Explorer la montagne, découvrir de nouveaux trails, prendre la poudre d’escampette et se perdre au cœur de la nature sauvage. C’est ainsi que Lisa et Lucy perçoivent le VTT, loin des chronos et des bikeparks surpeuplés. Ce ne sont pas des pros, juste des « girls next door » passionnées. Lisa est monitrice de VTT sur Tignes, tandis que Lucy travaille pour la de la presse outdoor.
Les deux amies ont eu envie de mettre en images leurs aventures afin de donner envie aux autres filles de se mettre au VTT, de quitter les bikeparks pour les singles de montagne, tout en apport un style différent, esthétique et féminin, bien différent du « bike porn » habituel…
Texte : Lucy Paltz # Photos & vidéo : Antonin Biez (Focal 77)
Chapitre 1 – La Rosière
Pour notre premier épisode de Poudre d’Escampette, nous avons choisi la Rosière, intriguées par le versant français du Col du Petit Saint Bernard. Si la Thuile est régulièrement sous les feux de la rampe, la Rosière est plus secrète, encore confidentielle dans le milieu du VTT. Les paysages d’alpage y sont magnifiques, la vue sur la vallée imprenable, il ne nous en fallait pas plus pour décider d’aller explorer les environs cet été.
Nous sommes donc parties deux jours à la Rosière, embarquant avec nous Antonin, jeune réalisateur de talent. Nous voulions absolument une atmosphère féminine pour mettre en lumière cette aventure et changer un peu de ce que l’on voit habituellement dans le VTT. Antonin, véritable artiste dans son approche de la vidéo, passionné par les couleurs douces, les jeux de lumières et les herbes folles était donc l’homme idéal !
Sur place, Charly puis Romain, des riders locaux, ont eu à coeur de nous faire découvrir les plus jolis singles de leur coin de paradis. L’été, les remontées mécaniques permettent de grimper facilement jusqu’au Roc Noir, d’où partent les pistes du bikepark. Pour notre part, nous avons continué en pédalant jusqu’au Fort de La Redoute Ruinée. D’ici, on a une vue imprenable sur le Col du Petit Saint Bernard et l‘Italie toute proche, et, à droite, sur le Mont Pourri et la vallée sauvage dans laquelle nous allons descendre, la Combe des Moulins.
Caillouteux et un peu cassant au début, le single devient rapidement herbeux, serpentant entre les rhododendrons et les myrtilles. Tantôt roulant, tantôt vallonné et réclamant un petit coup de pédale, c’est un vrai chemin de montagne. Il nous mène jusqu’à un petit village blotti dans un vallon, le Vaz. Premier d’une longue série, puisque nous allons en traverser près d’une dizaine avant d’arriver dans la vallée. Parmi eux, le Châtelard et son emblématique chapelle blanche perchée sur un promontoire, traversé par plusieurs itinéraires différents. Les petits hameaux de montagne sont encore très authentiques, loin de l’atmosphère des stations, avec leurs ruelles abruptes entièrement pavées, les poules qui traversent et les vieillards qui échangent quelques mots au passage.
Après une jolie section boisée, presque sombre, qui contraste avec les alpages du sommet, nous regagnons des prés puis la route sur laquelle nous pédalons pour rejoindre les Ecudets, télésiège qui nous permettra de rejoindre la Rosière. On vient de s’enquiller mine de rien 1210 m de dénivelé négatif en un seul run, avec une grande variété de paysage et de pilotage, vraiment un bel itinéraire !
Nous terminons la journée avec des trails plus courts mais magnifiques, dont une splendide crête qui domine la Tarentaise, avec le Mont Pourri en toile de fond. C’est d’ailleurs face à la vallée que nous laissons le soleil tomber derrière les montagnes en grignotant un barbecue bien mérité !
Le lendemain, nous remontons jusqu’au Fort de la Redoute Ruinée, pour basculer de l’autre côté cette fois ci, sur le Col du Petit Saint Bernard. L’environnement est un peu plus minéral, un peu plus technique, avec des portions qui empruntent la voie romaine, construite en 45 avant notre ère sur ordre de Jules César. La légende raconte même qu’Hannibal et ses éléphants l’auraient empruntée durant leur marche vers Rome !
Nous quittons les pavés, pas forcément agréables sous les roues, pour un chemin caillouteux et sinueux qui regagne le col et la frontière. Ici, plusieurs possibilités s’offrent à nous : regagner la Rosière ou descendre sur la Thuile. Nous choisissons de continuer notre découverte côté Français : après une section de route nous rejoignons un superbe chemin qui bascule dans la forêt des Ecudets. A fond dans les sapins, y’a des épingles, des sections roulantes, ça sent presque le sud et le lichen, un vrai bonheur.
Encore quelques tours de roues, un single ou deux et il sera temps de remettre les vélos dans le camion. La Rosière est vraiment un endroit sauvage à découvrir, en jouant de la carte IGN pour découvrir comme il se doit les chemins de montagne. Si vous cherchez du raide et des chemins engagés, mieux vaut aller sur la Thuile, mais si vous avez envie de changer d’ambiance et privilégier la découverte, la Rosière est une option sympa, même en hors saison (si vous êtes courageux, car sans les remontées, ça grimpe pas mal ! ).
Lucy