Crans Montana 2021 – Richie Rude & Mélanie Pugin à sens unique ?!

Ce week-end à Crans Montana pour la 7e manche des Enduro World Series 2021, les courses féminines et masculines ont eu un point commun particulier : leur vainqueurs – Mélanie Pugin et Richie Rude – ont mené les débats de bout en bout ! De là à dire qu’il s’agissait de courses à sens unique, il n’y a qu’un pas, qu’on ose franchir à première vue… Mais on ne se passe toute fois pas d’une analyse plus détaillée des chronos pour voir s’il n’y a pas d’autres choses intéressantes à en tirer !

Chez les hommes…

Spéciale 1

La Pro Stage de Crans Montana 2021 pourrait bien, d’ici quelques semaines, revêtir le rôle de moment clé de la saison masculine 2021 ! C’est ici que pour la première fois de la saison, le duel entre Jack Moir et Richie Rude connait un tel écart ! Pendant que le pilote Yeti prend les reines de la course et empoche les points de la Pro Stage, le pilote Canyon chute et se blesse à l’épaule. 18 secondes de débours ! En son absence, Jesse Melamed et Martin Maes font presque jeu égal et prennent le relai dans le rôle des plus sérieux concurrents au podium…


Spéciale 2

Dimanche matin ! Jack Moir, un temps incertain, est au départ. Épaule strappée, il a décidé de ne pas abandonner et se donner une chance de marquer de précieux point. 9e pour son premier temps de la journée, à 9s de la gagne. En retrait par rapport à ses standards, mais tout de même plus qu’honorable ! En tête, Richie Rude reprend ses bonnes habitudes de la veille. Comme la Pro Stage, cette spéciale comporte un pédalage important, et l’américain en profite. Sauf qu’ici, d’autres costauds lui emboitent le pas ! Jesse Melamed, à 0,69s, s’extirpe du paquet de poursuivant et s’installe plus clairement au deuxième rang du provisoire. Derrière, Kevin Miquel signe une nouvelle performance solide en cette deuxième moitié de saison, et se glisse juste devant Martin Maes sur le podium provisoire…


Spéciale 3

Cette fois, les pilotes ont à faire avec peut-être la spéciale la plus engagée du week-end. De la pente, des rochers, de la vitesse, assez large. Il faut être costaud et technique pour bien figurer… Youn Deniaud démontre qu’il l’est ! le prodige technique du team Giant signe un nouveau scratch en spéciale cette saison, après son premier à Loudenvielle. Plus étonnant mais impressionnant à 0,08s à peine : Kevin Miquel démontre qu’il n’est pas seulement un gaillard sur les pédales, mais aussi un pilote qui sait engager quand c’est nécessaire ! Sur cette spéciale où les temps son serrés, Jesse Melamed est le troisième pilote à moins d’une seconde. Un podium semble se dessiner un peu plus clairement. Sur cette spéciale, Richie Rude assure, notamment en ne sautant pas sur la trajectoire la plus directe dans le goulet…


Spéciale 4

Si l’américain n’a pas pris de risques, c’est que la spéciale suivante est la plus naturelle, sauvage et cassante de la course. Les trous où rester tanqué et casser des roues sont trop nombreux pour les compter ! De quoi convenir au gabarit, au gainage et à la force du pilote Yeti, ou bien encore au sens de l’équilibre et à la proprioception de Martin Maes. Le pilote GT signe un temps dans la même seconde que l’américain, et profite clairement de cette spéciale pour s’emparer de la troisième marche du podium. Sur cette spéciale assez lente, les écarts sont bien plus marqués. Si Jack Moir limite une nouvelle fois bien la casse et semble avoir trouvé son rythme, les deux Français en verve – Youn Deniaud et Kevin Miquel (sur chute) – perdent gros. Plus de 10s pour le premier, plus de 15s pour le deuxième…


Spéciale 5

Dernière spéciale du jour, il s’agit de relier le sommet des pistes au coeur de la station en empruntant sur la deuxième partie, la Pro Stage de la veille. Un long run en distance, très rapide en vitesse, où Antoine Vidal signe un beau scratch, suivi de près par la sensation de cette saison : Slawomir Lukasik ! Ce week-end encore, le polonais a franchi un cran, s’invitant tout près de son premier scratch en carrière ! Avec cette ultime perf’, il chipe même la 4e place à Kevin Miquel, finalement 5e de cette course. À ce rythme là, Slawomir pourrait bien monter sur un podium avant la fin de saison, ce qui serait tout bonnement sensationnel ! À la faveur d’un dernier chrono régulier dans le top 10, Jack Moir assure les points de la 10e place finale…

Chez les femmes…

Spéciale 1

Première spéciale de la course, et premier temps scratch de Mélanie Pugin… On l’a écrit en introduction, la leader du général n’a pas tardé à prendre les devants à Crans Montana. D’autant que l’écart sur sa dauphine, Morgane Charre, est conséquent ! 4,5s quand les quatre suivantes se tiennent en 2s à peine, il y a de quoi souligner la performance ! Noga Korem et Harriet Harnden occupent les deux dernières places de ce graphique puisqu’elles sont tombées dans le goulet engagé de cette spéciale. Heureusement sans gravité malgré l’impact avec le rocher, mais tout de même presque 20s de lâchées d’entrée !


Spéciale 2

Dimanche Matin, Harriet Harnden semble avoir bien récupéré de sa chute. La Britannique signe le premier scratch de la journée sur un terrain où on l’attend. Le pédalage du haut de cette spéciale lui réussi, même si les sauts des pistes permanentes la dérangent davantage. Juste derrière, Morgane Charre s’illustre ! L’ancienne championne du monde de Descente est à l’aise sur les pistes de Crans Montana, et ça se voit. Mélanie Pugin veille au grain, à moins d’une seconde de la française. Statu quo ou presque en tête de la course donc. C’est par contre très serré entre Estelles Charles et une autre descendeuse, Miranda Miller ! Tout reste à faire pour départager la troisième place…


Spéciale 3

La Canadienne prend d’ailleurs l’ascendant sur le Française à la faveur de la spéciale suivante, la plus engagée du week-end. Mais en tête, c’est surtout Mélanie Pugin qui met tout son monde d’accord ! Impressionnante marge de plus de 5s sur ce chrono – le plus court des 5 – qui démontre une nouvelle fois la valeur de sa performance. Mélanie fait la différence avec courage et force, à coup de guidon plutôt qu’à coup de pédale ici. Noga Korem, que l’on avait vu en forme la semaine passée, fait son apparition en haut des classements. La pilote GT qui fait aussi des piges en Descente, vient s’exprimer ici, et recoller au paquet que forment désormais toutes les prétendantes à la troisième place. Elles sont six à pouvoir y prétendre à 2 spéciales de la fin…


Spéciale 4

En retrait sur la spéciale précédent, Morgane Charre réagit sur cette spéciale défoncée. Elle devance de près de 3 secondes les deux pilotes en verve de la spéciale précédente : Mélanie Pugin et Noga Korem. Preuve s’il en fallait que c’est entre ces spéciales 3 et 4 qu’une bonne partie de la course s’est jouée chez les filles. Morgane stoppe l’hémorragie et évite de tomber au contact des prétendantes à la troisième place. De ce groupe des six, Noga Korem profite de ce nouveau chrono canon pour prendre l’ascendant…


Spéciale 5

La dernière spéciale du jour, dans un style encore différent des deux précédentes, vient consolider la hiérarchie établie à l’issue des spéciales précédentes. Mélanie Pugin, Morgane Charre et Noga Korem occupent les trois premières place et sécurisent leurs résultats. On voit d’ailleurs que les enjeux étaient bien cerné chez chacune des concurrentes, puisque suivent Harriet Harnden, Isabeau Courdurier et Estelle Charles en bataille pour les points de la quatrième place. La pilote Trek, une nouvelle fois en verve, prend le dessus pour 2,5 petites secondes au final…

Qu’en retenir ?

Si l’on prend un peu de hauteur, ces deux courses – masculines et féminines – ont bien des points communs, et pas n’importe lesquels. En premier lieu, la domination de leurs vainqueurs, qui remportent effectivement des courses à sens uniques pour eux. Pour gagner, il s’agissait clairement de trouver le bon rythme, la bonne carburation, pour coller aux pistes de Crans Montana.

On voit ensuite que le concept de Queen Stage, avec ses points à glaner au général, a son effet sur la course. Dans les deux cas, on perçoit clairement qu’il y a des mouvements décisifs autour de cette spéciale – la n°4 ici. C’est à la faveur de celle là que la troisième place de Martin Maes s’est jouée au dépend de Kevin Miquel chez les hommes. C’est à la faveur de celle-là que Noga Korem s’est aussi distinguée pour la troisième marche du podium, dans une dynamique initiée dès la spéciale précédente pour elle et pour Mélanie Pugin.

Un mouvement que Kevin Miquel et Youn Deniaud aussi ont tenté, sans succès. Ça prouve au moins que même si visiblement, les initiatives du règlement ont un impact certain sur le déroulement de la course, il y a encore de la place pour des schéma de course différents, et donc, pour une bataille sportive qui n’a pas fini de livrer son verdict. Melanie Pugin, Nogam Korem, Slawomir Lukasik, Kevin Miquel, Youn Deniaud… Des noms remarqués la semaine dernière à Loudenvielle, et à nouveau dans le coup ici, pourraient bien en profiter de nouveau, en fin de semaine, à Finale !

Classements généraux

Après la relative contre performance de Jack Moir ce week-end, il y a une question que tout le monde se pose : quel est l’impact sur la bataille au classement général ? L’Australien limite bien la casse : s’il perd gros, il reste à portée de tir ! Il est à 90 points de Richie Rude, alors qu’il en comptait 140 d’avance avant cette course. On l’a vu ce week-end, tout est encore possible !

Chez les Filles, Mélanie Pugin étend cette fois son avance : 585 points d’avance à deux courses de la fin… Au rythme où elle score cette saison, il ne lui manque guère pour être titrée dès ce week-end, à Finale ! C’est derrière que tout reste à faire. Harriet Harnden, Morgane Charre et Isabeau Courdurier se tiennent en 5 points ! Autant dire que les prochaines course seront décisive pour savoir qui prendra les deuxième et troisième places !