En tant que successeur d’un best-seller de longue date, le Canyon Spectral nouveau millésime a fait couler beaucoup d’encre à sa sortie. Pour preuve, l’audience et les échanges en commentaire de sa présentation sur Endurotribe.
Chose promise, chose due : nous avons, depuis, travaillé à l’essai d’un exemplaire du Canyon Spectral CF 9.0 Pro 2018, modèle milieu de gamme de l’offre du VPCiste renommé. Avec en tête, les nombreux et bons moments passés au guidon de l’ancien.
Alors… Qu’en est-il sur le terrain ? Que vaut la nouvelle version du Canyon Spectral ? Comment se place-t-elle sur le marché ? Qu’en faire et qu’en penser ? Réponse, à l’occasion de ce nouveau verdict d’essai Endurotribe !
Temps de lecture estimé : 10 minutes
Au sommaire de cet article :
- Premières impressions
- D’où ça vient
- Comment ça se règle ?!
- Comment ça se pilote ?!
- Spectral (EX) ?!
- Pour qui ? Pour quoi faire ?!
- Vis-à-vis de la concurrence ?!
- Détails en question…
- Conclusion
- Positionnement & usage
[divider]Canyon Spectral CF 9.0 Pro[/divider]
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- Destiné à l’usage All Mountain
- Roues en 27,5 pouces
- 140/150mm, RS Deluxe RT3 + Pike RCT3
- Triangle avant carbone, arrière Alu
- Reach de 460mm en taille L, offset normal
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[column size=one_half position=last ]
- Mavic XA Pro, 26mm
- Mavic Quest Pro, 2.4 pouces
- Sram Guide RS, 180/200mm
- 5 modèles, 4 tailles, 2999€ à 6999€
- 13,420kg, L, pneus tubeless + préventif
- Sorti en décembre 2017
- Fiche du vélo sur www.canyon.com
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Premières impressions
Deux impressions flagrantes se démarquent à l’usage du Canyon Spectral 2018. En premier lieu, le comportement de la suspension arrière : la différence est flagrante vis-à-vis du prédécesseur. Au point que les automatismes ne soient plus à propos. Ici, on perçoit clairement une suspension en deux temps : très sensible et libre en début de course, puis clairement ralentie passé le SAG. Entre les deux, la transition est aussi fluide, que la différence, marquée.
D’autre part, et aussi paradoxal que cela puisse paraître, le nouveau Canyon Spectral paraîtrait presque plus petit. Du moins, de la même taille, alors qu’il prend quelques millimètres de Reach, d’empattement avant et d’empattement total sur le papier. Mais alors, à quoi ces premières impressions peuvent être dues ? Quelles explications logiques peuvent-elles trouver ? Une fois encore, c’est au coeur de la cinématique et de sa corrélation avec la géométrie que l’on peut jeter un oeil…
D’où ça vient
Pour en avoir le coeur net, nous avons recoupé les infos issues des courbes officielles transmises par la marque, et celles plus officieuses que l’on peut trouver sur le net. Si les chiffres et les détails de profils ne sont pas en tout point identiques, plusieurs tendances importantes se dégagent. Ne prêtons pas attention aux courbes dites « concurrentes », mais bien à celles du Spectral ici…
* Cliquer sur les images de la galerie ci-dessous permet de profiter de leurs commentaires en légende
Ces trois paramètres ainsi conjugués expliquent que la suspension puisse paraître sensible et active en début de course puis plus freinée et maintenue par la suite du débattement… Et ce, en toute circonstance ! Mais qu’en est-il de l’impression de vélo plus petit ?!
Très certainement de la position héritée de ce comportement de suspension très marqué en dynamique. Quoi qu’il arrive, le boitier, même plus bas sur le papier, ne plonge pas sous les appuis. On ne peut pas tasser le vélo pour se planquer derrière le cintre et la roue avant. On reste au dessus… Et puis, on va le voir, le vélo est plus efficace, rapide facilement, alors forcément, on est peut-être aussi plus en demande de stabilité à haute vitesse à son guidon…
Comment ça se règle ?!
J’ose cette dernière affirmation, et je confirme mes impressions quant au fonctionnement de la suspension à la suite d’une observation évidente : avec un tel caractère de suspension, le Canyon Spectral peut se rouler avec n’importe quel SAG ! De 25 à 35%, sans rire, le résultat est similaire.
Quoi qu’il arrive, c’est sensible en début de course, puis c’est soutenu à mi-course. À peine faut-il ajuster la détente, en la freinant davantage si l’on ajoute de l’air. Pour le reste, pas la peine de chercher à pinailler, jouer du clic ou du token. De toute façon, la cinématique prend clairement le dessus.
En découle deux choses. Pour peu que ce caractère se retrouve effectivement chez les Sender et Torque de la marque, on peut désormais dire que Canyon dispose d’un vrai caractère, d’une vraie identité. Si l’on pouvait, ce serait un caractère qui se décèlerait même lors d’un essai à l’aveugle tant il est évident.
Un caractère propre qui a le chic d’être facile à régler. Qu’importe le SAG. Un ajustement à la louche suffit pour y goûter et en tirer parti. Au guidon du nouveau Canyon Spectral, régler son vélo n’a rien de sorcier, pointu ou exigeant. Tout juste faut-il veiller à utiliser un peu de compression basse vitesse à l’avant pour accorder l’ensemble…
Réglages | Avant | Arrière |
---|---|---|
SAG | 30% | 30 à 35% |
Détente | mi-plage à 2/3 ouverte | à mi-plage à 2/3 ouverte |
Compressions | Ouverte à 1/3 fermée | Ouverte |
Token / Spacers | d'origine | d'origine |
* Clics de détente et compression comptés depuis la position la plus vissée des molettes. SAG arrière réalisé assis/selle haute – SAG avant réalisé debout/bras en appui sur le cintre / épaule à l’aplomb du guidon.
Comment ça se pilote ?!
Après une telle démonstration, il va s’en dire que piloter le Canyon Spectral 2018 est remarquable à plusieurs titres : dans plusieurs circonstances, le comportement du dernier venu se démarque et se synthétise en un mot : playbike !
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[cbtab title= »En courbe »]
C’est là que le caractère du Canyon Spectral m’a sauté aux yeux en premier. J’étais habitué à tasser le boitier de l’ancien dans les appuis, tirer parti de la dynamique qui s’en créait, entre vélo qui partait en manual tout seul et roue arrière qui accélérait en sortie de courbe.
Là, l’approche est presque diamétralement opposée. Sous cette méthode, le Canyon Spectral 2018 reste neutre, presque inerte. Les pneus, s’ils sont mal gonflés, prennent tout dans la figure. Le nouveau millésime peut se prêter au jeu, mais demande à être beaucoup plus vif, incisif dans le geste.
Mieux vaut finalement mettre le vélo sur l’angle, jouer à le coucher, baisser la selle, s’y asseoir, sortir le pied au besoin, et faire tourner/taper le vélo dans les appuis. L’ancien était un lapin, le nouveau est une moto de SX.
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[cbtab title= »Dans le défoncé »]
Quand le terrain est défoncé – lit de racines, pierrier, roches à nue – la suspension arrière du Canyon Spectral en devient bluffante. Le maintien en milieu de course dévoile toute sa capacité à amortir sans utiliser énormément de course.
L’assiette du vélo reste constante, très stable, très rassurante… Et le vélo semble se nourrir des obstacles pour, à minima conserver sa vitesse, à maxima en générer pour peu que l’on ne soit pas surpris au point de monter sur les freins.
Quoi que si l’on y vient, sûrement aidé par son anti-rise particulièrement faible en début de course , le vélo ne soit pas brutal, comme peuvent l’être certains concurrents. Le Canyon Spectral a plutôt tendance à rester où il en est dans le débattement à ce moment là.
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[cbtab title= »Dans la pente »]
Sensibilité de début de course et faible anti-rise participent à ce que le Canyon Spectral 2018 soit intéressant dans la pente. La roue arrière y garde tout son grip et donc, son intérêt pour freiner et continuer à assister la roue avant.
On peut y exploiter la suspension arrière sur ses premiers centimètres de course jusqu’au point qui marque la différence avec le premier tiers de course, qui permet de toucher le terrain, marquer un appui, décaler la roue et la placer entre deux cailloux ou racines tendancieux…
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[cbtab title= »À la pédale »]
En commentaires suite à sa présentation, le Canyon Spectral 2018 a reçu quelques critiques concernant son poids… Si elles peuvent être justifier en cas de portage, elles ne le sont pas au roulage ! Entre l’anti-squat marqué, l’assiette maintenu et le boitier qui débat peu : la vivacité du vélo est au service de sa propulsion !
Au train, sur la selle, lorsqu’il faut marquer un coup de pédale plus fort qu’un autre pour franchir un obstacle… À la relance, en danseuse, pour profiter de quelques mètres où faire parler la puissance… Ou pour tirer parti du moindre mouvement de terrain où tirer, pousser, pumper… Ce que le Canyon Spectral perd à cause de son poids est largement compensé par ce qu’il gagne en vivacité… Pour peu que l’on cherche à en tirer parti !
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Spectral (EX) ?!
En commentaire lors de son lancement, le Canyon Spectral EX soulevait la question de son usage avec une fourche en 160mm, comme Joe Barnes s’y amuse depuis qu’il dispose du vélo. C’est effectivement possible ! L’ancien modèle ne s’y prêtait pas totalement, le déport de poids sur la suspension arrière ne permettait pas de la régler correctement pour rester efficiente sans plonger dans son débattement.
Le nouveau Canyon Spectral, avec ce support à mi-course si caractéristique, s’y prête. Le boitier se relève quelque peu et le reach diminue légèrement, mais l’ensemble reste dans des proportions acceptables. C’est plutôt le triangle arrière, jusque là sans reproche, qui commence à montrer des limites. La vitesse et l’engagement augmentant, on sort de sa zone de rigidité/précision, et l’on sent que sous les gros appuis, le cadre finit par trop travailler pour maintenir le rythme.
Pour qui ? Pour quoi faire ?!
Ce qui me fait dire que le Canyon Spectral 2018 est fait pour rouler en mode passe partout… Avec pour terrain de prédilection, les petits massifs et la moyenne montagne. Ces endroits où la vitesse moyenne reste modérée, où il faut souvent tricoter, et où les zones sont parfois ultra-techniques ou pentues sur quelques mètres d’extrême attention.
C’est le coeur d’usage et de terrain de jeu que je lui prête, accompagné de quelques sessions navettes, station et montagne, quand la neige a fondu et que quelques rares et belles occasions se présentent dans l’année. Tant que ces exceptions en restent, et ne viennent pas à se généraliser…
Vis-à-vis de la concurrence ?!
Car aussi paradoxal que ça puisse paraître, le nouveau Canyon Spectral n’est pas nécessairement plus polyvalent que son prédécesseur. Ce dernier avait pour lui une concurrence peu marquée sur ce segment des vélos entre deux mondes et au dessus, sur le terrain des enduros très racés.
Le nouveau Canyon Spectral doit, lui, faire face à une concurrence revigorée, notamment sur le segment des vélos très racés et/ou en 29 pouces et/ou à fort débattement sur lesquels l’offre est de plus en plus concurrentielle.
On ne peut pas dire qu’il soit sur le même niveau que les Specialized Enduro 29, Mondraker Foxy 29, Commençal Meta AM 29, Felt Compulsion… Ou en premier lieu son grand frère de gamme, le Canyon Torque, à l’essai en ce moment même pour mieux cerner la différence entre les deux.
Tout juste ai-je envie d’oser un rapprochement : celui avec le Santa Cruz Hightower dont le Canyon Spectral partage la facilité de réglage des suspensions et l’immédiate incitation à la débauche sans prise de tête, malgré l’idée que les ingrédients utilisés dans la recette ne soient pas du tout les mêmes…
Détails en question…
Pour être tout à fait complet, les échanges en commentaires et la présentation du Canyon Spectral 2018 ont soulevé des questions sur certains points précis du dernier venu. L’essai permet une fois de plus de faire la part des choses et se consacrer à l’essentiel…
Conclusion
Il était attendu au tournant, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il l’a pris avec élan ! Le dernier Canyon Spectral ne manque pas de caractère. De quoi conclure de bien belle manière au moment de l’éternelle question : pourquoi voudrais-je le garder ?!
« Parfois, un produit ou une technologie best-seller marque son temps, puis peine à rester. Le Canyon Spectral, lui, ose et sait se réinventer ! Suspension à fort caractère, facile à régler, passe-partout propre et efficace… Les ingrédients pour tenir son rang dans une époque qui a changé, un marché qui s’est étoffé et enfoncer le clou sur le segment des playbikes ! »
Positionnement & usage
En synthèse, le tableau de positionnement et d’usages permet, en un seul coup d’oeil, de saisir les capacités du vélo. (rafraîchir la page si le tableau ne s’affiche pas)
Comparées à celles des autres vélos à l’essai permettra de répondre à l’éternelle question > par rapport aux autres, qu’en penses-tu..? Rendez-vous sur la page du Comparateur d’essais VTT Endurotribe pour en savoir plus > https://fullattack.cc/comparateur-essais-vtt-2016/