Dans les tuyaux de cet essai, le Rose Pikes Peak EN démontre un préalable intéressant : du cadre aux composants, tout se tient : ce qu’il faut de rigide et précis… Alors, que réserve véritablement ce full carbone à moins de 4000€ ?!
Est-il prêt à rentrer parmi l’élite, et bousculer un certain ordre établi ?! À ce stade, la question mérite d’être posée. Outre son design, il me tarde de mieux cerner toutes les capacités de ce vélo… Verdict !
Temps de lecture estimé : 10 minutes
Au sommaire de cet article :
- Rose Pikes Peak EN 2
- ProGeo ?!
- La vraie limite ?
- Réglages
- Pour qui ? Pour quoi ?!
- Version AM ?!
- Comment ça se pilote ?!
- Quelle taille choisir ?!
- Quel montage retenir ?!
- Vis-à-vis de la concurrence ?
- En somme
- Conclusion
- Positionnement & usage
Rose Pikes Peak EN 2
[cbtabs][cbtab title= »Prix »]3881 euros[/cbtab][cbtab title= »Poids »]13,74kg (vérifié, taille L, sans pédales, pneus d’origine montés avec chambres à air)[/cbtab][cbtab title= »Fiche produit »]https://www.rosebikes.fr/bike/rose-pikes-peak-2-en-275-2660314/aid:2681896[/cbtab][/cbtabs]
Comme pour l’Ibis Mojo HD4 essayé il y a quelques temps, on commence par l’aptitude à pédaler. Ce n’est pas un hasard. En la matière, le Rose Pikes Peak EN se démarque. Pas autant que son concurrent californien, mais tout de même… Suffisamment pour souligner ses capacités.
Que ce soit avec la monte d’origine, ou bien avec des carcasses plus épaisses et des crampons plus prononcés, le Rose Pikes Peak EN pédale sacrément bien. Au train, la réactivité est de l’ordre de celle du Scott Genius. L’inertie, à peine plus prononcée.
En danseuse surtout, le Rose Pikes Peak EN est au dessus de la mêlée : dans l’esprit de l’Ibis Mojo HD4, il pompe très peu. Des capacités de bon ordre pour faire des kilomètres en selle. Tout juste, en spéciale, ressent-on une influence des positions de géométrie/progressivité sur la capacité du vélo à garder la vitesse…
ProGeo ?!
Plus le boitier est bas, plus le poids du pilote est sur la roue arrière. Elle tape un peu plus, et le vélo absorbe moins. Autrement, l’influence et l’usage des 4 positions offertes par le dispositif ProGeo est intéressant en matière de géométrie. En dynamique, on a bien comme 4 hauteurs de boitier disponibles, et un débattement progressivement plus exploitable.
En l’état, il n’y a pas besoin de modifier les réglages de suspension d’une position à l’autre. Quel usage en faire ?! Tout dépend des tempéraments. Les plus pointilleux peuvent changer au fur et à mesure du parcours, s’ils le connaissent. Les autres se contenteront de définir une position avant de partir, ou bien, ne retenir celle qui procure les meilleurs sensations.
Dans tous les cas, j’invite à faire quelques tours de boucle test pour goûter à chaque position. C’est intéressant, et facile à percevoir. Surtout, ça permet de saisir la vraie limite du Rose Pikes Peak EN…
La vraie limite ?
Je confie, dans les tuyaux de cet essai, que la suspension arrière me semble taper et raquetter par moment. Je confirme que dans ce cas, passer à la position de progressivité inférieure libère un peu de débattement et influe sur ces phénomènes, mais pas suffisamment.
La roue arrière du Rose Pikes Peak EN 2 frappe parfois le sol et remue son pilote. Sur terrain défoncé et à un rythme soutenu, la perte de vitesse est flagrante. Il faut lutter pour l’entretenir. Dans la pente aussi, les coups de raquette demandent une vigilance importante.
Différents essais me permettent d’identifier deux facteurs en cause dans ce comportement : l’anti-squat relativement élevé d’une part… Et la cohabitation RockShox Super Deluxe / ratio élevé en début de course d’autre part. C’est notamment plus évident ici que sur d’autres modèles passés à l’essai il y a quelques temps. Alors, que peut-on faire ?!
Réglages
Je n’ai pas l’opportunité d’essayer le Rose Pikes Peak avec un Fox Float X2. Mais ce que j’en sais pour l’avoir étrenné par ailleurs, me laisse penser qu’il peut apporter quelque chose. Pas nécessairement tout gommer, mais une partie au moins. Au mieux, il s’accoutume du phénomène et en gomme la majeur partie. Au pire, ses 4 voies de réglage permettent de s’y accoutumer.
Dans ce cas, l’idée est de jouer finement : freiner la détente haute vitesse, et jouer de la compression haute vitesse pour limiter les impacts et favoriser la prise de débattement… Quoi qu’il en soit, il faut faire un effort de réglage là où désormais, d’autres concurrents savent se monter plus simples à régler.
Réglages | Avant | Arrière |
---|---|---|
SAG | 30% | 32% |
Détente | mi-plage à 2/3 ouverte | à mi-plage à 2/3 ouverte si Haute vitesse > chercher à fermer |
Compressions | Ouverte | Ouverte |
Token / Spacers | d'origine | d'origine |
Clics de détente et compression comptés depuis la position la plus vissée des molettes. SAG arrière réalisé assis/selle haute – SAG avant réalisé debout/bras en appui sur le cintre / épaule à l’aplomb du guidon.
Pour qui ? Pour quoi ?!
Je suggère l’usage de cet amortisseur pour les compétiteurs, et plus largement ceux qui aiment rouler sur leurs limites respectives. C’est un pan entier de la pratique de l’Enduro. Et dans ces moments, ne pas se faire surprendre par sa monture est un must. Quoi qu’il en soit, le Rose Pikes Peak EN s’y prête !
Avec le Fox Float X2, il n’est pas forcément le vélo le plus facile ou le plus performant, mais il peut s’aligner en compétition. Sans ça, je le destine sans mal à une pratique All Mountain et Randuro. Ses capacités de pédalage et sa géométrie dans la tendance, en font une monture particulièrement polyvalente et touche à tout.
Version AM ?!
À tel point que pour l’heure, je m’interroge sur la réelle utilité de la version AM présentée il y a peu. En l’état, le Rose Pikes Peak EN a déjà des performances qui le placent bien sur ce segment : il pédale de très bonne manière, réagit/se place dans l’instant, et taille grand/positionne à l’aise pour pédaler.
Pour l’heure, je ne suis pas convaincu que les 10mm de débattement et les quelques millimètres de géométrie d’écart entre les deux soient d’une nécessité absolue pour un usage All Mountain. Je pense plutôt que désormais, un effort est à faire côté suspension sur la version EN…
La rendre plus facile à régler et/ou plus performante, notamment ses modèles entrée de gamme. Avec quelques progrès de ce côté, le Rose Pikes Peak gagnerait le terrain dont il a besoin côté pratique Enduro bien marquée… Et alors, oui, certainement, la version AM aurait tout son intérêt.
Comment ça se pilote ?!
Pour l’heure, je crains fort qu’à l’usage, il n’y ait pas tant de différence. Mais qu’importe, il ne faut pas s’arrêter là. Le Rose Pikes Peak EN a tout de même de bons côtés. Plus on descend le boitier, plus il se pilote sur l’arrière, avec tout ce que ça implique : manual, wheeling, courbes où on pousse sur les jambes, position à l’attaque dans la pente…
Le panel est intéressant pour se prêter à un bon exercice. D’une position à l’autre, le vélo n’accélère pas de lui-même – contrairement au Scott Genius essayé par ailleurs. D’une certaine manière, ceux qui comptent sur leur monture pour faire une partie du job seraient déçus…
Mais ceux qui veulent avoir la pleine maîtrise et toutes les cartes en main sont servis ! La différence d’une position à l’autre pousse à plus d’engagement de la part du pilote. Tout se prête pour que ce ne soit pas le vélo, mais le pilote, qui génère plus de vitesse. Très bon exercice pour certains d’entre nous !
Quelle taille choisir ?!
En ce sens, la géométrie se prête à la vitesse. Plus le vélo est grand, plus il est stable et demande à rouler vite. Le Rose Pikes Peak EN taille grand, il est donc demandeur à ce sujet. J’insiste sur ce point au moment du verdict pour une bonne raison : le fonctionnement de la suspension arrière apporte une grosse stabilité d’assiette au vélo quand il ne raquette pas.
À l’usage, il fléchit peu, se casse peu. Reach et Stack varient à peine. Sur le papier, le vélo est grand, et en dynamique, il le reste ! Raison pour laquelle ce vélo parait plus grand que certains de ses homologues. Pour la première fois, je ressens un vélo légèrement trop grand sur ces valeurs de reach et stack, alors que la potence est courte, la selle avancée, et que ce n’était pas l’impression sur les Mondraker Dune,Giant Reign et Orbea Rallon R5 essayés précédemment.
J’estime donc qu’il faille appliquer un guide des tailles spécifique au Rose Pikes Peak EN : un décalage de 5cm par rapport à certaines offres concurrentes n’est pas mal venue…
Gabarits | sous 1m75 | 1m75 à 1m85 | au delà de 1m85 |
Tailles | S | M | L |
Quel montage retenir ?!
Si l’on résume l’ensemble des propos tenus dans les tuyaux, et au verdict de cet essai, une grosse tendance se dégage. Il y a une opportunité à saisir au moment de fignoler le montage du Rose Pikes Peak EN. Je n’opterais pas pour le modèle 2 essayé ici… Mais bien pour le modèle 1, avec quelques ajustements :
- Les roues, pour conserver les DT Swiss E1700 en 30mm entre crochets. Très important pour assurer la cohérence et la précision de l’ensemble.
- L’amortisseur, pour faire usage des réglages précis dont dispose le Fox Float X2, comme précisé plus haut dans cet article.
Avec ces deux options, le Rose Pikes Peak EN 1 vaut, peu ou prou, le prix du modèle 2, mais me semble plus à propos :
- Il conserve les roues qui participent à sa cohérence.
- Il s’offre un amortisseur qui permet de peaufiner ce que l’on peut en matière de comportement.
- Il se débarrasse de ces freins Magura peu constants dans leur prestation.
- Il gagne 2 dents, plus de polyvalence, au niveau du plateau en 32.
Ne lui manque que des pneus à fortes carcasses pour affronter les pires traitements, à l’arrière notamment… Mais les options offertes à l’achat ne le permettent pas. Qu’importe, ce sera fait au moment de remplacer la monte d’origine !
Vis-à-vis de la concurrence ?
De cette manière, il est intéressant de positionner le Rose Pikes Peak EN vis-à-vis de la concurrence. Notamment parce que les modèles auxquels on choisit de le comparer donnent une certaine perspective aux propos tenus jusqu’ici :
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[cbtab title= »Radon »]
Face au Radon Slide 160, il y a un monde d’écart en matière de rigidité et de cohérence. Le Rose Pikes Peak EN est bien plus précis et a donc une plage d’usage bien plus large que son compatriote.
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[cbtab title= »Canyon »]
Face au Canyon Spectral 2018 (essai en cours !), le Rose Pikes Peak EN joue la même carte de l’extrême polyvalence. C’est sur la prestation de sa suspension arrière – qui limite la vitesse – et sur le fait qu’il taille grand, que le Rose Pikes Peak EN se différencie.
[/cbtab]
[cbtab title= »Mondraker »]
Le Rose Pikes Peak EN a quelques faux airs de Mondraker Dune à l’usage. Géométries aux dimensions généreuses certainement. Mais l’Espagnol fonctionne clairement mieux quand ça brasse, et poserait sans mal l’Allemand dans de pareils circonstances.
[/cbtab]
[cbtab title= »Devinci »]
Vis-à-vis de la gamme Devinci aussi, le comparatif a du sens. En matière de suspension, je prête au Rose Pikes Peak EN 2 des performances plus proches du Troy en 140mm, qu’au Spartan en 165mm… Alors que sur le papier, l’allemand n’est qu’à 5mm du plus gros Canadien…
[/cbtab]
En somme
Le Rose Pikes Peak EN fait progresser la marque vis-à-vis de sa concurrence directe, au sein de l’offre allemande. À mon sens, pas encore du niveau du leader Canyon, mais dans une bonne voie. Sur un autre plan, il faut aussi mesurer ce que représentent les 1000€ ou plus qui séparent le Rose Pikes Peak EN des concurrents haut de gamme évoqué ici.
Valent-ils l’écart de comportement sur le terrain ? En l’état, la question peut se poser et reste à la discrétion de l’usage que chacun veut faire de son argent. Elle sera remise en question si un jour, en matière de suspension, le Rose Pikes Peak EN franchit un nouveau palier..!
Conclusion
D’ici là, il est temps de conclure. Place à la question rituelle : Pourquoi voudrais-je garder ce vélo ?
« À bien des égards, le Rose Pikes Peak EN m’a donné plein d’espoirs… Et je conçois de compter sur lui un moment, pour me faire à ce qu’il propose. C’est en tout cas, le temps d’une saison ou deux, une bonne étape pour mesurer si oui, ou non, repousser les limites que je lui trouve est plus une affaire de niveau de pilotage, ou de gros sous ! »
[Mise à jour] Essai avec le Fox Float X2
Suite à la parution de cet essai, et avant que le vélo ne reparte pour de nouvelles aventures, l’opportunité de rouler le Rose Pikes Peak avec un amortisseur Fox Float X2 s’est présentée. L’occasion de préciser nos propos à son sujet.
Sur le terrain, la différence de comportement confirme l’intuition évoquée précédemment. Plus enclin à prendre le débattement et assurant une sensibilité accrue en début de course, le Fox Float X2 apporte ce qu’il faut au Rose Pikes Peak. L’ensemble gagne en sérénité, en confort, en assiette et en capacité d’absorption.
Suffisamment pour replacer le Rose Pikes Peak là où on l’attend : véritable monture Enduro. Je confirme donc ma suggestion d’en faire l’acquisition avec un Fox Float X2, et qu’ainsi, l’existence d’un modèle AM avec amortisseur plus vérouillé a du sens.
Positionnement & usage
En synthèse, le tableau de positionnement et d’usages permet, en un seul coup d’oeil, de saisir les capacités du vélo. (rafraichir la page si le tableau ne s’affiche pas)
Comparées à celles des autres vélos à l’essai permettra de répondre à l’éternelle question > par rapport aux autres, qu’en penses-tu..? rendez-vous sur la page du Comparateur d’essais VTT Endurotribe pour en savoir plus > https://fullattack.cc/comparateur-essais-vtt-2016/