Val di Fassa, EDR & EDR-E – 2023 I Les courbes pour y voir plus clair !

Quand on jette un œil aux résultats que l’on a pu suivre ce dimanche en direct sur FullAttack, ça a bataillé sec, et il y a eu des rebondissements sur la manche de Coupe du Monde EDR & EDR-E du Val di Fassa ! Rien de mieux donc, que les courbes de chaque course pour mieux saisir où et comment la victoire de chacun s’est dessinée, et bien situer les faits de course marquants qui résument cette manche qui pourrait bien être clé dans la saison Enduro 2023…

Les courses EDR-E

Chez les filles, premier enseignement du jour : Laura Charles a pris sa revanche sur une course montagnarde difficile la semaine passée à Leogang. Cette fois, la pilote Miranda n’a laissé à personne le soin d’occuper la tête de la course. Peut-être aussi que le fait de ne pas commencer par une Power Stage l’a aidé dans cette tâche-là. Des spéciales en montée où l’on voit bien que certaines réussissent mieux que d’autres, sans que ce soit pour autant primordial sur la course. Sofia Wiedenroth et Alia Marcellini le démontrent. Elles grappillent toutes deux quelques secondes sur la tête dans les spéciales 2 & 5, sans pour autant que leurs rythmes, le reste du temps, ne leur permettent de jouer la gagne au final.

Dernier enseignement marquant de ces courbes de la course EDR-E féminine, le chassé-croisé entre Ines Thoma – finalement troisième, et Flo Espineira – finalement deuxième. C’est la Germanique qui avait pris le meilleur et notamment profité de la première Power Stage pour se monter la plus menaçante en début de course – 3,6 secondes de retard seulement après la spéciale n°2. Pendant ce temps, Flo Espineira connaissait un début de course légèrement en retrait puisqu’elle comptait jusqu’à 20 secondes de retard après la spéciale 3. Mais comme on l’a déjà vu cette saison, typiquement chez les e-bikes, c’est ensuite un léger regain de rythme dans chaque spéciale suivante qui permet de faire la différence et gratter près de 15s sur la tête à l’issue de la course…

Chez les garçons, la première impression est assez claire : sacré chantier ! Des courbes dans tous les sens hormis deux, qui se distinguent assez clairement. Celles de Kevin Marry et Fabien Barel. Ça tombe bien, puisque ce sont les deux protagonistes du jour dans le Val di Fassa côté EDR-E ! Fabien Barel tout d’abord qui, rappelons-le, abordait cette course en tant que leader du général provisoire, et vainqueur des deux premières et précédentes manches de la saison, soit tel un invaincu en puissance. Les deux premiers chronos du jour sont d’ailleurs à cette image, et l’on aurait pu croire à une nouvelle course pleine de maîtrise de la part du pilote Canyon CLLCTV. Et pourtant ! C’est clairement visible, il s’est passé quelque chose dans la sixième spéciale du jour. C’est bien simple, Fabien y perd plus de 6 minutes et toute chance de bien figurer. En cause, une crevaison, rédhibitoire à ce niveau. Mais à bien y regarder les courbes du jour, ce n’est pas la seule explication à la victoire de Kevin Marry. Le pilote Lapierre est bien celui qu’il faut retenir comme le pilote ayant été capable, sur ce début de saison EDR-E, de prendre la tête à Fabien Barel à la régulière. Et ce, dès la spéciale 3. Un écart de 5 secondes entre les deux hommes qui permet à Kevin de prendre la tête, et inverser la tendance. Une tendance qui se poursuit dans les deux spéciales suivantes, avant que la fameuse crevaison n’advienne. Si bien qu’une fois Fabien Barel hors jeu, l’écart était fait sur les poursuivants : 15 secondes d’avance à gérer sur Alex Marin. On retiendra enfin que c’est autour de la seconde Power Stage du jour que le tri pour le podium s’est à nouveau fait. Comme on vient de le dire chez les filles, ces spéciales particulières rebattent un peu les cartes, mais avec le profil de la course dans le Val di Fassa, c’est dans la pente, à la descente, qu’il fallait être fort. C’est là qu’Alex marin a fini par faire la différence en tenant mieux le rythme de la tête que les autres sur les trois dernières spéciales du jour… Tandis que c’est au prix d’une prestation complète – aussi bien à la montée dans la spéciale 5, qu’à la descente dans la suivante – qu’Hugo Pigeon est allé chercher son podium !

Les courses EDR du Val di Fassa

Sur les courses EDR, il faut bien sûr avoir à l’esprit que le format est un peu différent. Pas de Power Stage fort heureusement, mais tout de même un sacré pédalage, typique du Val di Fassa. Ce n’est pas le cas chaque année, mais assez régulièrement, l’endroit propose ce fameux pétard qui a si souvent déjà fait débat. Bref, il se situe dans la spéciale 2, et c’est important de le noter parce qu’il explique certaines choses des courses EDR.

À commencer chez les filles, par la prestation d’Harriet Harnden dans cette fameuse spéciale 2. La Britannique est connue pour pédaler plus fort que n’importe quelle autre athlète du plateau féminin, et pour cause : elle est issue du XC et du Cyclo-cross, ça ne trompe pas. Raison pour laquelle elle signe le scratch dans cette spéciale et s’invite un temps sur le podium provisoire. Des temps intermédaires étaient en place sur cette spéciale – deux secteurs. Elle signe les deux meilleurs, sans discussion. Pour autant, ça ne suffit pas à l’emporter cette année à Val di Fassa. Ce pétard intervient en début de course, et il y a encore beaucoup à faire ensuite. Trois spéciales, dont la longue Tutti Frutti, même si cette année, elle ne termine pas au coeur de la station comme c’est parfois le cas. Ça reste un run de plus de 10min qu’il faut savoir gérer et qui peut faire des écarts. D’ailleurs, c’est ce qu’illustre le revirement de situation en tête à cet instant de la course ! Morgane Charre, qui accusait 7 secondes de retard sur Isabeau Courdurier avant cette spéciale, y prend la tête de la course. Et cette fois, les temps intermédaires disponibles le montrent : Isabeau y signe le meilleur premier intermédiaire, avant de baisser de rythme ensuite – 3e et 5e temps des secteurs suivants – tandis que Morgane y est plus régulière et sait y tenir un rythme plus élevé sur la durée – 2e du premier secteur à 2 secondes, puis meilleur temps du second avec 7 secondes sur Isabeau, et à nouveau 2e meilleur secteur final, à une seconde du meilleur temps. Quoi qu’il en soit, un écart de 7 secondes et des poussières qu’Isabeau Courdurier parvient à reprendre dans la toute dernière spéciale, la plus courte de toutes – moins de 4 minutes pour la gagne, avec un pédalage à plat pour finir – mais celle qui est décisive, au final…

Chez les garçons aussi, cette spéciale 2 et son monstre coup de cul commence par faire des dégâts. Plus en tout cas que la tout aussi mythique spéciale Titans qui ouvre le bal et qui met les bras et les jambes à rude épreuve, mais dans un tout autre style. Là, Alex Rudeau ne laisse le soin à personne de signer le premier scratch du jour. Mais Richie Rude est en embuscade, à une petite seconde et demie. Et dans la fameuse spéciale suivante, c’est l’Américain lui-même, leader de la Coupe du Monde, qui se charge de mettre tout le monde d’accord au petit jeu de celui qui pédalera le plus fort. 5 secondes prises dès le premier secteur de cette spéciale, quand les meilleurs signent ensuite les mêmes chronos ou presque, dans le secteur suivant. Avec cette performance et au cumul des écarts forgés dans la spéciale d’avant, l’avance du pilote Yeti est impressionnante. On peut même se dire qu’une fois de plus, comme il l’a tant fait par le passé, il a plié la course. 12 secondes d’avance sur le deuxième, presque 15 secondes sur le troisième. On vient de le voir, dans d’autres catégories ça peut suffire pour gérer et l’emporter… Sauf que ! Dans la spéciale suivante, Jesse Melamed et Alex Rudeau – auteur de son second temps scratch du jour – se permettent de reprendre presque de 5 secondes, et qu’à ce petit jeu-là, il reste encore suffisamment de spéciales pour repasser devant. Plus encore, la spéciale 4 est – on l’a dit – la plus longue du jour. Et c’est là que la différence se fait. Richie Rude y signe un bon premier intermédiaire, à 3 secondes du meilleur temps. Crevaison dans le suivant, il lâche 31 secondes dans l’affaire. Dans le même temps, Matt Walker frappe un grand coup ! Il signe le meilleur temps et repousse Alex Rudeau, désormais deuxième, à plus de 12 secondes avant la dernière spéciale.

On le voit ensuite, les jeux sont faits, mais restons quelques instants de plus sur Tutti Frutti et son impact sur la course. On le voit au nombre de courbes du top 10 qui remontent et permettent à certains pilotes de se replacer. Rhys Verner – vainqueur la semaine passée – ne profite pour capitaliser l’avance qui lui permet au final de sauver un top 10. Charles Murray est à deux doigts de chipper le podium à Richie Rude via sa performance ici. Jesse Melamed, lui, signe simplement une mauvaise prestation, de son propre aveu, ici même. Et on finira sur la courbe d’Alex Rudeau dans cette même fraction de la course. Elle aussi reprend du temps sur la tête, mais moins que d’autres. En cause ? Un déraillement dans le dernier secteur, qui coûte autour d’une petite dizaine de secondes si l’on en croit les interprétations les plus optimistes des temps intermédiaires disponibles. À en croire les deux premiers secteurs, ça n’aurait peut-être pas suffi pour la gagne, mais l’issue de la course aurait été plus serrée, à coup sûr !