Comme son petit frère Spectral, le Canyon Torque fait aussi des émules. Bon nombres de lecteurs s’impatientent d’en savoir plus à son sujet. Et nombreux sont ceux qui s’interrogent sur sa véritable orientation…
N’est-il pas un peu gros pour de l’Enduro ? Pédale-t-il correctement malgré son débattement ? Pourquoi donc les pilotes du team le choisissent pour certaines manches des Enduro World Series ?
Nous avons eu l’occasion de rouler le Canyon Torque CF 8.0, de l’éprouver et même de courir avec, notamment pour la manche slovène des EWS. Lumières !
Temps de lecture estimé : 10 minutes
Au sommaire de cet article :
- Premières impressions
- D’où ça vient
- Comment ça se règle !?
- Comment ça se pilote !?
- L’intérêt d’un nouveau Strive !?
- Pour qui ? Pour quoi faire ?
- Vis-à-vis de la concurrence
- Détails en question…
- Conclusion
- Positionnement & usage
[divider]Canyon Torque CF 8.0[/divider]
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- Destiné à l’usage Enduro/Bike Park
- Roues en 27,5 pouces
- 175/180mm, S. Deluxe RCT + Lyrik RCT3
- Triangle avant carbone, arrière Alu
- Reach de 460mm en taille L, offset normal
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[column size=one_half position=last ]
- DT Swiss E1700 Spline, 26mm
- Maxxis Minion DHR II EXO, 2.4 pouces
- Sram Code R, 180/200mm
- 3 modèles, 4 tailles, 3499€ à 4999€
- 14,77kg, L, en chambres à air
- Sorti en décembre 2017
- Fiche du vélo sur www.canyon.com
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Premières impressions
D’entrée de jeu, deux traits de caractère se distinguent et me sautent aux yeux. Le premier, comme pour le Canyon Spectral, est le comportement de la suspension arrière. Clairement très sensible en début de course et onctueuse dans ses premiers centimètres, elle s’affermit fortement une fois le SAG dépassé. Cependant la transition entre ces deux phases est fluide mais bien palpable.
Le second est son comportement au pédalage. Effectivement, malgré son débattement et l’orientation qu’il laisse présager, le Canyon Torque me surprend par son efficacité et son aisance lorsqu’il faut pédaler. Mais alors, à quoi ces premières impressions sont dues ? Quelles peuvent en être la cause ? Comme souvent, géométrie et cinématique ne sont pas innocentes dans ces premières sensations…
D’où ça vient
Canyon a conçu le Spectral et le Torque autour d’une plateforme similaire. C’est donc pour ces mêmes caractéristiques techniques – notamment un ratio qui tend a diminuer après le SAG et un anti-squat qui augmente et reste stable dans le débattement – que la suspension arrière du Canyon Torque nous laisse ressentir un comportement identique à celle du Spectral.
Les premières impressions terrain et l’analyse technique se rejoignent. On est bon pour la suspension ! Qu’en est-il maintenant de son comportement à la pédale qui semble bon ?
Aussi surprenant que cela puisse paraître, le Canyon Torque pédale bien. Le tube de selle assez droit – 74° – et une selle bien avancée dans les rails de la tige de selle procure une position confortable et donc efficace. Au début le toptube semble un peu long, on se trouve couché, mais rapidement on s’en accommode jusqu’à l’oublier ! C’est donc sa géométrie, et l’aisance qui en découle, qui lui permet aussi de pédaler efficacement malgré son gros débattement.
Comment ça se règle !?
Encore une fois, comme ils ont été conçus sur la même plateforme, le Canyon Torque et le Spectral se rapprochent dans la manière de les régler. Ce n’est pas compliqué !
Quand l’un n’est pas sensible au SAG, l’autre ne l’est pas non plus. Dans ce sens le Canyon Torque lui aussi peut se rouler à n’importe quel SAG. Les caractéristiques de sa suspension arrière le permettent. En effet, sensible en début de course et freiné à mi-course, de 30 à 40% le Canyon Torque ne bronche pas, il reste lui même.
Côté réglages, c’est aussi très simple même s’il faut les accorder avec sa valeur de SAG. Pas de prise de tête en vue, on n’est pas au clic et au token près. Si l’on enlève de l’air, il suffit d’ouvrir la détente et de serrer la compression basse vitesse et vice versa ! Je conseille tout de même de profiter de son grand débattement pour rouler assez souple, on ne perd rien à le faire, ni en dynamisme, ni en mouvement d’assiette, puisque la cinématique prend de toute façon le pas sur les réglages de l’amortisseur.
Réglages | Avant | Arrière |
---|---|---|
SAG | 25% | 35% |
Détente | 1/3 ouvert | 2/3 ouvert |
Compressions | 2/3 ouverte | 2/3 ouverte |
Token / Spacers | 3 tokens | d'origine |
* Clics de détente et compression comptés depuis la position la plus vissée des molettes. SAG arrière réalisé assis/selle haute – SAG avant réalisé debout/bras en appui sur le cintre / épaule à l’aplomb du guidon.
Mais finalement le Canyon Torque est-il aussi facile à régler qu’à exploiter ?
Comment ça se pilote !?
Plus vite c’est réglé, plus vite on roule et on s’amuse. C’est bien ce que le Canyon Torque confirme ici. Je m’amuse très rapidement à son guidon sans pinailler et sans chercher à affiner les réglages. Let’s go riding !
[toggler title= »Dans le défoncé »]
C’est dans le défoncé et dans la pente, que le Canyon Torque m’a d’abord bluffé. Sur des traces connues je me suis surpris à prendre des lignes différentes, un ton plus défoncées et plus directes ou rectilignes que la trace habituelle. Je suis à l’aise, j’ose, j’engage !
En fait, j’exploite le débattement et je suis confiant pour le faire. Son maintien caractéristique à mi-course le rend économe autant pour son pilote que pour lui-même. Le Canyon Torque ne plonge et n’avale pas tout son débattement inutilement.
Il montre finalement son caractère de gros enduro. Ce qu’il amène à faire est tellement amusant et surprenant, qu’il rend le ride euphorisant. Mais jusqu’à quel moment ?
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[toggler title= »Dans le lent »]
A l’inverse des passages défoncés, dans le lent, le Canyon Torque incite à un tempérament différent. Il demande à être calme, posé et à user proprement de ce que l’on sait faire. Par exemple, dans un enchaînement de virage assez serré, il faut freiner tôt, ouvrir le virage, pencher le vélo, appuyer pied exter’ pour sortir tôt, remonter pour ouvrir le virage suivant et ainsi de suite.
En fait, sa suspension bien soutenue à mi-course est en cause : à double tranchant. Comme le Canyon Torque reste haut et ne consomme pas de débattement lorsque ça ne va pas très vite, il ne faut pas chercher à le brusquer au risque d’être déstabilisé et de se faire mener par le vélo. Il n’en devient pas pour autant moins fun et difficile à piloter. Il suffit d’en tenir compte et de piloter en conséquence.
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[toggler title= »En courbe »]
C’est là que le Canyon Torque se rapproche certainement le plus du Spectral. Pour tourner pas besoin de chercher à écraser le boitier pour planter les crampons dans le sol.
En réalité, le maintien caractéristique à mi-course fait le job à notre place. Le vélo ne s’affaisse pas mais notre poids soutenu par les suspensions suffit à trouver le grip. C’est ainsi que la géométrie entre en jeu, notamment un boitier naturellement bas.
Pas besoin d’effort important pour tourner. Attention toutefois, comme le Canyon Torque charge naturellement les pneus, il les maltraite aussi si l’on exagère le trait ! Je parle en connaissance de cause, le Canyon Torque détient mon record personnel d’entaille – en taille, pas en nombre heureusement 😉
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[toggler title= »À la pédale »]
Venons-en à ce que tout le monde attend avec impatience… Alors il pédale bien ? Malgré ses 175mm de débattement ? Et il n’est pas trop lourd ? Bref, place aux faits !
Debout, à la relance ou dans un coup de cul, il demande un peu plus d’énergie que sur les longs pédalage à plat par exemple. Mais quelques détails, que j’ai volontairement optimisé pour la manche slovène des Enduro World Series, ne jouent pas en sa faveur. Il est monté d’origine avec un pédalier en manivelle de 165mm de longueur et une roue libre de seulement 18 crans d’engrènement… 175mm et 36 crans ont grandement changé la donne. Mais, jamais le poids n’est venu entacher la note !
Pour conclure, j’ose le dire, le Canyon Torque pédale bien. Notons tout de même, qu’au pédalage, user du blocage de l’amortisseur est un plus indéniable, surtout aussi facile d’accès. Il fige le début de course ultra sensible et améliore le rendement.
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L’intérêt d’un nouveau Strive !?
En commentaire lors de la présentation de la nouvelle gamme Canyon, l’intérêt d’un nouveau Strive qui viendrait s’intercaler entre le Spectral et le Torque est souvent remis en question…
En effet, la question est légitime, à quoi bon développer un nouveau Strive si le Canyon Torque pédale déjà bien !? Le Spectral est bel et bien un All Mountain, il pédale très bien et est bon descendeur, seulement il peut être limité par son débattement et sa rigidité relative si les choses se corsent. Le Canyon Torque, quand à lui, pédale bien, et est un gros Enduro qui s’étale à des pratiques plus engagées – type Bike Park – grâce à son gros débattement mais montre quelques limites lorsqu’il faut être véritablement performant en relance.
C’est ainsi qu’un Strive peut avoir sa place parmi la gamme Canyon. Un vélo plus polyvalent, centré sur l’Enduro, peut-être même plus orienté Race. Voir même un 29 pouces pour offrir quelque chose de différent. Une sorte de vitrine en somme, capable d’encaisser plus qu’un Spectral et plus vif que le Canyon Torque pour lâcher les watts ou plutôt, les économiser par endroit pour mieux les mettre à profit à d’autres.
Pour qui ? Pour quoi faire ?
J’ai réellement apprécié participer à une manche des EWS au guidon de ce Canyon Torque. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que certains pilotes du team le préfèrent à l’ancien Strive. Il est clairement capable de s’aligner en Enduro et d’élargir son champ d’action au Bike Park. Il cache au fond de lui un tempérament de vélo de descente.
Voilà donc un fidèle destrier pour ceux qui affectionnent la pente, qui habitent en montagne et ne lorgnent par sur quelques remontées à la pédale entre quelques laps en station. Par contre ceux qui roulent toute l’année en plaine ou dans les petits massifs auront mieux à faire à jeter leur dévolu sur des vélos spécifiques pour l’Enduro… Ou sur le Canyon Spectral, pour l’heure.
Avec le Torque, Canyon confirme que sa gamme a bel et bien une ligne guide, une âme propre et une identité commune. Des vélos aussi faciles à régler et à exploiter, que fun à rouler. C’est un luxe que Canyon propose !
Vis-à-vis de la concurrence
Quand le marché semble ne plus parler que de 29 pouces, Canyon, comme d’autres marques d’ailleurs, croient encore vigoureusement, et fort heureusement aux roues de 27,5 pouces.
Le Spectral en était le fer de lance, le Torque confirme. Qu’en est-il face à la concurrence déjà testée, toutes dimensions de roues confondues ?
[toggler title= »Vis-à-vis du Santa Cruz Hightower LT »]
Le Canyon Torque reprend cette volonté du Santa Cruz Hightower LT d’être simple et facile à régler. Littéralement tolérants pour leurs réglages de suspension, ils vivent plutôt autour de leurs cinématiques et de leurs géométries.
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[toggler title= »Vis-à-vis du Trek Slash »]
Le Canyon Torque est plus tolérant autant dans ses réglages de suspension qu’à rouler. Même s’il accélère pas aussi naturellement que le Trek Slash, il permet des folies dans le choix des trajectoires que le Trek rechigne à prendre…
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[toggler title= »Vis-à-vis du Ibis Mojo HD 4″]
Le Canyon Torque est vraiment plus simple à régler. Quand l’Ibis Mojo HD 4 est une lame, autant dans la précision que requiert sa suspension que dans ses capacités sur le terrain, le Canyon Torque, lui, reste simple à régler mais pas moins efficace pour autant.
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Détails en question…
Voici un aparté sur de nombreux détails du Canyon Torque qui prouvent par ailleurs que Canyon est allé au bout des choses et propose un vélo prêt à rouler sans aberration technique et un choix des composants simples mais réputés…
Conclusion
Tout le monde guette le verdict avec impatience. Le Canyon Torque attend son tour pour répondre à l’éternelle question… Alors pourquoi voudrais-je le garder ?!
« Parfois plus les produits évoluent, plus ils deviennent complexes. Le Canyon Torque a peut-être donné du fil à retordre aux ingés allemands mais le produit final n’en est pas alambiqué pour autant. Le Canyon Torque est résolument simple, bien pensé, facile, pratique, polyvalent et performant. Clairement destiné à s’amuser dans la pente, le défoncé, en montagne… et surtout sans prise de tête ! »
Positionnement & usage
En synthèse, le tableau de positionnement et d’usages permet, en un seul coup d’oeil, de saisir les capacités du vélo. (rafraîchir la page si le tableau ne s’affiche pas)
Comparées à celles des autres vélos à l’essai permettra de répondre à l’éternelle question > par rapport aux autres, qu’en penses-tu..? Rendez-vous sur la page du Comparateur d’essais VTT Endurotribe pour en savoir plus > https://fullattack.cc/comparateur-essais-vtt-2016/