Il était attendu, le voilà ! Le RockShox Vivid renait de ses cendres pour renforcer la gamme d’amortisseurs dédié aux pratiques Gravity à la gamme RockShox ! Un nouveau venu très et au discours bien rôdé, qu’on n’a pas manqué de mettre à l’épreuve, sur FullAttack ! Détails, premières impressions et comparatif avec les autres amortisseurs de la gamme RockShox, à lire ci-dessous !
Le contexte
Jusqu’ici, la gamme d’amortisseur RockShox avait ça de particulier : elle pouvait se résumer à quasi, un seul amortisseur à air, dédié aux pratiques gravity au sens très large. Les Deluxe et Super Deluxe. Deux amortisseurs partageant le même concept, l’un se distinguant simplement de l’autre par l’usage d’une bombonne. Et à lui seul, ce concept balayait des pratiques Trail à la Descente, en passant par le All Mountain, l’Enduro et le VTTAE.
Un Do it all qui s’explique largement par l’histoire du développement des suspensions RockShox de ces dernières années. On a déjà eu l’occasion de le partager avec vous : ce sont les travaux de Tim Lynch, ingénieur en chef chez RockShox, qui ont donné le La ces dernières années. Et il se trouve que c’est par le Super Deluxe que tout a commencé. Il était donc logique, dans un premier temps du moins, de se concentrer sur une seule et même plateforme, et d’en explorer toute l’étendue et tout le potentiel, avant d’aller plus loin…
Le Super Deluxe Air est ainsi allé jusqu’à gagner des Coupe du Monde de Descente… Mais aller plus loin, en matière de marketing, ça signifie aussi répondre à la concurrence. Et il faut bien dire que jusqu’à présent, le X2 était bien seul sur le marché des gros amortisseurs à air… Avec ses avantages et ses inconvénients auxquels n’existait jusqu’ici pas de concurrence véritablement frontale chez RockShox. Il faut désormais compter sur le RockShox Vivid qui n’hésite pas à avancer quelques arguments de poids…
En détail
L’argument principal que le RockShox Vivid avance, consiste à clamer que malgré l’usage d’air, il offrirait un comportement similaire à celui d’un ressort hélicoïdal. Une approche bien rodée, à laquelle le marché nous a déjà largement habitués. On peut même en dire qu’il s’agit d’une chimère à laquelle chaque marque revient de manière périodique, preuve qu’elle ne s’accomplit que partiellement à chaque tentative… Dans tels cas de figure, j’ai donc habituellement tendance à en faire fi, et m’intéresser aux vrais arguments et points de conception/développement qui font le réel intérêt du produit en question… Mais il se trouve que cette fois-ci, les initiatives nouvelles dont le RockShox Vivid dispose nous y ramènent. Suivons donc ce chemin pour mieux le découvrir…
Côté ressort…
Ça n’a échappé à personne, le RockShox Vivid fait usage d’un ressort pneumatique. En la matière, l’approche est simple : les volumes d’air dédiés à cette fonction sont plus importants que sur les Deluxe et Super Deluxe. Et qui dit volumes plus importants, dit plusieurs choses en matière de fonctionnement. Pour les plus curieux, on a déjà parlé de ça en détail, par le passé, sur FullAttack, à l’occasion des évolutions du DebonAir chez RockShox. Le Vivid s’inscrit dans cette lignée.
Pour résumer, un volume positif plus important signifie qu’au cours du débattement, l’amortisseur monte moins rapidement en pression. On dit qu’il est moins progressif, plus linéaire… Un volume négatif plus important signifie aussi plus d’aide au déclenchement en début de course, et plus de maintien en cours de débattement. Plus linéaire, plus sensible en début de course, plus de maintien ensuite… Vous avez saisi, ce sont là les caractéristiques les plus connues d’un ressort hélicoïdal, et c’est en ça que le RockShox Vivid s’en approche…
Mais quitte à évoquer le sujet, autant en profiter pour préciser ce qui peut l’être à cette occasion. D’abord, l’équivalence Super Deluxe < > Vivid. Exemple : combien de réducteurs de volume mettre dans un Vivid pour obtenir l’équivalent d’un Super Deluxe ? Une équivalence existe-t-elle ? Réponse : Oui ! Pour s’en approcher au mieux, il faut mettre 4 réducteurs de volume dans un RockShox Vivid…
Avec ces 4 réducteurs en place, on se rapproche au mieux d’un Super Deluxe vide de réducteur + /-, équipé d’une chambre d’air progressive. Ça donne une certaine idée de la marge de linéarité qu’apporte le RockShox Vivid… Alors certes, certains diront qu’on parle ici d’une chambre progressive et que la chambre linéaire apporte aussi davantage de linéarité au Super Deluxe. C’est vrai. Mais si l’équivalence s’exprime de la sorte, c’est parce que d’autres éléments entrent en ligne de compte dans le comportement de l’amortisseur. On l’a dit il y a peu en parlant de la Boxxer : les rapports entre volumes et entre surfaces de piston allouées à chaque chambre ont leur importance et c’est entre ces deux configurations que le rapprochement est ici le plus évident… Et puis pour le RockShox Vivid, un autre détail clé compte…
Côté hydraulique…
C’est là que le RockShox Vivid enfonce le clou d’un fonctionnement similaire à celui d’un amortisseur à ressort. Pour bien saisir, il faut d’abord avoir en tête la courbe de force que propose un ressort pneumatique…
Mais un amortisseur dans sa globalité, ce n’est pas seulement la courbe de force de son ressort. S’ajoute à ça celle de son hydraulique. Et pour le coup, l’hydraulique RC2T du RockShox Vivid fait quelque chose de particulier en début de course…
Le dispositif du RockShox Vivid qui crée ce comportement s’appelle le TouchDown – les fans de football américain ou d’aviation ont la ref… Pas d’images précises de ce qui constitue ce fonctionnement particulier, mais des détails néanmoins, sur le concept mis en œuvre ici. Il s’agit de rendre le déclenchement de l’amortissement sensible à la pression. Ici, tant que l’huile – via la montée en pression de l’IFP et son débit – n’atteint pas une certaine pression, elle ne déclenche pas le circuit de compression basse vitesse RC2T dont on a déjà parlé en détail sur FullAttack. Le système est donc sensible à la pression et non directement à la position dans le débattement. Les 10% annoncés restent donc un arrondi, mais on saisit bien l’esprit… Alors que la position dans le débattement, l’autre dispositif dont l’hydraulique du RockShox Vivid dispose en est clairement dépendant. Il s’agit de la butée hydraulique de fin de course, déjà présente sur les Super Deluxe Air & Coil dernière génération…
Structure & entretien
Visuellement, il n’y a pas de place au doute, et on ne l’apprend à personne : plus volumineux, le RockShox Vivid dispose de nombreuses pièces spécifique à sa réalisation. Cette architecture nouvelle implique néanmoins une des différences intéressantes en matière de fonctionnement. Son chassis offre notamment un chevauchement plus important des bagues de guidage. Concrêtement, il s’agit donc d’offrir un coulissement plus précis, et plus naturel au RockShox Vivid, moins en proie à l’arcboutement que ses petits frères Deluxe et Super Deluxe, notamment sur les plus longues entraxes/courses… En soit, il s’agit donc aussi d’une initiative qui plaide en faveur d’une meilleure sensibilité, réactivité… Une fois encore, de quoi plaider pour le rapprochement entre ressort pneumatiquet et hélicoïdal.
Ce volume plus important permet aussi de mettre une quantité d’huile d’amortissement plus conséquente en jeu. Un volume auquel on peut prêter deux intérets. Le premier : d’être un peu plus volontaire quant à la dissipation de la chaleur, et d’être possiblement plus perfmant un peu plus longtemps dans la durée des runs. Ça aussi, l’air de rien, ça rappelle un argument qui a longtemps plaidé en faveur des ressorts hélicoîdaux, même s’il s’agissait plutôt de vanter la constance du ressort métallique versus l’échauffement de l’air et de ses joints… Mais qu’importe, on saisit bien l’idée et surtout, on ça permet d’évoquer l’autre nouveauté clamée par la marque : préconisée toutes les 50h jusqu’ici, l’entretien du RockShox Vivid passe à 100h si besoin.
La gamme
Ça a été posé d’entrée de jeu de l’article, le RockShox Vivid vient compléter la gamme d’amortisseurs à air dédié aux pratiques Gravity, du géant américain de la suspension. Logique donc de trouver en tête de gondole, deux versions qui annoncent la couleur : le RockShox Vivid Ultimate qui dispose de tous les réglages – pression, volumes, détente BV, compressions BV/HV, buttée de fin de course & blocage – et le RockShox Vivid DH – qui reprend les mêmes options dans des courses adaptées aux vélos de descente, excepté le blocage. Le premier est disponible dans toutes les entraxes et courses de 165×37,5mm à 250x75mm tandis que le second n’est produit qu’en 225mm et 250mm d’entraxes. Ce sont ces deux modèles qui sont disponibles en after market, tandis que d’autres versions plus simples existent pour la première monte. À noter l’existence de deux upgrades utiles : le réservoir RC2T qui permet de transformer n’importe quel Vivid en version Ultimate et donc récupérer touts les réglages – la procédure complète de remise en pression est nécessaire pour son installation – et les roulements additionnels qui prennent place dans les buselures classiques. À elles deux, ces mises à niveau peuvent aussi permettre d’adapter un Vivid d’un cadre à un autre, sachant qu’il faudra toujours garder un œil sur les settings hydrauliques internes en compression et en détente, pour s’assurer d’avoir le meilleur rendu…
À l’essai
Non content d’avoir l’opportunité de se pencher sur ce qui distingue le RockShox Vivid dans sa conception, c’est aussi l’opportunité de rouler ce nouvel amortisseur qui m’incite à écrire à son sujet. Il est à ma disposition depuis le courant du mois de juin, pour prendre place sur le Santa Cruz Megatower qui a déjà reçu le Super Deluxe air – Air Can linéaire – et Super Deluxe Coil. Un vélo et des amortisseurs régulièrement utilisés en compétition depuis l’an passé : À Val di Fassa (EDR), Risoul (CDF) et au Ard Rock avec le Super Deluxe Air, à Loudenveille (EDR), à l’Île Rousse (CDF), à Levens (ChDF) et Pietra Ligure (EDR) avec le Super Deluxe Coil, et sur la première journée de course du Grand Rallye VTT avec le RockShox Vivid. Un amortisseur que j’ai également retrouvé sur le YT Tue de Descente utilisé par alternance avec le Megatower, une semaine durant, à Whistler, pendant la semaine des Crankworx. Bref, des circonstances connues, maîtrisées et variées permettant de livrer des impressions utiles pour s’y retrouver…
À l’atelier
D’abord, pour quelques détails de montage à savoir. Pour ceux que le volume du RockShox Vivid interpelle, j’ai disposé d’un RockShox Vivid et d’un Fox X2 en même temps, pour faire des mesures. J’ai constaté les mêmes encombrements, à quelques dixièmes de millimètre près. Ainsi, les AirCan sont toutes deux à 58mm de diamètre, exception faite des valves, qui présentent les mêmes encombrements. Même observation au niveau du déport des bombonnes par rapport à l’axe principal de l’amortisseur. Si l’un passe, l’autre devrait donc passer de la même manière. D’autant plus que la position de la valve est ajustable angulairement, ce qui peut être utile pour s’adapter à certains cadres, mais aussi pour s’assurer que la bombonne n’interfère pas au moment d’y connecter la pompe haute pression… Et pour ceux que l’usage du montage de roulement interroge, l’exemplaire du Vivid que j’ai reçu n’en disposait pas à la base. Or, l’angulation est importante au niveau de la biellette du Megatower. Sans roulements, le rendu n’était pas satisfaisant. J’avais clairement le sentiment que la sensibilité était mauvaise. Ça grattait. Comme si les basses vitesses, pourtant ouvertes à fond – étaient trop freinées. Ou comme si le setting hydraulique n’était pas le bon. Avec les roulements, tout est rentré dans l’ordre, et j’ai clairement pu profiter de tout ce que le RockShox Vivid apporte…
Nature propre…
D’abord, son propre caractère. J’ai reçu l’amortisseur avant même d’avoir connaissance de tout ce que j’ai exposé jusqu’ici, dans cet article. Je l’ai donc roulé à l’aveugle, sans quelconque influence, si ce n’est mes propres supputations, construites au fur et à mesure du roulage. En l’occurrence, c’est la sérénité qu’il apporte que j’ai d’abord noté. Notamment quand l’amortisseur prend son débattement. Le maintien est bon après SAG mais surtout, la montée en charge reste contenue en fin de course. Résultat, les phases de détente qui suivent sont maîtrisées.
J’ai d’abord prêté ça au volume d’air positif plus important, avant d’apprendre que l’amortisseur dont je dispose fait aussi usage du setting interne de rebond progressif, donc un peu plus freiné en détente haute vitesse que le setting linéaire dont disposent les deux Super Deluxe dont j’ai également à dispo. D’ailleurs, c’est en précisant ensuite les différences de fonctionnement versus ces deux autres amortisseurs de la gamme, que le tempérament du RockShox Vivid se précise le mieux.
Versus le X2 ?!
Impossible de manquer la question. Quelles impressions le RockShox Vivid peut-il donner versus son concurrent direct le plus évident, le Fox Float X2 ? Crevons tout de suite l’abscès : je ne suis pas en mesure de m’exprimer sur la fiabilité de chacun. Les conditions d’essai réunies jusqu’à présent ne le permettent pas. En matière de comportement cependant, c’est possible. D’abord, pour noter qu’ils partagent ce sentiment de procurer de la séreinité au vélo, là où jusqu’ici, les Super Deluxe dynamisaient forcément l’ensemble. Pas de doute donc, Vivid et X2 font partie de la même classe. Je dirais ensuite que le dimensionnement et le setting interne de détente progressif du Vivid est réussi dans le sens où il apporte notamment cette séreinité en phase de détente haute vitesse, là où je l’attendais particulièrement. Ça compense donc en partie l’absence de réglage de détente haute vitesse qui reste le point fort du X2 pour ceux qui veulent véritablement en profiter pour tirer le meilleur parti de leurs montures. Quoi qu’il en soit le Vivid reprend la main sur ce qu’il offre en matière de compression, sa manière de gérer compressions hautes et basses vitesses étant plus indépendante et logique/facile d’accès que la réalité offerte par le X2…
Versus les Super Deluxe
Par rapport au Deluxe Air d’abord, la différence de montée en charge se confirme. Avec le Super Deluxe Air, le « creux de l’air » à mi-course est clairement présent, et porte parfois préjudice à l’assiette du Megatower. Il faut donc y palier en jouant des compressions. Et la haute vitesse est bien utile à ce niveau, quoi qu’on en pense a priori. La montée en charge reste ensuite prononcée, si bien qu’en détente à haute vitesse, le vélo a tendance à catapulter, quand bien même le réglage de détente externe est serré. En clair, la nature même du ressort pneumatique du Super Deluxe Air implique de tout faire pour éviter que le Megatower ne rentre trop vite, trop fort dans son débattement. Ça tombe assez bien, puisqu’on l’a vu par ailleurs, et avec d’autres amortisseurs, c’est de toute façon son tempérament. Mais ça enferme tout de même pas mal dans un certain schéma, notamment sur l’usage des compressions, totalement dédié à corriger/maintenir l’assiette du vélo…
Avec le Super Deluxe Coil, la donne est différente. Le maintien naturellement plus prononcé à mi-course règle une partie du problème. L’assiette du vélo est mieux gérée, et l’hydraulique est moins sollicitée pour s’en charger. On peut commencer à en jouer comme je l’indiquais récemment à l’essai de la Boxxer. Et ça colle, une fois de plus, mieux au tempérament du Megatower qui incite à rester haut dans le débattement pour être le plus performant. Mais ça peut aussi avoir ses limites quand on roule fort, qu’on est déjà dans le débattement, et qu’un nouvel impact doit être encaissé… Les square edge ne sont pas le fort du vélo dans cette configuration. Quand bien même la sensibilité du ressort hélicoïdale est meilleure…
Le RockShox Vivid se montre finalement celui qui offre le plus de liberté dans l’usage des réglages externes dont il dispose. Sa sensibilité au toucher est effectivement intéressante. Le Megatower n’est cependant pas le meilleur vélo pour en juger, je ne m’étalerai donc pas sur ce point. Par contre, la mi-course du RockShox Vivid est intéressante ensuite. La tolérance de l’air à ce stade offre la possibilité à la suspension de continuer à débattre, que le Super Deluxe Coil ne permet pas. Tandis que la fin de course moins tumultueuse et la détente haute vitesse moins violente permettent de jouer des compressions de manière plus libre et précise qu’avec le Super Deluxe Air. Le gain est évident.
En conclusion
Ce dernier paragraphe est intéressant. C’est d’ailleurs en revenant sur sa signification que je conclus cet article. Quelque part, il répond à une question latente qui trotte dans la tête depuis le début de mon propos. Le RockShox Vivid tient-il la promesse d’être un amortisseur à air qui fonctionne comme un amortisseur à ressort ? A-t-il raison de s’appuyer sur cet argument ?! En partie : oui ! Il a un fonctionnement plus linéaire et moins marqué par la courbe caractéristique des ressorts pneumatique dont il est pourtant équipé. Face au Super Deluxe Air, c’est une évidence. Pour autant, il fonctionne différemment du Super Deluxe Coil, notamment après SAG. Est-ce problématique pour autant ? À mon sens, non ! Tout bonnement parce qu’il apporte quelque chose de plus – cette capacité à encaisser deux impacts d’affilée sans avoir totalement recouvert sa position initiale – et parce que du coup, le RockShox Vivd complète bien l’offre RockShox. Et c’est bien ça qu’on lui demande, à l’origine. Et puisque désormais, vous avez le détail de comment chacun fonctionne, je vous souhaite d’y trouver celui qui vous convient… En demandant des précisions ou des conseils, en commentaire ci-dessous, en cas de besoin 😉 À très vite !