Fort William, le mythe écossais, à une nouvelle fois livré un verdict à la hauteur de sa réputation. Longue, brutale, rapide, la piste des Highlands pousse le mental game qui fait l’essence de la DH à son paroxysme. Et qui dit mental, dit engagement, gestion, stratégie, et capacité à jouer à la limite sans se faire punir. À quoi ça s’est joué ce dimanche ?! Qui a joué quel jeu ?! Tout ça, on le voit en Coup d’oeil, Entre les Chiffres sur FullAttack !
Deux approches, un run majeur chez les garçons !
Quand on jette un oeil à la piste, c’est un peu deux salles, deux ambiances à Fort William. Le haut, dégagé, en plein vent, sur la gravette et ses rochers. Le bas, dans les bois, plus sinueux, et plus plat par endroits. Et quand on se penche sur le détail des chronos, c’est sensible. Il y a ceux qui signent des temps costauds sur les deux premiers inters – Laurie Greenland, Matt Walker – et ceux qui se font remarquer après – Vergier, Coulanges, Daprela, Pierron…
Stratégies, conditions physiques, vent, choix matériels ?! Il y a un peu de tout ça pour expliquer ces différences aux chronos ! Les deux Britanniques, partis à bloc, ont semblé émoussés sur le bas de parcours. C’est un fait. Tout comme Thibaut Daprela, auteur de petites approximations criantes – dans les bois, entre le road gap et le motorway. Mais c’est, aussi et surtout, qu’il avait deux des plus fines lames du paddock à ses trousses…
La première, Loris Vergier, illustre d’ailleurs comment la piste de Fort William peut se découper. Dans l’incapacité de pédaler depuis le milieu du 2e secteur, le pilote Trek reprend pourtant du temps sur la tête, et revient à un petit dixième de la gagne, à l’entrée du pédalage ! Loris a donc trouvé la clé du bois avant le road gap, et a une nouvelle fois posé un run dont il a le secret ! C’en est même sa signature. Sans chaine, Loris Vergier dominerait la discipline !
Oui mais voilà, Amaury Pierron lui, sait faire avec, et y a mis du coeur ! Ça s’entend durant son run, et il l’a dit après course : il a tout donné en bas. Alors, on pourrait conclure hâtivement que ça s’est joué à la pédale. Surtout si l’on note qu’Amaury a choisi de rouler Full 29, pas Thibaut… Sauf que ! À bien y regarder, sa perf’ débute dans le secteur d’avant – le nouveau bois, sinueux et engagé, autour du road Gap ! Là, il surclasse Loris Vergier, reprend plus d’une seconde sur la tête, et se remet dans le jeu pour la fin… Bref, encore une perf’ majeure signée Pierron !
Stratégie inverse, Nina Hoffmann au dessus du lot !
À Fort William, Nina Hoffmann a marqué les esprits, plutôt deux fois qu’une… Voir même trois ! D’abord, elle a remporté la manche British Downhill Series – BDS – qui se déroulait ici deux semaines plus tôt. Puis, elle était largement en tête – 13 secondes – en qualification, avant d’être victime d’une crevaison. Mais puisque les temps n’étaient pas si larges à l’arrivée, tout le monde avait son rythme, sur la première partie de la piste, en tête.
D’autant qu’au delà de ses performances, tout le monde a aussi noté que dans son entourage, il y avait de quoi l’inspirer, et lui apporter de bons conseils pour l’emporter ici. Ça fait quelques fois qu’on la dit passer beaucoup de temps avec Steve Peat à l’entrainement. Et qui mieux que Peaty, connait Fort William ?! Son teammate, Greg Minnaar peut-être, qui a fait toutes les épreuves internationales organisées ici depuis le début ?!
Quoi qu’il en soit, ça devait finir par payer, c’est fait ! Et ça l’a fait dès le début, de manière très nette. Certes, à l’arrivée et en live, l’écart est impressionnant, mais à y regarder de plus près, c’est bien sur les deux premiers secteurs qu’elle le construit. Soit à découvert très majoritairement, avant de rentrer dans les bois. Ensuite, elle fait jeu égal, ou presque, avec Vali Holl et Camille Balanche.
On parlait stratégie jusqu’ici, voilà deux victoires qui démontrent qu’il n’y a pas qu’une recette pour l’emporter. Voilà une course qui démontre que trouver la bonne, c’est surtout trouver celle qui convient au pilote, et aux circonstances de course, la concurrence, plutôt que de chercher la recette miracle. Sans quoi, de toute façon, ce serait trop facile…