Reece Wilson prend du temps pour lui

À l’aube de la troisième manche de Coupe du Monde de Descente, à Leogang, le circuit mondial perd un nouveau top pilote en la personne de Reece Wilson. L’Écossais vient d’annoncer, via Instagram, qu’il suspendait sa saison jusqu’à nouvel ordre. Les raisons de cette décision restent flouent pour la bonne et simple raison que lui-même a besoin d’y voir plus clair. Mais qu’importe, pour l’heure, le contexte, et la décision en elle-même, méritent d’être considérés et donnent l’occasion d’évoquer des sujets trop peu souvent mis en avant…

À la base, le sport est une passion. Une passion individuelle, que les sportifs finissent forcément par partager entre eux. Une passion qui finit par toucher ceux qui, sans être capables de telles prouesses, suivent, regardent, observent. Et quelque part, on ne devrait jamais s’éloigner de ça. Sauf que le monde dans lequel on vit va plus loin. D’une manière ou d’une autre, les athlètes deviennent des icônes, des personnages publiques, dont l’image finit par ne plus leur appartenir. Chacun a son mot à dire, chacun à son avis, chacun a ses commentaires sur la performance du moment.

Dans ce contexte, l’incapacité à participer à une compétition subit des pressions grandissantes. Chacun veut savoir pourquoi. Assez communément, les blessures physiques sont entrées dans le champ des raisons évidentes. L’invalidité que procure un os, un ligament ou un muscle endommagé n’est plus a démontrer. Mais encore bien des progrès restent à faire dans d’autres domaines. Ces derniers temps, l’attention se focalise notamment sur les commotions cérébrales et ses effets plus sournois. Le sujet fait notamment parler de lui parce qu’outre des répercutions physiques, une commotion peut avoir des répercutions psychiques – concentration, humeur, moral, apprentissage…

Mais allons encore un peu plus loin dans ce qui, à un moment donné, peut empêcher un athlète de performer. Qu’elle qu’en soit l’origine – une chute, une contre-performance, un problème personnel, la pression ambiante… – l’état de santé mental d’un athlète est presque toujours passé sous silence. Du moins, dans l’arène de la compétition, ces failles semblent devoir rester cachées. Les quelques athlètes de haut niveau qui se sont exprimés à ce sujet font figure d’exception. Naomi Osaka et Lando Norris pour les plus célèbres, ont amené le sujet dans les médias ces derniers temps. Mais la santé mentale reste un sujet qui a encore à être pris plus au sérieux.

Pourtant, on dit souvent pour magnifier la Descente VTT qu’il s’agit d’un sport à risque, où la beauté de la performance vient du jeu avec les limites. Or dans ce cas, on sait bien que la frontière entre un run d’anthologie et le crash aux lourdes conséquences est mince. Quelque part, le run de Reece Wilson, l’an passé aux Gets, en est la parfaite illustration. Passé aussi près d’un exploit, que du drame. Alors certes, restons humbles et modestes face à la réalité du jour. Via son compte Instagram, Reece Wilson a simplement annoncé qu’il suspendait sa saison, sans date de retour à la compétition donnée pour le moment. Raison invoquée :

je ne me suis plus senti moi-même ces derniers mois, sans même savoir véritablement pourquoi […] Je prendrais autant de temps que nécessaire. J’ai un bon réseau de soutien autour de moi et j’ai hâte de me sentir moi-même à nouveau pour pouvoir revenir à la compétition en pleine possession de mes moyens.

Reece Wilson

Pour l’heure n’est donc pas venu le moment où Reece Wilson s’exprimera sur les raisons précises de la situations dans laquelle il se sent. Physiques, cérébrales, mentales… Au final, tout est toujours lié puisqu’il suffit parfois que l’un dérape, pour que le reste soit touché et que tout s’emmêle. D’ailleurs, lui-même semble avoir besoin d’y voir plus clair. Le contexte, et l’opportunité d’en dire plus à ce sujet, est néanmoins essentiel, et important, à rappeler pour soutenir sa décisions. Et quand on sait le style et la qualité des performances de l’Écossais lorsqu’il est en pleine possession de ses moyens, souhaitons lui de retrouver le mojo, un jour ou l’autre…