Après Fort William de tout temps, Leogang 2022 est en passe de sceller la réputation de l’endroit en matière de météo capricieuse. Notamment depuis que le bas de la piste la plus bike park du circuit a muté en un bois qui semble ne jamais sécher, d’une année à l’autre ! En temps normal, c’est déjà donc un juge de paix où la course se joue… Mais cette année, les conditions climatiques ont, aussi, rendu les autres parties de la piste piégeuses. C’est ne tout cas ce que démontre l’analyse des chronos de course, et la partie de puzzle géante à laquelle chacun a dû faire face ce week-end…
Leogang 2022, façon puzzle !
Quand on parle de puzzle party pour Leogang 2022, on entend ici qu’il s’agisse de mettre, bout à bout, les différents secteurs de la piste alors qu’aucun ne se ressemble. Le premier, clairement mixe gros dévers et section bike Park. Le second est faussement large à ciel ouvert, mais truffé de souches ! Le troisième, c’est le motorway. Le quatrième, c’est le bois du bas, le fameux. Et le dernier, c’est ce qu’il faut pour en sortir, et rejoindre l’arrivée. Chacun a son style, ses pièges et surtout, son rythme, son flow ! Poser un run parfait, c’est savoir passer d’un registre à l’autre, en un clin d’oeil, et au bon moment… Sans quoi, c’est l’erreur assurée, dans une course qui s’apparente à une épreuve par élimination.
Laurie Greenland et Benoit Coulanges ne diront pas le contraire. Chacun, à sa manière, a fait parler la poudre dans un secteur particulier. Le Britannique dès le premier inter, où les plus de trois secondes collées à tout le monde sont stratosphériques. Le Français ensuite, prenant le relais en tête des deux secteurs suivants, avant d’être victime du bois final. Deux favoris au tapis, auxquels on peut ajouter Loris Vergier. Lui n’a pas véritablement chuté, mais a subi la loi du dernier bois, alors qu’il était en position pour l’emporté à la sortie du motorway.
Il lui a donc manqué la pièce la plus importante du puzzle, la pièce maitresse, celle du bois final où tout a fini par se décanter, ou presque. C’est là que Matt Walker et Danny Hart font la différence, et que Angel Suarez Alonzo et Amaury Pierron sécurisent leurs podiums. Oui mais, parce qu’il y a un mais, si l’on parle de puzzle, c’est bien parce qu’il faut toutes les pièces pour que le résultat final soit réussi. Et l’air de rien, le dernier secteur, même s’il ne s’agit « que » de la fin du bois, et la section d’arrivée, a fait la différence. Pour Matt Walker vs Danny Hart, et pour Andres Kolb qui s’offre ici son podium à domicile. Il s’en est d’ailleurs aussi fallu de peu pour qu’Amaury Pierron y grappille aussi une place…
Camille Balanche, le coup du chapeau !
En parlant de puzzle, s’il y en a une qui a parfaitement sû assembler toutes les pièces ce week-end à Leogang, c’est bien elle : Camille Balanche ! Il n’y a qu’à voir le profil de sa courbe ou lire la feuille des résultats : en tête à tous les intermédiaire. Devant, du début à la fin. Quand on dit de Camille qu’elle est particulièrement douée pour établir une stratégie de course payante, et la mener à bien. En voilà peut-être l’une de ses meilleures démonstration. Car si, par le passé, les conditions poussaient forcément à ne regarder que la différence qu’elle peut faire dans le bois final, cette fois, les pièges à tous les étages démontrent toute sa maestria.
Alors certes, les courbes permettent aussi de voir à quel point Nina Hoffmann, vainqueur à Fort William, avait de la vitesse jusque là. Mais la voir s’effondrer, commettre erreur sur erreur ensuite, démontre bien les qualités dont il fallait faire preuve pour avoir une courbe comme celle de la suissesse, toujours au sommet ! Pour le reste, on retrouve encore l’illustration même de la partie de puzzle avec laquelle il fallait composer. Marine Cabirou évidement, qui était dans le coup mais dont la chute anéantit tout espoir dans le secteur 2. Vali Holl par deux fois aussi, dans les secteurs 2 et 4, même s’il n’y a pas de blessure en jeu pour elle. Et toutes les autres ou presque, dans le secteur 4, le bois de la fin.
Vu sous cet angle, Myriam Nicole, finalement deuxième, mérite sa place sur le podium. Après son erreur dès le premier secteur, elle fait jeu égal avec Camille dans le deuxième secteur et, sans être aussi rapide que la Suissesse, fait le deuxième meilleur bois du bas du jour. Il n’empêche, le mal est fait, et cette victoire de Camille Balanche est sans conteste la plus évidente de ses trois premières places à Leogang. Il s’agit clairement de la plus maitrisée des trois victoires de la Suissesse… Sur une piste où elle reste invaincue depuis la modification du bas, en 2020 !