On a beau être un manufacturier reconnu et avoir pignon sur rue, le petit milieu du VTT a ses codes et n’y réussit pas qui veut. C’est un peu ce que Pirelli a constaté ces dernières années, en tentant de concilier logique industrielle, commerciale et marketing. Pour faire simple, il faut des pneus performants et à l’épreuve des balles pour faire sa place. C’est toute l’ambition, affichée et assumée, de la gamme Pirelli Scorpion Race EN & DH… Vous savez, la fameuse, développée avec Fabien Barel, et que l’on attend tous depuis quelques temps… Premiers détails, convaincants, à lire sur FullAttack !
Pour la petite histoire, Pirelli n’est pas nouvelle dans la manufacture de pneus. Par la force des choses et du marketing, on a tous déjà vu son logo rouge et jaune quelque part. Mais parlons marketing justement… Le petit monde du VTT a ses propres codes en la matière. Plus particulièrement encore lorsqu’il s’agit de pneumatiques. Pour faire simple, nous pilotes, avons horreur de crever ! Certes, ça peut faire partie du jeu, mais c’est toujours un déchirement (!) d’être stoppé en pleine action…
Résultat, une certaine logique s’est installée : une marque de pneu est reconnue le jour où elle sait proposer des pneus à l’épreuve des balles en station, en course, etc… C’est notamment comme ça que Maxxis, Michelin et Schwalbe, se sont forgés leurs réputations de références. Pirelli n’y est pas encore. Pourquoi ? Parce que de l’autre côté des Alpes, l’approche a jusqu’ici été plus pragmatique. Des pneus aussi résistants et performants, ça coûte cher. Et ce n’est pas forcément là qu’on fait le plus de volume ou le plus de marge…
Jusqu’ici donc, Pirelli s’est évertuée à se développer en milieu de gamme… Mais au final la marque italienne se rend bien compte qu’il lui faut une offre vitrine, référence lui permettant de démontrer tout son savoir faire, ses compétences, et faire grimper sa notoriété. Est-ce que la gamme des Pirelli Scorpion Race EN & DH y parviendra ? L’avenir nous le dira. En tout cas, c’est clairement sa mission, et c’est bien pour ça qu’on s’y intérèsse sur FullAttack, après avoir déjà planché sur les précédentes gammes, plus accessibles…
On commence donc par s’intéresser directement à ce qui peut, ou pas, assoir la réputation de cette gamme Pirelli Scorpion Race EN & DH : les carcasses… Au pluriel parce que dans cette gamme, c’est bien ce qui différencie les versions EN des versions DH ! Et là, premier bon point, on est en terrain connu, dans les deux cas…
La carcasse DH – au doux nom de DualWALL + chez Pirelli, marketing, marketing… – repose sur une base double pli en 60 Tpi avec renforts. Des tissus à gros fils solides donc, avec un renfort de gomme contre le pincement au talon, et une épaisseur de tissu en supplément sur les flancs contre les coupures. Au final, la tringle est rigide sur ces pneus DH. La carcasse EN – qui s’appelle DualWALL – repose aussi sur une base double pli, mais à fils plus fins – 120 Tpi. Le renfort des flancs disparait, seul la gomme anti-pincement reste. La tringle est souple.
Terrain connu donc, puisque ces choix correspondent à ceux de la concurrence pour composer deux carcasses compétitives. 60 vs 120 Tpi, c’est ce que Maxxis et Continental font notamment, pour ne citer qu’eux… Une plus fine mais légère – autour de 1250 g le pneu EN – et une blindée mais plus lourde – 1450 g le pneu DH…
Bref, deuxième bon point marqué par la gamme Pirelli Scorpion Race EN & DH : les profils qui composent la gamme. Ils sont 4, comme la plupart des gammes concurrentes actuelles que l’on vient de citer… Et l’un d’eux appelle même à être retaillé, si jamais !
Le profil M – pour Mixed – est le plus polyvalent des quatre. Il se destine surtout aux terrains compacts, qu’ils soient secs ou humides. Le profil T – pour Traction – vient compléter quand le terrain s’assouplit, y compris s’il est poussiéreux par dessus une couche compact, ou s’il y a des racines humides dans le jeu… Le crampon central de la rangée de 3 est pensé pour être coupé si le terrain l’exige, avant de passer sur le profil suivant… Le profil S – pour Soft – se place sur le fameux créneau des pneus intermédiaires dans la tendance du moment. De ces pneus à avoir quand on ne sait pas ce que la météo et le terrain vont nous réserver… Pluie ou pas ? Ornières et poussière ou pas ?! Et enfin le Mud – comme son nom l’indique – se destine aux conditions clairement compliquées où la pluie battante a fait son oeuvre, la terre s’est transformée en boue, et le chantier est plié.
En matière de sections, les profils M, T & S sont tous trois en 2,5 pouces de section – soit 63/63,5 mm de largeur – quel que soit le diamètre – 27,5 et 29 pouces proposés. Seul le Mud est un peu plus fin – 2,4 pouces, soit 59 mm – pour augmenter la pression sur chaque crampon et maximiser le dégagement dans le cadre, au passage. Offre logique.
Maintenant qu’on a vu carcasses et profils, on s’intérèsse aussi à ce qu’il y a entre les deux : la gomme ! Et c’est justement là que la gamme Pirelli Scorpion Race EN & DH se distinguera peut-être le plus. La même gomme tendre est utilisée sur l’ensemble des pneus. Si vous voulez plus durable, ce sont les autres gammes qui vous concerne. Ici, la gomme soft qui recouvre les pneus de DH, recouvre aussi les pneus d’Enduro.
Je dis recouvre parce que c’est là que ça devient plus intéressant encore… Comme d’autres, les pneus Pirelli font usage de deux densités de gomme. Celle qui est au contact du sol et assure l’adhérence – plus tendre – n’est ici pas la même que celle qui est au coeur du pneu et assure sa tenue – plus raide. Et si les gommes sont les mêmes d’un profil à l’autre, elles ne sont pas réparties de la même manière…
Ainsi, sur le Pirelli Scorpion Race M – quelle que soit sa version – les crampons latéraux sont majoritairement composés de gomme tendre, pour décrocher progressivement sur terrain dur. Sur le Pirelli Scorpion Race T, la gomme dur de la carcasse remonte davantage dans les crampons latéraux pour offrir un comportement plus ferme et mordre le terrain plus tendre. Si vous avez l’occasion de tâter du crampon et comparer, c’est flagrant. Tout ça alors que dans les deux cas, la gomme qui est au contact du sol – ou des doigts – est la même…
Comment c’est fait ? Pour saisir, il suffit d’imaginer qu’avant de passer au moule, un pneu, c’est un empilage de bandes ; du tissu et ce qui nous intéresse ici, de gommes. On s’imagine facilement que les bandes soient d’épaisseur constantes. Et bien pour les Pirelli Scorpion Race, ces bandes de gomme sont à épaisseurs variables du centre vers l’extérieur et les flancs du pneu. Et c’est comme ça qu’en fonction des modèles, on obtient plus ou moins de gomme de carcasse qui remonte dans les crampons, une fois le tout passé au four…
Pirelli Scorpion Race EN & DH > Pneus compétition et station/park Enduro & Descente / 4 profils à choisir en fonction des conditions / Même gomme tendre extérieure / carcasse Enduro (EN) 2×120 Tpi tringle souple ou Descente (DH) en 2x60Tpi tringle rigide / profils M, T & S en 27,5 et 29 pouces x 2.5 – profil Mud en 27,5 et 29 pouces x 2.4 / 1260 g env. le pneu EN en 29 pouces – 1450 g le pneu DH en 29 pouces / 84,90€ les modèles DH, 89,90€ les modèles EN – Prix de vente conseillés / Dispo début 2023.