HIT Impact, un capteur pour les commotions cérébrales ?!

Le sujet est d’actualité, pour ne pas dire brûlant. La commotion cérébrale n’a jamais été aussi présente dans les esprits que depuis le début de saison 2022. Tout n’est pas rose, et on est loin d’avoir bouclé le sujet avec un ensemble de mesures ad-hoc. L’existence du capteur d’impact HIT, sensé permettre d’alerter sur les risques de commotions, apporte du grain à moudre. Voilà, en l’état, ce que l’on peut en dire…

À en juger par le début de saison 2022, les commotions cérébrales sont en passe de devenir un sujet mieux traité dans le milieu. Du moins, c’est le cas au plus haut niveau mondiale. En l’espace de quelques semaines : Myriam Nicole, Tahnée Seagrave, Finn Iles, Reece Wilson, Kasper Whooley Nicolas Vouilloz… Tous ont, d’une manière ou d’une autre, fait part avoir été victimes de commotions, et des symptômes qui s’en suivent. Et de mémoire, pareille ouverture, pareille attention et pareille prudence n’avait été observée sur ce thème par le passé. C’est au moins acquis : une étape semble avoir été franchie, les langues se délient, on en parle plus ouvertement, et l’on commence à reconnaitre les risques, les symptômes, et la nécessité de protéger les pilotes… Pas seulement en portant des protections déjà obligatoires, mais aussi, et c’est surtout l’objet des échanges actuels, en reconnaissant la diversité de nature et d’intensité des symptômes post traumatiques en fonction des individus, et la convalescence qui s’impose d’autant plus que parfois, les symptômes s’aggravent en cas de reprise d’activité prématurée.

Un progrès certes, mais une situation qui reste bancale néanmoins. Notamment parce qu’elle reste à la discrétion des principaux concernés – pilotes, coach, manager, sponsors… – dans un cadre de compétition où la motivation le dispute toujours à la prudence. Dans ce cas bien souvent, l’imaginaire collectif s’en remet alors aux instances dirigeantes et régulatrices. Ici, on pense donc à l’UCI, et à son protocole commotion qui existe pour l’heure sur le papier, mais dont l’application concrète peine à se distinguer dans les faits. Une situation qui n’a rien d’exceptionnelle tant les balbutiements se font aussi sentir dans d’autres sports, à d’autres niveaux d’enjeu et de médiatisation. Ça n’est pas pour autant une excuse valable pour se contenter du statu-quo. Vu l’état d’avancement sur le sujet, des solutions peuvent être imaginées, et mériter d’être explorées. C’est peut-être le cas du Capteur HIT Impact, que l’on a pour notre part découvert via les réseaux sociaux de Reece Wilson ces derniers temps. Pour faire simple, il s’agit d’un capteur capable de livrer une intensité d’impact. Il n’a pas directement vocation à déceler s’il y a ou non commotion, mais donne une valeur qui doit permettre d’alerter sur les risques…

À l’origine, et compte tenu de la nature du sujet, on s’est d’abord demandé si faire la promotions d’une initiative commerciale et privée était bienvenue. C’est en poussant davantage nos investigations, et découvrant qu’il s’agissait au départ d’un projet universitaire, que le feu vert est apparu. Pour la petite histoire donc, le capteur HIT Impact est né du projet de fin d’étude de David Euan Murray Bowen, à l’université d’Édimbourg (Écosse), dont le réseau rugbystique n’est pas à démontrer. S’en est suivi un KickStarter et le voici, depuis quelques temps, sur le marché. il s’agit donc d’un petit boitier à fixer sur la coque du casque. Il dispose de capteurs/accéléromètres, tels qu’ont en trouve désormais dans nombre d’appareil électroniques. Ils effectuent leur mesures selon trois axes, et procède à un calcul permettant d’afficher une donnée simplifiée facile à comprendre, sous forme d’intensité en G. Vous savez, celle déterminée à l’aide des capteurs de la voiture, dont on parle par exemple souvent en F1, lors d’un gros crash ?! En son sein, le capteur dispose d’un affichage par LED vert/jaune/rouge qui donne en temps réel une idée de la force de l’impact. Et en se connectant (Bluetooth) à une app sur mobile/tablette, l’historique des impacts, leur intensité et durée précise sont alors disponibles. Les seuils d’alertent sont personnalisables, et les conseils en matière de convalescence, sont proposés en fonction.

La question est donc, tout simplement, de savoir si ce type de capteur pourrait constituer un progrès, et faire partie d’une solution pour mieux traiter le sujet des commotions dans notre sport. Forcément, la prudence et l’attrait pour le progrès sont séduisants, et prêchent en faveur d’une adoption massive. En cas de chute, l’intérêt est évident. Avoir une idée plus précise de la force de l’impact, peut permettre de lever un doute, et mieux dimensionner les mesures de convalescence. Mais c’est ce qui suit, qui mérite réflexion. Quel usage le milieu doit-il faire de ce dispositif ? Et dans ce domaine, le diable se cache dans les détails. Pour preuve, les très nombreuses questions qui restent en suspend, et doivent trouver réponse pour que l’usage d’un tel dispositif devienne pérenne. En voici une liste non exhaustive, mais déjà épaisse…

Que font les autres sports ? Ce capteur est-il déjà, ou en passe ,d’être utilisé ailleurs ? Quelles en sont ses limites actuelles ? Permettent-elles de s’y fier ? Faut-il donc en généraliser l’usage ? Si oui, de quelle manière, via quelle instance ? Qui doit s’emparer du sujet ? Les Athlètes ? Les managers ? Les sponsors ? Les organisateurs/Promoteurs ? Est-ce à l’UCI de légiférer ? Ce type d’instrument doit-il rester informatif, ou s’insérer dans un processus qui peut mener au retrait, à titre conservatoire, de l’athlète ? Si oui, quel instance se prononce ? Quelle est sa composition ? Quelles doivent-être ses compétences ? Dans ce cas, faut-il un seuil général ? Si oui lequel ? Comment le fixer ? Si non, comment chaque pilote ou groupe de pilote doit se voir défini son propre seuil ? Quid de la fiabilité des mesures ? Doit-on pour celà tous utiliser le même capteur ? Quelle place à la concurrence si le marché se développe ? Quid de la fiabilité du capteur ? Que faire en cas de défaillance ? Quelle procédure adopter pour que l’athlète ne soit pas exclu par erreur ? À qui revient le coût que représente l’adoption d’un tel sytème ? Qui est en charge de son élaboration ? De son déploiement ? De son suivi ? De son développement ?

Bref, il s’agit là pleinement d’un sujet de société. Comme dans de très nombreux domaines où elle s’est immiscé ces dernières décennie, la technologie est séduisante, arrive bien souvent à grand renfort marketing avec ses arguments mis en avant, qui bénéficient parfois même de celui, massue, du « ce serait con de s’en priver ». Reste néanmoins que comme toujours, la technologie seule ne nous sauvera pas du péril. C’est l’usage qui en sera fait qui garanti le vrai succès. Le débat est ouvert…

Capteur Hit Impact > capteur de 0 à 140G / Bluetooth 4.0 à 30m / App iOs & Android / collage via pad VHB / Led verte-jaune-rouge / autonomie de 72h / étanche / 3,5×3,5×1,5cm / 45g / 107€.

Rédac'Chef Adjoint
  1. Très bon article, effectivement les questions levées sont légitimes et importantes.
    Ça serait intéressant de connaître l’avis de médecins spécialisés, notamment sur l’interprétation des données.
    Je pense que le sujet des commotions cérébrales en est qu’à son début, notamment pour le vtt.

    1. Effectivement, il y a une question importante sur l’interprétation des données. Notamment parce qu’un même impact, une même intensité, ne provoque pas forcément les mêmes dégats et symptomes chez deux individus différents. C’est le cas aussi pour d’autres blessures, mais dans le cas d’une fracture ou d’un déchirement musculaire ou tendineux, on a des radios, des scanners, des straps, des atèles… et on laisse une part importante au pilote pour décider s’il se sent de rouler quand ça ne met pas sa vie en jeu. Là, c’est compliqué parce qu’on a pas autant d’outils pour mesurer les dégats. Qu’on doit agir à titre préventif parfois, et que c’est forcément compliqué de fixer une valeur qui convienne à tous. Trop haute, trop basse…

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