Chez Öhlins, le 2 roues tout terrain, c’est l’histoire d’une vie ! C’est surtout par le monde du motocross que la marque aux mythiques ressorts jaunes a fait sa place. Et, ce n’est donc pas pour rien qu’elle parle à un bon nombre d’entre nous… Reste alors à savoir si Öhlins tient à sa réputation…
Est-ce pertinent ?
La réputation d’Öhlins dans le monde de la moto n’est plus à faire, mais dans celui du VTT, où l’arrivée de la marque reste relativement récente, elle reste à faire ou du moins à consolider. Même si, elle a déjà fait ses preuves il y a quelques temps dans nos colonnes : avec l’essai Air VS Ressort sur un Specialized Enduro, déjà révélateur d’une certaine qualité !
Mais depuis, le marché et les produits ont évolué. Autant chez la concurrence que chez Öhlins qui élargit sa gamme d’année en année. Et son implantation en France, via X1 Racing, ne cesse de s’affirmer. Ce à quoi participe aussi son fidèle et presqu’unique fer de lance : l’athlète français Loic Bruni. Il qui accumule les victoires avec la marque, qui lui offre aussi un soutien tout particulier…
C’est pourquoi, être à la page à leur propos et connaitre ces évolutions est intéressant, surtout, qu’à première vue, technologiquement, rien ne semble vraiment les distinguer du reste du marché – forme des té/fourreaux, diamètre des plongeurs, usage de pointeau et clapetterie dans l’hydraulique, etc…
Est-ce pratique ?!
En effet, qu’il soit question d’installation ou de réglages disponibles – précontrainte pneumatique, détente, compressions basses et hautes vitesses -, rien ne vient vraiment casser avec nos habitudes, comme d’un point de vue pratique :
Est-ce utile ?!
En fait, une fois la bonne pression d’air dans la chambre positive trouvée, on n’est pas forcément tenté de la modifier. Cependant, on peut parfois se laisser tenter par modifier la pression dans la chambre de ramp-up pour adapter le comportement de la fourche au terrain, jusqu’à 10-15 psi de plus que la préconisation selon si ça tape, ça saute et ça va vite – trail naturel vs bikepark. Puisque ça se joue au psi, c’est précis, plus que les tokens, et c’est souvent bien utile !
Et ça fonctionne d’une meilleure manière. On ne retrouve pas l’effet butée que l’on peut rencontrer avec des tokens. Là, les transitions sont plus douces, sans impact, sans point dur. A l’intérieur, le piston du ramp-up se distingue de ce que l’on connait du marché actuel. Son piston fou est emmanché dans la tige du piston principal et commence à bouger dès lors que la pression dans la chambre principale varie… L’action du système de ramp-up s’opère donc sur tout le débattement. Et c’est probablement là que la magie opère. Tout s’explique !
Malgré ça, le maintien pneumatique se montre moins primordial ici sur du Öhlins, que ce à quoi Fox et RockShox nous ont habitués ces derniers temps. En effet, les compressions occupent une part plus importante dans le bon fonctionnement des suspensions Öhlins à l’essai, fourche comme amortisseur. Ca sonne même comme une marque de fabrique tant ça se démarque de la concurrence. Un peu comme du BOS, dans une moindre mesure…
En fait, les compression basse vitesse constituent une base sur laquelle on ne revient pas une fois réglée. Il en va de même avec la détente qui, dans toutes les situations, assure franchement bien de plaquer la roue au sol pour trouver le grip, sans forcément déstabiliser à l’impact. L’équilibre est bon !
Par contre, les compressions hautes influencent énormément le fonctionnement général de la fourche et sont clairement décisives dans le comportement du vélo. Elles assurent la majeure partie du maintien pour conserver du débattement en toute situation et utiliser juste ce qui est nécessaire – ni trop, ni trop peu. Elles assurent ainsi la conservation de l’assiette du vélo et la bonne dynamique du train avant. On a d’ailleurs parfois l’impression que tout tient à ces compressions hautes vitesses tant elles gèrent une large plage d’impact et que d’un terrain à l’autre on est tenté d’y toucher. Par exemple, en Auvergne, où il y a beaucoup de racines qui s’enchainent et frappent fort, j’ai eu tendance à rester sur la position 1 tandis que dans les Alpes, où ça va globalement plus de vite, avec de plus grosses compressions et moins d’impacts successifs rapides, j’use plutôt de la 2e position pour ne pas « bouffer » du débattement inutilement.
Finalement, c’est là qu’Öhlins marque de gros points : une fois le bon réglage trouvé, les suspensions suédoises ne semblent jamais dépassées par le terrain. La détente et les compressions font leur job à merveille pour coller au terrain tout en assurant de gommer les impacts. La qualité de l’amortissement et la gestion du débattement sont véritablement au rendez-vous. Pour la fourche comme pour l’amortisseur, tout en conservant une sensibilité prononcée pour adoucir les sentiers, Öhlins signe des suspensions de haut vol !
Quelle durée de vie ?
Jusque-là rien est à déplorer et rien ne semble vouloir jouer en leur défaveur. La sensibilité qu’on sait parfois mise à mal avec le temps, les poussières et l’encrassement des joints est, étonnamment, toujours excellente pour la fourche comme pour l’amortisseur. C’est un point qui m’a marqué !
Un point qui s’est aussi révélé dans le froid, où bien souvent tout se durcit. Pour le coup, c’est aussi le cas, surtout pour la fourche, sur le parking, sans forcément perdre cette sensibilité et ce déclenchement facile en début de course. Ca n’est pas collé ! Et une fois lancé, ça n’a pas forcément altéré son fonctionnement ni mis à mal mon pilotage. Ca mérite d’être dit tant c’est parfois notable et déstabilisant l’hiver.
Enfin, Öhlins préconise des services tous les 50 h pour la lubrification des plongeurs/fourreaux et 100 h pour une révision du ressort pneumatique. C’est à savoir puisque c’est tout de même un peu plus tôt que ce que préconisent les grandes marques comme Fox – 125 h – et RockShox – 50 et 200 h. Ne sachant pas si c’est juste qu’Öhlins est plus préventif ou si leurs suspensions demandent vraiment un entretien plus régulier, ça marche mieux mais ça demande peut-être un peu plus d’attention !
Ce qui peut progresser ?
Si jusque là ça sonne comme un coup de maitre, il y a tout de même 2 points qui pourrait évoluer. D’abord, dans de rares situations, j’ai parfois trouvé que l’amortisseur frappait même avec les bons réglages. Et même si je les reprenais pour essayer de trouver un nouveau compromis… J’ai donc l’impression que ça tient au fonctionnement intrinsèque de l’amortisseur et notamment à celui de ses compressions hautes vitesses. Comme s’il saturait et se raidissait légèrement impactant le confort et le grip à la roue arrière. Bref, c’est perfectible.
Enfin, le blocage – dont j’ai souvent fait usage dans les montées lisses et peu défoncées pour conserver au maximum l’assiette et ma position de pédalage, pour contrer sa sensibilité prononcée et son déclenchement facile – se trouve en fin de course de la molette des compressions hautes vitesses. Et comme ces dernières sont décisives dans le bon fonctionnement : on passe notre temps à toucher à cette molette… et par la même occasion, à s’assurer qu’on a le bon réglage avant d’attaquer une descente.
Vis-à-vis de la concurrence ?
Concernant la fourche, je n’ai jusque là pas abordé les performances du châssis. C’est en effet volontaire parce qu’il se place entre 2 mondes. Bien qu’Öhlins ait récemment présenté une version avec des plongeurs de 38 mm pour suivre la tendance, cette 36 fait déjà bien son job.
Fox et RockShox
Côté chassis, la Öhlins se tient bien autant en torsion dans les appuis/virages qu’en frontal au freinage, mieux qu’une Lyrik ou qu’une 36 nouvellement affinée avec l’arrivée de la 38, sans forcément amener la raideur/rigidité que les petits gabarits n’apprécieraient pas sur les nouveaux gros châssis en 38 mm.
Et côté amortissement, il n’y a pas photo ! Même si les leaders optimisent leurs produits existants petits à petit, la qualité de l’amortissement et la gestion du débattement n’atteignent pas l’excellence suédoise. A condition toutefois de passer du temps à la régler et d’avoir un certain feeling sur le vélo.
BOS
C’est le vrai faux grand concurrent qu’Öhlins peut avoir. Si la place du Français n’est pas – ou plus – celle d’Öhlins actuellement, leurs produits sont proches par leurs performances en matière d’amortissement. Comme le disait Antoine, ni la Bos Deville II, ni la Ohlins RXF 36 m.2, ne subissent le terrain : elles ne sont jamais dépassées par les évènements. L’Öhlins fonctionne haut dans le débattement, quand la BOS a plus tendance à s’assoir sur l’huile, un peu plus dans le débattement.
Reste que la jaune est plus complexe à ressentir et donc à régler. Elle demande une certaine expérience, autant dans les ressentis que dans l’approche, là où la rouge, bien que déroutante sur le parking, déballe son arsenal une fois lancée et se montre plus facile à aborder.
Suntour
Face à la Durolux, il n’y a pas match ! Si la Suntour profite de son rapport qualité/prix pour briller, elle est largement surclassée en terme de fonctionnement. Öhlins ne tend pas au compromis, on vise la performance coûte que coûte, quand la Suntour doit faire quelques concessions. Mais l’excellence Öhlins a forcément un coût plus élevé que la Durolux.
Pour ce qui est de l’amortisseur Öhlins TTX Air, je ne peux le comparer qu’à un Fox X2 que j’ai passé à l’essai sur le même vélo. Pour le coup, si les sensations initiales sont différentes – le Fox parait plus dur mais semble consommer plus facilement son débattement -, une fois les 2 réglés au mieux, on est assez proches en terme de sensations et de performances. Je prête juste plus de confort au Fox et une meilleure gestion du débattement et un meilleur grip en courbe au Öhlins. Reste que le prix, peut encore et aussi les départager…
Est-ce que ça les vaut ?
La fourche Öhlins RXF 36 m.2 est vendue au prix de 1390 € et l’amortisseur TTX Air à 849 €. Si Öhlins rejoint l’excellence en terme de performance, elle l’offre à des prix finalement alléchants compte tenu de ceux de la concurrence. A quelques dizaines d’euros près, Öhlins et BOS se rejoignent quand Fox les surclassent assez largement, avec 100 à 200 € de plus. Et lorsque je me pose la question desquelles je préfèrerai garder sur mon vélo – le Nukeproof Mega de l’essai – je tends finalement vers les suspensions suédoises.
Alors, si on tient compte des performances et des prix, Öhlins est clairement dans la tranche haut de gamme du marché, et surtout légitime pour grapiller quelques parts du marché actuel et rejoindre les références du moment.