Rob Roskopp n’est plus chez Santa Cruz Bicycles

Après Gilles Lapierre et Mike Sinyard, en 2022, on vient d’apprendre qu’un autre fondateur/patron emblématique du milieu du VTT, a pris ses distances avec ses précédents rôles au sein de la marque emblématique qu’il a porté. Cet emblème, c’est Rob Roskopp, le Californien d’adoption fondateur de la mythique marque Santa Cruz Bicycles… 

Son post Instagram a fait l’effet d’une petite bombe le 11 janvier dernier. Rob Roskopp – cofondateur de la mythique marque Santa Cruz Bicycles avec Rich Novak – postait une photo d’un Unno, en vantant les mérites, et ce, après près de deux ans sans avoir fait parler son profil Insta… 

Outre le fait que celui que l’on a toujours associé à la marque Santa Cruz évoque une autre enseigne après un si long silence, c’est le ton et la mise en garde du commentaire qui a fait parler : « la concurrence devrait transpirer. » Une concurrence au premier rang desquelles la marque qu’il a fondée…

Un post qui a donc mis la puce à l’oreille des plus attentifs, dont la rédac anglophone de Pinkbike, qui a tendu le micro à l’intéressé pour mieux saisir sa situation. Et c’est désormais clair : Rob Roskopp n’a plus de lien officiel avec Santa Cruz Bicycles. Le Californien a pris le temps de préciser les étapes importantes à ses yeux ayant mené à cette situation. 

Il y a d’abord eu, en 2012, la visite du précédent CEO du groupe Pon, alors en voyage en Californie. La marque venait d’emménager dans ses locaux actuels, et Pon explique ses plans de développement aux oreilles les plus attentives. Puis, vient fin 2013, et le constat que le développement de la distribution Santa Cruz en Europe demande un investissement que Roskopp & Novak ne veulent pas faire. Pon est alors la solution privilégiée pour ce faire et acquiert la marque en 2015. 

Par la suite, Joe Graney – ingénieur de longue date, arrivé dans les murs de Santa Cruz aux débuts du VPP – est devenu, et est toujours, le CEO Santa Cruz. Mais ceux qui ont l’occasion de traîner du côté du 2841 Mission Street à Santa Cruz le savent, Rob Roskopp n’est jamais très loin. Il était d’ailleurs, jusqu’en octobre dernier, encore sous contrat pour apporter ses compétences. La collaboration a néanmoins pris fin. 

« Mon contrat est arrivé à terme mi-octobre et c’est à peu près tout. Nous avons essayé de le renouveler, mais ils n’étaient pas intéressés. Pour moi, personnellement, il y a beaucoup de bonnes personnes dans l’entreprise et j’ai évidemment une longue relation avec la marque. Je suis toujours très lié à la partie skateboard parce que mon partenaire, Rich Novak, en est le propriétaire et que près de quarante ans plus tard, ou trente-cinq ans depuis que j’ai arrêté le skate, je reçois toujours des royalties de toutes les planches qu’ils vendent. C’est donc assez cool. J’ai essayé de mettre ça en évidence lors des négociations, mais ils n’y ont pas été sensibles. Je ne pense pas qu’ils l’aient compris fondamentalement. Tant pis, je passe à la suite. J’ai toujours été comme ça. Il s’agit de passer à ce que je veux faire et à ce qui me passionne. Du skate, je suis passé au vélo. Nous avons fait Santa Cruz Bicycles et pris beaucoup de plaisir, fait de grandes choses ; nous avons réuni une grande équipe de personnes et c’était une aventure incroyable. Je ne m’en plains pas [… Mais dernièrement], j’avais l’impression de perdre mon temps. De parler à l’oreille d’un sourd. C’est leur problème. Il y avait des choses vraiment cool qui auraient pu être faites, mais personne n’a suivi. Même après avoir essayé trois fois de présenter quelque chose et de le mettre en marche. F*** ! Je passe à autre chose ! »

Rob Roskopp

La suite justement, est double. D’une part, Rob Roskopp ne semble pas en rade d’idées et de projets qui peuvent s’inscrire dans l’avenir du VTT. Au fil de la conversation, il évoque l’évolution des technologies de batteries et moteurs, des nombreux vélos concurrents qu’il s’affaire à essayer, et de développements auxquels il participe. Des développements qui incluent des brevets, et qui pourraient être proposés à certaines marques pour qu’elles en exploitent les avantages, sous licence. Quand on sait que la côte ouest nord américaine est de toute façon une sacrée ruche qui ne fait que bourgeonner d’idées, rien d’étonnant à ça. 

Le plus étonnant, ce serait presque l’autre partie des projets qui occupent le sexagénaire. Ses enfants ont tous joué au club de foot du coin. Sa femme, un ami ex-footballeur professionnel, et lui, se sont impliqués dans son développement. À tel point qu’ils ont acquis des terres entre Aptos et Monterey, et projettent d’y construire un stade. Un projet qui n’est plus très loin de s’inscrire dans les arcanes de la MLS et ses filières – le championnat US en quête de développement ces dernières années. Bref, pas si étonnant vu sous cet angle, puisque le sport de haut niveau, et le business autour, ont toujours aussi fait partie des centres d’intérêt de Rob Roskopp. Le Syndicate en est après tout, encore aujourd’hui, le plus bel exemple.