À l’issue de la première course Enduro World Series dans le Val di Fassa, les deux vainqueurs – Isabeau Courdurier & Richie Rude – avaient un point commun : celui d’avoir déjà été des leaders écrasant la concurrence au général d’une saison… Si bien que leurs victoires pouvaient donner le sentiment d’une nouvelle saison sans rebondissement…
Perdu ! De la concurrence et du suspens, il y en a eu dès la seconde manche, courue dans la foulée. Même terrain, mêmes spéciales, même course ou presque et pourtant, des issues différentes dont Mélanie Pugin et Jack Moir sortent grands vainqueurs avec un nouveau point commun : celui d’avoir renversé la vapeur… On revit la course Entre les chiffres pour s’en convaincre !
Chez les hommes, Shark Attack !
Spéciale 1
Sur les traces de Titans et sous la pluie, la spéciale la plus pentue et engagée du week-end voit Richie Rude commencer par refaire son numéro. Avec près de 6s d’avance sur tout le monde, sur des pistes connues et reconnues, et après une première course très serrée, ça représente un beau matelas ! Derrière, Jack Moir & Jesse Melamed se distinguent en étant les deux seuls à tenir le rythme à moins de 10s du leader ! Charles Murray est en embuscade et les frenchies complètent le top 10…
Spéciale 2
Même physionomie de course sur cette deuxième spéciale. Richie Rude une nouvelle fois en tête devant deux proches prétendants. Mais cette fois, Jesse Melamed, sur chute, laisse sa place à Ed Masters dans le top 3. Les 4 secondes qu’il cède à Jack Moir l’installent plus clairement en troisième position. Charles Murray a des problèmes de transmission dans cette spéciale, mais il parvient à sauver les meubles puisqu’il entre dans le top 5. Au contraire, Dimitri Tordo et Hugo Pigeon perdent du terrain, aux prises avec quelques racines vicieuses par endroits !
Spéciale 3
Après deux spéciales techniques sur un versant, on traverse le Val di Fassa et on change de profil pour deux dernières spéciales plus complètes. Ça a son importance ici puisqu’on voit clairement un chassé-croisé dans les courbes. Il y a ceux qui en profitent, et ceux qui trinquent. Parmi les premiers, Jack Moir ! C’est ici que l’Australien portent la première estocade. Il passe en tête pour une demi-seconde. Rude et Melamed font jeu égal. Charles Murray, Robin Wallner et Kevin Miquel se détachent, même si le retard pris par le Français en début de course joue en sa défaveur… Jose Borges et Damien Oton, grands spécialistes des longs runs – cf. la Méga ! – commencent à se faire remarquer…
Spéciale 4
Bim ! Coup de grâce signé Jack Moir ! Regardez bien à quel point toutes les courbes de ses adversaires plongent à l’occasion de ce dernier run ! C’est dire s’il frappe fort ! Richie Rude prend 14 secondes sur ce run top to bottom. Sur les images, l’Américain semble clairement émoussé, et sa glissade dans un virage en gravette est un signe qui ne trompe pas ! Même impression chez Melamed, qui chute dès la première épingle technique en crête. Aux avant-postes, les plus costauds et endurants capitalisent : Borges, Oton, Miquel, Murray, Wallner…
Chez les dames, la domination Pugin
Spéciale 1
Affichage particulier chez les dames, compte tenu des circonstances de la première spéciale, où la pluie a chamboulé la hiérarchie. Puisque aucune des premières de cette spéciale ne figurent bien placée au final, on focalise l’attention sur les meilleures. Ça permet de voir laquelle avait le mieux sauvé les meubles sous l’orage… Estelle Charles ! Avec un écart sur Mélanie Pugin et Ella Conolly qui rappelle celui de Richie Rude sur le même tracés quelques instants plus tard. À noter les 22 secondes de débours de Morgan Charre…
Spéciale 2
C’est ici, très nettement, que Mélanie Pugin prend les rênes de la course en signant un convainquant chrono 10 secondes plus rapide que tout le monde ! Autour d’elle, Estelle Charles cède du terrain tandis qu’Ella Conolly chute très clairement. Morgane Charre sauve bien les meubles puisqu’elle gagne une place malgré sa chute. C’est au profit d’Harriet Harnden qui elle aussi connait des moments difficiles… Isabeau Courdurier, qui avoue subir le contrecoup et avoir relâché la pression après sa victoire en début de semaine, est dans le coup sur cette courte mais intense spéciale.
Spéciale 3
Changement de versant, et ici aussi, gros chassé croisé au classement. Estelle Charles et Isabeau Courdurier en sont les principales victimes aux avant-postes. Cette fois, Morgane Charre et Harriet Harnden montrent qu’elles sont fortes ! D’autant que la Britannique est tombée et franchit la ligne d’arrivée avec sa plaque de cadre en main… Avec Noga Korem, Isabeau Courdurier et Ella Conolly, elles sont 4 dans la même seconde. Devant, Mélanie Pugin compte plus de 20 secondes d’avance en tête avant la dernière, mais vient de se faire reprendre 10 secondes par Morgane Charre… Qu’à cela ne tienne !
Spéciale 4
Les courbes sont sans équivoque ! Mélanie Pugin a tué la course sur ce dernier run de la semaine ! Toutes, sans exception, plongent, et pas qu’un peu ! Même Morgane Charre, finalement deuxième de la course, doit finalement sa place à une très belle perf’ dans la spéciale précédente. Et dans le match à quatre pour la dernière place sur le podium, Harriet Harnden coiffe Isabeau Courdurier au poteau ! Deux secondes à peine séparent les deux pilotes…
Qu’en retenir ?
Voilà pour les courbes… Qu’en retenir ?! Pour saisir la nature des performances récompensées par la victoire lors de cette seconde course, il faut se remettre en tête un élément de contexte intéressant… Au départ, cette seconde course ne devait pas se dérouler sur ces spéciales. Du moins pas dans cet ordre. Tutti Frutti, de haut en bas, devait ouvrir et conclure le week-end. Une initiative qui devait donner un tout autre visage à la course, vis-à-vis de la première manche courue plus tôt. Finalement, la course s’est déroulée sur les mêmes spéciales, et dans le même ordre, ce qui aurait pû donner lieu à un bis répétita.
Pourtant, c’est la première spéciale courue la veille, à un horaire tardif l’exposant à la pluie, qui a d’abord eu son importance, chez les filles notamment. Ensuite, ce sont les états de forme, et les esprits combatifs de certains qui ont fait le reste. Demandez à Sam Hill, grand absent de cette analyse, si la fraicheur et la condition physique ont joué un rôle dans cette seconde course ! Et voyez les performances de Mélanie Pugin, Jack Moir, Charles Murray, Damien Oton, Jose Borges, ou Kevin Miquel…
Chacun à son niveau, et vis-à-vis de ses concurrents directs, a su faire une course de véritable Enduriste ; Descendre, bien sûr, mais aussi et surtout savoir rouler vite et fort, gérer ses efforts, malgré la fatigue et l’usure… Et pas n’importe lesquelles : celles d’une semaine complète Enduro World Series sur le terrain exigeant et usant du Val di Fassa ! Chapeau à tous, parce qu’au départ, entre une course raccourcie et des portions neutralisées qui donnait le sentiment que la course y perdait se sa superbe, ça n’était pas gagné !