forcément que pour passer sur le vélo, le chemin exige une certaine habileté technique. Et à ce moment précis, ce qui faisait la force du Radon Slide 160, en fait sa principale faiblesse.
Il faudrait pouvoir arrondir les trajectoires, mais le chemin ne le permet pas. Il faudrait pouvoir être incisif et précis dans le placement de ses roues, mais le châssis du Radon Slide 160 ne le permet pas. Il faudrait pouvoir se mouvoir d’avant en arrière sur le vélo pour contrebalancer certains mouvements, mais le triangle avant très court ne le permet pas.
J’ai la sensation de ne pas pouvoir finement contrôler où placer mes roues… Jusqu’au moment où…
La chute !
Celle que l’on ne voit pas arriver. Celle que l’on ne s’explique pas forcément, dans un premier temps. Celle que l’on s’impute, pensant ne pas avoir été à la hauteur des événements. Et en un sens, oui. En de pareilles circonstances, il aurait fallu faire preuve d’une très bonne coordination, d’un sens de l’équilibre très développé, et d’une dextérité à la pointe, pour parer.
Alors, n’ai-je pas été à la hauteur ? Ou ai-je atteint les limites du Radon Slide 160 ? J’en ai le coeur net les jours et semaines suivantes. Sur certaines de mes traces favorites. Parmi les plus difficiles de mon secteur de prédilection. Ces passages délicats dont j’ai fait mon quotidien. J’essaie différentes choses, en quête de plus de précision…
Sans succès. Potence plus courte ? le vélo est déjà petit. D’autres roues ? J’ai déjà tenté l’expérience sans succès. Utiliser du carbone quelque part ? Le vélo en est déjà truffé. Les réglages de suspensions ? J’ai tout tenté, jusqu’à, finalement, tenter d’augmenter la progressivité des suspensions : réduire l’impression de débattement et augmenter le maintien, la vivacité sous l’appui. Même résultat qu’avec les roues.
Rien n’y fait. Immanquablement, les pneus, les roues, les suspensions n’ont pas la base ferme pour traiter certaines choses. Le cadre s’y plie sans modération. Je ne parviens décidément pas à retrouver l’aisance et l’efficacité dont je peut faire preuve avec d’autres montures.
Je préconise donc des réglages de suspensions très conforts, à l’image du vélo dans son ensemble.
Réglages | Avant | Arrière |
---|---|---|
SAG | 30% | 30% |
Détente | -6/12 | -8/15 |
Compressions | -20/20, ou -7/20 | Open, position 1 ou 2. |
Token / Spacers | 1 (origine) | 0 (retirer celui d'origine) |
Clics de détente et compression comptés depuis la position la plus vissée des molettes. SAG arrière réalisé assis/selle haute – SAG avant réalisé debout/bras en appui sur le cintre / épaule à l’aplomb du guidon.
Question de tempérament…
Faut-il penser du mal de mes propos ? En faire pâtir le Radon Slide 160 ?! Pas forcément ! Chercher les limites d’un produit fait partie de mon rôle de testeur. J’en ai trouvé. Je les rapporte. Mais je figure aussi les qualités d’un tel vélo. En l’occurrence, à quel point il peut mettre le pied à l’étrier, et sur quels terrains il peut s’exprimer.
Pour tenter de donner des repères… Sur un Site VTT FFC/FFCT, je dirais que le Radon Slide 160 peut s’aventurer sur les circuits verts et bleus, avec prudence sur les traces rouges. À l’échelle Vtopo, sur les parcours de difficulté technique V1 à V3. Avec prudence sur les itinéraires côtés V4. Au delà, pas impossible, mais il aura tendance à grossir le trait, rendre la tache plus ardue qu’elle ne peut l’être.
J’en connais d’autres qui, pour le même équipement et/ou au même tarif, savent être plus justes et conciliants quand la tâche se corse…
Conclusion
Et puis, je reste intimement convaincu, certainement par ambition pour ma pratique, que l’adage qui peut le plus, peut le moins doit trouver tout son sens dans notre pratique. Une vision à double tranchant. Le Radon Slide 160 serait plus en accords avec la réciproque, qui ne se vérifie pas. Mais, en un sens, certains de ses concurrents devraient s’inspirer de l’accessibilité première du Radon Slide 160.
Ce n’est pas parce que je n’ai pas trouvé chaussure à mon pied sur ce Radon Slide 160 que personne n’y trouvera son intérêt. Je le conseillerais même à ceux qui souhaitent s’offrir un beau vélo pour débuter et découvrir les premières joies de notre pratique si ludique… Alors, à la question rituelle : Pourquoi voudrais-je le garder ?
« Je réponds, sans aucune condescendance, non pas pour l’utiliser, mais pour le conseiller, et le prêter ! À ces clients, ou amis, qui n’ont jamais osé m’accompagner en Enduro, pensant qu’il s’agit d’une pratique à risque, réservée à une élite. Le Radon Slide 160 a le chic pour rendre les choses simples, faciles et ludiques de prime abord. Une belle première monture, pour peu que l’on soit lucide et attentif, ensuite, avant d’en demander trop… »
Positionnement & usage
En synthèse, le tableau de positionnement et d’usages permet, en un seul coup d’oeil, de saisir les capacités du vélo.
Comparées à celles des autres vélos à l’essai permettra de répondre à l’éternelle question > par rapport aux autres, qu’en penses-tu..? rendez-vous sur la page du Comparateur d’essais VTT Endurotribe pour en savoir plus > https://fullattack.cc/comparateur-essais-vtt-2016/