Chez SRAM, la gamme de frein est issue d’un long process de développement, hérité même, de la reprise de la marque Avid, au milieu des années 2000. Pour autant, les nouveaux SRAM Maven naviguent entre héritage et disruption, avec pour promesse, de corriger le principal manque à la gamme. En quoi tout ça consiste ?! Réponse complète, précise et détaillée, sur FullAttack !
Jusqu’ici…
Les plus expérimentés d’entre nous se souviennent sans peine que la gamme de frein SRAM, telle qu’on la connaît jusqu’à présent, est un héritage du portefeuille Avid, marque rachetée par le groupe américain il y a de ça vingt ans déjà. Deux décennies durant lesquelles les produits ont forcément évolué. Pour autant, on ne peut pas dire que la disruption que l’on connaisse à certaines autres branches du groupe, ait été la norme dans ce domaine particulier.
Ces dernières années, en matière de freinage, les produits SRAM ont plutôt connu différentes évolutions qui sont venues renforcer l’offre. Ainsi, retracer l’historique des freins Avid/SRAM de ces dernières années, démontre une très belle continuité visuelle – aussi bien au levier et son ergonomie, qu’à l’étrier – tout comme une application régulière et constante pour consolider un concept et un savoir-faire, plutôt que de réinventer l’eau tiède à chaque nouveau projet.
Ainsi, même le design Stealth des derniers freins lancés l’an passé – sortie de durite parallèle au cintre – n’a pas touché à l’ergonomie réputée des leviers. Tout comme les disques HS2, venu renforcer les Centerline quand nécessaire, n’ont pas poussé ces derniers à la retraite. Pour autant, cette continuité n’a jusqu’ici pas été sans laisser un certain manque à la gamme des freins SRAM. C’est connu de longue date, et c’était d’ailleurs l’un des tout premiers sujets évoqué Entre 2 Ligne, sur FullAttack :
La puissance pouvait parfois manquer, et il n’était pas rare de faire usage de disques plus grands que la moyenne ou la concurrence, pour avoir un résultat concurrentiel…
Eh bien, c’est à ce constat que s’attaquent les SRAM Maven, nouveaux freins de la gamme américaine. La promesse est simple, et directe : le frein SRAM le plus puissant à ce jour. En fil rouge de cet article, toute la question étant de s’intéresser à comment la marque s’y prend, et voir s’il s’agit une fois de plus d’une initiative dans la continuité de l’existant, ou si, par moments, la disruption n’est pas loin…
SRAM Maven
- Gravity : DH, EDR, VTTAE
- Huile minérale Maxima
- 4 pistons, 19,5 & 18mm
- Disques de 140 à 220mm
- Postmount
- Adaptateurs 20P-1 & 2
- Centerline & HS
- Plaquettes SRAM XL
- Organiques & Métalliques
- Olives Stealth-a-majig
- leviers Stealth
- 4 versions, 220 à 699€
- 362g (Ultimate, Ar, durite 1800mm, plaquettes, sans disque)
- Dispo Fevrier 2024
- Fiche sur sram.com
Première étape de l’analyse, le coup d’œil aux lignes, à l’aspect des éléments qui constituent les SRAM Maven. L’occasion de se familiariser avec le design qui doit permettre de les reconnaître au premier abord…
Voilà pour le premier coup d’œil. Reste maintenant l’essentiel : savoir pourquoi les SRAM Maven ressemblent à ça. Dis autrement, savoir ce qu’ils renferment, et ce que ça promet d’impliquer dans leur fonctionnement…
En détail
Pour revenir au fil rouge de cet article, les nouveautés introduites par les SRAM Maven se situent un peu à tous les étages. Si esthétiquement, c’est l’étrier qui interpelle, on voit dans les détails, que chaque élément ou presque, est concerné par l’intention de faire plus puissant qu’à l’accoutumée…
L’étrier SRAM Maven
Plusieurs initiatives à noter au sein du massif étrier des SRAM Maven. La première, au cœur, concerne les pistons mis en œuvre. De 16 et 15mm sur un SRAM Code, on passe ici à une paire de 19,5mm et une seconde de 18mm. En la matière, la physique est formelle : à pression similaire, la surface plus importante doit permettre de transmettre plus d’effort, donc ici, pincer le disque plus fort, à travers les plaquettes…
Encore faut-il que la structure qui se trouve autour le permette. Raison pour laquelle 4 grosses vis surplombent les plaquettes à l’étrier SRAM Maven. Ces 4 éléments sont là pour minimiser la déformation de l’étrier sous les efforts. S’il s’ouvre moins à l’instant critique, davantage est transmis aux plaquettes, et au disque. C’est une des raisons du volume important de l’étrier des SRAM Maven.
L’autre raison à ces dimensions, tient à la volonté de SRAM de produire un étrier qui se comporte différemment sur la durée. Avec plus de matière, l’étrier SRAM Maven se fixe comme objectif d’avoir une inertie thermique plus importante. S’il doit mettre un peu plus de temps à monter en température, il doit aussi mettre plus de temps à refroidir ensuite. L’idée étant du coup, d’avoir une température de fonctionnement plus stable, gage d’un fonctionnement plus constant selon la marque.
L’huile minérale !
Le comportement thermique dont on vient de parler peut aussi profiter à d’autres éléments propres à l’étrier du SRAM Maven : les joints qui entourent les pistons. On sait l’importance de ces éléments dans la qualité, la constance et la fiabilité d’un frein. Ils sont ici retravaillés dans un matériau spécifiquement développé par SRAM, pour profiter du comportement des SRAM Maven, et surtout, permettre l’usage d’une huile minérale !
Et ça, c’est l’autre grosse nouveauté que cachent les SRAM Maven ! Car jusqu’ici, la marque américaine nous avait plutôt habitués à l’usage d’une huile DOT – réputée pour être plus corrosive, nocive et sensible à l’humidité. Les SRAM Maven se montrent donc ici disruptifs en un sens, même si, dans les faits, la marque et certaines observations tempèrent ce propos.
Dans son discours, SRAM indique par exemple que « chaque solution de freinage a été conçue pour utiliser le liquide et les joints qui lui offrent des performances maximales. Avec les SRAM Maven, la combinaison s’avère reposer sur l’huile minérale. » En outre, la marque a bien concience que les compétence de chaque huiles sont différentes et conclue de ses études que ce que peut l’une, l’autre ne le peut pas. Et dans les faits, si les joints – ceux à l’intérieur même des freins, et ceux des kits de purge – sont spécifiques à un type d’huile et n’apprécient pas l’autre, le reste des éléments utilisés sont semblables à ce que l’on connaît jusqu’ici : raccord cannelé, olive et écrou SRAM Stealth-a-Majig, durites et graisses spécifiques.
Seul le raccord de purge Bleeding Edge qui se destine aux étriers SRAM Maven utilise une dimension spécifique. Si le principe reste le même, cette dimension veut s’assurer qu’un kit de purge DOT ne puisse pas être accidentellement utilisé ici. Et pour boucler sur ce sujet, la durée recommandée entre deux purges via l’usage de cette huile minérale, est portée à deux ans, soit plus que la recommandation pour du DOT – de l’ordre de l’année/saison, généralement.
Les plaquettes SRAM XL
Au cœur de l’étrier se trouvent aussi les plaquettes qu’utilisent les SRAM Maven. Elles aussi sont spécifiques à ces nouveaux freins. Elles se présentent sous le nom de plaquettes SRAM XL. On comprend donc que l’une de leur caractéristique est d’adopter une surface plus importante que celles utilisées jusqu’à présent sur les SRAM Code, Guide & Level.
Visuellement, on les reconnaît facilement à la petite ailette dont elles disposent, et qui lève tout doute. Qui qu’il en soit, ces plaquettes ne rentreraient de toute façon pas dans un étrier Code, tandis que les plaquettes code nageraient dans celui des SRAM Maven. À ce sujet d’ailleurs, leur mise en place et leur retrait se font par le dessous/l’intérieur de l’étrier, et non plus sur le dessus, ce qui demande le retrait de la roue/du disque. Une procédure qui s’explique par la présence des vis d’assemblage/rigidification de l’étrier SRAM Maven, déjà évoqué plus tôt.
Comme pour le reste de la gamme, les plaquettes SRAM XL sont proposées en deux textures : les organiques pour un freinage plus immédiat et sur terrain sec, les métalliques pour plus de puissance et de résistance à la chaleur et/ou sur terrain humide. Des garnitures similaires dans leurs compositions, à ce qui a été développé et proposé sur les précédents freins SRAM. Malgré la puissance plus importante, la surface et quantité de matière plus importante suggèrent une durée de vie annoncée similaire voire légèrement meilleure sur les SRAM Maven.
Les leviers SRAM Maven
Pour saisir que les SRAM Maven sont plus puissants, on pourrait s’arrêter au fait que les pistons de son étrier soient de plus gros diamètre. Sur un frein à disque hydraulique, c’est néanmoins le ratio entre le piston du maître-cylindre qui applique la pression, et ceux des pistons d’étrier qui la reçoive, qui compte vraiment. Or, SRAM indique avoir retouché ce diamètre au niveau du maître-cylindre. Tout comme le système de came SwingLink qui relie le levier à ce fameux piston, et procure le toucher si spécifique aux freins SRAM.
Au final, ce propos pour indiquer que l’intention de la marque est de proposer un toucher de force progressive fidèle à ce que les freins SRAM nous ont habitués, tout en précisant que les pièces utilisées dans ces leviers SRAM Maven, si elles sont proches visuellement ou dans leur conception, ne sont pas directement compatibles avec celles des précédents freins. Ainsi, il existe même un risque de blocage du frein, à monter des leviers Code sur les SRAM Maven. Pour le reste, outre le toucher, l’ergonomie des leviers, que ce soit leur forme ou leur course, se veut respectée à la lettre, pour rester fidèle à ce qui a pu faire l’identité des freins SRAM jusqu’ici.
Les disques compatibles
Autre élément fort d’identité sur un frein : les disques. En l’occurrence, les SRAM Maven reprennent ici aussi ce qui a fait l’histoire de la gamme américaine ces dernières années. Au choix donc, les disques Centerline ou HS2, tous deux compatibles avec les SRAM Maven.
SRAM profite plutôt de l’occasion pour préciser comment sa gamme de disques doit être perçue à l’usage des SRAM Maven. D’abord, pour suggérer que si l’on dispose d’aucun repère, utiliser le disque de frein le plus petit compatible avec son vélo, soit un bon début, compte tenu de la puissance des SRAM Maven.
Ensuite, pour rappeler que mécaniquement, un disque plus grand de 20mm procure 14% de puissance en plus… Et qu’à la mesure, les disques HS2 procurent 7% de plus que les Centerline. Des valeurs qui peuvent permettre, avec l’opportunité d’essayer sur le terrain – la différence entre deux tailles de disque par exemple – de se faire une idée, et de se projeter vers la taille/le modèle le plus à propos, au final.
Quoi qu’il en soit, la marque insiste sur le fait que les SRAM Maven sont conçus pour fonctionner avec une température qui reste assez élevée et constante. Elle précise donc que la couleur que prennent les disques est un bon indicateur. Aucune variation de couleur indique une température de fonctionnement trop faible. Une couleur bronze indique une température satisfaisante. Et l’apparition de nuances arc-en-ciel est signe d’une surchauffe.
À noter, pour être complet sur le sujet, que des adaptateurs spécifiques aux SRAM Maven, pour passer à des disques 20mm plus gros, sont au catalogue. Les Adaptateurs 20P sont donc complétés par les adaptateurs 20P-1 pour passer de 160 à 180mm, et 20P-2 pour passer de 180 à 200mm ou de 200 à 220mm. Dans les deux cas, ces adaptateurs 20P-1 & 2 sont conçus pour utiliser des vis courtes et se passer de visserie CPS – rondelles concaves/convexes. Le tout, pour assurer un meilleur alignement de l’étrier, via des surfaces mieux positionnées/maîtrisées.
Résultats ?!
On le voit donc en détail, la réponse au fil rouge de cet article n’est pas catégorique. Oui, il y a une petite part de disruption dans le fait que les SRAM Maven utilisent un étrier totalement revu et une huile minérale en lieu et place de la DOT connue jusqu’ici comme liquide de référence sur les freins de la marque. À bien des égards pourtant, on se rend compte que les technologies et principes utilisés sont très majoritairement issus et inspirés de ce que la marque a patiemment développé par le passé.
Reste néanmoins une question, par laquelle on conclut cet article : quels sont les résultats, attendus, des SRAM Maven, à l’usage ?!
Ça, c’est pour la théorie. En pratique, les SRAM Maven nous sont parvenus, et sont à l’essai, chez FullAttack. On pourrait vous résumer la première impression en un mot : ça plante ! Mais vous nous connaissez : on ne se contente pas d’un bref résumé, on préfère prendre le temps d’être plus explicite. Raison pour laquelle on vous propose un Premier Essai des freins SRAM Maven, en vidéo, sur FullAttack 😉
La gamme
En matière de gamme, l’arrivée des SRAM Maven est à voir de différentes manières. La première, les plusieurs versions proposées sur le marché. Un kit SRAM Maven Ultimate Expert à l’étrier en édition limitée anodisée rouge splash, avec différents disques, plaquettes, adaptateurs et kit de purge, qui doit permettre de faire l’expérience complète de montage et d’essai. Les SRAM Maven Ultimate avec tous les ajustements connus – garde et point de contact – plaquettes organiques d’origine, finition polie et visserie titane. Les SRAM Maven Silver, qui reprennent les caractéristiques des Ultimates, sans la visserie titane et la finition polie. Les SRAM Maven Bronze enfin, version entrée de gamme, sans l’ajustement du point de contact.
L’autre impact des SRAM Maven en matière de gamme, porte sur la répartition nouvelle des freins de la marque en matière d’usage et de pratique. Logiquement, les SRAM Maven ont pour ambition de se placer sur les pratiques Gravity les plus exigeantes : Descente, Enduro, Park & VTTAE. Un positionnement qui implique que désormais, les Codes soient proposés sur les segments All-Mountain et Trail en lieu et place des Guide/G2 qui disparaissent du catalogue. Les Level restant l’offre à privilégier pour les pratiques demandant le plus de légèreté… Le tout, sans oublier que la répartition huile DOT/minérale a aussi son mot à dire. Les Code et Level forment le versant DOT, les Maven et DB8, le versant minéral…