On peut craindre la comparaison… Ou s’y prêter… De toute façon, elle est inévitable ! Comme celle entre le Yeti SB5.5C et le Santa Cruz Hightower. Nombre d’entre nous se posent la question, et comptent sur ce verdict pour se faire une idée.
C’est en tout cas une question récurrente soulevée par la présentation dans les tuyaux de cet essai. Sur notre marché, les deux vélos sont des nouveautés, du même segment, de deux marques américaines prestigieuses, distribuées par deux distributeurs antagonistes du milieu.
La réponse, comme la question, est donc inévitable. C’est pourquoi j’insiste sur la méthode. Il serait bien trop réducteur de la réduire à une phrase. Le déroulement de l’essai, l’ajustement des réglages, les formats de roue, l’influence du montage…
Chaque partie a son importance. Surtout, chacune offre des éléments de réponse importants : pour se faire sa propre idée, et justifier ma propre conclusion.
Demandez le programme !
[cbtabs][cbtab title= »Prix »]5499 euros[/cbtab][cbtab title= »Poids »]14,04 kg (vérifié, taille L, sans pédales, roues et pneus + avec chambres) ou 14,1kg (vérifié, taille L, sans pédales, roues et pneus 29, carcasses Michelin Reinforced, tubeless et préventif)[/cbtab][cbtab title= »Fiche produit »]http://www.santacruzbicycles.com/fr-FR/hightower[/cbtab][/cbtabs]
Au guidon du Yeti SB5.5C, la logique d’essai était limpide : prendre le vélo en main, puis le pousser dans ses retranchements. Sur la Megavalanche en l’occurrence. Un défi relevé avec brio. Mais ce point d’orgue n’a lieu qu’une fois par an…
Il me faut pourtant avoir la même démarche, pour être équitable. Je mets donc le Santa Cruz Hightower au défi : m’accompagner à la conquête du sommet des Monges (04). Une virée vélo de montagne, à la conquête d’un sommet inconnu, à la meilleure période de l’année pour s’y prêter.
De la pente, des alpages, du portage, des rochers, des épingles… Du roulage à vue, pleine balle, et du dénivelé, beaucoup de dénivelé, dans les deux sens. Avec pour ferme intention d’étriller toutes les traces en zigzag de la carte…
Réglages à propos
L’occasion pour moi de préciser un point particulier. Dans les tuyaux de cet essai, j’ai écrit « 30% de SAG avant arrière, détentes en milieu de plages, pas de compression. Comme avec le Yeti SB5.5C, il n’en faut pas plus pour tirer partie d’un Santa Cruz Hightower sain et équilibré. » Oui, en première intention.
Et tant que l’usage reste dans le champ de pratique du vélo : Trail & All Mountain comme on le définit au comparateur d’essai Endurotribe. Néanmoins, cette virée en montagne met le Santa Cruz Hightower à l’épreuve…
En liaison, dès que la pente s’accentue. J’ai d’abord la sensation de faire du pédalo. Trop assis sur l’arrière. Obligé de casser le buste pour charger le cintre. La roue arrière qui reste tanquée dans les obstacles. Je ne trouve pas ma position de confort et dépense beaucoup d’énergie.
Ça tombe bien, les sections de portage qui suivent me laissent du temps pour cogiter. Ma position est-elle bonne ? Dois-je changer de position de géométrie (L>H) ? N’utiliser que le blocage arrière ? Rajouter des spacers à l’amortisseur..? Trop compliqué, bâtard, incomplet…
« Tenir compte de la configuration particulière, roues de 29 & fourche en 150mm ! »
Je fini par utiliser les détentes : 2 à 3 clics plus rapide derrière que devant. En liaison, dynamiquement, l’arrière reste plus haut. La roue arrière ne reste plus collée aux obstacles, la suspension elle même reprend sa position plus rapidement.
Des suites de cette virée montagnarde, je tire une conclusion. Le Hightower est bien conçu, au départ, pour une fourche en 140mm à l’usage de roues de 29. Dans ce cas, 30% de SAG et détentes en milieu de plage font l’affaire. Mais il faut nécessairement tenir compte d’une fourche de 150mm, 10mm plus haute, dans la dynamique et les réglages du vélo. Décaler la détente arrière de 2 à 3 clics et maintenir, coûte que coûte, cet écart dans ses réglages…
Réglages | Avant | Arrière |
---|---|---|
SAG | 30% | 30% |
Détente | -11/18 (29) -8/18 (27,5+) | -7/10 (29) -5/10 (27,5+) |
Compression (HV/BV) | 0 | 0 |
Token / Spacers | 1 (origine) | 4 (origine) |
Clics de détente et compression comptés depuis la position la plus vissée des molettes. SAG arrière réalisé assis/selle haute – SAG avant réalisé debout/bras en appui sur le cintre / épaule à l’aplomb du guidon.
Mais alors…
Faut-il vraiment compter sur cette configuration 29 pouces / 150mm à l’avant ? Suite à cette virée, j’ai essayé toutes les solutions possibles : toutes les positions de géométries, avec tous les formats de roues, fourche en 150mm, puis en 140mm.
Je passe les détails, sur lequels je pourrais revenir en commentaire. Mais une chose est sûr : c’est bien dans cette configuration 29 pouces, fourche en 150mm et boitier bas, que le Santa Cruz Hightower s’endurise le plus.
C’est ainsi que les angles et la hauteur du boitier travaillent de concert, le rendent capable de tourner et sauter comme la concurrence. Ces fameux 29 pouces nouvelle génération passés en revue durant l’été…
Valeurs intrinsèques
Le Santa Cruz Hightower a donc son mot à dire dans ce match. De par ses bonnes aptitudes en courbe et à l’impulsion. Pour tourner correctement, le boitier descend bien sous l’appui, et propulse le vélo vers l’avant. Idem lorsqu’il s’agit de bunny-upper un obstacle. Jeu égal avec la concurrence sur ce point.
Une autre qualité permet de le démarquer. Quels que soient les réglages, il avale les obstacles et s’en servirait presque pour se stabiliser. La suspension arrière fait preuve d’une sensibilité remarquable qui explique en partie l’impression de débattement important déjà évoquée. Un comportement qui me rappelle… Le Mondraker Dune Carbon R, apprécié par ailleurs.
Engagé dans un passage défoncé, en ayant déjà bien compté sur le débattement pour compenser certains mouvements de terrain parasites. Je peux encore en demander pour absorber une racine, une pierre, un trou caché dans l’ombre.
« Le Santa Cruz Hightower ne tape jamais derrière »
Une qualité que je prête au Yeti SB5.5C, qui ne tape jamais au début de l’impact, puis verrouille ensuite sur une certaine forme de progressivité. Ici, le Santa Cruz Hightower ne tape pas non plus, puis conserve toujours l’impression de disposer d’un débattement plus linéaire. Qualité similaire, mais méthode et rendu différents. Pure question de goût.
À la relance, le Santa Cruz Hightower se démarque plus encore. Au sprint, même en sortie de virage, il est plus vif. Lorsque l’on ne pédale pas, la suspension est très active. Puis, elle se fige lorsque la chaîne se tend.
Le vélo répond aux coups de pédale, l’accélération est franche. Une bonne base pour travailler la coordination qui va bien : marquer l’appuis, gicler de la courbe, placer le coup de pédale et l’impulsion au guidon pour sortir en cabré/pédalé des virages.
Un bon montage ?
On l’a vu en commentaire de la présentation de cet essai. Le montage a de quoi en intriguer certains. Reste à l’éprouver sur le terrain. En l’occurence, un certain constat permet de mieux cerner s’il a son intérêt, ou non.
En matière de rigidité / précision, le Santa Cruz Hightower offre un rendu plus raide et précis. Son cadre notamment. C’est ce que le passage des roues de 29 – à jantes étroites et pneus épais – aux roues de 27,5+ – à jantes larges et pneus souples – permet de mettre en évidence…
De quoi suggérer que le cadre du Santa Cruz Hightower – bien qu’il ne soit que dans sa finition C – soit une base saine et fiable. À assortir d’un montage haut de gamme à la pointe, pour en faire une bête rutilante. Ou à apprivoiser de composants plus tolérants pour le rendre accessible. ça semble être le cas ici.
À l’usage, je n’ai pas l’occasion de pointer du doigt un composant plutôt qu’un autre. Oui, la lecture des spécifications n’est pas des plus alléchante. Mais pour le coup, tout fonctionne, et plutôt bien… Ce serait donc dommage de s’en priver, pour quelques préjugés.
Reste leur influence sur le poids de l’ensemble. Le Santa Cruz Hightower rend presque 1,5kg à la concurrence essayée dans une version plus haut de gamme. Oui, ça se ressent. Passées les 3h de vélo, en montagne. Après plusieurs dizaines et dizaines de mètres de portage.
Je ne dirais pas non à plus léger. Un confort supplémentaire qui se ressent le moment venu, à la longue…
Intérêt et limites du +
L’expérience des roues et pneus 27,5+ est intéressante. J’ai suivi la logique Santa Cruz. Avec une certaine satisfaction, dans un premier temps. Utiliser les pneus « + » lorsque le grip vient à manquer. Dans le sud, en plein mois d’août, il fait cruellement défaut. Gravette sur sol bétonné. On peut difficilement faire plus exigeant.
« Une astuce et un coup de clé, le Santa Cruz est prêt au 27,5+… Ce sont les pneus qui ne le sont pas encore ! »
Dans ces cas là, le format + apporte une telle adhérence. C’est bien simple, il donne la sensation de rouler comme en plein automne, ou au printemps, lorsque le sol est tendre et humide. Lorsque les crampons laissent leurs traces au sol comme dans de la pâte à modeler. Un régal en plein été.
Il suffit pour cela de garder en tête une astuce assez simple : freiner les détentes avant et arrière de 2, voir 3 clics, par rapport à ses réglages 29 pouces. Ce qu’il faut pour éviter au Santa Cruz Hightower de rebondir d’avant en arrière dans les successions de marches ou d’obstacles prononcés.
Côté géométrie. Santa Cruz préconise la position H dans ce cas de figure. Curieux, j’ai expérimenté la position L destinée au 29. Elle est roulable en descente. Elle pourrait d’ailleurs faire affaire un jour de navettes ou de station. Le vélo est bas, l’angle est intéressant. Le vélo accélère en courbe. C’est très bon…
À condition de ne pas pédaler sur terrain accidenté. En liaison, il suffit de traverser une section trialisante pour taper les manivelles et marquer le pas. La position H est bien plus polyvalente et passe partout. On en restera donc au préconisations de la marque. Après tout, on va déjà au delà avec la configuration 29 / 150mm…
Un mais…
Reste qu’il y a un mais. Pour l’heure, les pneus « + » gomment allègrement une bonne partie des obstacles. C’est confortable, stabilisant, rassurant… Mais ça prive d’une bonne partie des informations qui indiquent habituellement si l’on est « trop vite ou pas » pour le secteur.
Et malheureusement, c’est la crevaison – ou la chute – qui rappelle à l’ordre. On ne sent pas nécessairement taper. On ne se fait pas nécessairement brasser avant qu’il ne soit trop tard. Il faut donc repenser sa perception de la vitesse. Trouver de nouveaux repères.
Alors, au final, l’impression est mitigée. L’essai un tantinet écourté. Et les roues 29 pouces gardent ma préférence, comme valeurs sûres. En attendant mieux, il faut savoir raison garder. Le problème n’est pas à imputer au Santa Cruz Hightower en lui-même. Mais comment ne pas en parler ?!
« Le Santa Cruz Hightower est prêt pour le 27,5+, pas les pneus… »
En conclusion
Grâce à l’usage d’une fourche en 150mm de débattement, 10mm plus haute qu’à l’origine, le Santa Cruz Hightower a toute sa place parmi la nouvelle génération des enduros 29 pouces. Il en a la dynamique, et sait se différencier. C’est le fonctionnement de la suspension arrière, notamment, qui permet de faire une différence intrinsèque, au delà des détails de montage.
Pour le situer par rapport à la concurrence : le Yeti SB5.5C est plus direct, plus franc, plus joueur. L’arme idéal pour ceux qui aiment avoir la total maîtrise et toutes les cartes en main pour agir. Le Santa Cruz Hightower est plus tolérant et filtrant. Le partenaire idéal pour ceux qui veulent partager le travail. Une monture à qui confier une partie du job, pour se concentrer sur l’autre.
Alors ? L’un, ou l’autre ?! C’est l’éternelle question… Pourquoi voudrais-je le garder ?
« Le Santa Cruz Hightower est à la hauteur de la concurrence ! Du moins, il en donne toutes les garanties. Mais pour concurrencer, le Hightower nécessite de pinailler un peu dans ses réglages. Un tantinet moins facile, accessible. Et, à un moment donné, plus limité dans sa plage de réglage. C’est ce qui peut faire la différence. Car pour le reste, il a ses qualités, son caractère. Il sait être à la hauteur, et parfois même avoir de meilleurs arguments. Dont celui d’être performant et dynamique, dès un niveau d’équipement raisonnable »
Positionnement & usage
En synthèse, le tableau de positionnement et d’usages permet, en un seul coup d’oeil, de saisir les capacités du vélo.
Comparées à celles des autres vélos à l’essai permettra de répondre à l’éternelle question > par rapport aux autres, qu’en penses-tu..? rendez-vous sur la page du Comparateur d’essais VTT Endurotribe pour en savoir plus > https://fullattack.cc/comparateur-essais-vtt-2016/