Ces derniers temps, il est une tendance qui donne franchement le sourire. Après les Enduro en 150/160mm et les All Mountain en 140/150mm, les Trail en 120/130mm se débrident. Au placard les géométries de cross-country et spécifications ultra lights ! Voilà des côtes joueuses et des montages qui tiennent le cap.
C’est en tout cas l’un des constats du moment. La présentation du Devinci Django, dont les premières images transpirent l’action, y participe. Plus encore, ce que l’on a vécu au guidon du nouvel Intense Spider 275 Carbon nous en a convaincu… Explications !
En catimini…
Qu’on le veuille ou non, la Californie est le berceau de bien des tendances, bonnes ou mauvaises. Les cerveaux y carburent pour tenter d’influer sur le monde de demain. Il n’est donc pas rare d’en rapporter ce qui peut incarner un élan particulier…
C’est là-bas qu’en février dernier, Quentin a mis la main sur le dernier-né de la gamme Intense : le Spider 275 Carbon. Depuis, il a (le vélo, pas Quentin…) pris des heures au compteur, à l’abri des regards, dans le Sud de la France.
L’occasion de prendre du temps, sereinement, pour comprendre ce nouveau venu sur des terrains connus et reconnus. L’occasion surtout de préciser ce qu’il est susceptible d’apporter, ou non, à une pratique Trail pas toujours bien définie par chez nous.
En ce 31 mars 2016, le vélo est officiellement dévoilé. Les premiers exemplaires haut de gamme seront disponibles le 10 avril, tandis que les deux modèles plus abordables le seront en mai. Il est donc temps de lever le voile et faire sauter le scotch américain qui gardait jalousement une part de mystère autour de ce vélo « sans nom » jusqu’alors…
Intense Spider 275 Carbon… (R)evolution ?
[cbtabs][cbtab title= »Prix »]11 998 euros [/cbtab][cbtab title= »Poids »]11,140kg (vérifié, taille L, sans pédales, montage tubeless sans préventif)[/cbtab][cbtab title= »Fiche produit »]http://www.intensecycles.com/bikes/spider-275-c[/cbtab][/cbtabs]
Spider 275. Le nom n’est pas étranger aux inconditionnels de la marque. En fait, le modèle Trail de la gamme californienne existait jusque alors en 29 pouces carbone et depuis peu, dans une version 27,5 aluminium au succès mitigé. Pour diverses raisons, il n’a pas forcément trouvé son public.
Pour autant, le Spider revient, dans une livrée carbone qui se décline en quatre niveaux de gamme, du Foundation à 4998€ au Factory de cet essai qui dont on pourrait évoquer plus modestement le prix au kilo (on vous laisse faire le calcul)… Les deux premiers (Foundation et Expert) arborent des montages raisonnables. Les hauts de gamme Pro et Factory usent d’un cadre en fibre haut module plus léger de 215g et d’équipement tout ce qu’il y a de plus haut huppé…
Quoi qu’il en soit, avec cette évolution vers le cadre carbone, Intense enfonce le clou. Le Spider 275 Carbon reprend exactement les côtes de son prédécesseur. Et puisque les moules pour fabriquer un cadre en carbone coûtent une fortune : transposer une géométrie de l’aluminium au carbone revient à la graver dans le marbre… Un signe fort auquel on a eu envie d’accorder une chance à l’essai.
Un certain penchant…
Il n’y a pas de doute, les têtes pensantes Intense en sont convaincues : sur le terrain, cette géométrie offre des sensations fidèles à ce que doit être l’ADN de la marque.
« Un caractère à priori bien trempé, avec un sérieux penchant pour l’action »
C’est ce que l’on constate si l’on compare le Spider au Tracer, le modèle All Mountain / Enduro de la gamme. À peine quelques millimètres d’écart en empattement et en top tube, un petit demi-degré d’angle de direction en plus mais… des bases ultra-courte en 419mm et un boitier bas perché ! Voilà qui promet !
Factory finish…
D’autant qu’il n’y a pas que les côtes qui dépotent ! La finition et le montage du Spider 275 Carbon en mettent une sacrée couche, surtout dans cette version Factory très haut de gamme mise à l’essai.
Le montage ne déroge pas à l’idée, faisant appel à ce qu’il y a de mieux chez Fox, Sram, DT Swiss et Renthal, excusez du peu…
Exclusif ! C’est le terme qui lie à merveille ces premiers éléments de géométrie, de conception et de montage. Plus encore, le mot qui fait parfaitement le lien entre ces points d’analyse et les premiers tours de roues, le moment venu d’ajuster ce dont on n’a pas encore parlé, les suspensions de l’Intense Spider 275 Carbon.
Suspension
Historiquement, Intense a longtemps partagé le concept du Virtual Pivot Point (VPP) avec une autre marque californienne mythique : Santa Cruz. Depuis quelques temps, le brevet est tombé dans le domaine publique. Chacune a convenu d’en faire l’appellation et l’usage qui lui sied. Chez Intense, c’est donc le JS Tuned (du nom du « gourou » maison Jeff Steber) qui fait foi. Qu’importe, c’est bien ce qui en résulte sur le terrain qui nous intéresse !
À ce sujet, les premiers tours de roue sont formels : il n’y a pas de débattement inutile. Intense préconise 30% de SAG. Dans ce cas de figure, la cinématique offre une plateforme de pédalage qui semble porter sur les 2/3, voir les 3/4 des 130mm de débattement. Au delà, la suspension s’ouvre légèrement en fin de course, comme pour offrir une réserve de débattement en cas de coup dur.
La plupart du temps, la suspension fonctionne donc sur la plateforme, ce qui, en premier lieu, favorise la réactivité et le dynamisme face à la sensibilité et au confort. J’opte pour une détente très rapide pour libérer un peu de sensibilité. J’y gagne aussi en débattement disponible, la suspension reprenant plus souvent de sa course pour mieux encaisser les chocs suivants.
Une aubaine puisque c’est ainsi que je trouve le bon ajustement avec les 130mm de la Fox 34 Factory à l’avant. Tout juste 25% de SAG, une détente légèrement plus ouverte encore pour une assiette qui évite de plonger… Un résultat qui se marie bien au 130mm à l’arrière.
En 115mm ?!
La suspension de l’Intense Spider 275 Carbon offre une position permettant de réduire le débattement à 115mm. La modification de l’ancrage du pied de l’amortisseur n’engendre pas de variation de la géométrie ou de basculement de triangle arrière. Dans cette configuration 115mm, il semble donc bien que la course se fasse sur le début de la cinématique. Exit donc la réserve de débattement en fin de compression.
Et puis, Intense préconise toujours l’usage d’un SAG à 30% du débattement. La position en 115mm engendre donc une variation de géométrie en dynamique : le boitier est en moyenne plus haut qu’en 130mm. Pour nous, amoureux de la belle action, on va le voir, le Spider 275 Carbon y perd de son tempérament bien trempé, sans y gagner par ailleurs.
Moins de réserve et boitier haut : deux raisons pour lesquels, à l’usage, la position 130mm a ma préférence. À tel point que les réglages préconisés, comme les impressions qui suivent, ne portent principalement sur cette position…
Réglages | Avant | Arrière |
---|---|---|
SAG | 25% | 30% |
Détente | -9/12 | -10/14 |
Compression | ouvert | ouvert |
Token / Spacers | d'origine | d'origine |
Clics de détente comptés depuis la position la plus vissée des molettes. SAG arrière réalisé assis/selle haute – SAG avant réalisé debout/bras en appui sur le cintre / épaule à l’aplomb du guidon.
Exclusif
En effet, 130mm de débattement ne sont pas de trop sur le Spider. Notamment parce qu’au premier abord, il n’y paraissent pas tant. Sur cette version Factory, tout est très exclusif, rien ne pardonne. Tout est là pour retranscrire le terrain, sans filtre. Le cintre, la potence, la fourche, le cadre, les roues… Tout est rigide, précis, léger et réactif. À tel point que, sur terrain rocailleux, les pneus ne savent plus où donner de la tête. ils rebondissent inexorablement, d’une pierre à l’autre.
Me voilà donc sur un pur sang, qu’il faut dompter. La 34 et la Reverb ne sont pas de trop, tant les ardeurs semblent élevées sur cette petite bombe… Patience et « soupletée » diraient certains… Par curiosité, je chausse l’Intense Spider 275 Carbon des Michelin Wild Rock’R et Wild Race’R. Je veux voir l’apport des carcasses rigides à la haute capacité d’absorption. Sur terrain sec, rocailleux et sableux, le résultat est diabolique de précision, de réactivité et de dynamisme. Fini les rebonds parasites… Assagit, le Spider 275 Carbon en devient plus lisible. J’ai le sentiment de faire passer davantage d’aspérités du terrain dans les suspensions… L’Intense est désormais une fine lame qui colle au sol. Oui, mais lequel ?
Jarlandinage…
Tout au long de ce test, je n’ai de cesse de m’interroger. Je figure bien les traces sableuses truffées d’appuis que la Californie propose. Nul doute que le Spider y soit dans son élément… Mais quid des terrains Européens ? Français ?
Au fur et à mesure de cet essai, je ne cesse d’assagir ce vélo pour trouver une nécessaire corrélation entre mes capacités, celles du vélo, et ce que demande le terrain. Outre une paire de roues alu plus tolérantes que les DT Carbone raides comme la justice, j’en viens d’ailleurs à différencier terrains souples et terrains durs. Sable, tourbe, mousse absorbants composant les premiers. Rocaille, roche, racine, argile sèche brutales composant les seconds.
Autant je trouvais des capacités filtrantes au Lapierre Zesty et Mondraker Dune (chacun dans leurs registres) intéressantes pour rouler sereinement sur terrain durs, autant je finis par penser que l’Intense Spider 275 Carbon a toute sa place sur terrain souple ou fuyant, où il apporte sa précision et son dynamisme pour tirer son épingle du jeu.
C’est dans la Jarlandine, spot singulier qui fait les hauteurs du Val de Durance, que je trouve ainsi refuge. Mini Ainsa, l’endroit est truffé de sentiers qui serpentent entre canyon et sapins. Au sol, les marnes grises s’érodent en gravette plus ou moins épaisse avec le temps. L’érosion et les locaux jouent un rôle majeur dans la sculpture des trajectoires et des appuis qui deviennent un régal…
Le bouquet final
C’est ici que l’Intense Spider 275 prend toute sa dimension. Que le potentiel que l’on a eu de cesse de prêter à cette monture de rêve dévoile enfin toute sa grandeur. Qu’enfin, tous les éléments entrent en corrélation.
Notamment parce que le dernier petit détail, le Stack à 602mm qui place le cintre bas trouve son remède : le pivot de la fourche n’est pas coupé court. Les 3 entretoises disponibles passent sous la potence et offrent virtuellement un stack plus proche de ce à quoi j’ai pris goût.
Sur ces traces qui ont tout d’une pump-track géante, je prends alors un malin plaisir à être actif, dynamique, vif et précis pour profiter de la moindre aspérité. du cintre au pneu, la chaîne est complète. C’est un régal de pousser, de prendre appuis et de tirer, pour générer la vitesse à chaque occasion qui se présente. J’en viens même à faire d’un pump les moindres mouvements de terrain, parfois insignifiant. Lavoisier en serait fier : « rien ne se perd, tout se transforme ». À tel point que la vitesse en devient grisante.
Une fois acquise, je n’ai plus qu’une idée en tête, l’entretenir et la conserver, coûte que coûte. Le terrain n’a pas un grand dénivelé. Les relances sont nombreuses. La réaction est immédiate, la propulsion au rendez-vous. Les occasions d’appuyer sur les pédales et tirer sur le cintre sont légion. Les bases en 419mm ne sont pas une légende. Sortir en wheeling du moindre obstacle – pump, virage, saut… – en devient un challenge ! « Tiens, et si je tentais là ? »
Un véritable appel à la débauche. C’est l’Amérique, Las Vegas baby : donne tout ce que tu peux, mais prend garde à toi ! Puisqu’il cabre facilement, pourquoi s’en priver ? Le terrain de jeu offre des passages parfois pentus, ravinés, enracinés. Autant d’occasion de prendre les airs. de tirer tout ce que je peux. À l’appel tout y incite. L’envie m’envahie littéralement.
C’est à la réception que je remets parfois les pieds sur terre, enfin façon de parler, fort heureusement : C’est bien beau de tirer, encore faut-il qu’il y ai la place de se poser. Quand la réception est un mix de roche et de racines… Ça brasse ! Et puis, parfois, j’en viens même à imaginer une suite pas forcément en corrélation avec la réalité. L’occasion de quelques tout droit dans les fourrés bien ficelés ! Petit rappel pour mon moi enthousiaste : ne pas oublier que c’est un petit vélo…
Un petit vélo qui tourne dans un mouchoir de poche. Un régal pour serpenter, à vue, entre les arbres. Le cintre à la bonne hauteur posé sur 3 cales, les 130mm de la Fox 34 juste ce qu’il faut de maintenus. La réactivité est forcément exceptionnelle. De quoi prendre confiance, chercher à voir à travers les arbres et les buissons. Vouloir deviner où part la trace sans l’appréhension de l’imprévu : la moindre pression sur le cintre et les pédales suffisant à corriger le tir et garder le flow…
Conclusion ?
Voilà qui promet à l’heure de conclure par la traditionnel question : pourquoi voudrais-je garder ce vélo ?
« L’Intense Spider 275 Carbon Factory fait partie de ces jouets de rêve à avoir au garage. De ceux à qui je ferais volontiers une place entre les tout aussi hypothétiques Lotus Elise, 125 SX, kart 250cc et le M16… De descente ! Une fine lame à manier avec précision. Un pur sang à dompter avec autorité. Longtemps, l’Intense Spider 275 Carbon nous a laisser miroiter un sacré potentiel. Combien de fois en avons-nous parlé en commençant nos phrases par «il doit y avoir moyen de…» Et à force de chercher, je l’ai trouvé. Un joli jouet… Exclusif ! »
Positionnement & usage
En synthèse, le tableau de positionnement et d’usages permet, en un seul coup d’oeil, de saisir les capacités du vélo.
Trail | All Mountain | Randuro | Rallye Enduro | Vélo de montagne | Station & navettes |
---|---|---|---|---|---|
Pratique inadaptée | Pratique ponctuelle | Pratique possible | Pratique régulière | Pratique de prédilection |
Comparées à celles des autres vélos à l’essai permettra de répondre à l’éternelle question > par rapport aux autres, qu’en penses-tu..? rendez-vous sur la page du Comparateur d’essais VTT Endurotribe pour en savoir plus > https://fullattack.cc/comparateur-essais-vtt-2016/