C’est devenu une habitude : à chaque nouveau lancement, les équipes Met & Bluegrass s’appliquent à nous en apprendre autant sur leur dernière création que sur ce qui anime le milieu du casque et de la protection. L’arrivée du Bluegrass Vanguard – intégral léger destiné à l’Enduro – ne déroge pas à la règle. Tout ce qu’on peut savoir du nouveau venu, et ce que j’ai glâné au siège de la marque, c’est à lire ici. Bonne lecture 😉
Le contexte…
Mille neuf cent quatre vingt sept… ça fait donc un petit moment que la Met – comme disent les locaux du Valtellina – fait partie du paysage VTTistique. Par contre, on est déjà moins à savoir que Bluegrass – la marque dédiée au produits VTT gravity typés race – est propriété de la même entreprise italienne basée au Nord du lac de Côme. Sur FullAttack, il faut remonter à l’apparition du Roam – le casque open face d’Enduro Met – en 2017 pour trouver trace d’un suivi précis des travaux de l’entreprise Lombarde…
Un moment charnière puisqu’il correspond, entre autres, à un tournant en matière de lignes et de design, dans ce que produit la firme à destination de nos pratiques gravity. Depuis, s’en sont suivis le Met Parachute, le Bluegrass Rogue et le Bluegrass Legit qui ont tous, en commun, une certaine signature stylistique. Deux jets et deux intégraux qui constituent une offre assez fournie pour nos pratiques gravity, mais à laquelle il manquait encore un petit quelque chose – voire deux…
À commencer par un casque intégral léger d’Enduro. Certes, le Bluegrass Legit fait partie des intégraux les plus sûrs du marché, mais il s’agit clairement d’un bel intégral de descente, surtout placé sur le créneau du confort que son format doit permettre de procurer. Et certes, le Met Parachute se roule avec la mentonnière certifiée ASTM 1952 et ne pèse pas lourd sur la balance, mais dans certains cas de figure le sentiment de sécurité qu’il procure ne suffit pas quand l’engagement doit être total… Voilà donc le Bluegrass Vanguard – comprenez d’avant-garde, et vous saurez bientôt pourquoi, en lisant ce qui suit !
Bluegrass Vanguard
- Pratique Enduro, dont compétition
- Intégral léger, mentonnière fixe
- Serrage occipital 360° Micrométrique
- Système MIPS C2 (modèle Core)
- Boucle Magnetique Fidlock (Core)
- Visière souple & déformable
- Mousses latérales en C, 25 & 35mm
- Grille avant démontable
- ASTM 1952, NTA 8776, CE & AS/NZS
- 5 étoiles Virginia Tech
- Coque EPS + Polycarbonate & Fibres
- Versions Vanguard Core & Vanguard
- S(52-56cm) M(56-58cm) & L(58-61cm)
- 755g (Core, taille L, vérifié)
- 270€ (Vanguard) & 330€ (Core)
- Dispo juillet 2023
- Fiche sur met-helmets.com
Qui dit casque, dit style. Logique, quand on sait qu’une fois sur la tête, l’image que le casque procure constitue quelque part l’identité, le visage, que l’on dégage en action. Un soin particulier que les designers Met & Bluegrass s’attellent à travailler sans relâche puis plusieurs années désormais. Tant et si bien que c’est par là que l’on commence…
Lignes propres à son concept, filiation claire et assumée avec le reste de la gamme, le Bluegrass Vanguard, l’air de rien, m’apparaît vite comme la version la plus aboutie de la lignée. Sont-ce mes récents échanges avec des designers de renom qui ont aiguisé mon regard, ou bien le fait qu’il propose plus de lignes, plus de contenu que ses prédécesseurs, qui me donne ce sentiment ? Allez savoir ! Il n’empêche que le résultat mérite le coup d’œil, autant que la suite, pour constater qu’il ne s’agit pas que d’un exercice de style…
Mieux que ça, on retrouve, d’une manière ou d’une autre, chaque élément visuel détaillé jusqu’ici, dans une ou plusieurs fonctions propres au Bluegrass Vanguard. Des détails qui, mis bout à bout, assument une certaine ambition : celle de cocher toutes les cases de l’intégral light moderne…
Par le Labo…
Vous trouvez la visite complète ? Attendez qu’on parle de ce qui ne se voit pas forcément en observant simplement le Bluegrass Vanguard. Comme vous le savez, si vous êtes lecteurs réguliers et attentifs sur FullAttack, La Met est une des entreprises européennes dont les ingénieurs sont reconnus pour leurs travaux et impliqués dans le développement de ce qui peut et doit nous protéger au mieux. Se rendre à Morbegno, et visiter le laboratoire d’essai de l’équipe est donc toujours l’occasion d’en apprendre un peu plus que la moyenne, voire, de mettre la main sur des informations uniques. Dernièrement par exemple, un tunnel de soufflerie a notamment pris place au rez-de-chaussée de l’usine Met, pour développer les casques de la gamme route. L’information n’est pas en lien direct avec le Bluegrass Vanguard, mais a tout de même son intérêt. Elle permet d’évoquer les étapes des processus de développement du savoir et savoir-faire que Met & Bluegrass respectent. L’entreprise apprend d’abord à maîtriser les domaines de recherche et développement avec des labos spécialisés, qu’ils soient d’autres entreprises ou de recherche universitaire. Un apprentissage qui, une fois réalisé, permet à l’entreprise d’installer les process en interne, afin de développer les produits. Puis, quand il s’agit de protocoles d’essai, de suivre la production et de s’assurer de sa conformité, tout au long de la commercialisation. Ici donc, l’installation du tunnel signifie donc un certain niveau de maîtrise…
Dans tous les cas, l’objectif affiché de Met & Bluegrass est d’apprendre, encore et encore. Notamment parce qu’il reste des domaines où l’on n’en sait pas autant qu’il le faudrait. En matière de commotions cérébrales par exemple, l’état de connaissance de la science reste limité, et l’on est encore loin de saisir tout ce qui se passe dans le cerveau. Met & Bluegrass travaillent néanmoins avec l’Université de Strasbourg, qui a notamment développé l’une des deux seules modélisations avancées du cerveau, au monde. Université qui fait partie des trois entités à travailler sur les protocoles d’essai portant sur l’aspect rotationnel des impacts à la tête – les deux autres, avec lesquels Met & Bluegrass travaillent aussi, étant les plus actives sur un plan marketing, Mips & VirginiaTech. Si chacun a sa vision et sa conception du protocole, on apprend au passage chez Met & Bluegrass – aussi impliquée dans la définition des normes européennes – que la courante norme EN 1078 devrait être revue courant 2024/25, pour intégrer un test de la mentonnière et du caractère rotationnel. En attendant, Met & Bluegrass travaillent désormais pour que tout nouveau casque gravity respecte la norme NTA 8776 – à l’origine prévue pour les e-bikes rapides à 45km/h – identifiée par l’équipe en interne, comme la plus exigeante et satisfaisante du moment.
Enfin, et ce n’est pas rien, cette nouvelle visite permet aussi d’en apprendre un peu plus au sujet des moyens de modélisation dont dispose la Met en interne. Nous savions déjà, depuis quelque temps, que l’analyse par élément fini – dont on vous a parlé il y a peu par ailleurs – était un domaine maîtrisé à Morbegno. Ce que l’on sait désormais, c’est que le logiciel mis en œuvre est une solution commerciale assez courante, mais que toute la subtilité se situe dans la modélisation de la mousse EPS dans le logiciel. Cette matière a en effet un comportement tout sauf isotrope, et que l’on peut assimiler à une viscosité dynamique, c’est-à-dire qui varie en fonction de la vitesse de l’impact. C’est cette modélisation qui a fait l’objet de toutes les attentions, et que les ingénieurs couvent avec la plus grande attention. Elle leur permet notamment de prévoir et donc affiner, deux choses très importantes. La première, où et comment la coque va-t-elle se fissurer à l’impact – sachant qu’une fissure peut-être une bonne chose, puisqu’elle aide à dissiper l’énergie plutôt que de la transmettre au cerveau – tout en modélisant également les renforts utiles pour éviter que le casque ne perde son intégrité à ce même moment – Met utilise notamment une fibre de renfort spéciale à ces fins. La seconde, l’épaisseur de matière – et donc la distance encore présente – entre l’objet impacté et la tête, au moment le plus critique du choc. Une dimension impossible à prévoir sinon, si ce n’est après essai, une fois toute la production mise en œuvre pour avoir des premiers exemplaires à crasher en labo, et à découper ensuite pour tenter une mesure…
Non content de profiter de ma visite à Morbegno pour en ramener des informations qui participent à une meilleure compréhension des enjeux, technologies, savoir-faire et intentions qui peuvent animer notre milieu, c’est aussi l’occasion de mettre directement le Bluegrass Vanguard en action. Au programme, quelques beaux runs top to bottom résolument Enduro – 1000m D- en moyenne – sur les hauteurs du Lac de Côme, avant de participer à la première journée de course de l’étape du championnat e-Enduro italien ayant justement lieu là, ce week-end-là. Avec, à l’esprit, une question simple : la semaine suivante, je me rends à Finale Pietra Ligure, pour la première des deux EDR Open Race prévues pour moi cette saison. Puis-je compter sur le Bluegrass Vanguard pour me sentir en pleine confiance ? ! La réponse est oui, mais ça ne suffit pas de le dire, il me faut aussi dire pourquoi…
Pour ça, je dois d’abord parler de sa stabilité sur la tête. C’est d’autant plus compliqué que c’est quelque chose qui ne se caractérise pas vraiment, mais plutôt typiquement quelque chose qu’on apprécie quand ça se fait oublier. J’ai néanmoins plusieurs bons cas de figure pour illustrer en quoi cette stabilité est intéressante. Je dispose d’abord de plusieurs masques, de plusieurs hauteurs d’écran/monture, à disposition. Sur d’autres casques, le plus grand – masque Ekoi – amène à une situation problématique : j’ai beau tout tenter, la coque finie toujours par peser sur le masque, qui finit par peser sur mon nez, bouché. Avec le Bluegrass Vanguard, il me suffit de pivoter légèrement le casque vers l’arrière, et d’ajuster la position verticale du réglage occipital en accord, pour que tout se passe correctement. C’est même le premier casque qui me permet de rouler ce masque sans soucis. Autre cas de figure qui étaye l’idée d’une belle stabilité : effectuer une liaison sans les mousses des joues se fait sans problème et sans avoir à réajuster le serrage occipital. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’on puisse faire une spéciale sans les avoir – le roulis est bien présent, les mousses des joues servent à ça – mais le tangage du casque est néanmoins très bien maîtrisé. Quelque part, ça n’a rien détonnant. Dans ses lignes, le Bluegrass Vanguard reprend le profil du haut du Rogue, casque justement plébiscité comme étant le plus stable de sa catégorie, sur le marché. Le Bluegrass Vanguard en suit les pas.
Une stabilité d’autant plus intéressante qu’il faut remettre le Bluegrass Vanguard dans son contexte : il reprend les volumes du Legit de Descente. Or, on pourrait lui prêter une certaine inertie, dont il n’est rien. À la place, c’est le sentiment de sécurité, la confiance que le volume du Bluegrass Vanguard procure, que je retiens. Sur ces deux jours, les occasions de se mettre en sursis n’ont pas manqué. De la pente, des cailloux et du gaz, il y en a sur les bords abrupts du Lac de Côme. J’ai même poussé le bouchon assez loin en jouant avec les limites de ma zone de confort : un lourd VTT à assistance électrique en lieu et place du frêle DownCountry essayé en début de semaine, et des pédales plates plutôt que les pédales automatiques auxquelles je suis généralement plus habitué. Qu’à cela ne tienne ! Soit je suis inconscient, soit, je ne perds pas l’essentiel de vue quand les choses se compliquent : jamais ce n’est la présence du Bluegrass Vanguard sur ma tête qui m’est venu à l’esprit comme facteur limitant la situation. J’ai clairement pris plaisir à me concentrer et profiter du reste…
À commencer par la bonne ventilation du Blugrass Vanguard, pour rester sur le sujet qui nous intéresse le plus ici. D’abord, pour noter que même avec la grille, il a la bonne idée de ne pas retourner le souffle dans le visage. Ça fait simplement moins de bruit, et ça procure encore plus d’air à aspirer, quand elle n’y est pas. Au-delà de ça, c’est véritablement le fait de profiter de l’ouverture latérale complète de la mentonnière, qui se fait remarquer. J’ai déjà eu l’occasion d’écrire, par le passé, en quoi ça n’avait pas trop de sens que certains concurrents usent du même design, mais avec des mousses qui en obstruent une partie. J’ai désormais la certitude que cette observation était utile, tant il est évident que l’impression de chaleur est réduite à ce niveau-là. Là et plus haut sur la tête, puisqu’à l’usage, c’est au-dessus du niveau du bandeau du masque, que l’on sent aussi clairement l’air circuler sous la coque. Il a fait chaud – 25°C/30°c annoncés/ressentis sur les prévisions météo, temps lourd, orageux menaçant – mais l’usage d’un VTTAE a limité ma propre montée en température. Pour l’heure, tout ce que je peux dire c’est que j’ai été étonné de ne jamais avoir à essorer la mousse frontale, alors que ça m’arrive régulièrement… Mais puisque le résultat de cette prise en main est concluant, je devrais bientôt pouvoir en dire plus à ce sujet.
Stable, confortable, ventilé et joli, le Bluegrass Vanguard a montré patte blanche. Je l’embarque pour rouler à la vraie, sans moteur, dans la chaleur de la côte Ligure, pour l’EDR Open Race de
FinalePietra Ligure 😉