Il y a peu, Antoine livrait ses premières impressions au guidon du Commençal Meta AM V4 Race. Depuis, plus de 7000 lectures et nombre de commentaires constructifs ont permis de poursuivre l’essai et trouver des réponses pertinentes.
C’est désormais l’heure du verdict !
Commençal Meta AM V4 Race 2016
[cbtabs][cbtab title= »Prix »]3499 euros[/cbtab][cbtab title= »Poids »]13,860kg (vérifié, configuration d’origine, sans pédales)[/cbtab][cbtab title= »Fiche produit »]http://www.commencal-store.com/meta-am-v4-race-2016-c2x15806427[/cbtab][/cbtabs]
Depuis le début de l’essai, le Meta a vu des kilomètres, et des milliers de mètres de dénivelé négatif : 18h de roulage effectif, 15 000m de D-, près de 300km parcourus. De 25 à 40% de SAG, de 0 à 3 tokens dans la Pike, de 0 à 6 spacers dans le Monarch Plus, de la paire de roue Alpha/E-Thirteen aux Crossmax XL Pro, des Minions DHR Exo aux Griffin/Shorty DH Casing…
Et tout du long, une certitude que j’ai forgée petit bout par petit bout : les réglages de suspension livrés en première impression étaient certainement les plus polyvalents de tous. C’est donc dans cette configuration que je me suis projeté pour vous en dire plus. C’est elle que je vous livre pour repère…
Commençal Meta AM V4 Race – settings polyvalents
Réglages | Avant | Arrière |
---|---|---|
SAG | 20% | 30% |
Détente | -6/18 | -7/18 |
Compression | ouvert | ouvert |
Token / Spacers | 2 | 0 |
Clics de détente comptés depuis la position la plus vissée des molettes. SAG arrière réalisé assis/selle haute – SAG avant réalisé debout/bras en appui sur le cintre / épaule à l’aplomb du guidon.
Balle au centre…
Depuis mes premiers tours de roue sur ce Commençal, une impression m’intrigue : le Meta semble plus petit que le Spectral sur lequel j’ai mes habitudes. Pourtant, sur le papier comme dans la réalité, les chiffres suggèrent l’inverse : distance selle/potence identique, angle de direction 1,5° plus couché et 20mm d’empattement supplémentaire pour le Commençal – vélos mesurés au même moment, dans les mêmes conditions, avec les mêmes instruments.
C’est au cours d’une session navette de plusieurs runs pentus que l’explication me vient : sur le Meta, le pilote et son centre de gravité semblent au centre du vélo. Lorsqu’il faut quitter la position d’équilibre et transférer le poids pour initier un geste, la distance à parcourir est faible, d’où l’impression d’avoir moins d’espace pour se mouvoir.
Il en faut peu pour passer le bassin derrière la selle et tirer un manual. Idem pour basculer les épaules à l’aplomb du cintre et initier un nose turn. S’en dégage une impression de facilité immédiate : déclencher un geste est instantané, ou presque. Un atout face à l’imprévu. Un allier pour gagner en confiance, engager et placer le vélo rapidement.
À la mesure, d’autres chiffres confirment ce ressenti : boitier 5mm plus haut, bases 7mm plus longues. Avec un tube de selle plus vertical d’un degré, la distance selle/cintre varie peu selon la hauteur de selle. L’impression d’un vélo court et d’une position centrale en est renforcée.
La chasse au chrono
Avec une telle cohérence entre chiffres et ressentis, j’ai le sentiment de tenir le premier trait de caractère du Meta : facilitateur de plaisir. Est-ce pour autant une qualité sur laquelle s’appuyer à tous les niveaux ? à toutes les vitesses ? Pour m’en persuader, je m’attaque à quelques chronos références du secteur, dont celui que j’ai pu établir en préparant la Méga, quelques mois plus tôt : sur les 1000m de D- qu’offre la face Sud de la Montagne de Lure, une trace sans relâche bouclée sous la barre des 20min.
Sur les premières minutes où la fraîcheur est un atout, je cherche la vitesse et la précision. J’aimerais pouvoir ajuster mes gestes et mes appuis. Être aussi nuancé que le terrain m’y incite. La faible amplitude disponible pour déclencher un geste a ses limites : je voudrais décomposer le mouvement, transférer le poids d’avant en arrière pour générer de la vitesse, chercher à doser finement la répartition de mon poids entre pieds et poignets… J’ai peu de place pour m’exprimer. La précision du geste doit être très, très fine. Pas toujours facile lorsque l’on veut doser.
Puis, les premières minutes passées, la fatigue fait son apparition. Le timing est moins bon. Certains retards poussent à l’excès. Pris par l’engouement, et donc le temps, il faut vite corriger le tir. À nouveau, la position centrale et la rapidité d’exécution au guidon du Meta redeviennent des atouts.
La tolérance, une vertu.
Moins frais, plus approximatif, un autre trait de caractère m’apparait : une trajectoire pas assez élargie qui fait taper l’appui ? une pierre ancrée au sol à côté de laquelle je visais pourtant ? un enchainement de racines qui a l’habitude de me secouer ? un saut à la réception défoncée que je n’osais plus tirer ? J’ai beau être imprécis, le V4 ne s’en plaint pas. Le cadre, les roues, le cintre, la potence, le pédaliers, les liaisons entre ces éléments ? Quelque chose travaille : le Meta est tolérant !
Pour cerner cette délicate attention, je me penche sur les roues. Pour bien faire – et ce sera désormais une habitude pour les essais Endurotribe, j’y reviendrai – je monte une paire de Mavic Crossmax XL Pro. Les différences ressenties me permettent de faire la part des choses.
Avec les Crossmax, pas de surprise : le Meta gagne en vivacité à la relance et à la prise d’appui. Plus agile, réponse plus rapide à la sollicitation. Pour autant, il reste en partie tolérant. On est loin d’une lame sur-aiguisée : Le grip ne décroche pas subitement. Les passages défoncés négociés en déséquilibre ne coûtent pas de vitesse. Même si je sens le rayon Alu Zicral est tendu, je perçois le travail du cadre, notamment le triangle arrière. Pour peu que l’avant soit placé pour passer, l’arrière s’accommode de l’approximation.
À la pédale…
Au pédalage, le Meta est un allier : pas ou peu de pompage, quels que soient les réglages de suspension utilisés. L’angle de selle vertical et la qualité de forme/revêtement de la selle Alpha offrent un bon appui pour développer en puissance. J’ai bouclé quelques sorties à la pédale sans jamais avoir le sentiment de trainer un boulet. L’une d’entre-elle dans la roue d’un VAE aurait pourtant pu me faire changer d’avis… En vain !
Je ne dis pas ça une fois les Crossmax installées pour l’essai. J’en étais déjà convaincu avant. Les roues d’origine offrent le rendement nécessaire pour couvrir des distances importantes. Elles offrent la pointe de vivacité qu’il faut pour mettre le coup de rein et franchir les obstacles des sentiers les plus techniques. Elles sont responsables d’une part de tolérance et de confort qui peut s’avérer précieuse, en montagne notamment. Même le montage de gros pneus laisse encore s’exprimer ces bons traits de caractère : les Maxxis Griffin et Shorty DH casing n’en sont pas venu à bout.
Si seul le comportement comptait, les roues d’origine Alpha/E-Thirteen nous satisferaient en majorité. Quelques détails et doutes quant à leur durabilité me font penser que les plus exigeants en feront une bonne paire de secours : les compétiteurs et les habitués des stations, notamment.
Le deuxième visage du Meta
En parlant compétition et bike-park, j’ai justement noté quelques éléments intéressants. Par curiosité, j’ai poussé le vice jusqu’à utiliser 40% de SAG à l’arrière. Même dans les pires compressions, la suspension ne fait pas véritablement savoir qu’elle est au fond. Pas de choc, seul le joint rouge du Monarch en bout de course pour indication. Dans ce cas extrême, le vélo s’affaisse sous l’appui. En activant le mode trail (position intermédiaire du levier de blocage), le maintien devient intéressant, mais le grip se dégrade.
C’est avec 4 spacers dans l’amortisseur et 35% de SAG que l’on retrouve un maintien intéressant. L’autre visage du Meta apparait : dynamiquement, le boitier est plus bas, l’angle de direction plus couché et l’empattement plus important. Le vélo devient une arme pour affronter les terrains les plus défoncés, les vitesses les plus folles et les pentes les plus abruptes. À l’appel des sauts, l’avant prend les airs et la trajectoire s’arrondie, incitant à poser toujours plus loin !
Plus exclusif dans cette configuration, le Meta n’en conserve pas moins une bonne partie de ses qualités énoncées jusqu’à présent : suspension haute dans le débattement, position centrale, facilité de déclenchement du geste. Il n’en perd qu’au pédalage et à la vivacité de placement, encore utilisables mais moins vif que précédemment, d’où l’aspect plus exclusif de ces réglages.
Si la première configuration présentée en préambule de cet essai ravira la majorité d’entre nous en saison hivernale, et lors des virées à la pédale qui ponctuent le printemps, cette seconde configuration pourrait bien offrir de nouvelles perspectives à ceux qui s’exilent sur les hauteurs dès que la neige fond et que les remontées mécaniques prennent du service !
Commençal Meta AM V4 Race – settings « station »
Réglages | Avant | Arrière |
---|---|---|
SAG | 25% | 35% |
Détente | -8/18 | -8/18 |
Compression | ouvert | ouvert |
Token / Spacers | 3 | 4 |
Clics de détente comptés depuis la position la plus vissée des molettes. SAG arrière réalisé assis/selle haute – SAG avant réalisé debout/bras en appui sur le cintre / épaule à l’aplomb du guidon.
Conclusion
Toutes les bonnes choses ont une fin. Je vais peut-être doucher les fantasmes de certains, mais le Meta – propriété de Commençal – retrouve le parc test de la marque à l’issue de l’essai. D’autres doivent avoir la possibilité d’en profiter… Pour conclure, j’aimerais pourtant répondre à une question : pourquoi voudrais-je garder ce vélo ?
Le Meta m’a donné de bonnes raisons : il est un peu le bon samaritain des vélos d’Enduro. Celui auquel on peut tout demander, et qui, quoi qu’il arrive, donnera de lui pour satisfaire. Pédaler, sauter, tourner, glisser, rattraper, compenser, encaisser… Il n’est pas parfait, mais donnera tout, quoi qu’il arrive. À celui qui veut s’en satisfaire de tenir compte de ses besoins : bien équilibrer les réglages pour tenir compte d’une suspension arrière qui reste haute dans le débattement.
Facilitateur de plaisir, tolérant et passe-partout, le Meta a le mérite de relever le difficile défi qui lui est imposé, de la virée all mountain à la session bike park. S’il devait faire partie de ma collection idyllique, il serait très certainement mon choix pour partir face à l’inconnu d’une course sans reco, d’un nouveau spot découvert dans les roues des potes locaux, de la nouvelle station qui ouvre ses portes ou bien du prochain trip alpin sur des traces fréquentées jusque là par les chamois… Celui sur lequel j’arrêterais mon choix à chaque fois que les autres soulèveraient trop de question, ou de concession.
Le Meta, une fois bien réglé, n’en pose plus !
Positionnement & usage
En synthèse, le tableau de positionnement et d’usages permet, en un seul coup d’oeil, de saisir les capacités du vélo.
Trail | All Mountain | Randuro | Rallye Enduro | Vélo de montagne | Station & navettes |
---|---|---|---|---|---|
Pratique inadaptée | Pratique ponctuelle | Pratique possible | Pratique régulière | Pratique de prédilection |
Comparées à celles des autres vélos à l’essai permettra de répondre à l’éternelle question > par rapport à l’autre, qu’en penses-tu..? rendez-vous sur la page du Comparateur d’essais VTT Endurotribe pour en savoir plus > https://fullattack.cc/comparateur-essais-vtt-2016/