Suspensions Öhlins RXF 36 m.2 & TTX Air

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Chez Öhlins, le 2 roues tout terrain, c’est l’histoire d’une vie ! C’est surtout par le monde du motocross que la marque aux mythiques ressorts jaunes a fait sa place. Et, ce n’est donc pas pour rien qu’elle parle à un bon nombre d’entre nous… Reste alors à savoir si Öhlins tient à sa réputation…

  • Prix : fourche : 1390 € / amortisseur : 849 €
  • Poids : fourche : 2157 g (avec axe, pivot de 19,5 cm) / amortisseur : 520 g
  • Lien : www.ohlins.com/
  • Dimensions : fourche essayée en 29″, 170 mm, offset 44 mm, plongeurs 36 mm, hauteur 593 mm, postmount 180 mm / amortisseur essayé en 230 x 62,5 mm, avec 2 tokens
  • Conditions d’essai : 400 km, 40 h, sur Nukeproof Mega 290c, en Haute Savoie, Auvergne, Millau

Est-ce pertinent ?

La réputation d’Öhlins dans le monde de la moto n’est plus à faire, mais dans celui du VTT, où l’arrivée de la marque reste relativement récente, elle reste à faire ou du moins à consolider. Même si, elle a déjà fait ses preuves il y a quelques temps dans nos colonnes : avec l’essai Air VS Ressort sur un Specialized Enduro, déjà révélateur d’une certaine qualité !

Mais depuis, le marché et les produits ont évolué. Autant chez la concurrence que chez Öhlins qui élargit sa gamme d’année en année. Et son implantation en France, via X1 Racing, ne cesse de s’affirmer. Ce à quoi participe aussi son fidèle et presqu’unique fer de lance : l’athlète français Loic Bruni. Il qui accumule les victoires avec la marque, qui lui offre aussi un soutien tout particulier

C’est pourquoi, être à la page à leur propos et connaitre ces évolutions est intéressant, surtout, qu’à première vue, technologiquement, rien ne semble vraiment les distinguer du reste du marché – forme des té/fourreaux, diamètre des plongeurs, usage de pointeau et clapetterie dans l’hydraulique, etc…

Est-ce pratique ?!

En effet, qu’il soit question d’installation ou de réglages disponibles – précontrainte pneumatique, détente, compressions basses et hautes vitesses -, rien ne vient vraiment casser avec nos habitudes, comme d’un point de vue pratique :

Est-ce utile ?!

En fait, une fois la bonne pression d’air dans la chambre positive trouvée, on n’est pas forcément tenté de la modifier. Cependant, on peut parfois se laisser tenter par modifier la pression dans la chambre de ramp-up pour adapter le comportement de la fourche au terrain, jusqu’à 10-15 psi de plus que la préconisation selon si ça tape, ça saute et ça va vite – trail naturel vs bikepark. Puisque ça se joue au psi, c’est précis, plus que les tokens, et c’est souvent bien utile !

Et ça fonctionne d’une meilleure manière. On ne retrouve pas l’effet butée que l’on peut rencontrer avec des tokens. Là, les transitions sont plus douces, sans impact, sans point dur. A l’intérieur, le piston du ramp-up se distingue de ce que l’on connait du marché actuel. Son piston fou est emmanché dans la tige du piston principal et commence à bouger dès lors que la pression dans la chambre principale varie… L’action du système de ramp-up s’opère donc sur tout le débattement. Et c’est probablement là que la magie opère. Tout s’explique !

Malgré ça, le maintien pneumatique se montre moins primordial ici sur du Öhlins, que ce à quoi Fox et RockShox nous ont habitués ces derniers temps. En effet, les compressions occupent une part plus importante dans le bon fonctionnement des suspensions Öhlins à l’essai, fourche comme amortisseur. Ca sonne même comme une marque de fabrique tant ça se démarque de la concurrence. Un peu comme du BOS, dans une moindre mesure…

En fait, les compression basse vitesse constituent une base sur laquelle on ne revient pas une fois réglée. Il en va de même avec la détente qui, dans toutes les situations, assure franchement bien de plaquer la roue au sol pour trouver le grip, sans forcément déstabiliser à l’impact. L’équilibre est bon !

Par contre, les compressions hautes influencent énormément le fonctionnement général de la fourche et sont clairement décisives dans le comportement du vélo. Elles assurent la majeure partie du maintien pour conserver du débattement en toute situation et utiliser juste ce qui est nécessaire – ni trop, ni trop peu. Elles assurent ainsi la conservation de l’assiette du vélo et la bonne dynamique du train avant. On a d’ailleurs parfois l’impression que tout tient à ces compressions hautes vitesses tant elles gèrent une large plage d’impact et que d’un terrain à l’autre on est tenté d’y toucher. Par exemple, en Auvergne, où il y a beaucoup de racines qui s’enchainent et frappent fort, j’ai eu tendance à rester sur la position 1 tandis que dans les Alpes, où ça va globalement plus de vite, avec de plus grosses compressions et moins d’impacts successifs rapides, j’use plutôt de la 2e position pour ne pas « bouffer » du débattement inutilement.

Finalement, c’est là qu’Öhlins marque de gros points : une fois le bon réglage trouvé, les suspensions suédoises ne semblent jamais dépassées par le terrain. La détente et les compressions font leur job à merveille pour coller au terrain tout en assurant de gommer les impacts. La qualité de l’amortissement et la gestion du débattement sont véritablement au rendez-vous. Pour la fourche comme pour l’amortisseur, tout en conservant une sensibilité prononcée pour adoucir les sentiers, Öhlins signe des suspensions de haut vol !

Quelle durée de vie ?

Jusque-là rien est à déplorer et rien ne semble vouloir jouer en leur défaveur. La sensibilité qu’on sait parfois mise à mal avec le temps, les poussières et l’encrassement des joints est, étonnamment, toujours excellente pour la fourche comme pour l’amortisseur. C’est un point qui m’a marqué !

Un point qui s’est aussi révélé dans le froid, où bien souvent tout se durcit. Pour le coup, c’est aussi le cas, surtout pour la fourche, sur le parking, sans forcément perdre cette sensibilité et ce déclenchement facile en début de course. Ca n’est pas collé ! Et une fois lancé, ça n’a pas forcément altéré son fonctionnement ni mis à mal mon pilotage. Ca mérite d’être dit tant c’est parfois notable et déstabilisant l’hiver.

Enfin, Öhlins préconise des services tous les 50 h pour la lubrification des plongeurs/fourreaux et 100 h pour une révision du ressort pneumatique. C’est à savoir puisque c’est tout de même un peu plus tôt que ce que préconisent les grandes marques comme Fox – 125 h – et RockShox – 50 et 200 h. Ne sachant pas si c’est juste qu’Öhlins est plus préventif ou si leurs suspensions demandent vraiment un entretien plus régulier, ça marche mieux mais ça demande peut-être un peu plus d’attention !

Ce qui peut progresser ?

Si jusque là ça sonne comme un coup de maitre, il y a tout de même 2 points qui pourrait évoluer. D’abord, dans de rares situations, j’ai parfois trouvé que l’amortisseur frappait même avec les bons réglages. Et même si je les reprenais pour essayer de trouver un nouveau compromis… J’ai donc l’impression que ça tient au fonctionnement intrinsèque de l’amortisseur et notamment à celui de ses compressions hautes vitesses. Comme s’il saturait et se raidissait légèrement impactant le confort et le grip à la roue arrière. Bref, c’est perfectible.

Enfin, le blocage – dont j’ai souvent fait usage dans les montées lisses et peu défoncées pour conserver au maximum l’assiette et ma position de pédalage, pour contrer sa sensibilité prononcée et son déclenchement facile – se trouve en fin de course de la molette des compressions hautes vitesses. Et comme ces dernières sont décisives dans le bon fonctionnement : on passe notre temps à toucher à cette molette… et par la même occasion, à s’assurer qu’on a le bon réglage avant d’attaquer une descente.

Vis-à-vis de la concurrence ?

Concernant la fourche, je n’ai jusque là pas abordé les performances du châssis. C’est en effet volontaire parce qu’il se place entre 2 mondes. Bien qu’Öhlins ait récemment présenté une version avec des plongeurs de 38 mm pour suivre la tendance, cette 36 fait déjà bien son job.

Fox et RockShox

Côté chassis, la Öhlins se tient bien autant en torsion dans les appuis/virages qu’en frontal au freinage, mieux qu’une Lyrik ou qu’une 36 nouvellement affinée avec l’arrivée de la 38, sans forcément amener la raideur/rigidité que les petits gabarits n’apprécieraient pas sur les nouveaux gros châssis en 38 mm.

Et côté amortissement, il n’y a pas photo ! Même si les leaders optimisent leurs produits existants petits à petit, la qualité de l’amortissement et la gestion du débattement n’atteignent pas l’excellence suédoise. A condition toutefois de passer du temps à la régler et d’avoir un certain feeling sur le vélo.

BOS

C’est le vrai faux grand concurrent qu’Öhlins peut avoir. Si la place du Français n’est pas – ou plus – celle d’Öhlins actuellement, leurs produits sont proches par leurs performances en matière d’amortissement. Comme le disait Antoine, ni la Bos Deville II, ni la Ohlins RXF 36 m.2, ne subissent le terrain : elles ne sont jamais dépassées par les évènements. L’Öhlins fonctionne haut dans le débattement, quand la BOS a plus tendance à s’assoir sur l’huile, un peu plus dans le débattement.

Reste que la jaune est plus complexe à ressentir et donc à régler. Elle demande une certaine expérience, autant dans les ressentis que dans l’approche, là où la rouge, bien que déroutante sur le parking, déballe son arsenal une fois lancée et se montre plus facile à aborder.

Suntour

Face à la Durolux, il n’y a pas match ! Si la Suntour profite de son rapport qualité/prix pour briller, elle est largement surclassée en terme de fonctionnement. Öhlins ne tend pas au compromis, on vise la performance coûte que coûte, quand la Suntour doit faire quelques concessions. Mais l’excellence Öhlins a forcément un coût plus élevé que la Durolux.

Pour ce qui est de l’amortisseur Öhlins TTX Air, je ne peux le comparer qu’à un Fox X2 que j’ai passé à l’essai sur le même vélo. Pour le coup, si les sensations initiales sont différentes – le Fox parait plus dur mais semble consommer plus facilement son débattement -, une fois les 2 réglés au mieux, on est assez proches en terme de sensations et de performances. Je prête juste plus de confort au Fox et une meilleure gestion du débattement et un meilleur grip en courbe au Öhlins. Reste que le prix, peut encore et aussi les départager…

Est-ce que ça les vaut ?

La fourche Öhlins RXF 36 m.2 est vendue au prix de 1390 € et l’amortisseur TTX Air à 849 €. Si Öhlins rejoint l’excellence en terme de performance, elle l’offre à des prix finalement alléchants compte tenu de ceux de la concurrence. A quelques dizaines d’euros près, Öhlins et BOS se rejoignent quand Fox les surclassent assez largement, avec 100 à 200 € de plus. Et lorsque je me pose la question desquelles je préfèrerai garder sur mon vélo – le Nukeproof Mega de l’essai – je tends finalement vers les suspensions suédoises.

Alors, si on tient compte des performances et des prix, Öhlins est clairement dans la tranche haut de gamme du marché, et surtout légitime pour grapiller quelques parts du marché actuel et rejoindre les références du moment.

Suspensions Öhlins RXF 36 m.2 & TTX Air
En conclusion
Petit à petit Ohlins fait sa place dans le monde du VTT, autant avec les fourches qu'avec les amortisseurs. Et les dernières générations de RXF 36 m.2 et de TTX Air prouvent une nouvelle fois que cette place est méritée et mérite aussi de continuer à grandir. La qualité d'amortissement et leur placement tarifaire les rendent très concurrentiels. C'est du tout bon !
Pertinent ?
8.5
Pratique ?
9
Utile ?
9.5
Durable ?
9
Abouti ?
9
Concurrentiel ?
9.5
Bon marché ?
8.5
Principale qualité
Qualité de l'amortissement
Principal défaut
Amortisseur parfois perfectible en terme de confort
9
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Rédacteur Testeur
  1. Bonjour, concernant les réglages, je serais curieux de savoir si vous avez suivi les préconisations du constructeur ou non sur la RXF36 m.2 ? J’ai suivi sur la ramp up mais la principale, j’ai baissé, un peu trop dure pour mes petits bras.
    Merci
    Arnaud

    1. Comme c’est dit dans l’article, pour ma part, les préconisations Ohlins sont une très bonne base de départ. Qui conviendra à la plupart d’entre nous, quand certains ajusterons une des 2 chambres, ou les 2 de quelques psi pour trouver l’équilibre qui leur convient !

  2. La revue tombe à pic, je commence à lorgner sérieusement côté Suède pour mon prochain vélo…
    Quels ont les ajustements possibles sur l’amorto en term de volume? Il me semble qu’il est possible de jouer aussi bien sur la chambre positive que sur la négtive. C’est juste? Si oui, est-ce réalisable assez facilement par le commun des mortels (moi)?

  3. Hello riders!!
    Ayant toujours roulé sur des 36 et nouvellement utilisateur ohlins (lapierre spicy cf7.9)
    Je ne sais pas vous mais moi le rebond me parait moins bon que les 36!
    Le feeling est vmt différent je suis obligé d’ouvrir le rebond au plus rapide pour que la fourche revienne « suffisamment » rapidement et encore j’ai pas trouvé le feeling comme sur la 36 qui revient plus vite…
    C’est du a quoi?
    Et sur le Ohlins TTX22 c’est pareil j’ai du mettre mon rebond au plus ouvert mais c’est pas encore assez vivant et rebondissant a mon gout…
    J’ai peut etre mal réglé l’engin…
    Un tuyau?
    Merci

    1. Avant toutes choses tu es comment en air dans les 2 chambres vis-à-vis des préconisations Ohlins ? La pression d’air a inévitablement un effet sur le rebond 😉

      1. J’applique exactement les recommandations du site en ligne Ohlins qui me préconise 175 psi dans la ramp up et 95 psi dans la main chamber pour 70kgs …

    2. J’ai un vélo en test avec cette fourche et j’ai le même feeling que toi…
      Ma fox 36 colle beaucoup plus au terrain et j’ai un meilleur grip…
      Je dois encore tester des réglages mais pour le moment je ne suis pas emballé par cette fourche.

      1. Cece et Maxim, roulez-vous avec des compressions basses vitesses suffisamment fermées ? Vos sensations d’être collé au parquet est clairement celle que je ressens lorsque je roule la RXF36 avec des compressions basses vitesses trop ouvertes…

  4. Hello,

    Super article comme dab.
    On parle des soucis de fiabilité ou c’est oublié ? Sur mon spe enduro 2017, Ma cartouche est passé à 2 doigts de m’ouvrir la gorge (sur biivouac Queyras, une semaine avant le recall mondial)…
    Et mon amorto a tout de même été changé 3 fois pour des fuites et comportements douteux…

    Le seul moment pu je me suis régalé c’est quand ils m’ont proposé la RXF36 en coil lors du recall.
    Bye.

    1. Salut et merci !

      Depuis les cartouche ont changé, le fusil à pompe en guise de fourche, c’est du passé !

      Pour l’amorto, je pense que tu parles du STX, non ?

  5. Bonjour,
    Je me retrouve dans les sensation sur les suspension ohlins niveau amortissement/grip mais coté dynamisme(POP) ils sont à la traine je trouve et il faut pousser sur les amortisseurs même détente à fond et SAG faible pour avoir les mêmes amplitudes de décollage ou passer par des préparateurs.

    1. Ah, alors tu comptes sur tes suspensions pour pouvoir décoller ?

      Pour le coup, sur la RXF36 passées à l’essai : il me reste 4 clics avant d’être full open, et franchement, ce n’est pas collé 😉

      A tout hasard, tu pèses combien ?

      1. Non pas pour décoller je pense que j’ai dépassé ce stade mais pour le pop le dynamisme, si ça colle trop et ce n’est pas assez vivant faut tirer plus que de raison sur le manche pour décollé pour avoir de l’amplitude.

        Ce doit être mon poids (105/110kg) qi fait que quand je roule une suspension Ohlins je doit ouvrir à bloc la détente et que je trouve pas assez actif mais faire préparer du matos aussi cher alors qu’une FOX 36/38/40 d’origine je peux rouler ça stock et les RS même si les compressions sont molles aussi

  6. entre un Fox X2 sans token et un TTX y a il une grosse difference sur la gestion de la fin de course?sur le X2 j’ai du mal a faire fonctionné les 12 derniers mm(pour une course de 65) en vous remerciant.

  7. plus simplement le TTX est il beaucoup plus lineaire sur la fin de course que le X2? Pour ne pas trop vous fatiguer une reponse par oui ou non me suffirai. En vous remerciant par avance.

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